Basile Zouma, Secrétaire général du Défap et Jean-Pierre Anzala, Responsable de l’Échange théologique, se sont rendus au cours du mois de février 2024 en République Démocratique du Congo, pour rencontrer les partenaires sur place, après trois ans sans visite du Défap. Des partenaires nombreux (pas moins de six universités protestantes) et une Église qui est un poids lourd du protestantisme francophone : l’Église du Christ au Congo (ECC). Ils racontent.

Olivier Abel, professeur de théologie, lors d’un séjour en RDC avec le Défap, visitant à Bukavu l’un des projets soutenus par le Service protestant de mission : des cultures de plantes médicinales © Défap

Nous sommes arrivés en République démocratique du Congo le 7 février 2024, exactement à la date où les médias annonçaient l’offensive du M23 vers Goma. Même si l’armée congolaise et ses alliés tentaient de contenir cette avancée sur la capitale provinciale, les nouvelles étaient alarmantes. Nos collègues, parents et amis nous envoyaient des messages préoccupés et affolés concernant notre déplacement en RDC.

À notre arrivée, force était de constater que la capitale était calme et que la vie quotidienne poursuivait son cours avec les embouteillages habituels et réputés de Kinshasa. Il nous a semblé qu’au lendemain des élections, la population s’intéressait davantage aux futures nominations provinciales et nationales qu’elle ne vivait dans la crainte d’une invasion militaire.

Vue d’une rue à Kinshasa © Défap

Ces rencontres nous ont permis de nous rendre compte de réalités concrètes sans l’interférence médiatique.

Les facultés de théologie font face à de réelles difficultés. Le matériel et l’immobilier se dégradent, parfois le nombre d’inscrits diminue. La réalité économique et sociale du pays dans son ensemble est difficile mais il y a un véritable dynamisme de la population pour l’initiative économique, les initiatives sociales et pour la formation sous toutes ses formes.

Un avenir en commun

La RDC, un géant du christianisme francophone : vue d’un culte dans une Église de l’ECC © ECC

Pour ce dernier point, le Défap se révèle être un partenaire ancien, reconnu et recherché pour ses expertises par les partenaires que nous avons visités.

Ces expertises identifiées permettent d’orienter les relations de l’économique et du financier vers une vraie réciprocité dans la formation théologique, vers une réciprocité en matière de recherche et de partage des connaissances et des mobilités. Il s’agit maintenant davantage de s’enrichir mutuellement des approches contextuelles des Écritures.

Il s’agit surtout de mettre ensemble les richesses de la recherche théologique du Sud et du Nord pour produire plus de richesse et une richesse commune.

Le Défap ne peut qu’encourager le dynamisme que nous avons constaté pour une formation de qualité, pour un renouvellement du corps professoral hautement formé. La formation théologique des femmes est particulièrement mise en avant par le Défap. Elle est vectrice de transformation ecclésiale, sociale et personnelle.

Nos déplacements et rencontres nous servent à inventer ensemble un avenir commun.

Basile Zouma, Secrétaire général du Défap
et Jean-Pierre Anzala, Responsable de l’Échange théologique

 

Vue du campus de l’UPC © Défap

 

Le Défap en RDC

Le Défap travaille en lien avec ces universités protestantes, qui toutes comportent une faculté de théologie :

  • L’Université protestante au Congo (UPC) à Kinshasa ;
  • L’Université libre des Pays des grands lacs (ULPGL) à Goma et à Bukavu ;
  • L’Université évangélique en Afrique (UEA) à Bukavu;
  • L’Université de l’Alliance chrétienne (UAC) à Boma ;
  • L’Université presbytérienne du Congo (UPRECO) à Kananga.

Le Défap échange avec les facultés de théologie partenaires en République démocratique du Congo notamment par l’envoi de professeurs et l’accueil de chercheurs en congé-recherche. Il finance par ailleurs des bourses pour des étudiantes dans plusieurs universités, pour aider à promouvoir la place de la femme.

À Bukavu, il soutient un projet de santé communautaire autour de la culture de plantes médicinales (photo d’ouverture)– des plantes aux vertus traditionnellement reconnues, oubliées ces dernières années, mais que ce projet contribue à réhabiliter.

À Bukavu et à Goma

Remise des diplômes en décembre 2021 aux participants à la formation continue sur « Église et leadership » à l’ULPGL © ULPGL

Le Défap propose des bourses pour permettre à des jeunes femmes de poursuivre des études supérieures en théologie à l’Université libre du Pays des grands lacs, de manière à former de futures cadres de l’Église du Christ au Congo (ECC), principale dénomination protestante en RDC. Il soutient aussi un projet de l’ULPGL visant à promouvoir l’usage des plantes, à la fois pour l’alimentation et pour leurs vertus médicinales. Le Défap a également soutenu ces dernières années un projet de l’Église 5e CELPA UZIMA : des micro-crédits pour aider des femmes dans leurs petits commerces, nécessaires à la survie de leur famille.

À Kananga

Un des bâtiments de l’UPRECO équipé de panneaux photovoltaïque – projet soutenu par le Défap © Défap

Le Défap s’efforce d’améliorer les conditions de travail des étudiants de l’UPRECO. Il a aidé à financer l’électrification de bâtiments universitaires, notamment d’un amphithéâtre ; et sa bibliothèque a reçu un soutien via la Centrale de littérature chrétienne francophone.

Parallèlement, le Défap est engagé de longue date dans un programme de bourses pour des étudiantes : car dans cette province défavorisée du Kasaï-Occidental, lorsque les ressources manquent dans une famille pour permettre aux enfants de poursuivre des études, ce sont le plus souvent les garçons qui sont choisis, au détriment des filles.

Dans le territoire de Nyiragongo (nord de Goma)

Au cours de l’été 2023, la branche locale de l’ECC Nord-Kivu a dû venir en aide aux déplacés fuyant les violences des rebelles du M23. Le Défap a pu apporter son soutien, avec Solidarité protestante, pour des distributions de vivres et de produits d’hygiène dans le camp de Kanyaruchinya.

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