Christine Prieto en compagnie des étudiants de l’UPC © Christine Prieto pour Défap
Avec ses 9000 étudiants, dont 300 en théologie, l’Université Protestante au Congo (UPC) représente tout simplement le plus grand campus protestant francophone au monde. Établie en plein cœur de Kinshasa, capitale de plus de 14 millions d’habitants à l’Ouest de la République Démocratique du Congo, elle se situe dans le quartier de la Cathédrale du Centenaire, l’un des plus impressionnants bâtiments religieux protestants du continent. C’est là que s’est rendue, au cours du mois d’avril 2018, Christine Prieto.
Christine Prieto fait partie des intervenants régulièrement sollicités par le Défap pour assurer des missions courtes d’enseignement dans des centres de formation théologique en Afrique. Membre de l’Église protestante unie de France, elle a été formée à la fois à Paris et à Lausanne ; elle est docteur en théologie, bibliste et chargée de cours à l’Institut Protestant de Théologie (faculté de Paris). Au cours de son séjour de deux semaines en République Démocratique du Congo, elle a été amenée à assurer une série de cours de Nouveau Testament à l’UPC. Un séjour qu’elle décrit comme «dense», et dont l’organisation n’a pas été simplifiée par les tensions politiques actuelles que connaît le pays ; mais, précisément pour ce fait, sa présence a été accueillie avec d’autant plus de reconnaissance à la fois par les étudiants et par les enseignants.
Un ancien boursier du Défap fait le relais
Il s’agissait de remplacer au pied levé un professeur de Nouveau Testament brutalement décédé au cours de l’hiver. N’ayant pu trouver les compétences requises en pleine année universitaire, l’UPC a lancé des appels – et le lien avec le Service protestant de mission s’est fait via Sébastien Kalombo Kapuku, qui dirige le département de Systématique à l’Université Protestante au Congo, mais qui est aussi un ancien boursier du Défap. L’idée était de faire une session de rattrapage sur un temps court. «Il a fallu trouver comment caser un programme de 90 heures en deux semaines, souligne Christine Prieto ; j’assurais 4 heures de cours le matin et 2 l’après-midi. Et tout cela, six jours par semaine. C’était assez intensif.» Au menu : deux cours complets, l’un, d’une soixantaine d’heures, consacré aux épîtres non pauliniennes, et destiné aux étudiants de licence 1 (équivalent en France du Mastère 1) ; et un deuxième cours d’une trentaine d’heures, destiné aux Mastère 1 et 2, consacré au livre d’Apocalypse. Avec, en outre, une découverte mutuelle salutaire, comme le note Christine Prieto : «J’ai été assez étonnée de voir qu’à l’UPC, les enseignants ont toujours travaillé selon la méthode de la critique historique, mais qu’ils ne faisaient pas d’analyse narrative ; j’ai donc particulièrement mis l’accent dessus. Pour les étudiants, c’était une nouveauté, ils ont beaucoup apprécié. Ils étaient très attentifs, ils avaient plein de questions à poser… Du coup, le doyen de la Faculté m’a suggéré de revenir l’année prochaine, même si l’UPC réussit à trouver un nouveau professeur d’ici là.»
Vue du campus de l’UPC © Christine Prieto pour Défap
L’UPC fait partie des cinq universités protestantes avec lesquelles le Défap est en lien en RDC. Il y a encore l’Université Évangélique en Afrique – UEA (à Bukavu); les deux sites de l’Université Libre des Pays des Grands Lacs – ULPGL (à Goma et à Bukavu); et l’Université Presbytérienne du Congo – UPRECO (à Kananga). Toutes sont membres du RUPA (le Réseau des Universités Protestantes d’Afrique), garant d’un bon niveau académique, et toutes disposent d’une faculté de théologie. Dans un pays aussi vaste que la RDC et où le fait religieux est aussi prégnant, ces universités présentent des promotions impressionnantes : car derrière l’UPC, l’UEA revendique tout de même 3225 étudiants pour dont 686 en théologie ; et encore 3000 étudiants pour l’ULPGL à Goma, dont 380 en théologie… Au sein de ces facultés se rencontrent des élèves issus de communautés ecclésiales différentes, entretenant ainsi le dialogue œcuménique. Parmi leurs responsables figurent souvent d’anciens boursiers du Défap. Les relations avec la France se concrétisent aussi à travers des échanges de professeurs. En outre, le Défap reçoit des étudiants boursiers et des professeurs en congé de recherche.
Dans le cadre de ces relations, Christine Prieto avait déjà eu l’occasion de se rendre à l’UPRECO, au cœur d’une province enclavée et oubliée par le pouvoir central, au centre de la République démocratique du Congo. Sa présence à Kinshasa en ce mois d’avril 2018 marquait un renouveau des relations du Défap avec la RDC et tout particulièrement avec l’Église du Christ au Congo (ECC). À la fois Église et fédération, l’ECC rassemble 95 communautés ecclésiales différentes (on préférera parler de «communautés» plutôt que «d’Églises» au sein de l’ECC), dont 70 sont présentes dans la seule ville de Kinshasa. Son président actuel, le pasteur Bokundoa, élu en août 2017, a décidé de rompre avec une attitude de trop grande proximité avec un pouvoir autoritaire, caractéristique jusqu’alors de l’EEC ; ce qui a valu dès lors à l’ECC des tensions croissantes avec le régime de Joseph Kabila, à l’instar de diverses autres Églises déjà soumises à forte pression, mais aussi des marques appuyées de soutien de la part du protestantisme français.