Le Défap était présent à Lomé (Togo) du 24 au 30 mars pour le Conseil d’Orientation et de Suivi du Secaar. Un rendez-vous également marqué par la commémoration des 30 ans de cette organisation atypique au service du développement holistique, qui regroupe aujourd’hui 19 Églises et organisations chrétiennes d’Afrique et d’Europe.

Le nouveau bureau du Secaar

Loin d’une course au développement à tout crin, le Secaar (Service chrétien d’appui à l’animation rurale), un réseau de dix-neuf Églises et organisations chrétiennes d’Afrique et d’Europe, présent dans une douzaine de pays, cherche à promouvoir l’être humain dans toutes ses dimensions : spirituelle, sociale et matérielle. Ses actions se déploient selon cinq axes de travail : le développement intégral (considérer l’être humain comme une créature avec des besoins matériels mais également relationnels et spirituels), l’agroécologie (maintenir les équilibres des écosystèmes), le climat et l’environnement (système alimentaire mondial plus juste, avec respect de l’environnement), les droits humains (promotion de la dignité humaine et accès équitable aux ressources), et la gestion de projet (accompagnement et/ou suivi). Il a été fondé en 1988 au Bénin, avant d’être officiellement constitué en association internationale en 1994 à Yaoundé, au Cameroun ; et le Défap en est un des membres fondateurs. Son siège se trouve aujourd’hui à Lausanne, en Suisse, et le secrétariat exécutif à Lomé, au Togo.

En ce mois de mars 2019, du 24 au 30, les 22 délégués des 19 différentes organisations membres, dont le Défap, se sont réunis à Lomé à l’occasion du Conseil d’Orientation et de Suivi (COS) du Secaar : une réunion qui a lieu deux fois par an, et qui fait office d’Assemblée générale du Réseau. Figurait notamment à l’ordre du jour l’élection d’un nouveau bureau, pour un mandat de deux ans : après six années à la présidence du réseau, Jean-Blaise Kenmogne a été remplacé par Roger Agbakli de l’ONG BUPDOS (Bénin). Roger Zürcher (Suisse), Francis Gueye (Sénégal) et Blanche Djou (Cameroun) ont été respectivement reconduits à leurs postes de vice-président, trésorier général et membre. Ces rencontres sont également l’occasion de faire le point sur des démarches particulières réunissant divers acteurs du réseau : François Fouchier, qui avec Laura Casorio représentait le Défap à ce Conseil d’Orientation et de Suivi, a ainsi évoqué le cas de la démarche «Église verte» en France.

«Ce qui n’est calculable ni mesurable, c’est-à-dire la vie, la souffrance, la joie, l’amour»

Mais ce COS de mars 2019 a été aussi marqué par les commémorations des trente ans du Secaar, avec une journée portes ouvertes pour permettre de présenter les partenaires ; un événement qui a donné lieu à une édition spéciale du bulletin de nouvelles du Secaar, Partage, avec un retour sur ces trois décennies d’aventure du réseau depuis ses origines. Trente ans d’engagements pour le droit à la terre, le droit des femmes, pour aider les communautés à faire face aux changements climatiques… Jean-Blaise Kenmogne, président sortant du Secaar, est ainsi revenu à travers un article sur le concept de «développement holistique» : «S’il est un rêve qui habite tous les pays du monde, c’est assurément celui de se développer. Très souvent appréhendé comme un processus d’amélioration des conditions matérielles de l’existence, le développement postule une production et une consommation des biens et des services toujours plus élevées (…) Une telle pratique, si elle a le mérite d’être quantifiable, ne peut générer à elle toute seule l’idéal souhaité par une société. Elle ignore ce qui n’est calculable ni mesurable, c’est-à-dire la vie, la souffrance, la joie, l’amour et sa seule mesure de satisfaction est dans la croissance.» L’un de ses prédécesseurs, Jean-François Faba, a fait l’éloge de cette pensée à contre-courant des vents dominants du développement : «Dans la tradition protestante française, nous avons le verbe «résister» inscrit dans la pierre d’une prison pour femmes. Ces dernières étaient accusées d’appartenir à la religion prétendue réformée. Ce verbe met en action toute une série de paroles et de gestes qui envisagent un avenir possible au-delà de la sombre réalité du temps présent. Pendant quelques années j’ai pu, au sein du bureau du Secaar, vivre cette résistance dans un réseau d’hommes et de femmes dont la volonté de dépasser le poids des contraintes subies m’apparaissait comme les prémices d’une libération sociale et économique.»

Cette commémoration des trente ans du Secaar a aussi donné l’occasion de revenir sur la «capitalisation d’expériences», un processus permettant de valoriser tous les acquis et enseignements des diverses actions entreprises par le Secaar, de manière à pouvoir en partager les fruits : ce qui se fait déjà à travers des fiches disponibles sur le site de l’organisation, des vidéos, des témoignages, mais pourrait prendre aussi dans le futur la forme de sessions de formation, comme Simplice Agbavon, secrétaire exécutif du Secaar, en exprime l’espoir.

Retrouvez ci-dessous quelques témoignages en vidéo illustrant la diversité des actions et des partenariats du Secaar :

 

 

 

Car cette thématique de la formation est devenue au fil des années l’une des spécialités et l’une des marques de fabrique du Secaar. Au-delà de son soutien aux ONG ou Églises membres, il cherche à apporter une réflexion théologique aux acteurs de développement et une réflexion sur le développement aux théologiens. Des actions pour lesquelles il travaille en collaboration régulière avec le Défap et son homologue suisse, DM-échange et mission : le Défap a, par exemple, envoyé la bibliste Christine Prieto pour travailler sur un cycle de formations bibliques, qui a abouti à l ‘édition d’un ouvrage conçu pour aider des groupes à réfléchir sur la question du développement dans une perspective biblique. DM fournit pour sa part un appui à la communication du Secaar, à laquelle travaille actuellement une envoyée venue de Suisse, Marion Delannoy ; par le passé, cette mission a pu être assurée par des envoyés du Défap et de DM-échange et mission.

Retrouvez ci-dessous quelques images de ce Conseil d’Orientation et de Suivi du Secaar :

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