Corinne Mérer, envoyée en Israël/Palestine, raconte ses impressions après avoir vécu les fêtes de Pâques à Jérusalem.

Il est émouvant  et étrange d’être ici pour célébrer le temps de Pâques.

Émouvant de relire dans les Evangiles l’entrée de Jésus à Jérusalem et de suivre le même chemin depuis Bethanie jusqu’ aux portes de la ville en compagnie de 12 000 fidèles agitant des rameaux de palmiers et acclamant son nom par des chants joyeux, en toutes langues.

 

Procession des rameaux, DR

Procession des rameaux, DR

 

Émouvant, le vendredi saint, de regarder ces mêmes pèlerins parcourir le chemin de croix dans les ruelles étroites de la vieille ville, marchant derrière les franciscains en bure brune, les popes tout de noir vêtus, coiffés de hautes toques garnies de voiles qui leur descendent jusqu’à mi-dos, et les patriarches en violine et blanc.

 

Devant l'église, DR

Devant l’église, DR

 

Émouvant, mais pour le moins étrange : il n’est pas question en effet que les processions se mélangent ; l’heure et le temps de passage dans l’église du Saint Sépulcre sont soigneusement et longuement négociés  les semaines précédentes entre les dignitaires des différentes Eglises catholiques : latine, arménienne, ou grecque. Alors, de nombreux soldats et policiers israéliens, fusil d’assaut en bandoulière, assurent l’ordre, déplacent les barrières au fil de l’avancée des processions, bloquant ici, laissant passer là.

Les Eglises protestantes, anglicanes,  luthériennes, écossaises quant à elles sont absentes : ce n’est pas leur culture.

Nos divisions entre chrétiens  crucifient à  nouveau Jésus.

 

La procession, DR

La procession, DR

 

Émouvant, étrange mais aussi révoltant ce vendredi saint.

Le matin, avant le début  des processions, j’étais au check-point de Qalandya comme tous les vendredis. Mais ce 25 mars, en raison des fêtes pascales et de la fête juive de Purim qui cette année tombent en même  temps, les habitants de la Westbank, chrétiens comme musulmans, doivent présenter un permis spécial,  délivré seulement pour raison médicale. Être âgé de plus de 55 ans ne suffit plus pour aller prier sur les lieux saints. Ce 25 mars, le nombre de Palestiniens refoulés  au check point est ainsi bien supérieur à celui des autorisés.

Fête sainte pour les uns, restrictions supplémentaires pour les autres.

 

Émouvant, étrange, révoltant. Pourtant, comme une bouffée d’espérance, j’ai aperçu sur la placette qui jouxte celle de l’église du Saint Sépulcre quatre jeunes israéliens de six à huit ans, kippa sur la tête regardant passer la procession les yeux écarquillés. A côté d’eux un scout palestinien et un militaire suivaient le spectacle avec le même  émerveillement.

 

Des enfants israéliens regardent passer la procession, DR

Des enfants israéliens regardent passer la procession, DR

 

Cette semaine se termine par une grande joie et beaucoup d’émotions : j’assiste au service de Pâques dans l’église luthérienne de Redammeer. En ce jour, communauté orientale de langue arabe et occidentale de langue anglaise de la paroisse se sont réunies pour fêter ensemble, dans un culte bilingue, Christ ressuscité.

Christ  est ressuscité, il est vraiment ressuscité.

 

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