Dans son discours prononcé à l’ouverture de l’Assemblée générale 2024 du Défap, le Secrétaire général Basile Zouma a voulu exprimer « une reconnaissance, celle de vivre l’action du Défap comme un don de Dieu, un cadeau des Églises membres pour la société ».

Discours du secrétaire général du Défap © Défap

Introduction

À l’AG de l’année dernière, je terminais mon propos avec ces mots disant que : « Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite » tout en invitant à définir ensemble le contenu de ce travail à faire ensemble pour le compte de l’Évangile que l’Église sert, directement ou à travers des lieux comme le Défap, la Cevaa…

Cette année, notre AG est spéciale du fait qu’elle intègre un temps de travail ensemble dans l’après-midi, temps de consultation pour nous permettre d’entendre ici ce qui se dit ailleurs. Il faut croire et espérer que nous nous sommes engagés sur la voie de la réussite, celle de parvenir à définir ensemble un mandat pour l’organisation en assumant les implications de celui-ci. L’équipe mise en place pour piloter ce temps d’échange, composée de François Fouchier et de Dominique Calla, nous en dira plus le moment venu.

Mais en attendant, je souhaite vous faire ici état des actions et des réflexions qui ont été les nôtres en cette année 2023. Le rapport d’activité que vous avez reçu et dont une courte présentation vous sera faite par l’équipe des SE, est un reflet de ces actions et réflexions, un regard sur ce qui s’est passé pour aider à envisager ce qui est à venir. Mais pour donner un meilleur visage à cet avenir, il nous faut accepter de ne pas faire de ce passé « un lieu de résidence mais un point de référence », un tremplin pour avancer au cœur des défis de chaque instant. Convictions et actions 2021-2025 est le cadre actuel de notre action en attendant donc d’en définir ensemble un nouveau une fois ce dernier arrivé à échéance.

Un cadeau des Églises membres

Ces convictions nous permettent d’affirmer une reconnaissance, celle de vivre l’action du Défap comme un don de Dieu, un cadeau des Églises membres pour la société au sein de laquelle elles ne peuvent faire l’économie d’une présence réelle et active. Depuis Karl Barth (1886-1968), l’interpellation demeure ; « …Existe-t-il un service de Dieu qui puisse ne pas prendre aussitôt la forme d’un service au sein du monde et auprès des hommes ? […] Que serait donc un Dieu auquel des êtres célestes ou terrestres pourraient se consacrer, ne serait-ce qu’un instant, dans une telle abstraction, c’est-à-dire sans être du même coup ses envoyés, ses diacres ? Serait-il encore le Dieu de l’alliance, le Dieu de Jésus-Christ ? » (Doctrine de la création, paragraphe 51).

Un cadeau géré dans un lieu par une équipe

• Une équipe
Une reconnaissance aux permanents du Défap dont une partie est mobilisée aujourd’hui pour l’accueil et l’intendance de cette AG. Pour mettre en œuvre un programme, il faut bien l’engagement d’une équipe de femmes et d’hommes (qui n’ont pas toujours compté leurs heures) et un lieu.
Cette équipe a vu des départs et des arrivées. Et je saisis l’occasion pour remercier Éline Ouvry qui après environ 3 années au Défap, a rejoint sa Normandie natale pour raisons familiales ; son compagnon cuisinier, ayant trouvé là-bas du travail. Nous avons eu la joie d’accueillir de nouveaux arrivants ; le pasteur Jean-Pierre Anzala en juillet 2023 comme chargé de l’Échange théologique et madame Raphaela Tatchoua comme chargée de communication ; le rapport d’activité que vous avez entre les mains porte les couleurs de son art.

Vue de l’Assemblée générale du Défap © Défap

• Un lieu
La « Maison Défap » au 102 boulevard Arago constitue un espace essentiel pour notre dispositif et est identifiée comme telle par la plupart de nos partenaires. Que ce soit par l’accueil quotidien de responsables d’Églises de tous horizons, par la location de salles à des Églises d’ici et de là-bas, par l’ouverture de la bibliothèque, par l’accueil de groupes comme les vicaires de l’Uepal, les Masters Église et société de l’EPUdF, par la formation de nos envoyés ou par des événements comme l’Assemblée Générale de la CEPF (ex. Ceeefe), par les rencontres avec des partenaires, tout cela participe aux tissages de liens entre Églises d’ici et d’ailleurs et permet à notre réseau de s’élargir et d’enrichir la fraternité ecclésiale transfrontalière.

L’éthique d’une action

Ce titre m’est venu à l’esprit comme une réaction devant un fréquent procès en paternalisme, en néocolonialisme et en infantilisation du partenaire et de l’autre. Il y a du fait de l’histoire, des lieux où les liens sont privilégiés et les proximités plus grandes qu’ailleurs, cela est un gain et permet de revisiter sans cesse les modalités de nos relations.

L’action actuelle du Défap déclinée dans son programme de travail met en avant une attention particulière sur le défi interculturel, l’égalité de genre et le respect de l’environnement ainsi qu’un soutien au lien de fraternité inter-ecclésiale transfrontalière. Trois piliers portent cette action ; la rencontre, la relation et la réflexion.

L’éthique de notre action, c’est d’être présents auprès de partenaires qui se prennent déjà eux-mêmes en charge tout en se posant la saine question de savoir avec qui le continuer quand nous avons nous-mêmes pris conscience de nos limites. Et ces limites ne sont pas que celles des autres mais aussi les nôtres, Églises d’ici, pour avoir l’humilité de se poser la question de savoir ce que cet autre peut m’apporter et m’apporte déjà ; des vocations nouvelles (les pasteurs là-bas, ici), des communautés riches d’une réelle et riche diversité, un enrichissement par des nouvelles formes d’expression de la foi… Il s’agit donc de se rencontrer pour faire Église ensemble par-delà les frontières dans une égalité évangélique et fraternelle.

Une riche collaboration

Cette présence au monde ne se fait pas seuls mais à travers une riche collaboration dans un réseau associatif extrêmement diversifié et avec les instances gouvernementales qui lui renouvellent leur confiance dans les agréments accordés. La collaboration particulière avec la Cevaa est à noter, et je tiens ici à remercier sa Secrétaire générale pour le maintien d’une dynamique positive entre nos deux institutions. Avec DM nous travaillons dans une mutualisation de nos actions en vue d’une présence plus efficace auprès de nos partenaires…

Perspectives 2024

Ce que nous faisons et devons continuer à faire
Sur les questions d’interculturalité, le Défap devra continuer à accompagner le difficile dialogue au sein d’Églises de plus en plus multiculturelles et entre Églises de plus en plus diverses. Comme le rappellent ses convictions suivantes : « Nous croyons que la diversité des cultures est une richesse de la création de Dieu. »

Son cœur de métier étant de mettre en relation, le Défap devra continuer à favoriser les échanges de personnes et le volontariat avec un accent sur la réciprocité, les rencontres entre Églises et entre cultures dans la perspective du développement des rendez-vous avec des témoins : envoyés de retour de mission, congés-recherches en France, enseignants en mobilité croisée…

Il continuera à favoriser la mobilité croisée des étudiants en théologie entre facultés, en offrant des bourses d’étude dans des instituts tels Al Mowafaqa (l’expérience d’une immersion œcuménique et interculturelle), mais aussi en accompagnant la volonté des institutions de formation, annoncée lors du colloque Cevaa sur la théologie interculturelle en septembre 2023, de créer un passeport théologique en vue d’une reconnaissance mutuelle de certains crédits. Le soutien à la formation des femmes, jeunes et moins jeunes, et l’accompagnement de leur intégration restera dans ses priorités.

Les Églises se sont saisies de la question environnementale, aux côtés de nombreux mouvements citoyens. Le Défap s’inscrit dans ce mouvement en lien avec des partenaires ecclésiaux engagés dans cette cause ainsi qu’en accompagnant l’Action Commune de la Cevaa dont le thème, choisi lors de son Assemblée Générale 2023, est : « Habiter autrement la création ».

Avant d’être une question financière, le Défap est une capacité des Églises membres à faire ensemble, vivre une fraternité inter-ecclésiale active. Les doutes et la tendance à la démobilisation des membres rendent de plus en plus difficile la réalisation des ambitions que j’ose croire aussi évangéliques. Il devient indispensable de penser une diversification ecclésiale et matérielle à travers deux pistes :

1. L’élargissement dans l’ouverture de l’association à d’autres :
En octobre 2011, le Conseil avait déjà instruit trois demandes venant de la Mission populaire évangélique, de la CEAF ainsi que de la FPMA. Aucune des sessions suivantes du Conseil n’est encore parvenue à une position générale ni à une conclusion définitive sur certaines de ces sollicitations, et il nous semble opportun de reprendre cette question, qui reste d’actualité en ce qui concerne la CEAF, dont nous avons ici la Présidente qui faisait déjà partie des représentants en 2011.

2. La recherche de financements devant la baisse régulière des recettes :
Il importe de définir et de mettre en œuvre une stratégie de recherche de fonds, pour compléter les contributions des Églises au budget. Il nous faudra aussi explorer la piste du bénévolat de compétence pour maintenir un niveau d’engagement conséquent.

Ce que nous devons changer dans la transformation du projet associatif
La question de l’évolution du projet associatif devra se poser à la lumière des objectifs missionnaires concertés que se donnent les Églises membres pour agir en faveur d’une Église qui se confesse universelle et se veut solidaire d’ici jusqu’au bout du monde (Actes 1, 8). Elles ne pourront pas faire l’économie d’un engagement qui permet d’apporter des réponses aux grandes questions du monde ; égalité de genre, environnement, guerre… Quelle incarnation de l’Évangile ?

Quelles adaptations et évolutions institutionnelles ?
La réponse à cette question ne peut faire l’économie d’une définition des objectifs, des buts fixés. Quelle structure répondra mieux à ce que nous voulons faire ? Il est donc indispensable de savoir ce que l’on veut faire.

Conclusion

Pour avancer maintenant vers un nouveau programme d’action, il importe de continuer à réfléchir à tout cela en lien étroit avec les Églises membres sans oublier les Églises et organismes partenaires dont, bien entendu, la Cevaa.

Basile Zouma
Secrétaire général du Défap
23 mars 2024

image_pdfimage_print