À l’occasion du culte d’ouverture de la 12e Assemblée Générale de la Cevaa, son Président, le pasteur Michel LOBO, est revenu sur les conditions de la naissance de la Communauté, issue en même temps que le Défap de la mue de la SMEP, et sur l’esprit qui unit encore aujourd’hui ses 35 Églises. Il a aussi mis en avant les principaux défis qui se posent à elle, au premier rang desquels il place l’urgence climatique – un des thèmes prioritaires du Défap et de ses Églises membres.
Claudia SCHULZ, Secrétaire générale de la Cevaa et le Président de la Communauté, Michel LOBO lors du culte d’ouverture à Jacqueville © Cécile Richter pour la Cevaa
« Monsieur le Président de l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire, Bishop Benjamin BONI ;
Distinguées Autorités Politique, Administrative, Militaire ; Religieuse et Coutumière du pays et de la région ;
Madame la Secrétaire Générale de la Cevaa;
Chers Partenaires venus de France, Suisse, Allemagne, Corée du Sud, Kenya ;
Chers membres du Conseil Exécutif ;
Chers membres du Secrétariat ;
Chers Délégués de l’Assemblée Générale ;
Mesdames et Messieurs les invités ;
Bien-aimés ;
La grâce et la paix de Dieu vous soient multipliées au nom du Seigneur et Sauveur.
« Deux hommes marchent-ils ensemble sans s’être concertés ? » Amos 3 : 3. C’est par la première des sept questions rhétoriques relatives à des certitudes de la nature posées par l’Éternel pour démontrer que rien ne pouvait arriver à Israël en dehors de sa volonté souveraine, que nous voudrions faire monter vers le Tout-Autre, le Dieu créateur du monde, notre accent reconnaissant, Lui, qui rend possible cette rencontre.
Par pure grâce de Dieu, il nous échoit la responsabilité de prendre la parole en notre qualité de Président de la Cevaa, mandaté par les délégués de l’Assemblée Générale d’Octobre 2021 à Montpellier pour saluer avec déférence les autorités du pays avec à la tête son Excellence le Président Alassane OUATTARA, qui ont accepté de nous ouvrir la porte d’entrée de la Côte d’Ivoire, le pays de l’hospitalité et la terre de l’Espérance.
Les délégués à la 12e Assemblée générale de la Cevaa lors du culte d’ouverture le 16 octobre 2023 © Cécile Richter pour la Cevaa
Saluer avec respect les autorités de la Région de Jacqueville qui nous accueillent en ces lieux propices à la réflexion et qui, à la fin de la cérémonie, veulent nous donner le sens de l’hospitalité en Côte d’Ivoire. Nous saluons en terme de profonde gratitude l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire avec à sa tête le Président Bishop Benjamin BONI, qui, à la demande de la Cevaa d’organiser cette Assemblée Générale nous a dit : « C’est une affaire de famille, c’est notre affaire à tous, venez, vos frères et sœurs vous attendent ».
Monsieur le Président, Infiniment merci nous nous sentons réellement en famille.
Nous saluons toutes et tous les bien-aimés pour votre présence qualitative et quantitative qui donne un cachet particulier à cette cérémonie d’ouverture de la 12eme Assemblée Générale de la Cevaa ; ce qui nous donne d’espérer en des lendemains meilleurs pour notre communauté au sortir de ces assises.
Distinguées autorités tout protocole respecté, Mesdames et Messieurs, la Cevaa c’est quoi. Que fait-elle ?
En effet, à l’Assemblée Générale de la Société des Missions Évangéliques de Paris en 1964, le Pasteur Jean KOTTO, Président de l’Église Évangélique du Cameroun (le Sud considérée comme Église fille), prêchant sur le texte d’Esaïe 54, versets 2 à 4, apostrophe directement le Président Marc Boegner (le Nord considérée comme Église Mère): et nous citons « Le Seigneur lui-même sait, si par la puissance de son Saint Esprit, à travers cette action missionnaire commune, au moment où il le faudra, Il nous rassemblera en une communauté nouvelle, intercontinentale, supranationale et multiraciale… » fin de citation et il poursuit, nous citons « Monsieur le Président, élargis l’espace de ta tente, déploie les couvertures de ta demeure, tu te répandras à droite et à gauche, ta postérité envahira des nations ; ne crains pas car tu ne seras pas confondu(e)’.» fin de citation.
Les fiançailles inspirées par le Saint Esprit entre les Églises dites mères et celles dites filles venaient de voir le jour. Dans l’attente de l’enfant qui va naitre, de 1967 à 1969, deux Actions Apostoliques communes voient le jour au Dahomey (Benin) en milieu Fon et dans le Poitou (France).
En Octobre 1971, ces Églises protestantes de divers continents, réunies à Paris, décident de constituer la Communauté Évangélique d’Action Apostolique Cevaa. Ainsi, le 30 octobre 1971 est née la fille appelée Cevaa, devenue aujourd’hui dame Cevaa.
De gauche à droite : les pasteurs Marcel TATA, Martin BURKHARD, Claudia SCHULZ, Michel LOBO et le Président de l’EMU-CI Benjamin BONI © Cécile Richter pour la Cevaa
La Cevaa est née dans l’esprit de l’Église primitive décrite dans le livre des Actes des Apôtres, en vue de susciter une autre forme d’être Église par le dynamisme des communautés ecclésiales croyantes, priantes, unies et mettant ensemble leurs moyens, leurs talents et leurs atouts au service de la mission pour la transformation du monde : une utopie ! D’ailleurs, le philosophe et théologien Paul Ricoeur disait qu’il fallait entendre l’utopie, non comme une illusion, mais comme un horizon. Ce grand rêve de changer le monde par le témoignage chrétien commun en paroles, en actions et par les actes entre Églises du Nord et celles du Sud est placé sous le triptyque : Partager, Agir, Témoigner.
D’année en année, la communauté Cevaa se sent la responsabilité d’explorer, de concevoir et de proposer des orientations de la formation de l’esprit avec des thématiques communes vécues à des degrés divers par toutes ses Églises membres.
Aujourd’hui, la vision dynamique et réaliste des pères fondateurs de notre Communauté, leur sens profond de l’universalité du corps de Christ, nous donnent de compter 35 Églises et Union d’Églises, membres dans 24 pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine, dans l’Océan indien et dans le Pacifique. Ainsi, après un peu plus de 50 années, la collaboration, l’écoute mutuelle et la mise en question sont pour nous plus que nécessaires et appelées à être perpétuées pour « maintenir la flamme ». Les défis dans leurs différents contextes appellent à des réflexions continues et même à des actions par l’animation théologique, l’échange de personnes, la bonne gouvernance, la santé, la rigueur financière, la démocratie, l’évangélisation, la stratégie jeunesse, les programmes missionnaires, les actions communes, la communication…
Dans la perpétuation de notre thèse de transformation, notre présence ici en terre ivoirienne est pour nous l’occasion idoine pour affirmer que nous sommes des responsables dont la mutualisation de la foi authentique, appelle à exercer une influence chrétienne sur la société, et à la transformer en nous fondant sur des valeurs et des principes bibliques. Dans les domaines tels que l’éducation, la santé, le développement, l’environnement, etc… notre désir de servir doit rencontrer la responsabilité de nos différents États en veillant au bien-être de nos concitoyens.
Les délégués durant la première session de travail, dans l’après-midi suivant le culte d’ouverture de l’AG © Cécile Richter pour la Cevaa
Pour notre Communauté, « Maintenir la Flamme » veut dire, prendre soin de la création en n’ignorant plus ce qui se passe autour de nous. Comme Noé dans la Bible au temps du déluge, nous avons alors l’obligation de sauver toutes les créatures menacées d’extinction en répondant favorablement aux problèmes de la pollution, du changement climatique, de la pêche intensive… à soutenir les politiques pour la protection de notre environnement et l’utilisation efficiente des ressources naturelles à travers le financement de projets fiables. C’est ainsi que nous confirmons que le développement matériel n’est pas un frein pour une vie spirituelle saine. En effet, dans sa Mission d’éveilleuse de conscience, notre Communauté s’est appropriée la thématique qui émerge de plus en plus, et qui occupe désormais la place centrale tant au plan sociétal que scientifique : « la Gestion de notre environnement et sa finalité ». D’où le thème de notre Assemblée Générale : « Habiter Autrement la Création »Cf. Genèse 2 : 15. C’est pour nous l’occasion de confirmer que nous sommes dans un monde où la fertilité de nos sols et les services écosystémiques sont de plus en plus compromis. La plupart de nos populations vivant dans les zones rurales subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Les écosystèmes et la biodiversité dont elles dépendent sont de plus en plus dégradés ; l’accès aux terres cultivables et leur qualité diminuent ; les ressources forestières sont plus que jamais limitées et détériorées ; l’agriculture paysanne non irriguée prédomine et l’eau se fait plus rare et par endroit elle est polluée. La tendance à long terme des prix de l’énergie et des intrants agricoles est haussière ; enfin, le déclin de nos ressources halieutiques et marines nous prive de plus en plus de revenus et d’aliments essentiels. Ce triste tableau, au lieu de nous tétaniser pour nous pousser à l’inaction, nous persuade au contraire à admettre que la gestion durable de notre environnement et de nos ressources naturelles est essentielle à la réduction de la pauvreté dans ces zones rurales. Ce qui nous invite à agir afin que nos populations qui y vivent, résolvent l’ensemble imbriqué de ces problèmes. Nous dirions même que nous n’avons pas le choix que de faire un choix, si nous voulons autrement habiter la création. Soit nous vivons en prenant soin de la création tout en renonçant à certaines pratiques dégradantes de l’environnement. Soit nous dégradons la terre en nous détruisant nous-mêmes et alors nous périssons sans la terre. La destruction de l’environnement équivaut à la destruction de l’homme lui-même. Vous avez donc ici, des délégués qui veulent être accompagnés par vos prières ferventes, afin que cette Assemblée Générale favorise une Cevaa offrant à notre humanité de plus en plus d’acteurs transposant à plus grande échelle, des approches ruralistes et paysagistes pour réduire la pauvreté, renforcer la capacité d’adaptation, augmenter la sécurité alimentaire, diminuer les émissions de gaz à effet de serre et surtout favoriser la protection de notre environnement (qui à l’origine, est celui de notre liberté, de notre respiration, de notre apaisement, de notre bonheur).
Les questions écologiques ne doivent pas rester l’apanage de quelques chrétiens engagés seulement ; mais elles nous concernent et nous engagent toutes et tous.
Distinguées autorités, auguste Assemblée, avec Martin Luther, nous voulons à la Cevaa continuer d’affirmer avec véhémence que « l’Écriture Sainte ne contient pas, comme les gens le pensent, des mots à lire, mais des mots à vivre, qui ne nous sont pas donnés en vue de la spéculation ou de l’imagination, mais en vue de la vie et de l’action ». C’est pourquoi avec vous, en plus de nos réflexions bibliques et théologiques, nous souhaiterions mener une action concrète dans l’esprit du thème « Habiter Autrement la Création » au lieu qui nous sera indiqué afin qu’au sortir de cette Assemblée générale, la Côte d’Ivoire soit le point de départ d’une action commune qui, ira de partout vers partout.
Pour y parvenir, demeurons donc dans la mutualisation de nos efforts puisés dans le Seigneur Dieu, Auteur de la Création, qui, par sa mystérieuse présence nous aidera à valoriser notre double citoyenneté (terrestre et céleste) et à tendre vers l’environnement des origines de notre histoire, de nos activités, de nos affections, de nos espoirs, celui de notre liberté, de notre respiration, de notre apaisement, de notre foi et de notre prière.
Que Dieu bénisse le monde, sa création.
Qu’Il bénisse nos pays et nos Églises.
Qu’Il bénisse la Cevaa, la Côte d’Ivoire et l’EMUCI.
Qu’Il bénisse notre Assemblée Générale et vous toutes et tous qui la soutenez.
Je vous remercie de m’avoir écouté !
Pasteur Michel LOBO
Président de la Cevaa
Le Président de l’Église Méthodiste du Togo, Godson Téyi LAWSON KPAVUVU © Cécile Richter pour la Cevaa
« Nous devrons intégrer la gouvernance dans notre approche »Au cours de la première séance de travail en plénière, dans l’après-midi suivant le culte d’ouverture, le Président de l’Église Méthodiste du Togo, Godson Téyi LAWSON KPAVUVU, est intervenu sur le choix du thème de l’Assemblée générale, approfondissant le verset de Genèse 1, 28. « Dominer (kabash), soumettre (radah), ces deux verbes nous mettent en face d’une réalité qui dit que les grands commentateurs de la Bible étaient des hommes, et qu’ils n’ont apporté qu’une approche masculine. J’aimerais ce soir que chacun et chacune repense les termes hébreux traduits par faire violence, soumettre et que nous abondions en comprenant les termes en intégrant la valeur de garder, de contenir, de maîtriser, de gouverner. Ainsi donc nous sommes appelés à garder, à contenir et à gouverner. Gouverner, c’est aussi définir les règles de la gouvernance. Au sortir de cette Assemblée Générale, nous devrons intégrer la gouvernance dans notre approche. Que le Seigneur nous accompagne. » |