Durant le premier week-end de décembre, neuf envoyé-e-s de retour évoquaient leurs attentes avant, pendant et après leur travail auprès d’un partenaire de la Cevaa, du Défap et de DM-échange et mission. Compte-rendu d’une session retour avec des participant-e-s français et suisses mais également togolais, malgache et rwandais. Une première.
Photo de groupe de la session retour commune © DM-échange et mission
Comment valoriser l’envoi de personnes ? Dans quelles conditions vivent-elles leur mission ? Quelles sont les difficultés du retour ? Ces questions, et bien d’autres, la dizaine d’envoyé-e-s de retour réunie à Longirod le temps d’un week-end, les a évoquées. En mettant l’accent sur trois domaines précis – professionnel, personnel et spirituel. Pour quelques participant-e-s, plusieurs années s’étaient écoulées depuis leur envoi. Plusieurs pensaient à repartir et certaine-e-s, comme Marie-Bénédicte Loze, envoyée Défap en Haïti de 2014 à 2016, ne se sentaient pas forcément «en mission». «J’étais envoyée par l’Église mais pour moi, c’était clairement professionnel. Mon poste dans la gestion de projet au sein de la Fédération des écoles protestantes était défini dans ce sens.» Même son de cloche du côté de Caroline Daval, envoyée en service civique en qualité de médiamaticienne au Togo durant deux ans avec le Défap. «Je n’ai jamais eu l’impression d’être en mission. Je n’ai rien apporté, j’ai tout reçu.»
D’un point de vue personnel et spirituel, André Paley, envoyé Cevaa au Cameroun entre 2014 et 2016, a vécu des temps compliqués. «Physiquement, c’était très dur, j’ai été malade à plusieurs reprises. Ensuite, la corruption qui touche tous les secteurs au Cameroun a été difficile à vivre.» C’est d’un point de vue professionnel qu’André s’est «éclaté.» «En gérant un centre hôtelier à Douala, marché très prometteur, j’ai eu la change de diriger une équipe d’une vingtaine de personnes, de construire des projets ensemble. Et ça marchait, on dégageait des salaires !»
«Je ne voyais pas où était le problème…»
Également envoyé par la Cevaa, c’est au Maroc que Daniel Dushimimana a travaillé de 2013 à 2017. Pasteur de la paroisse de Rabat, il gère également l’aumônerie des étudiant-e-s en théologie de l’Institut Al Mowafaqa. «C’était un temps de découverte interculturelle, d’ouverture au monde de la mission et de croissance familiale. Un temps de recul, un nouveau regard sur la mission de l’Église dans ce temps de mondialisation,» dit-il. Durant ces quatre ans, Daniel a tissé de forts liens familiaux et développé des compétences en travaillant avec une quarantaine de nationalités différentes. D’ailleurs, son expérience marocaine porte ses fruits au Rwanda : «Je vais participer à un projet de développement de plaidoyer et de suivi des personnes migrantes dans deux camps de réfugiés burundais et congolais dans l’est du pays.»
Avant son départ pour la Grande Ile, Gaël Forestier, civiliste envoyé par DM-échange et mission, souriait en entendant parler des difficultés qu’il pourrait vivre au retour. «Je ne voyais pas où était le problème, j’allais rentrer et retrouver ma place.» Ce n’est pas exactement comme cela que ça s’est passé. «J’ai eu pourtant sept semaines de vacances et repris une classe, à Yverdon, avec laquelle j’avais correspondu depuis Madagascar, mais ça n’allait pas du tout.» Après trois semaines d’école à la Suisse – où il se met hors de lui quand les élèves se plaignent de griffures sur le pupitre…–, le jeune enseignant songe sérieusement à changer de métier. «J’ai tenu bon, et là, ça va mieux !»
Au final, plusieurs envoyé-e-s présent-e-s lors de ce week-end ont trouvé leur retour compliqué (lire les témoignages de Rija et de Jérémie ci-après). Ce qui fait réfléchir Espoir Adadzi, envoyé Cevaa à Genève depuis deux ans. «Je vais me préparer à cela, même si c’est un peu tôt, souligne-t-il. Je vais également faire attention à l’intégration de ma famille et à ce que vivent mes enfants.» Des échanges d’expériences utiles et constructifs.
Sylviane Pittet
DM-échange et mission