Méditation du lundi 11 mai 2020. Il y a un temps pour le confinement, et un temps pour le déconfinement. En cette période de reprise, nous poursuivons notre route avec l’Ecclésiaste et nous prions pour toutes celles et tous ceux qui sont dans le deuil, la maladie, et l’angoisse de l’avenir.

« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux : un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ; un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir ; un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser ; un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres ; un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements ; un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter ; un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler ; un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.

Quel avantage celui qui travaille retire-t-il de sa peine ? J’ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l’homme. Il fait toute chose bonne en son temps ; même il a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin. J’ai reconnu qu’il n’y a de bonheur pour eux qu’à se réjouir et à se donner du bien-être pendant leur vie ; mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c’est là un don de Dieu. J’ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu’il n’y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu’on le craigne. Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé. J’ai encore vu sous le soleil qu’au lieu établi pour juger il y a de la méchanceté, et qu’au lieu établi pour la justice il y a de la méchanceté. J’ai dit en mon cœur : Dieu jugera le juste et le méchant; car il y a là un temps pour toute chose et pour toute œuvre. J’ai dit en mon cœur, au sujet des fils de l’homme, que Dieu les éprouverait, et qu’eux-mêmes verraient qu’ils ne sont que des bêtes. Car le sort des fils de l’homme et celui de la bête sont pour eux un même sort ; comme meurt l’un, ainsi meurt l’autre, ils ont tous un même souffle, et la supériorité de l’homme sur la bête est nulle; car tout est vanité. Tout va dans un même lieu ; tout a été fait de la poussière, et tout retourne à la poussière. Qui sait si le souffle des fils de l’homme monte en haut, et si le souffle de la bête descend en bas dans la terre ? Et j’ai vu qu’il n’y a rien de mieux pour l’homme que de se réjouir de ses œuvres : c’est là sa part. Car qui le fera jouir de ce qui sera après lui ? »

 

Il y a un temps pour le confinement et un temps pour le déconfinement, nous dit l’actualité L’alternance est-elle aussi simple et prometteuse ? Quand nous espérions de loin « la reprise » nous pensions que oui, mais aujourd’hui nous réalisons qu’il n’en est rien, d’abord parce que le virus qui a causé le confinement est toujours à l’œuvre, ensuite parce que tout ce qui a été mis entre parenthèses dans un temps comme « arrêté », va se présenter à nouveaux frais dans ce présent recommencé.

Mais ce qui est vrai du confinement/déconfinement ne l’est-il pas aussi pour toutes ces activités et émotions humaines évoquées par l’Ecclésiaste ? La vie n’est-elle pas un bric-à-brac où tout se mélange plutôt qu’un magasin aux rayons bien rangés ? Alors que cherche notre poète à travers son énonciation cadencée ? A canaliser les passions ? A ouvrir, pour ses contemporains et ses descendants, un chemin de sagesse et de juste mesure ? Ou à rendre la mort acceptable ?

Sommes-nous aidés, ou déchirés, par le fait que Dieu « a mis dans notre cœur la pensée de l’éternité, bien que nous ne puissions pas saisir l’œuvre qu’il fait, du commencement jusqu’à la fin. » Le fils de David, roi de Jérusalem, nous entraîne dans le paradoxe de la condition du croyant. Celui-ci devrait être le plus heureux des hommes, pense-t-on souvent ! Pourtant il doit traverser les mêmes épreuves que tout un chacun, auxquelles s’ajoute celle d’une conscience taraudée par les contradictions de l’espérance. Promis à la vie éternelle nous mourrons ; attachés à un Dieu juste et bon, nous souffrons d’autant plus des perversions de la justice, de l’impunité des méchants, de la persistance du mal en ce monde. Et créés à l’image de Dieu, presque son égal, nous connaissons un sort proche de celui des animaux. Vanité des vanités !

Ne demeurent que le fil ténu de la confiance, la petite flamme dans l’obscurité, le murmure priant de celui qui chaque jour remet à Dieu ses œuvres, ses amours, ses peines et ses joies. Il y a un temps pour l’inquiétude, et un temps pour le soulagement, un temps pour le poids des réalités, et un temps pour la légèreté de la brise. Le miracle est qu’en toutes choses Dieu fait de nous les porteurs d’une joie indestructible.

En cette période de reprise, nous poursuivons notre route avec l’Ecclésiaste et nous prions pour toutes celles et tous ceux qui sont dans le deuil, la maladie, et l’angoisse de l’avenir, avec les mots de Maurice Zundel (1897-1975), Prêtre et théologien catholique suisse.

Demandons la grâce que tout commence aujourd’hui

Demandons la grâce que tout commence aujourd’hui,

Que notre vie s’éternise dans un présent donné

Et qu’il n’y ait plus de retour sur soi, sur notre passé,

Plus de regrets des choses qui ne sont plus,

Mais cette décision ferme et inébranlable de faire de notre vie

Un chef-d’œuvre de lumière et d’amour

En étant simplement là au milieu des hommes,

Au milieu de notre famille, de notre bureau, de notre société et de ses enjeux de solidarité,

Toujours simplement là,

Comme une présence qui atteste celle, vivante, du Christ ressuscité

Et qui apporte la Lumière et le sourire de son Amour. Amen. »

 

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