Méditation du jeudi 22 septembre 2016. Nous prions pour nos envoyés en Egypte et le peuple égyptien.
« Il y avait une fois un homme riche qui s’habillait des vêtements les plus fins et les plus coûteux et qui, chaque jour, vivait dans le luxe en faisant de bons repas.
Devant la porte de sa maison était couché un pauvre homme, appelé Lazare. Son corps était couvert de plaies. Il aurait bien voulu se nourrir des morceaux qui tombaient de la table du riche. De plus, les chiens venaient lécher ses plaies.
Le pauvre mourut et les anges le portèrent auprès d’Abraham.
Le riche mourut aussi et on l’enterra. Il souffrait beaucoup dans le monde des morts ; il leva les yeux et vit de loin Abraham et Lazare à côté de lui.
Alors il s’écria : «Père Abraham, aie pitié de moi ; envoie donc Lazare tremper le bout de son doigt dans de l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre beaucoup dans ce feu.»
Mais Abraham dit : «Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu beaucoup de biens pendant ta vie, tandis que Lazare a eu beaucoup de malheurs. Maintenant, il reçoit ici sa consolation, tandis que toi tu souffres. De plus, il y a un profond abîme entre vous et nous ; ainsi, ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le peuvent pas et l’on ne peut pas non plus parvenir jusqu’à nous de là où tu es.»
Le riche dit : «Je t’en prie, père, envoie donc Lazare dans la maison de mon père, où j’ai cinq frères. Qu’il aille les avertir, afin qu’ils ne viennent pas eux aussi dans ce lieu de souffrances.»
Abraham répondit : «Tes frères ont Moïse et les prophètes pour les avertir : qu’ils les écoutent !»
Le riche dit : «Cela ne suffit pas, père Abraham. Mais si quelqu’un revient de chez les morts et va les trouver, alors ils changeront de comportement.»
Mais Abraham lui dit : «S’ils ne veulent pas écouter Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quelqu’un se relevait d’entre les morts.»
Luc 16, 19-31
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Quelle histoire terrible !
Deux hommes, deux mondes. Entre les deux un abime, ou un mur !
Le riche, anonyme, est enfermé dans son luxe : vêtements, nourriture, biens multiples.
Le pauvre, prénommé Lazare (Dieu aide), est enfermé dans son pauvre corps affamé, détérioré, qui n’attire que les chiens !
Et aucun miracle n’a lieu : le « méchant » riche ne devient pas bon, compatissant et généreux comme dans certains contes.
Et le pauvre ne pêche pas le poisson aux œufs d’or dans quelque étang.
Il se passe autre chose :
Le pauvre Lazare meurt et il est accueilli dans le sein d’Abraham !
Le riche anonyme meurt à son tour et il est rejeté du sein d’Abraham !
Faudrait-il donc être pauvre et se soumettre à l’ordre des choses en attendant de recevoir le centuple au paradis ? Heureusement cette interprétation ne trouve plus beaucoup de partisans.
Il n’en reste pas moins que l’ultime consolation du malheureux Lazare nous rappelle le lien de parenté qui unit Dieu à l’être nu de l’homme, celui qui n’a rien pour faire obstacle à son amour. Alors que la richesse, surtout en excès, risque de nous rendre sourds à la voix du cœur.
Néanmoins le sort du riche nous émeut ! Même quand, outre-tombe, il semble devenu un peu plus lucide et moins égoïste, aucune rédemption n’est en réserve pour lui ! Il se cogne à la même impossibilité que celle qu’il imposait à Lazare gisant à sa porte.
Jésus est porteur de la loi de Moïse et des prophètes : Dieu est Un et l’Humain est Un. Nous sommes tous enfants d’un même Père. Mais chaque fois que, par mépris, par indifférence, où par désir de dominer…nous réfutons cette unité originaire, nous signons notre propre condamnation, car nous nions le projet de Dieu.
Nous prions pour nos envoyés en Egypte et pour le peuple égyptien avec cette prière d’un auteur anonyme :
« Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères c’est à moi que vous l’avez fait. Matthieu 25 »
Comment puis-je remercier Dieu, quand mon voisin souffre de la faim et de la soif ?
Comment puis-je dire : Merci, Seigneur, pour ce repas ?
Quand mon voisin est nu et dort dans la rue,
Faut-il vraiment que je dise : ta bonté ô Dieu, soit bénie ?
Ai-je le droit de louer Dieu,
Quand il me donne, à moi seul, liberté et santé ?
Quand mon voisin est opprimé et malade,
Suis-je obligé de dire : ta miséricorde soit louée ?
Quand des millions d’hommes continuent de vivre dans les ténèbres,
Devrais-je dire : Merci à toi, ô Dieu, de me compter au nombre des élus ?
Mon enfant, je ne te donne pas à boire et à manger pour que tu sois seul rassasié
Et que tu vives dans la joie.
Je te fais ce cadeau pour que tu partages ton repas
Avec ton voisin qui crie famine.
Quand tu l’auras rassasié, il reconnaîtra ma sollicitude,
Et il me dira merci !
Mon enfant je ne te donne pas vêtements et logis
Pour que tu connaisses le confort et que l’orgueil te monte à la tête.
C’est pour que ton manteau réchauffe ton voisin qui grelotte et pour que ta maison abrite les malheureux :
Quand ils connaîtront, à travers toi, ma bonté,
Ils me béniront.
Mon enfant je ne te donne pas santé et liberté
Pour que tu jouisses sans épreuves de la vie.
Tu es robuste, alors tu peux assister les malades et les vieilles gens.
Tu es libre, alors tu peux aider.
Paroles lointaines, paroles si proches, expressions de foi de l’Eglise universelle.
Hortus Deliciarum. Tome 1. Herrade De Landsberg
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