« Le Défap est une caisse de résonance des espérances et des appels à nouer des liens fraternels par-delà les frontières, les nationalismes et les vicissitudes de l’histoire », a souligné ce samedi 23 mars le Président du Défap, Joël Dautheville, dans son discours prononcé à l’ouverture de l’Assemblée Générale 2024.

Discours du président du Défap © Défap

Avant toute chose je tiens à remercier de leur présence les délégués et invités mais aussi toute l’équipe qui se mobilise depuis un certain temps pour la tenue de cette Assemblée générale. Comme cela a été voté, l’AG échangera ce matin sur le rapport d’activités et les comptes du Défap puis l’après-midi sur la refondation du Défap.

Notre assemblée se tient à la veille des Rameaux qui ouvre la semaine sainte et la fête de Pâques, fête centrale du christianisme. Toute la semaine prochaine sera l’occasion de voir à quel point la parole de Jésus est performative. C’est pourquoi mon premier paragraphe se nomme :

Jésus, une parole performative

Déjà, selon Marc, Jésus proclame : « Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché », alors oui, en Jésus, le Règne de Dieu est proche. Mais dire le Règne de Dieu est proche, c’est annoncer une victoire contre les puissances oppressives de l’humanité (1) comme l’écrit Fritz Lienhard dans son livre relatif à l’avenir des Églises protestantes. Selon la finale de Matthieu Jésus déclare qu’une telle annonce concerne tout humain, toute nation, toute culture et toute époque. Dès lors, les disciples, toute l’Église est missionnée par grâce pour annoncer en paroles et en actes cette Bonne nouvelle. Aujourd’hui, à travers les convictions et actions du Défap, les Églises témoignent qu’elles vivent de cette parole de Dieu incarnée en Jésus et d’une espérance qui traverse tout ce qui avilit l’humain… Mais il y a plus que cela. C’est pourquoi j’ai intitulé mon second paragraphe :

Discours du président du Défap © Défap

Annoncer l’évangile pour le recevoir. Une mission basée sur la rencontre

Pour Fritz Lienhard, « toute personne qui se lance dans une démarche d’annonce le fait dans une logique réceptive. D’une certaine manière elle annonce l’Évangile pour le recevoir (2). » Fin de citation. Annoncer l’évangile pour le recevoir organise la mission sous un angle particulier : celui de la rencontre. En créant la Cevaa et le Défap, les Églises organisent des échanges dans les domaines de la formation théologique, du volontariat, de l’éducation, de la santé, etc. Malgré et dans le chaos du monde une mission qui se vit sous l’angle de la rencontre donne à voir une autre vision du monde. Il n’y a qu’à entendre les témoignages des envoyés et des accueillis. De fait là où le repli sur soi prend de l’importance, les rencontres interculturelles sont riches d’enseignement. Là où l’individualisme gagne du terrain, les rencontres autour de la Parole de Dieu partagée font naître et renaître l’envie de se découvrir, le besoin et le désir de solidarité. De fait cette pratique missionnaire basée sur la rencontre et le partage permet aux Églises de participer, même modestement, à la guérison des mémoires du fait du lourd contentieux entre Nord et Sud. Ne l’oublions pas, cela ne peut que faciliter le travail missionnaire chez les uns et chez les autres et les uns avec les autres. Dans la rubrique Opinions de l’hebdomadaire Réforme (3) paru en juillet dernier, Jean-Arnold de Clermont relaie à sa façon cette perspective en demandant : « Qui pourra nier que dans un monde inégalitaire, où la compétition est le maître mot des relations internationales, où fleurissent les discours de rejet sinon de haine, vivre dans la simplicité́ de relations fraternelles et la modestie d’un projet qui passe les frontières dit quelque chose de l’Évangile ? » fin de citation.

Le Défap, tout comme la Cevaa, est une caisse de résonance des souffrances vécues par les chrétiens partenaires au Nord comme au Sud de l’Afrique, dans l’Océan Indien, dans les Antilles, le Pacifique, etc. Caisse de résonance aussi des difficultés financières des Églises de France, voire de leur positionnement dans la société française. Fritz Lienhard note qu’en France la parole croyante est souvent discréditée, de plus les discours scientistes et économistes ont gagné l’hégémonie culturelle.

Mais le Défap est aussi une caisse de résonance des espérances et des appels à nouer des liens fraternels par-delà les frontières, les nationalismes et les vicissitudes de l’histoire.

Il y a 6 ans, j’ai lancé un appel à une refondation. Il a été repris par le Défap et les Églises. Aujourd’hui, notre AG est appelée à échanger et travailler sur le fond. Les questions de ressources financières, voire de restructuration si cela est nécessaire, interviendront dans un second temps.

Je vous souhaite une bonne AG autour de cette conviction qu’exprime le Symbole des Apôtres : je crois la sainte Église universelle.

Bonne AG.

Joël Dautheville
Président du Défap
23 mars 2024

(1) L’avenir des Églises protestantes, par Fritz Lienhard, Genève, Labor et Fides 2022, page 365
(2) Ibid. page 278
(3) Réforme 4002, 6 juillet 2023
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