Le pasteur Béniéla Houmbouy lors de la conférence organisée en novembre 2017 par le Défap sur la Nouvelle-Calédonie © Défap

Pasteur, enseignant, auteur, penseur, homme d’engagement : le pasteur Béniéla Houmbouy aura été tout cela. Sa disparition soudaine au matin du 4 juin 2018, à l’âge de 75 ans, a suscité une émotion profonde à travers la Nouvelle-Calédonie, au sein de l’EPKNC (l’Église Protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie) et bien au-delà. Victime d’une mauvaise chute alors qu’il réparait la toiture de son habitation, il est décédé quelques heures plus tard.

Homme d’Église, il avait été professeur de philosophie au lycée Do-Kamo à Nouméa. Une fonction à travers laquelle il «servait d’exemple aux jeunes Kanak, il était très respecté et très admiré par ses pairs et par tous», a souligné Marianne Hnyeikone, professeur de Langue et de Culture Kanak au lycée Do-Kamo. Il portait aussi une vision ouverte de l’avenir de la société calédonienne, face aux risques de repli, tout particulièrement à l’approche du référendum d’autodétermination prévu en novembre 2018. «Le défi à relever pour notre société, avait-il ainsi déclaré, est d’ouvrir grandes ses portes sans craindre de se démunir de rien, c’est de donner pour s’enrichir, de pratiquer l’accueil pour être reçu à bras ouverts, évitant ainsi qu’un seul enfant puisse entrer dans notre monde avec un matricule en guise de nom.» Il avait également été pasteur durant six ans à Papeete (Tahiti). Il était aussi auteur de poèmes, contributeur pour des ouvrages collectifs et des conférences. Ses obsèques devraient être prochainement organisées à Ouvéa, au sein de la tribu de Hnymëhë dont il était originaire.

«C’est un sage qui disparaît»

Le Président de l’Église Protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie a témoigné dans un communiqué de sa reconnaissance au pasteur Ben Houmbouy pour «le service rendu pour la population du pays et pour la société au travers de ses engagements et de son dévouement par l’exercice de son ministère pastoral».

Dans un message adressé aux instances de l’Église Protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie, Joël Dautheville, président du Défap, fait part de sa «profonde tristesse» et revient sur la vie du pasteur Ben Houmbouy : «Homme de foi, homme de convictions, nous saluons son parcours authentique d’enfant du pays, son grand sens du dialogue empreint de sagesse et son engagement profond aux côtés des siens. Sa présence a été forte lors de la conférence sur la Nouvelle-Calédonie organisée par le Défap en septembre 2017 dans les locaux de la Fédération Protestante de France, à Paris. À cette occasion, il avait notamment souligné que, pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, la recherche de l’intérêt commun reste fondamentale afin de combattre la peur. Nous portons dans notre prière ses proches et tout particulièrement son épouse Madeleine.»

François Clavairoly, président de la Fédération Protestante de France, a souligné dans son message : «C’est un sage qui disparaît aujourd’hui à qui nous devons tous, pour sa foi en Christ, et son engagement au service du prochain, une très profonde reconnaissance.»

Dans une lettre de condoléances adressée aux responsables de l’EPKNC et à Madeleine Houmbouy, le secrétaire général de la Cevaa – Communauté d’Églises en Mission, le pasteur Célestin Gb. Kiki, indique : «C’est avec beaucoup de tristesse que nous venons d’apprendre la mort accidentelle du Pasteur Ben Houmbouy (…) Nous n’avons pas les mots humains pour consoler Madeleine et les enfants ainsi que toute l’Église. Notre source de consolation, ce sont les Ecritures saintes (…) Au nom de la Cevaa, de son Conseil exécutif, de sa Présidente et de son Secrétariat à Montpellier, je vous présente nos condoléances les plus émues.»

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