Partir à l’étranger avec le Défap, ce n’est pas seulement découvrir un autre pays, une autre culture, et y vivre de nombreux mois en immersion : c’est aussi se découvrir soi-même. Avec le Covid-19, d’autres problématiques se posent. Au travers de leurs lettres de nouvelles, les envoyés partagent leur ressenti mais aussi leurs questionnements.
La famille Minard est actuellement à Madagascar. Delphine est VSI à Tananarive auprès de la FJKM comme enseignante de français. Timothée enseigne à l’Institut supérieur de théologie évangélique (ISTE).
Le tremblement de terre Covid19 secoue aussi Madagascar, même s’il a fait moins de dégâts qu’ailleurs et que nous sommes déjà en train de nous déconfiner. Confinement, « cache-bouche », remède « vita malagasy »… Voici quelques mots sur notre vécu à Tananarive.
Le 20 mars dernier, l’épidémie de Covid19 a officiellement atteint Madagascar. En vue de tenter de contenir la propagation du virus, le gouvernement a pris rapidement des mesures assez radicales : le confinement a notamment été imposé dans la capitale ainsi que dans deux autres grandes villes du pays. Tous les vols internationaux et nationaux ont été interrompus jusqu’à ce jour.
Comme partout dans le monde, on a vu des foules se hâter vers les pharmacies en espérant trouver des « cache-bouche » (comme on dit ici) ou de la chloroquine. Les rayons et étals de riz, aliment de base à Madagascar, ont été dévalisés.
Le confinement n’est pas facile à vivre pour une grande partie de la population qui souvent ne fait que (sur)vivre avec son salaire du jour, ou qui loge à cinq personnes (ou plus) dans une seule pièce. Conscient de cette situation, l’Etat malgache a rapidement mis en place une distribution de nourriture pour les plus démunis. Ainsi, les rues de la capitale étaient loin d’être désertes pendant le confinement et nous avons même expérimenté des embouteillages. Heureusement, l’épidémie ne semble pas s’être véritablement propagée à Madagascar. Nous sommes le 25 avril et, depuis cinq semaines, seules 123 personnes ont été testées positives au Covid19, dont peu de malades, très peu de cas graves et aucun décès. Ces dix derniers jours, seule une dizaine de nouveaux cas ont été détectés.
Nos activités confinées
Bien entendu, les cours dans les écoles FJKM ainsi que ceux de l’Institut Supérieur de théologie évangélique (ISTE) où enseigne Timothée, ont été suspendus. Ici, il n’est guère envisageable de poursuivre la formation « à distance ». Même si Madagascar possède un des meilleurs réseaux internet haut-débit d’Afrique, peu nombreux sont ceux qui peuvent se payer un abonnement illimité. Par contre, les réseaux sociaux et les SMS sont très utilisés, ce qui permet de garder le contact avec les collègues et étudiants.
En tant que famille, nous avons conscience d’avoir vécu le confinement de façon privilégiée. Nous avons un logement spacieux. Eve et Ethan ont eu le privilège de suivre les cours des écoles françaises depuis la maison, grâce à internet. Nous ne manquons de rien (et avons même mangé un peu trop de gâteaux maisons ces dernières semaines !). Nous avons aussi la joie d’avoir Mathilde, une française envoyée du Défap à Tananarive, qui loge avec nous.
Ce confinement forcé nous a permis de souffler un peu après une période particulièrement chargée. Nous ne comptons plus les parties de jeux de société (avec une préférence pour « Splendor ») et les activités manuelles. Nous avons vécu de bons moments de culte à la maison (préparés par les enfants). Les séances « fitness » fréquentes (surtout fréquentées par les filles) ont permis d’évacuer un peu les calories emmagasinées. Enfin, pour Timothée, habitué à être « confiné » dans son bureau, ce fut l’occasion de pouvoir trouver un peu de temps pour avancer dans ses travaux d’écriture.
En déconfinement !
Face à la faible propagation de l’épidémie, le gouvernement a mis en place un déconfinement progressif depuis le 22 avril. Celui-ci s’accompagne d’une distribution massive de « cache-bouches » (dont le port est désormais obligatoire, et en cas de défaut les personnes sont condamnées à des peines de travaux d’intérêt général avec effet immédiat !) et du remède « vita malagasy (= Made in Madagascar) », le « Covid Organics » (une tisane de plantes médicinales dont le président semble convaincu de l’efficacité).
Dans les écoles malgaches, seules les classes ayant des examens à passer en fin d’année scolaire (7e=CM2, 3e et Terminale) reprennent les cours pour le moment. Delphine devrait probablement reprendre son cursus début mai. Quant aux enfants, qui suivent le système français, en vacances scolaires jusqu’au 4 mai, ils ne savent pas encore s’ils reprendront les cours à l’école ou à la maison. À l’ISTE, les activités vont reprendre ce lundi 27 avril. Les transports en commun étant pour le moment interdits dans la capitale l’après-midi, les cours ne reprendront que le matin dans un premier temps. Conformément aux directives du gouvernement, des « mesures barrières » ont été mises en place : port de « cache-bouche » obligatoire, distance d’un mètre entre les étudiants dans les salles de classe, lavage des mains et prise de température à l’arrivée.
Humilité, reconnaissance et espérance
Ces trois mots représentent bien ce que ce temps particulier évoque chez nous. Cette pandémie révèle la folie de notre prétention à vouloir tout maîtriser. Le COVID-19 nous pousse à l’humilité et nous apprenons à dépendre de Dieu qui, lui seul, maîtrise toutes choses.
Nous sommes reconnaissants pour l’absence de morts à Madagascar et reconnaissons la grâce de Dieu derrière cela.
Enfin, nous voulons fixer nos regards vers celui qui est la source de notre espérance. Une espérance qui, comme nous l’avons rappelé à Pâques, est plus forte que la mort !