Voici la première lettre de nouvelles de Mona, l’une de nos volontaires en Service civique venues d’Égypte. Elle évoque sa mission chez les Diaconesses de Strasbourg.

Mona, photographiée dans le jardin du Défap © Défap

 

VOLONTAIRE
  • Mona, 25 ans, Égyptienne
  • Accompagnatrice de personnes âgées
MISSION
  • La maison des Diaconesses, 3 rue Ste Elisabeth, Strasbourg
  • Les personnes âgées (Sœurs et seniors)

 
 
Ma mission:

    • Partager une vie avec les sœurs et les seniors vivant dans la maison
    • Se rendre disponible auprès d’eux pour diverses tâches et aider à la vie de la maison
    • Jouer à des jeux de société ensemble
    • Aider aux travaux manuels tels que la couture, le tricot, le crochet, …
    • Faire la lecture pour les personnes malvoyantes
    • Visiter les personnes isolées dans leur chambre pour discuter, être à l’écoute, les rassurer et leur tenir compagnie
    • Accompagner les sorties de la vie courante : promenade, courses, aller à la pharmacie pour chercher des médicaments, …
    • Faciliter l’accès aux outils informatiques pour maintenir la communication avec les proches

 

Je m’appelle Mona. Je suis Égyptienne. J’ai 25 ans. J’ai terminé mes études et j’ai travaillé dans une entreprise de service à la clientèle pendant deux ans. J’ai commencé à travailler depuis novembre 2020. Trois mois après, la compagnie a décidé que tout le monde travaillerait à domicile en raison des mauvaises conditions dues au Coronavirus. Ceci, bien sûr, a eu un grand impact sur moi, sur mes relations avec mes amis ainsi qu’avec mes collègues de travail. Deux mois plus tard, je me sentais déconnectée du monde extérieur. J’entends juste les problèmes des autres sans les voir ni les connaître. Je ne parle qu’avec des écrans. J’ai donc besoin d’interagir davantage avec les gens en personne. Je sens que je ne fais que suivre la routine normale ou ce qu’on attend de moi dans la vie.

J’ai également besoin de fournir un service ou d’aider les autres « gratuitement » car de nombreuses personnes m’ont aidée dans les différentes étapes de ma vie.

Quand on m’a parlé de cette mission, je ne l’ai pas immédiatement acceptée, mais je ne l’ai pas non plus refusée. Ne pas dire « non » était étrange et surprenant pour moi, car je dis généralement un « non » rapide à tout ce qui est nouveau ou ambigu pour moi.

Et me voilà en France. Et heureusement, je suis ici parce que j’ai rencontré des personnes vraiment merveilleuses. Des sœurs et des seniors qui nous ont accueillies avec tant de respect et d’amour sans même nous connaître et malgré toutes les différences d’âge et de culture.

On dit que notre mission est d’accompagner les personnes âgées, mais parfois j’ai l’impression qu’elles ne sont pas très âgées. Ce sont des personnes pleines de vie et d’amour de Dieu. Nous avons des cours de gym tous les mercredis. Même si nous ne faisons pas d’exercices compliqués pour nous « les jeunes », les sœurs se soucient d’y participer. Malgré leurs maux physiques, elles essayent de suivre les actualités que ce soit à travers les journaux, la télévision ou la radio, selon leur état de santé, et c’est parce qu’elles sont toujours désireuses de prier pour tout ce qui se passe autour d’elles.

« Après deux mois, je ressens beaucoup de changements dans ma vie »

Il y a des personnes qui aiment coudre, tricoter et faire du crochet, d’autres qui aiment jouer, lire ou sortir, et d’autres qui aiment rester dans leur chambre pour parler et partager des idées.

Ce qui m’a étonnée, c’est une sœur qui ne voit presque rien et arrive quand même à tricoter de très jolies brassières pour bébé. Quand je lui ai demandé comment elle le faisait, elle m’a dit qu’elle ne voyait pas bien mais elle comptait les mailles et parfois avec l’expérience aussi elle arrêtait de compter. Rien ne les empêche de travailler ou de vivre.

Nous partageons une vie communautaire. Nous vivons dans la même maison, prions ensemble (3 fois par jour + un culte chaque dimanche + une mini réunion pour les jeunes une fois par semaine), mangeons ensemble, aidons à mettre la table et nettoyons la cuisine ensemble. Nous célébrons également l’anniversaire de chacune en préparant des gâteaux, des lettres, des cadeaux et quelques chants.

Heureusement, j’ai eu l’occasion de fêter Pâques avec les sœurs. Nous avons comparé les différentes manières de fêter en France et en Égypte, comme l’histoire du lapin et des œufs, que je n’ai toujours pas comprise même après qu’on me l’ait expliquée plusieurs fois.

Après deux mois, je ressens beaucoup de changements dans ma vie. Je me sens plus proche de Dieu. Je vois dans cette maison un verset de la Bible accompli : « Vous êtes dans le monde, mais pas du monde. »

Chaque jour, je deviens plus mature et plus autonome. Je sors un petit peu de ma zone de confort (comfort zone).

image_pdfimage_print