Nous prions pour notre envoyée au Timor Oriental, et nous poursuivons notre lecture du livre de l’Ecclésiaste.
« J’ai considéré ensuite toutes les oppressions qui se commettent sous le soleil ; et voici, les opprimés sont dans les larmes, et personne qui les console ! ils sont en butte à la violence de leurs oppresseurs, et personne qui les console ! Et j’ai trouvé les morts qui sont déjà morts plus heureux que les vivants qui sont encore vivants, et plus heureux que les uns et les autres celui qui n’a point encore existé et qui n’a pas vu les mauvaises actions qui se commettent sous le soleil.
J’ai vu que tout travail et toute habileté dans le travail n’est que jalousie de l’homme à l’égard de son prochain. C’est encore là une vanité et la poursuite du vent. L’insensé se croise les mains, et mange sa propre chair. Mieux vaut une main pleine avec repos, que les deux mains pleines avec travail et poursuite du vent.
J’ai considéré une autre vanité sous le soleil. Tel homme est seul et sans personne qui lui tienne de près, il n’a ni fils ni frère, et pourtant son travail n’a point de fin et ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses. Pour qui donc est-ce que je travaille, et que je prive mon âme de jouissances ? C’est encore là une vanité et une chose mauvaise.
Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils retirent un bon salaire de leur travail. Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever ! De même, si deux couchent ensemble, ils auront chaud ; mais celui qui est seul, comment aura-t-il chaud ? Et si quelqu’un est plus fort qu’un seul, les deux peuvent lui résister ; et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement.
Mieux vaut un enfant pauvre et sage qu’un roi vieux et insensé qui ne sait plus écouter les avis ; car il peut sortir de prison pour régner, et même être né pauvre dans son royaume. J’ai vu tous les vivants qui marchent sous le soleil entourer l’enfant qui devait succéder au roi et régner à sa place. Il n’y avait point de fin à tout ce peuple, à tous ceux à la tête desquels il était. Et toutefois, ceux qui viendront après ne se réjouiront pas à son sujet. Car c’est encore là une vanité et la poursuite du vent. «
Ecclesiaste 4
Quel ton désespéré ! Est-ce celui d’un sage, ou d’un dépressif profond ? Ses paroles ne sont pas sans rappeler celles de Job regrettant d’avoir été conçu, d’être né, d’avoir vécu. Mais Job était en pleine tempête, soumis à des épreuves terribles : deuil, misère, maladie…
De quelle nature est le chagrin du roi de Jérusalem, fils de David, pour qu’il se laisse entraîner à un tel pessimisme ? Est-ce générosité, empathie qui le font gémir devant l’oppression de ceux qui sont violentés et que personne ne console ? De fait il semble partager le chagrin de Dieu, tel que l’expriment les prophètes bibliques, devant le mal et le malheur qui pèsent sur ce monde et que s’infligent mutuellement ses habitants.
Mais n’a-t-il lui-même aucun pouvoir pour changer les choses ? Le désire-t-il ? Ou se complait-il dans son regard désabusé ? « Vanité des vanités ! » Ce peut être aussi une position confortable qu’un désespoir de surplomb ! Mais est-ce ce que Dieu attend de nous, lui qui a envoyé son propre fils pour sauver le monde ?
Pourtant une petite lumière apparaît au milieu des ténèbres : puisque que l‘humain, tout seul, n’est rien et ne peut donner sens à sa vie, il lui faut être entouré, aidé, accompagné, soutenu. C’est dans la relation de l’un à l’autre, dans l’être ensemble, que se reconstituent la force et la joie de vivre.
Autre sujet d’espoir : si le roi est vieux et insensé, la vie continue néanmoins, un jeune roi viendra, puis un autre…. D’abord enthousiaste, le peuple sera sans doute déçu. Mais ces mouvements de l’âme, personnels et collectifs, s’ils traduisent la vanité de l’histoire, sont aussi le signe que les humains sont des vivants et non des robots, habitants sensibles et réactifs de ce temps offert par Dieu.
Nous prions pour notre envoyée au Timor Oriental, et nous partageons cette prière de repentance issue de la liturgie de l’Église protestante unie de France.
Tournons-nous vers Dieu pour lui demander son pardon et son aide :
Seigneur Dieu,
nous voulons te dire notre peur et notre angoisse
devant le mal et la souffrance du monde.
Te dire aussi notre honte et notre confusion
parce que nos propres fautes
prolongent et augmentent cette souffrance.
Pardonne-nous Seigneur,
d’agir si naturellement comme des égoïstes,
et de ne pas aimer notre prochain
avec l’ardeur, le respect et l’attention qu’avait Jésus.
Pardonne-nous de t’aimer si mal,
d’attendre toujours tes services au lieu d’être à ton service.
Pardonne-nous d’oublier que notre vrai bonheur
est de t’aimer et de te suivre.
Accorde-nous ton pardon.
Qu’il soit notre paix, notre joie et notre force.
Nous te le demandons au nom de Jésus-Christ. Amen.