Méditation du jeudi 16 février 2017. Nous prions pour nos envoyés en Tunisie.
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« Vous avez entendu qu’il a été dit : « Oeil pour oeil et dent pour dent.»
Eh bien, moi je vous dis de ne pas vous venger de celui qui vous fait du mal. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, laisse-le te gifler aussi sur la joue gauche. Si quelqu’un veut te faire un procès pour te prendre ta chemise, laisse-le prendre aussi ton manteau. Si quelqu’un t’oblige à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
Donne à celui qui te demande quelque chose ; ne refuse pas de prêter à celui qui veut t’emprunter. »
« Vous avez entendu qu’il a été dit : « Tu dois aimer ton prochain et haïr ton ennemi. »
Eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous deviendrez les fils de votre Père qui est dans les cieux. Car il fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, il fait pleuvoir sur ceux qui lui sont fidèles comme sur ceux qui ne le sont pas. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à recevoir une récompense de Dieu ? Même les collecteurs d’impôts en font autant ! Si vous ne saluez que vos frères, faites-vous là quelque chose d’extraordinaire ? Même les païens en font autant !
Soyez donc parfaits, tout comme votre Père qui est au ciel est parfait. » Matthieu 5,38-48
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La règle de la vengeance est la démesure. La loi du talion introduit déjà l’idée de justice, même si l’œil pour l’œil nous apparaît comme une punition insatisfaisante. Mais celle-ci sera remplacée par la réparation ou la compensation : non plus l’œil pour l’œil, la dent pour la dent, mais la valeur de l’œil pour un œil, la valeur de la dent pour une dent.
Alors comment mesurer cette valeur ? Dans la Mishna, livre de la tradition juive, cinq obligations incombent à celui qui blesse son prochain. Il doit réparer : le dommage physique, la douleur, les soins médicaux, la cessation de travail, le préjudice moral (honte, humiliation). Seule la vie échappe à cette loi du talion car sa valeur est au-delà de toute évaluation. Alors c’est Dieu qui juge.
Jésus nous invite à sortir de l’esprit de vengeance, et sans doute à rendre une justice qui soit le plus satisfaisante possible pour tous. Pourtant il est conscient que seul Dieu est juste et que la justice humaine ne peut pas tout. Ainsi comment évaluer le préjudice d’une gifle dont la blessure n’est pas d’ordre physique -au-delà de la douleur passagère-, mais morale -elle humilie. Au danger de la colère, -devenir le meurtrier de son frère, Jésus oppose une maîtrise de soi qu’on prend à tort pour de la passivité.
Tendre l’autre joue suppose de l’intelligence et une grande force morale, de même que donner son manteau au procédurier qui en veut à notre chemise. Ou encore se montrer pleinement disponible et généreux envers quiconque requiert cette disponibilité et cette générosité. Ah ! Comment faire, nous qui sommes si occupés ? A des tâches si importantes ?
Mais Jésus, qui nous fait confiance, nous demande même d’aimer nos ennemis, de prier pour eux ! Que signifie aimer ? Que signifie le mot ennemi ? S’il s’agit de ne rien faire contre celui qui nous a fait du mal, de ne pas lui souhaiter de mal -comme dans l’expression « Je ne souhaiterais pas cela même à mon pire ennemi » et de le remettre à Dieu quand nous ne pouvons pas lui pardonner de tout cœur… le défi est à la mesure de l’amour que Dieu nous porte à tous mais aussi à la mesure de ce que chacun a ou non subi.
Très simplement, il est écrit dans le Livre de l’Exode : « Si vous rencontrez le boeuf ou l’âne égaré de votre ennemi, ramenez-le-lui. Si vous apercevez son âne effondré sous la charge qu’il porte, ne passez pas outre ; aidez plutôt votre ennemi à remettre la bête sur ses pattes. » Exode 23,4-7
Merci au gros bœuf et au petit âne quand il se font artisans de la paix entre les hommes!
Nous prions pour nos envoyés en Tunisie et pour le peuple tunisien avec cette méditation de St Cyprien de Carthage sur la patience de Dieu
« Quelle immense patience en Dieu !
Nous voyons, par un effet de sa Patience égale et sans faille pour les coupables et pour les innocents,
Pour les gens pieux et pour les impies,
Pour ceux qui témoignent de la reconnaissance et pour les ingrats,
Sur un Signe de Dieu les saisons obéir, les éléments accomplir leur service,
Les vents souffler, les sources couler, les moissons croître en abondance, les raisins de la vigne mûrir, les arbres se charger de fruits, les bois se couvrir de feuilles, les prés de fleurs.
Et bien que Dieu soit douloureusement affecté par nos péchés fréquents, que dis-je ? continuels, Il maîtrise son Indignation et attend patiemment le jour de la rétribution, fixé d’avance une fois pour toutes.
Et bien qu’il tienne la vengeance en son pouvoir, Il préfère conserver longtemps la patience, supportant et retardant avec une évidente clémence pour que, si possible, la méchanceté, à force d’avoir duré, se transforme un jour et que l’homme, après s’être vautré dans les égarements et les crimes contagieux, revienne à Dieu :
« Je ne veux pas la mort de celui qui meurt, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18, 32).
Frères très aimés, la Patience est un attribut de Dieu, et quiconque est bon, patient et doux imite Dieu le Père ! Amen. »