Il y a un an, lors de l’Assemblée générale 2018, le président du Défap, Joël Dautheville, lançait un appel à une «dynamique refondatrice». Le chantier a été lancé au sein du Service protestant de mission, et il touche tous les domaines : réorganisation de l’équipe, réflexions sur les partenariats et sur ce qu’implique la mission aujourd’hui… L’AG 2019, prévue cette année le 30 mars, sera notamment l’occasion de faire le point sur le travail en cours.
Vue du déroulement d’une AG du Défap © Défap
Par définition, la mission – y compris dans son acception profane – suppose un but à atteindre ; elle implique des efforts à accomplir et des difficultés à surmonter… Il n’y a pas de mission qui aille de soi. C’est d’autant plus vrai dans le domaine missionnaire – et plus encore aujourd’hui. Tous les organismes missionnaires sont poussés à mener des réflexions approfondies sur leur rôle, leurs moyens, leurs domaines d’intervention – et au-delà, sur ce qu’implique la mission aujourd’hui. Tous ont été amenés à se réformer pour pouvoir adapter leur action dans un monde qui bouge, dans des sociétés qui se transforment de manière rapide et radicale : c’est ce qui s’est produit en Europe du Nord, ou plus récemment en Suisse, avec les nouvelles orientations annoncées par DM échange et mission. Cette nécessaire adaptation sera bien sûr au menu de l’Assemblée générale du Défap, qui se tient le samedi 30 mars 2019. Le processus de refondation du Service protestant de mission figure au programme d’une bonne partie de l’après-midi.
Comment parler de la mission en Europe aujourd’hui, comment répondre aux défis du monde actuel comme, par exemple, celui de la participation des Églises aux grands débats de société, celui de la relation aux exclus, aux migrants, celui de la sauvegarde de la création ? Quel témoignage porter dans une société où les Églises, en tant qu’institutions, sont en perte d’influence pendant que se développent des formes de religiosité hors institutions ? Quelles relations trouver entre Églises – celles qui sont implantées dans notre pays de longue date, celles qui s’y implantent, parfois avec un projet ouvertement missionnaire, et celles établies au loin, avec lesquelles existent des relations de longue date ? Quelle place pour les échanges de personnes dans ces relations entre Églises, quelle place pour la solidarité internationale ? Quels équilibres trouver entre témoignage et action concrète ? Quelles relations avec les autres chrétiens, avec les autres religions ? Aucune de ces questions n’est vraiment nouvelle, mais elles se posent d’année en année avec plus d’acuité. «De façon récurrente», soulignait en 2017 Marc Frédéric Muller (un ancien de l’équipe du Défap) dans un numéro de Perspectives missionnaires consacré aux relations entre Témoignage et diaconie, «on a pu considérer la mission comme une entreprise de conquête des âmes et d’appel à la conversion, sans l’associer nécessairement à un mouvement de sollicitude envers les personnes en situation de fragilité, malades, nécessiteuses ou persécutées. Cette conception réductrice de l’évangélisation semble pourtant bien souvent démentie par l’histoire des sociétés missionnaires qui, avant de construire un édifice pour le culte, avaient à cœur de bâtir une école ou un dispensaire, et se sont engagées pour l’émancipation».
Un aperçu du travail en cours
Pour aller plus loin : |
Au Défap, ce chantier est déjà lancé depuis de nombreux mois. Certaines étapes sont bien visibles et identifiables : ainsi, il y a un an, au cours du mois de mars 2018, le président du Service protestant de mission appelait lors de son message d’ouverture de l’Assemblée générale à une «refondation». D’autres sont plus discrètes, comme les rencontres entre organismes missionnaires : au début du mois de mai 2018 a ainsi eu lieu à Sète une rencontre entre les Secrétariats de la Cevaa – Communauté d’Églises en Mission, du Défap, et de DM-échange et mission. Deux mois auparavant, c’est à Strasbourg et à l’initiative de l’UEPAL (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine), que s’était déroulée une autre rencontre à laquelle participait le Défap avec quatre organismes missionnaires : la mission de Hermannsburg, Mission 21, la Société luthérienne de mission, l’Action Chrétienne en Orient. Son thème : «Mission, aide au développement, solidarité internationale… le cœur de métier des œuvres et comment l’appeler aujourd’hui». Au cours des mois écoulés, le Défap a également eu l’occasion de recevoir des représentants de la mission norvégienne.
Moins visible encore, mais fondamental, est le travail de réflexion qui se déroule depuis des mois au Défap, et auquel tous les permanents de l’équipe sont associés. Organisation du travail, synergies entre les services, articulation entre la mission au près et la mission au loin : tous les thèmes sont abordés. Le Défap, qui prépare un prochain forum sur la mission, a aussi été associé à des rendez-vous de réflexions et de débats sur cette même thématique. Il a participé à l’organisation, en novembre 2018, du forum de la revue Perspectives missionnaires à la maison du protestantisme, au 47 rue de Clichy, à Paris ; il était aussi impliqué dans le deuxième forum sur la mission intégrale, organisé par Connect MISSIONS et ASAH, qui s’est tenu à Sainte Foy-lès-Lyon au cours du week-end des 8 et 9 mars 2019. Et qui a notamment illustré, une nouvelle fois, ce constat fait lors de la première édition en 2016 : celui d’une mission devenue multiforme et multidirectionnelle, et dans laquelle l’action sociale et humanitaire est devenue primordiale.
Un processus qui se veut transparent, en lien avec les Églises pour lesquelles cette question de la mission aujourd’hui, et de ses relations avec l’évangélisation, est devenue centrale : c’est dans cette optique qu’a été mis en ligne sur le site du Défap le dossier «Mission : refondation !», qui présente un certain nombre de textes issus des instances du Défap ou des permanents de l’équipe, discutés en Conseil ou partagés lors des réunions hebdomadaires de travail… Mais aussi des articles sur les forums auxquels le Défap a été associé, ou des points de vue de praticiens de la mission… Des textes qui interpellent, des textes pour s’interroger ; des textes qui montrent les débats en cours au Défap, et dessinent les contours d’une mue en train de se faire.