Méditation par le pasteur Christian Seytre, président de la Communauté des Églises protestantes francophones, sur les premiers versets du chapitre 5 de l’Ecclésiaste.

© geralt – Pixabay

 

« Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu ; approche-toi pour écouter, plutôt que pour offrir le sacrifice des insensés, car ils ne savent pas qu’ils font mal. Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses. Car, si les songes naissent de la multitude des occupations, la voix de l’insensé se fait entendre dans la multitude des paroles ».
Ecclésiaste 5. 1-3

 

 

Ce texte nous exhorte à être prudents dans nos prières ; on peut si facilement faire des promesses à Dieu et ne pas être en mesure de les tenir.

On peut aussi multiplier les vaines paroles, en espérant que leur nombre produira de l’efficacité. Avant d’enseigner le « Notre Père » à ses disciples, Jésus leur a fait une recommandation et une promesse : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez ». (Matthieu 6. 7-8).

Ce texte est donc un guide pour notre relation avec Dieu ; mais il peut être intéressant de l’appliquer à notre relation avec notre prochain, qui a été créé à l’image de Dieu.

❝ La relation à l’autre est fragile

Il y a d’abord une mise en garde « prends garde à ton pied » ; la relation à l’autre est fragile. Il faut être prudent. On peut si facilement faire du mal sans s’en rendre compte, et se conduire comme un insensé.

Ensuite, il faut écouter. Il faut beaucoup plus d’énergie pour écouter que pour parler : se forcer à ne pas réagir, gérer la multitude des pensées qui nous assaillent et nous distraient ; nous centrer sur ce que l’autre exprime, ce qu’il dit, et peut-être ce qu’il ne dit pas.

Ce message de l’Ecclésiaste revêt un caractère particulier à l’époque des réseaux sociaux.

On nous a appris à l’école à écrire des rédactions, à faire des analyses de textes, à rédiger des dissertations. Il fallait réfléchir avant d’écrire ou de parler, et structurer sa pensée. Mais ça, c’était avant !

Nous assistons depuis quelques années à un déferlement de hevel, mot hébreux qui signifie fumée ou buée, et qui est souvent traduit par « vanité » au début de l’Ecclésiaste (le fameux « vanité des vanités, tout est vanité »).

❝ Dans le silence et l’écoute…

Les réseaux sociaux sont le monde du hevel ; la vanité de la parole creuse ; l’inconsistance de la buée (qui disparaît au moindre rayon de soleil) ; le brouillard de la fumée et son enfumage permanent.

« Je twitte, donc je suis », se dit l’internaute. Il ne connaît rien, mais a un avis sur tout. Il ne sait pas débattre, alors il insulte. Il est incapable de gérer sa frustration, alors il menace ou il harcèle.

Derrière son écran, et souvent de façon anonyme, il se croit le maître du monde, alors qu’il n’est qu’un insensé.

Dans ce tohu-bohu de la fausse communication, avec des réseaux sociaux devenus asociaux, il est important pour le croyant de se mettre à l’écoute de son Dieu. Nous avons une bonne nouvelle à annoncer. C’est dans le silence et l’écoute que nous serons équipés pour le faire.

Nous pourrons ensuite aller vers le prochain, non pour le noyer de paroles, mais pour l’écouter et partager avec lui le cœur de notre foi : Jésus-Christ, fils de Dieu sauveur.

 

Prière

Seigneur, dans le brouhaha de ce monde, aide-nous à être des témoins, qui ne prononcent pas de vaines paroles, mais qui commencent par écouter, toi d’abord, et ensuite le prochain que tu mets sur notre chemin.

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