VSI : accompagnez la scolarité des enfants d’un orphelinat de Madagascar

Madagascar

Mission VSI de 12 mois, renouvelable

Élèves d’une école de Mahanoro, Madagascar © Défap

 

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Contexte

L’Église réformée de Madagascar (FJKM), partenaire du Défap, coordonne de nombreuses œuvres scolaires réparties à travers le pays. La mission se déroule à l’orphelinat de Topaza pour un accompagnement des enfants accueillis (49 enfants de 0 à 18 ans).

L’enjeu se situe dans les échanges interculturels et linguistiques autant que dans la pratique du français : il s’agit de donner aux enseignants l’occasion d’échanger avec une personne de langue maternelle française et d’améliorer ainsi leur maîtrise du français, mais aussi de s’ouvrir mutuellement à d’autres méthodes d’apprentissage et à une culture différente.

Mission : soutien à l’orphelinat de Topaza

  • Renforcer la maîtrise du français pour les enfants
  • Animer des sessions d’échanges culturels, de jeu, d’aide aux devoirs, de sorties sportives
  • Utiliser et faire découvrir des méthodes et outils pédagogiques différents
  • Faire découvrir la culture française



VSI : contribuez à l’enseignement du français à Madagascar

Madagascar

Mission VSI de 12 mois, renouvelable

Élèves d’une école de Mahanoro, Madagascar © Défap

 

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Contexte

À Madagascar, les Églises partenaires du Défap, qu’elles soient réformées ou luthériennes, coordonnent de nombreuses œuvres scolaires réparties à travers le pays : les volontaires travaillent aux côtés des enseignants de collèges-lycées ou des responsables des structures.

L’enjeu se situe dans les échanges interculturels et linguistiques autant que dans la pratique du français : il s’agit de donner aux élèves et enseignants l’occasion d’échanger avec une personne de langue maternelle française et d’améliorer ainsi leur maîtrise du français, mais aussi de s’ouvrir mutuellement à d’autres méthodes d’apprentissage et à une culture différente.

Pour les structures d’accueil, l’enjeu est également de montrer par la présence quotidienne d’un volontaire qu’une solidarité concrète se vit entre la France et les pays de mission.

Mission : soutien à l’enseignement du français dans un établissement scolaire

  • Améliorer la connaissance de la langue par les élèves
  • Renforcer la maîtrise du français par les enseignants et le personnel encadrant
  • Seconder le personnel dans l’enseignement : cours de français (et autres matières selon compétences), conversation orale, didactique, pédagogie de l’enseignement…
  • Utiliser et faire découvrir des méthodes et outils pédagogiques différents (jeux, chants, théâtre…)
  • Faire découvrir la culture française

 

 

« Voir les attaches que j’ai avec les enfants d’Akanisoa, mes collègues de travail ou avec mes amis malagasys, sentir ces liens et ces nœuds, que l’on a tissés peu à peu, jusqu’à en faire des tresses ténues et solides, basées sur la confiance et le respect… »
Samy

« J’en ai retiré beaucoup de choses pour mes études : en matière de pédagogie, dans mon travail sur la langue, l’interculturel ; et aussi sur la communication non-violente. »
Mahieu




Service civique : soutenez la pratique du français à travers des animations socio-éducatives à Madagascar

Madagascar

Mission de service civique de 9 à 11 mois

Élèves d’une école de Madagascar © Défap

 

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Contexte

Le Défap collabore avec la communauté Mamré sur des projets de développement (constructions d’une maison d’accueil, d’un centre de conférence, d’une ferme pour vaches laitières). Celle-ci est présente dans le quartier d’Andohalo depuis plus de cinquante ans et active auprès de la population et tout particulièrement des enfants venant de familles nombreuses et démunies. La cantine scolaire de la communauté accueille chaque jour 80 à 100 enfants pour le repas de midi et des activités extrascolaires dans l’après-midi (repas, fêtes de fin d’année, accompagnement aux devoirs, activités ludiques, ateliers musique ou théâtre). Les activités se font en français afin de permettre aux enfants de se familiariser avec la langue qui est celle de l’enseignement secondaire et supérieur.

Mission : promouvoir les échanges interculturels et linguistiques

  • Aider aux devoirs, participer à des activités d’accompagnement à la lecture et à la conversation en français
  • Participer à des animations socio-éducatives et des activités ludiques (jeux collectifs, chants, théâtre, musique..) en fonction de ses compétences
  • Accompagner des activités extrascolaires (de plein air, sportives, culturelles…)
  • Participer à l’accueil et l’encadrement des enfants au sein de la communauté.

Le cahier des charges et l’emploi du temps sont établis avec le tuteur local, en fonction des compétences et centres d’intérêt du volontaire, et peuvent être évolutifs tout au long de la mission.

 

 

 




Six projets solidaires à soutenir en 2024

Aider au dialogue des cultures et des religions, soutenir la lutte contre la désertification en Tunisie, favoriser l’insertion socio-professionnelle de jeunes sans emploi à à Djibouti, fournir de l’énergie verte à une ferme-école ou favoriser l’autonomie alimentaire de Bangui : tels sont quelques-uns des projets du Défap que vous pouvez choisir de soutenir à travers l’édition 2024 du carnet de solidarité de l’UEPAL.

Vue du carnet de solidarité 2024 de l’UEPAL © UEPAL

Chaque année, l’UEPAL (Union des Églises Protestantes d’Alsace et de Lorraine), l’une des trois Églises membres du Défap, diffuse son « carnet de solidarité » : une publication mettant en avant des projets humanitaires portés par des partenaires chrétiens, que vous pouvez consulter ici ou en cliquant sur l’image d’ouverture de cet article. Grâce au formulaire de dons accompagnant ce carnet, il est possible d’apporter son soutien à l’un ou l’autre projet. Cette année, ce sont six projets du Défap qui sont ainsi présentés par l’UEPAL :

République Démocratique du Congo : renforcer la place de la femme dans les Églises

Remise de diplômes à l’ULPGL© ULPGL

Bien que très impliquées dans les Églises en RDC, les femmes y restent pour l’essentiel cantonnées à des postes subalternes. Or les Églises ne peuvent être crédibles comme acteurs de changement au sein de la société congolaise, sans se transformer elles-mêmes. L’un des facteurs de cette sous-reconnaissance du rôle des femmes dans leurs communautés ecclésiales tient à leur difficulté d’accéder à une formation théologique.

Le Défap propose donc des bourses pour permettre à des jeunes femmes de poursuivre des études supérieures en théologie à l’Université Libre du Pays des Grands Lacs de Bukavu, de manière à former de futurs cadres de l’Église du Christ au Congo (ECC), principale dénomination protestante en RDC. Il s’agit d’un accompagnement durable qui vise à faire évoluer les mentalités non seulement dans les Églises, mais au-delà, dans la société congolaise de cette région du Kivu.

Plus d’informations sur ce projet ici.

République centrafricaine : des jardins pour nourrir Bangui

Rodolphe Gozegba dans un lopin de terre cultivé à Bangui grâce à l’association A9. © Rodolphe Gozegba

En République centrafricaine, la guerre et les défaillances de l’État entretiennent pauvreté et famine. La situation est particulièrement difficile à Bangui, qui dépend pour son approvisionnement de quelques routes, dont la principale a été coupée plusieurs semaines début 2021 par une offensive rebelle. Si le gouvernement centrafricain a réussi à reprendre depuis 2 ans le contrôle d’une grande partie du territoire, c’est un succès qui reste fragile.

Pour favoriser l’autonomie alimentaire de Bangui, l’association A9, portée par un ancien boursier du Défap, Rodolphe Gozegba, a lancé un projet de culture de lopins de terre inexploités dans la capitale. Pour cela, A9 distribue graines, outils, et assure un suivi des participants : 400 familles du 6ème arrondissement, avec des résultats déjà très encourageants.

Plus d’informations ici.

Djibouti : favoriser l’insertion sociale de jeunes sans emploi

Bénéficiaires des formations fournies par l’Église protestante évangélique de Djibouti © EPED

À Djibouti, l’islam est religion d’État. La liberté religieuse est garantie par la constitution, mais le prosélytisme est découragé par les autorités. Officiellement, le protestantisme est exclusivement représenté par l’Eped (Église protestante de Djibouti). Une petite Église qui bénéficie néanmoins d’une très bonne image au sein de la société djiboutienne : elle la doit notamment à son centre de formation.

Son rôle social et d’aide à l’intégration sur le marché du travail a su acquérir au fil des années une très bonne reconnaissance de la part des autorités. Il fournit des formations à de jeunes adultes handicapés, à des jeunes sans emploi, dans des domaines comme la couture, le secrétariat, les techniques liées à l’énergie solaire… Les postes de l’administrateur et du directeur de ce centre sont tous deux financés directement par le Défap.

Plus d’informations ici, ici et .

Tunisie : Promouvoir l’agriculture environnementale

Un exemple des actions de l’ATAE en Tunisie : l’accompagnement de cinq familles d’agriculteurs dans la région de Bizerte sur la tenue de leurs oliveraies © ATAE

La Tunisie est l’un des pays les plus exposés au risque de désertification, le réchauffement climatique étant aggravé par des techniques agricoles inadaptées, avec une perte de 15 000 ha/an de terres cultivables. Pour rendre leur fertilité à des terres apparemment perdues, l’Association Tunisienne d’Agriculture Environnementale (ATAE) propose à un réseau d’agriculteurs des formations pratiques sur des procédés écologiques de fertilisation et de culture.

Elle est directement issue de l’expérience de l’association Abel Granier, pionnière en la matière : le pasteur Abel Granier avait été le premier à réhabiliter entièrement une ferme en zone semi-aride. Aujourd’hui, l’ATAE a mis en place un programme de ferme pédagogique, pour permettre aux agriculteurs de son réseau et ayant suivi ses formations de vivre et travailler selon ces principes. Elle bénéficie d’un soutien direct du Défap et de l’envoi de volontaires.

Plus d’informations sur ce projet ici.

Maroc : Al Mowafaqa : faire dialoguer les cultures et les religions

Étudiants de la 4ème promotion de licence/DUET à l’Institut Al Mowafaqa (mai 2023) © Al Mowafaqa

La montée des tensions sur fond de radicalisations religieuses illustre chaque jour la nécessité d’entretenir le dialogue interreligieux. Mais comment dialoguer sans connaître l’autre, ce qui fonde sa foi ? Les questions fondamentales sont les mêmes de l’Afrique à l’Europe, même si les enjeux géopolitiques diffèrent.

Un organisme unique, l’institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa (mot qui signifie «l’accord»), centre de formation religieuse installé à Rabat, au Maroc, se consacre entièrement à cette problématique du dialogue interculturel et interreligieux. C’est à la fois un lieu d’enseignement, de réflexion et de brassage interculturel, avec des étudiants dont beaucoup viennent d’Afrique subsaharienne, mais qui peuvent venir aussi d’Europe : il est soutenu par le Défap, à la fois par un financement direct et par l’envoi de boursiers. Pour cette année 2024, ce sont deux étudiantes venues d’Alsace qui en bénéficient.

Plus d’informations ici.

Togo : de l’énergie verte pour une ferme-école

Photo de cultures soutenues par le Secaar © Secaar

Engagé depuis des années dans des projets visant à la sauvegarde de la création, le Défap s’est aussi lancé dans une démarche de réduction de son empreinte écologique. Avec deux volets : un objectif de diminution de ses émissions de gaz à effet de serre de -60% d’ici 2050 (par rapport à 2021) ; et une « compensation » des émissions restantes par le soutien à des activités contribuant à réduire les gaz à effet de serre. Pour cela, le Défap soutient chaque année un projet labellisé « compensation carbone ».

Pour 2024, il s’agit d’équiper une des fermes-écoles du Secaar (Service chrétien d’appui à l’animation rurale, partenaire du Défap) d’un système de pompage solaire, pour remplacer l’actuelle motopompe qui pourvoit à ses besoins en eau, notamment en période de sécheresse. Cette ferme-école pourra ainsi compter sur une source d’énergie propre, responsable et moins coûteuse.




Journée internationale du volontariat : le pouvoir de l’action collective

La Journée internationale des Volontaires (JIV), organisée chaque 5 décembre, est placée en cette année 2023 sous le thème : #IfEveryoneDid. Si tout le monde s’engageait… le monde serait meilleur. Une utopie ? Depuis des années, le rôle crucial des volontaires internationaux en faveur de la paix, en faveur d’une meilleure compréhension entre les peuples, pour améliorer la résilience des sociétés face aux crises, est mis en avant par l’Onu. Ainsi que par les plateformes et collectifs avec lesquels le Défap est en lien, et qui œuvrent dans le domaine du volontariat, comme France Volontaires ou le CLONG Volontariat. À partir de ce 5 décembre et jusqu’à Noël, vous pourrez retrouver sur le site du Défap une série de témoignages de nos volontaires qui, chacune et chacun à sa manière, contribuent à construire un monde plus solidaire. Et ne manquez pas, le 17 décembre sur Fréquence protestante, l’émission « Courrier de mission », qui vous présentera les regards croisés de trois envoyés du Défap sur l’Égypte.

#IfEveryoneDid, thème de la Journée internationale des Volontaires 2023 © unv.org

Chaque année, le 5 décembre est l’occasion de rendre hommage aux volontaires du monde entier et de reconnaître la valeur du volontariat dans la promotion de la paix et du développement. Cette date est celle de la Journée internationale des Volontaires : elle a été choisie par les Nations Unies en 1985, avec l’idée de sensibiliser le public dans tous les pays, et de susciter les engagements. Cet intérêt affiché par l’Onu ne s’est jamais démenti : en 1997, l’Assemblée générale avait ainsi proclamé 2001 « Année internationale des volontaires ». Et à partir de 2011, les célébrations du dixième anniversaire de cette année spéciale ont donné lieu à des opérations de communication à grande échelle coordonnées par l’Onu, poursuivies les années suivantes et déclinées dès lors sous des thématiques mettant en avant l’impact positif du volontariat dans le monde. Pour 2012, c’était « Célébrer le volontariat » ; 2013 a permis de rendre un hommage particulier à la contribution des jeunes volontaires à la paix mondiale et au développement humain ; la Journée internationale du volontariat 2018 a mis en avant le rôle du volontariat pour améliorer la résilience des communautés face aux catastrophes naturelles, aux tensions économiques et aux chocs politiques…

L’année 2023 met en avant le pouvoir de l’action collective, à travers ce mot d’ordre : « If everyone did »… Les inégalités croissantes dans le monde incitent à coopérer pour trouver des solutions communes. Les volontaires, réunis par la solidarité, par leur action au quotidien, élaborent des solutions aux défis du développement et pour le bien commun. La manière dont ils et elles contribuent à un monde plus solidaire a été soulignée dès décembre 2014 par le Secrétaire général des Nations unies, qui dans son rapport de synthèse évoquait leur action comme « un levier puissant et transversal de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable ». Le volontariat de solidarité internationale (VSI) est une force à ne pas négliger : chaque année, ce sont ainsi 2000 volontaires qui partent sous statut VSI par le biais d’une trentaine d’associations agréées. Si l’on y ajoute d’autres statuts que celui de VSI, ce sont 10.000 personnes qui partent à l’étranger pour agir dans le domaine de la solidarité internationale. Et le développement de la réciprocité dans le volontariat international permet aussi de nourrir des relations plus équilibrées, des liens de coopération et de solidarité entre les pays plus solides et harmonieux.

Un travail en réseau

Session 2023 de la formation des envoyés du Défap © Défap

 

Des valeurs que le Défap porte aussi à travers ses envoyés et à travers sa participation à la plateforme France Volontaires, ou au CLONG Volontariat (Comité de Liaison des ONG de Volontariat). Le travail du Défap est un travail en réseau : qu’il ait lieu en France ou à l’étranger, il ne peut exister que grâce aux liens noués et entretenus avec de nombreux partenaires. Des Églises, tout d’abord, puisqu’entretenir des relations entre communautés protestantes au près comme au loin est la vocation première du Service protestant de mission ; un riche milieu associatif, ensuite, puisque ces relations ne peuvent exister sans que se développent des actions et des projets en commun – et que ces projets relèvent souvent de l’éducation, du développement ou de la santé ; les pouvoirs publics, enfin, qui fixent le cadre nécessaire à ces relations et ces partenariats, et définissent les statuts des personnes amenées à travailler à l’étranger. Dans ce cadre, le Défap est un acteur à part entière de la solidarité internationale, à l’expertise reconnue, et membre de diverses plateformes au sein desquelles il travaille en commun avec des ONG dont les problématiques recoupent les siennes.

À partir de ce 5 décembre, vous pourrez donc écouter régulièrement sur le site du Défap des témoignages de nos volontaires. Vous pouvez déjà retrouver ci-dessous ceux de Nicolas, volontaire en Afrique du Sud ; de Pierre, à Djibouti ; de Stefanie et de « Ben », en Tunisie… Prochain épisode : rendez-vous avec Magda, service civique venue d’Égypte et accueillie en France, qui a effectué une mission de service civique chez les Diaconesses de Strasbourg.

Et pour aller plus loin, réécoutez cette émission du Défap diffusée sur Fréquence protestante, et consacrée au recrutement et au suivi des volontaires : Anne-Sophie Macor, responsable du service RSI (Relations et Solidarité internationale) y évoque, au micro de Guylène Dubois, le parcours des « envoyés » du Défap, depuis le premier contact jusqu’à la fin de leur mission.
 

Gros plan sur les volontaires du Défap : rencontre avec Anne-Sophie Macor, émission présentée par Guylène Dubois

Courrier de Mission
Émission du 17 septembre 2023 sur Fréquence Protestante



L’Église luthérienne de Centrafrique : 100 ans, et un rôle social toujours essentiel

L’Église évangélique luthérienne de République centrafricaine a célébré en novembre 2023 les 100 ans de l’arrivée des premiers missionnaires de la Sudan Mission. Cette Église, premier partenaire du Défap dans ce pays, regroupe aujourd’hui 125.000 membres répartis dans sept régions. Surtout, elle a un rôle essentiel dans un pays qui peine à se relever de décennies de conflits, où l’insécurité reste persistante, et où les services de base sont quasi-inexistants en-dehors de Bangui.

Photo prise lors des célébrations du centenaire de l’EELRCA © DR

Si des évêques de l’Église luthérienne du Cameroun figurent sur cette photo de famille, ce n’est pas un hasard : longtemps, l’Église luthérienne de Centrafrique et celle du Cameroun ont été une seule et même Église. Une histoire commune qui remonte à l’arrivée des premiers missionnaires américains de la Sudan Mission (aujourd’hui ELCA) en 1923 à Ngaoundéré. Et c’est encore à Ngaoundéré qu’est née officiellement, le 20 décembre 1960, l’Église évangélique luthérienne du Cameroun et de la République centrafricaine (EELCRCA). Ce n’est qu’au cours de l’année 1973 que la partie centrafricaine de l’EELCRCA est devenue une Église nationale, la partie camerounaise conservant le nom d’Église évangélique luthérienne du Cameroun (EELC).

Ce cliché a été pris au mois de novembre 2023, en pleine célébration du centenaire de l’EEL-RCA ; au premier plan, portant des lunettes de soleil, on peut reconnaître Annelise Deiss, qui représentait le Défap. L’Église évangélique luthérienne de République centrafricaine est en effet le premier partenaire du Défap dans ce pays, où se trouve aussi une Église membre de la Cevaa, l’Église protestante Christ-Roi de Centrafrique, qui a bénéficié plusieurs années d’un accompagnement pastoral. Le thème des célébrations de ce centenaire, qui se sont tenues du 6 au 12 novembre, était : « 100 ans d’évangélisation en paroles et en actes », tiré de Matthieu 28 : 19-20. Les festivités ont été marquées par une conférence sur l’histoire de l’Église, par des visites de sites, des cultes à Bouar, Abba et Baboua ; ainsi que par une exposition et une caravane organisées dans la ville de Bouar… Mais le fait le plus significatif est peut-être, en prélude à l’arrivée de la délégation camerounaise, la mise à la disposition de la population présente à Gallo et Bohong d’une équipe médicale venue du Cameroun. Les besoins sont en effet criants, et l’EEL-RCA y consacre une grande partie de ses activités. Quand on interroge le Révérend Joseph Ngoé, président de l’Église, sur ses priorités, il évoque « la réconciliation, la fourniture de soins de santé et d’éducation à la population, et le soutien particulier à ceux qui vivent dans les zones rurales pour faire face à la pauvreté ».

Écoles, centres de santé, projets générateurs de revenus…

Photo prise lors des célébrations du centenaire de l’EELRCA © DR

La République centrafricaine fait partie des pays les plus pauvres du monde. Elle se classe tout en bas des indices mondiaux du capital humain et de développement humain, à la 188ème place sur 191. Environ 71% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté international (c’est-à-dire avec moins de 1,90 dollar par jour). Le sous-sol est riche en ressources naturelles, mais ce qui pourrait être une opportunité est plutôt devenu une malédiction pour ce pays. La RCA a connu dernièrement plus de deux décennies de crises, les oppositions politiques ayant des répercussions sur les relations entre communautés et entre religions, au point que la prise de pouvoir par la Séléka en 2013 a laissé craindre un affrontement généralisé entre chrétiens (largement majoritaires dans le pays) et musulmans, plutôt présents dans le Nord-Est, près de la frontière avec le Tchad et le Soudan voisins. Des responsables religieux ont dû longtemps œuvrer à l’apaisement, à l’instar des trois « saints de Bangui » : le révérend Nicolas Guerekoyame-Gbangou, pasteur de l’Église évangélique Elim Bangui-M’Poko et représentant du protestantisme, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui et représentant du catholicisme, et l’imam Omar Kobine Layama, président de la conférence islamique. Mais la paix est loin d’être revenue et la dernière crise a été déclenchée par une coalition de rebelles en décembre 2020. Longtemps, le gouvernement de Bangui n’a contrôlé de fait qu’une infime partie du pays, le reste étant mis en coupe réglée par des groupes insurgés. Aujourd’hui, il est largement dépendant pour assurer la sécurité de soutiens militaires étrangers, venus de la Russie (le groupe Wagner) et du Rwanda ; les forces françaises se sont retirées depuis 2016. Le pays compte aussi sur son sol une Force de maintien de la paix de l’Onu, la MINUSCA, présente depuis avril 2014 et qui mobilise plus de 17.000 personnes.

Photo prise lors des célébrations du centenaire de l’EELRCA © DR

Après des décennies de guerres et de crises, l’insécurité reste le premier problème de la population, et il n’est pas rare que des attaques de groupes rebelles entraînent de nouveau des exodes d’habitants fuyant les violences en abandonnant leurs habitations et leurs champs. Les infrastructures sont détruites, les services de base à peu près inexistants en-dehors de la capitale, et les Églises font partie des rares institutions à rester debout et à faire fonctionner des écoles, des dispensaires, ou à venir en aide aux plus démunis. C’est le cas de l’EELRCA, présente surtout dans la partie Ouest du pays, où elle regroupe 125.000 membres répartis dans sept régions, à travers 544 « congrégations » (paroisses) ; elle compte 74 pasteurs et 540 « catéchistes diplômés ». Elle est en lien plutôt avec des partenaires américains (ELCA) mais a entretenu aussi pendant de longues années des relations avec les protestants de France via la Colureum (Commission luthérienne des relations avec les Églises d’outre-mer), aujourd’hui intégrée au Défap.

Ce rôle social essentiel, le Révérend Joseph Ngoé a tenu à le rappeler dans un entretien publié par la Fédération luthérienne mondiale à l’occasion du centenaire de l’EEL-RCA. L’Église luthérienne de Centrafrique, a-t-il souligné, « contribue énormément au développement du pays dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures pour l’approvisionnement en eau, des projets générateurs de revenus et dans le domaine agricole. Par exemple, nous avons mis 30 écoles primaires à la disposition des populations de certains villages des sous-préfectures d’Abba, Baboua, Bouar et Bocaranga, dans des zones où le gouvernement n’est pas en mesure d’intervenir. Nous comptons au total près de 5700 élèves pour l’année scolaire 2022-2023 (…) Dans le domaine de la santé, il existe deux centres de santé : à Bohong (à 70 km de Bouar sur la route de Bocaranga) et au Centre de Santé Emmanuel (à 60 km de Bouar sur la route de Baboua). »

Retrouvez ci-dessous une présentation en vidéo de l’EEL-RCA :





Session retour 2023 : de partout… vers Paris

La « session retour » des envoyés du Défap, module symétrique de la session de formation, a lieu cette année les mardi 28 et mercredi 29 novembre. Deux journées denses qui combineront moments de témoignage lors des sessions de groupe, et entretiens individuels, debriefing sur la mission de chacun et préparation à la réinsertion après le retour… Avec plusieurs enjeux : éviter le « choc du retour » et permettre aux participants de valoriser leur expérience de volontaires ; et préparer l’avenir, en songeant à la fois aux futurs envoyés qui prendront la suite sur les mêmes postes, et à des modalités d’engagement futur en lien avec le Défap.

Travaux de groupe lors d’une « session retour » des envoyés du Défap © Défap

Ils et elles seront une petite dizaine, en cette fin novembre, à prendre part à la « session retour » des envoyés. En provenance d’Égypte, de Madagascar, du Liban, de Côte d’Ivoire… mais aussi de France, puisque cette session 2023 va, pour la première fois, intégrer des volontaires en service civique accueillis en France, et venant d’Églises partenaires du Défap dans d’autres pays. Après plusieurs mois ou plusieurs années en mission dans un autre pays, les voilà de retour – ou sur le point de rentrer. Et il s’agit tout à la fois de faire le point sur ce qui a été fait, partagé et vécu ; d’échanger avec d’autres volontaires sur leur propre expérience ; de préparer cette période de l’après-mission, qui est tout aussi cruciale que celle du départ.

Parmi les participants de cette session, une grande diversité, à la fois dans les missions, mais aussi dans les profils. Armonie était ainsi partie comme VSI (Volontaire de Solidarité internationale) pour une mission d’enseignement à Madagascar. Elle est restée deux ans sur place, auprès d’enfants d’Antsirabe et Betafo. Également à Madagascar, Timothée s’adressait pour sa part à un autre public : titulaire d’un doctorat en Nouveau Testament, il enseignait la théologie. Parti en famille, il a passé cinq ans à Tananarive, où il était professeur titulaire à l’Institut Supérieur de Théologie Évangélique (ISTE). Étienne, parti comme VSI en Côte d’Ivoire, faisait de la gestion de projet auprès de l’Union des Églises Évangéliques Services et Œuvres, partenaire ivoirien de la Mission biblique. Julien était sur une mission de service civique en Égypte, au Caire, où il avait un rôle d’assistant d’éducation et d’accompagnement aux devoirs. Mona et Magda, pour leur part, venaient d’Égypte et ont effectué une mission de service civique en France, auprès des Diaconesses de Strasbourg. Believe, également venue en France pour une mission de service civique, qu’elle a effectuée à Marseille, est pour sa part originaire du Togo… Tous et toutes auront l’occasion d’échanger pendant les deux jours de cette « session retour », qui se tient cette année les mardi 28 et mercredi 29 novembre.

Le volontariat à l’international, une expérience à valoriser

L’expérience du volontariat à l’international agit toujours, pour celles et ceux qui la vivent, comme un révélateur. Elle met en lumière les forces et les faiblesses, les capacités d’adaptation, et toute personne qui est amenée à partir en mission en est nécessairement transformée. D’où l’importance, dans un premier temps, de la préparation au départ : non seulement il s’agit d’une obligation légale pour le Défap, mais c’est aussi l’occasion de fournir une « boîte à outils » aux volontaires s’apprêtant à laisser derrière eux leurs familles, leurs amis et leurs habitudes, de manière à les préparer à vivre pour le temps de leur mission dans un contexte radicalement différent, où ils seront confrontés à des enjeux nouveaux. De manière symétrique, les « sessions retours » représentent pour les envoyés revenant de mission l’une des rares occasions de se retrouver ensemble et de partager une expérience commune.

Au menu de ces deux journées denses : retours sur les missions des uns et des autres, avec des moments de témoignage au cours desquels chacune et chacun pourra évoquer sa découverte de la mission et de ses défis, de son contexte et du pays. Mais aussi préparation à la réinstallation, avec une préoccupation : transformer le vécu de la mission en expérience, pour qu’elle soit valorisée et qu’elle devienne un atout. Il n’est pas question de revenir simplement prendre sa place dans son milieu social ou familial, dans ses études ou sa vie professionnelle : faute de quoi, le risque est grand de connaître un « choc du retour », rendant la réinstallation plus difficile que le départ lui-même.

Ces « sessions retour » permettent aussi de replacer chaque projet individuel dans un projet collectif : car chacune de ces aventures vécue par les envoyés a été rendue possible par un cadre et par des relations établies de longue date entre le Service protestant de mission et ses partenaires. Il s’agit donc de faire en sorte que cette expérience du volontariat ne se limite pas à une parenthèse, ni pour les envoyés eux-mêmes, qui ont acquis une expérience au cours de la mission dont pourront bénéficier les futurs volontaires amenés à leur succéder, ni pour le Défap, pour lequel ils peuvent désormais, après avoir joué le rôle d’envoyés, endosser celui de témoins. Enfin, au-delà des sessions de groupe, ces deux journées seront l’occasion d’entretiens individuels avec le service du Défap chargé du suivi des volontaires.




RDC : assister les victimes des guerres

Si les projets du Défap se déploient avant tout sur un temps long, des situations d’urgence peuvent nécessiter une manifestation de solidarité immédiate. C’est pour de tels cas qu’existe Solidarité protestante, une plateforme regroupant des acteurs chrétiens de l’humanitaire, dont le Défap est membre et qu’il a contribué à mettre en place. En République Démocratique du Congo, géant du christianisme francophone, le Défap entretient ainsi avec l’Église du Christ au Congo des relations tournant essentiellement autour de l’échange théologique. Mais lorsque la branche locale de l’ECC Nord-Kivu a dû venir en aide aux déplacés fuyant les violences de mouvements rebelles comme le M23, le Défap a pu apporter son soutien, avec Solidarité protestante, pour des distributions de vivres.

 
S’il est une chose à toujours garder en tête lorsqu’on évoque la République Démocratique du Congo, c’est d’abord sa taille : la RDC est un géant. Avec 2,3 millions de kilomètres carrés, une superficie équivalente à celle de l’Europe occidentale, c’est le plus vaste pays d’Afrique subsaharienne. Une population qui croît à grande allure : 71 millions d’habitants en 2012, plus de 81 millions en 2016, quasiment 93 millions en 2020, probablement plus de 105 millions en 2023… Le taux de croissance démographique, évalué à 3,3% au cours de l’année 2023, est supérieur à la moyenne du continent (+2,5% sur un an). On estime que d’ici 2050, la RDC comptera 215 millions d’habitants et rejoindra les 10 pays les plus peuplés du monde.

Ce pays immense est très majoritairement chrétien. Les chiffres varient selon les sources, en raison notamment de la difficulté à évaluer le nombre de fidèles qui se rattachent à l’une des très nombreuses Églises pentecôtistes et de Réveil : entre 80% et 93%. Le dernier rapport du cabinet d’étude « Target » sur l’appartenance religieuse des Congolais, datant de 2022, soulignait ainsi la place toujours essentielle de l’Église catholique, regroupant 39% des fidèles. Venaient ensuite les mouvements religieux suivants, classés indépendamment de la confession : les protestants (23%), les adeptes des Églises évangéliques dites de Réveil (15%), les pentecôtistes (7%), les brahmanistes (5%), les témoins de Jéhovah (3%), les musulmans (2%), les kimbanguistes (2%)… Outre leur poids au sein de la société, qui a pu les amener à jouer un rôle politique de premier plan (l’Église catholique a beaucoup pesé en faveur de l’émergence de la démocratie), les Églises sont des acteurs sociaux majeurs. Elles gèrent des écoles, des hôpitaux, ont une importante action sociale et pallient les défaillances de l’État dans de nombreux domaines.

La RDC, un géant du christianisme francophone : vue d’un culte dans une Église de l’ECC © ECC

Un rôle social majeur pour les Églises

Tout comme l’Église catholique, les Églises protestantes assument ainsi nombre d’activités cruciales pour la société congolaise – avec d’autant plus de visibilité que beaucoup d’entre elles sont regroupées au sein d’une même structure, cumulant les caractéristiques d’une Église et d’une fédération : l’ECC – l’Église du Christ au Congo. L’ECC rassemble 95 communautés ecclésiales différentes (on préférera parler de « communautés » plutôt que « d’Églises » au sein de l’ECC), dont 70 sont présentes dans la seule ville de Kinshasa. Et d’une communauté à l’autre, les théologies dialoguent, les liturgies se rapprochent. Les facultés de théologie jouent pour cela un grand rôle : entre les communautés baptiste, anglicane ou mennonite, on retrouvera des pasteurs qui ont fréquenté les mêmes universités et suivi les mêmes cours.

Le Défap travaille justement avec cinq universités protestantes en RDC, qui disposent chacune d’une faculté de théologie : L’Université Protestante au Congo – UPC (à Kinshasa); l’Université Libre des Pays des Grands Lacs – ULPGL (à Goma et à Bukavu) ; l’Université Évangélique en Afrique – UEA (à Bukavu); l’Université Presbytérienne du Congo – UPRECO (à Kananga). Au sein de ces facultés se rencontrent des élèves issus de communautés ecclésiales différentes, entretenant ainsi le dialogue œcuménique. Parmi leurs responsables figurent souvent des théologiens dont les travaux de recherche ont été soutenus par le Défap. Les relations avec le protestantisme français se concrétisent aussi à travers des échanges de professeurs.

Organisation d’une distribution de produits alimentaires et d’hygiène en faveur de déplacés par l’ECC Nord-Kivu © ECC

Des crises récurrentes, et de gros besoins humanitaires

Mais ce géant qu’est la RDC affronte aussi depuis longtemps de multiples crises. Une longue succession de conflits, d’instabilité, de troubles politiques et de régimes autoritaires a conduit à une crise humanitaire aussi sévère que persistante, à laquelle s’ajoutent des déplacements forcés de populations. Des poches d’insécurité persistent dans le pays, particulièrement dans sa région orientale. Ces derniers mois, la situation sécuritaire s’est même gravement détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des milliers de personnes ont dû fuir les affrontements entre l’armée congolaise et des groupes armés.

Les Églises ont un rôle important pour apporter un soutien aux victimes. L’ECC, très structurée au niveau national, a ainsi les moyens humains d’agir. Mais au vu de l’ampleur des mouvements de population, les Églises ont besoin d’aide. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 6,9 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays du fait des violences. Si les actions du Défap se placent surtout dans le champ de l’échange théologique, il n’est pas possible d’ignorer de tels besoins. Si les projets portés par le Défap se déploient avant tout sur un temps long, l’urgence de certaines situations appelle aussi à une manifestation de solidarité immédiate. C’est précisément pour y faire face qu’a été créée la plateforme Solidarité protestante, que le Défap a contribué à mettre en place et dont il fait partie. Le comité de cette plateforme est piloté par la Fondation du Protestantisme et la Fédération protestante de France qui s’entourent d’ONG et d’institutions chrétiennes expertes dans l’aide humanitaire d’urgence et de crise.

Organisation d’une distribution de produits alimentaires et d’hygiène en faveur de déplacés par l’ECC Nord-Kivu © ECC

Un soutien conjoint du Défap et de Solidarité protestante

Solidarité protestante et le Défap ont ainsi été amenés à intervenir à la suite d’un important déplacement de population dû à des violences provoquées par le M23. À la fin de 2021, la résurgence de ce mouvement rebelle a provoqué dans le Nord-Kivu le déplacement de centaines de milliers de personnes et aggravé une crise humanitaire quasi permanente dans l’Est de la RDC depuis près de trente ans. L’ECC s’est notamment mobilisée à l’occasion d’une opération organisée dans le territoire de Nyiragongo au cours de l’été 2023, pour venir en aide à des pasteurs et à leurs proches rassemblés dans le camp des déplacés de Kanyaruchinya. Le Défap et Solidarité protestante ont pu tous deux apporter un soutien financier pour la distribution de colis alimentaires et de produits d’hygiène.

La situation sur place est cependant loin de s’être apaisée. Après une accalmie, les combats se sont de nouveau intensifiés depuis début octobre entre les rebelles du M23 et des groupes armés pro-gouvernementaux. Ils se sont même rapprochés à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, ville de plus d’un million d’habitants tout près de la frontière rwandaise. À la fin d’octobre, environ 5,6 millions des déplacés de RDC se trouvaient dans les provinces orientales du Nord-Kivu, Sud-Kivu, d’Ituri et du Tanganyika, selon l’OIM. Le seul Nord-Kivu comptait à lui seul près de 1 million de déplacés. Actuellement, selon l’Organisation internationale pour les migrations, « avec le conflit en cours et l’escalade de la violence, la RDC est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne et humanitaire du monde ».

Organisation d’une distribution de produits alimentaires et d’hygiène en faveur de déplacés par l’ECC Nord-Kivu © ECC




Formation au départ : premiers échanges, premières découvertes

La session 2023 de formation des envoyés du Défap a commencé le 3 juillet au 102 boulevard Arago, à Paris. Une période dense d’une dizaine de jours que les candidats vont passer ensemble, non seulement pour acquérir une « boîte à outils » indispensable pour leur future mission, mais aussi pour apprendre à mieux se connaître et mûrir leur projet.
Session 2023 de la formation des envoyés du Défap : les participants s’installent avant la présentation de l’équipe du Défap… © Défap

 

Lundi 3 juillet : dès le matin, le bâtiment du Défap se remplit de bruits de voix et d’allées et venues. Cette journée marque le début de la session de formation des envoyés : une période courte (une dizaine de jours) mais dense, à la fois pour les candidats au départ et pour les responsables de la formation. Pour celles et ceux qui s’apprêtent à partir à Djibouti, au Tchad, au Cameroun, en Tunisie, à Madagascar, les profils sont très divers, de même que leur connaissance des pays et des cultures de leur futur lieu de mission : jeunes professionnels ou encore en cours d’études, praticiens aguerris de l’international… Et les motivations pour partir sont tout aussi variées. Parmi la petite vingtaine de futurs envoyés qui se rassemblent peu à peu devant le buffet préparé dans le hall d’accueil, et commencent à échanger avec l’équipe du Défap, plusieurs générations sont représentées. Il y a celles ou ceux qui partent seuls, et pour qui cette mission sera une découverte ; il y a aussi des couples, déjà engagés dans des projets au long cours dans des pays qu’ils connaissent… Certaines et certains, la plupart, partiront sous statut de VSI (Volontaire de Solidarité Internationale) ou de Service civique, mais le Défap envoie aussi des pasteurs outre-mer… Une diversité qui favorise d’emblée les conversations, mais qui constitue aussi un défi pour la formation. Pour y répondre, une bonne partie de l’équipe est mobilisée, ainsi que des intervenants extérieurs ; avec des modules qui, plutôt que des savoirs théoriques, visent à fournir aux futurs envoyés une « boîte à outils » qui leur permettra de s’adapter au mieux une fois sur le terrain de leur mission.

Ce temps de formation s’inscrit dans un cadre légal, avec des obligations claires : les futurs VSI doivent une préparation technique adaptée à la nature de la mission, une information pertinente sur les conditions dans lesquelles elle devra s’exercer, et une sensibilisation aux relations interculturelles. Les futurs Services civiques doivent recevoir une formation civique et citoyenne. Mais les sessions de formation du Défap se distinguent à la fois par leur durée et par les sujets abordés, qui vont bien au-delà de ce cadre imposé. Pendant une dizaine de jours, les futurs envoyés vivront sur place, auront l’occasion de se découvrir, d’approfondir les raisons qui les poussent à partir… Si le besoin de vivre une expérience solidaire est largement partagé, certains connaissent bien les milieux d’Église dans lesquels leur mission va se dérouler, d’autres peu ou pas ; dans tous les cas, il convient de répondre à quatre questions essentielles : Qui part ? Pour vivre quoi ? Dans quel contexte ? Qui revient ?

Session 2023 de la formation des envoyés du Défap : premier atelier pour « briser la glace »… © Défap

 

Le départ en mission, une expérience qui influe sur toute une vie

Ces quatre questions, Anne-Sophie Macor, qui fait partie de l’équipe du Défap où elle a notamment la responsabilité du suivi des envoyés, ne manque pas de les rappeler aux participants une fois ceux-ci installés dans la chapelle du 102 boulevard Arago, et après la présentation des permanents du Défap. C’est autour de ces questionnements qu’ont été construits ces dix jours de formation. Pour les futurs envoyés, cette période passée en commun au sein des locaux du Défap doit leur permettre de se préparer ; de partager une vision commune ; de s’inscrire dans un cadre ; d’acquérir de la confiance dans une structure qui assurera leur suivi à l’étranger tout au long de leur mission. Pour le Défap, il s’agit également de mieux connaître les envoyés – cette session vient alors compléter les divers entretiens que les uns et les autres ont eus tout au long du parcours de sélection de leur candidature – et aussi de se questionner sur leurs projets. « On a voulu avoir la formation la plus exhaustive possible, souligne Anne-Sophie Macor au cours de ce premier module de la matinée, avec un panel large d’intervenants, pour que vous puissiez avoir plusieurs points de vue. Les modules sont le plus interactifs possible : l’idée, c’est vraiment un enrichissement mutuel ».

Premiers échanges dans le jardin à la pause… © Défap

 

Au cours de cette première journée, après la rencontre de l’équipe des permanents du Défap et la présentation du programme par Anne-Sophie Macor, les envoyés ont droit à une visite de la bibliothèque : un lieu aux richesses inégalées en ce qui concerne l’histoire des missions protestantes, depuis les débuts de la SMEP (Société des Missions Évangéliques de Paris, l’ancêtre du Défap) jusqu’à aujourd’hui… mais aussi riche de ressources utiles pour les candidats au départ : c’est là qu’est établie la bibliographie distribuée à tous les participants de la session. Les journées suivantes verront se succéder les modules et les ateliers, de 9h30 à 18h30 : interculturalité, cadre de la mission, engagement personnel, questions de santé et de sécurité, enjeux géopolitiques, Églises et société, relations interreligieuses, rencontres avec d’anciens envoyés venus témoigner… Si la formation est riche en termes de contenus, cette dizaine de jours va surtout représenter pour tous l’occasion de confronter leurs visions et leurs engagements ; de mûrir une ultime fois leurs motivations… Et au bout du compte, ce qui sera déterminant, ce sera la capacité des futurs envoyés à entrer en dialogue et en relation, à questionner leur propre vision du monde dans des contextes culturels parfois déroutants pour s’adapter à leur lieu de mission : le savoir-être prime sur le savoir-faire. Ce n’est pas un hasard si les derniers entretiens ont lieu au cours de ces quelques jours. Et cette période passée ensemble sera aussi un sas avant de partir pour une expérience destinée à changer radicalement leur perception du monde, et à influer durablement sur leur vie.

Et c’est bien parce que tout envoyé qui part sera nécessairement confronté à de l’inconnu, à des expériences et à des rencontres qui auront un impact profond, que le Défap prépare aussi soigneusement les envois en mission. De la même manière, les retours doivent être préparés. Avec le même sérieux et la même minutie : car on rentre nécessairement changé de l’expérience du volontariat. Il n’est pas question de revenir simplement prendre sa place dans son milieu social ou familial, dans ses études ou sa vie professionnelle : faute de quoi, le risque est grand de connaître un « choc du retour », rendant la réinstallation plus difficile que le départ lui-même.

Visite de la bibliothèque © Défap



Envoyés du Défap : se former avant le grand départ

Prévue en cette année 2023 du 3 au 13 juillet, la session de formation est l’aboutissement de toute une année : à la fois pour les futurs envoyés, dont la procédure de recrutement s’étale sur plusieurs mois, et pour le personnel du Défap, largement mobilisé en amont et pendant cette période de préparation au départ. C’est aussi un moment crucial d’échanges entre les futurs envoyés, qui ont là l’occasion de passer deux semaines ensemble, mais aussi d’interroger leurs motivations et de réfléchir à la manière dont ils se projettent dans leur future mission. Deux semaines qui annoncent un changement radical, sachant qu’on revient toujours changé de l’expérience du volontariat…
Photo prise lors de la session 2022 de la formation des envoyés du Défap : premiers échanges dans le jardin… © Défap

 

Les derniers arbitrages ont eu lieu le 22 juin, lors de la dernière réunion de la Commission Échange de personnes (CEP), qui reçoit les futurs envoyés du Défap et statue sur leur candidature. Pour la session de formation 2023 des envoyés, seront présents une douzaine de candidats pour des missions de VSI (Volontaires de Solidarité Internationale), 3 volontaires pour des missions de Service civique ainsi que des pasteurs avec leur conjoint, soit 17 participants. Ils et elles devraient bientôt partir aux Antilles, au Cameroun, au Liban, à Madagascar, en Tunisie, en Égypte, à Djibouti, au Laos, au Tchad, au Sénégal ; essentiellement pour des missions dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore de l’enseignement de la langue française. Mais avant, toutes et tous vont se retrouver à partir du 3 juillet au 102 boulevard Arago, à Paris, pour une session courte, mais intense, de deux semaines, au cours de laquelle ils participeront à la période-clé que constitue la formation.

Période-clé pour les futurs envoyés, car elle représente un moment privilégié pour apprendre à mieux connaître le Défap en y logeant tous ensemble pendant un peu plus d’une dizaine de jours ; mieux connaître l’équipe des permanents, et pouvoir mettre des noms et des visages sur des fonctions ; mieux se connaître entre eux et partager un temps privilégié avant le grand départ, à l’automne… Ainsi, au-delà des thématiques abordées lors des présentations ou des ateliers, il y a dans cette période de formation brève, mais dense, un aspect d’échange et de rencontres indispensable. Mais ces deux semaines représentent également une période-clé dans la vie du Défap lui-même et pour toute l’équipe des permanents, largement mobilisée à la fois avant et pendant la formation.

Qu’ils soient pasteurs et aillent s’occuper d’une paroisse outre-mer, qu’ils partent sous le statut de VSI ou à l’occasion d’un service civique, pour quelques mois ou pour une mission plus longue, les futurs envoyés doivent tous passer par cette étape de la formation. Elle marque l’aboutissement d’une procédure de trois à six mois au cours de laquelle ils ont rencontré les membres de la CEP pour faire le point sur leur projet, évaluer leurs compétences professionnelles, leurs aptitudes personnelles. Puis vient la formation, étape qui constitue une obligation légale, notamment au vu des enjeux de sécurité, mais qui représente surtout pour le Défap le moyen de leur fournir des outils pour pouvoir s’adapter aux enjeux d’un autre pays, d’une autre société, d’autres manières de vivre où le confort peut être des plus rudimentaires ; et les préparer à vivre une expérience qui les obligera à sortir de tous leurs cadres. Une tranche de vie irremplaçable, mais qui nécessite des bases bien établies.

La formation : ce qui s’y enseigne… et ce qu’on y découvre

S’il ne faut aujourd’hui que quelques heures de vol pour se retrouver à l’autre bout de la planète, partir pour quelques mois ou un an comme volontaire, en mission dans un pays lointain, n’en reste pas moins une aventure. On en sort nécessairement changé. Pas question de s’y embarquer à la légère. Et se préparer au départ, c’est déjà partir un peu : se projeter dans un autre contexte culturel, se confronter à d’autres manières de vivre… et interroger ses propres motivations. Pourquoi partir en volontariat à l’étranger ? Qu’espère-t-on trouver ? À quelles réalités se retrouvera-t-on mêlé ? Pour les futurs envoyés, le temps de la formation au 102 boulevard Arago, au sein du vénérable bâtiment de l’ancienne Société des Missions Évangéliques de Paris, est déjà l’occasion de remettre en cause quelques certitudes. Notamment celles qui concernent la place du religieux, dans des pays où la laïcité, telle qu’elle est comprise et vécue en France, n’existe pas.

Au menu de ces deux semaines de formation : des thèmes d’ordre pratique, comme les aspects administratifs de l’envoi ou les questions de santé ; d’autres davantage consacrés à l’interculturel et à la rencontre de l’autre, au contexte de la mission (contexte culturel, géopolitique ou ecclésial), à la prévention et à la gestion des crises et conflits… De manière générale, cette formation vise à répondre à quatre questions : qui part ? Pour vivre quoi ? Dans quel contexte ? Qui rentre ? Sachant qu’on revient toujours changé d’une expérience de volontariat, qu’elle dure quelques mois ou plusieurs années… Pour cela, outre les membres de l’équipe des permanents mis à contribution lors des sessions en plénière et des ateliers, la période de formation fait appel à des associations partenaires ; elle mobilise aussi d’anciens envoyés venant témoigner, ainsi que des intervenants extérieurs disposant d’une compétence particulière dans un domaine précis.

Et comme chaque année, cette session de formation des envoyés se clôturera par un culte d’envoi, célébré dans la chapelle du Défap, et ouvert à tous. Pour rencontrer les futurs envoyés avant leur départ, rendez-vous le jeudi 13 juillet à 14h30 au 102 boulevard Arago, Paris, 14ème.




Haïti : un anniversaire dans la douleur pour la FEPH

Dans un pays sinistré et où les gangs entretiennent un niveau de violences comparable à celui d’un pays en guerre, la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti s’efforce de préserver, par l’éducation, la possibilité de construire un autre avenir. Grâce à son réseau de plus de 3000 écoles protestantes, elle revendique la scolarisation de 300.000 enfants. La FEPH fête en ce mois de mai ses 37 ans, dans un contexte douloureux : son directeur exécutif, Christon St Fort, a demandé des prières d’intercession aux organisations chrétiennes qui soutiennent les écoles haïtiennes.

Affiche des 37 ans de la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti © FEPH

En Haïti, le quotidien a tous les aspects d’une guerre civile. Les pénuries sont permanentes, les services de l’État défaillants, tout est difficile et dangereux : se déplacer, se fournir en denrées de base, poursuivre une activité professionnelle, s’occuper de ses enfants et de ses proches… Surtout, la violence est omniprésente. C’est particulièrement le cas de la capitale, Port-au-Prince, mais cette situation d’insécurité extrême a tendance à s’étendre, y compris dans des zones jusqu’alors plus épargnées comme le département de l’Artibonite. À Port-au-Prince même, plus aucun quartier n’est sûr, pas même les arrondissements de Kenscoff ou Pétion-Ville, longtemps considérés comme moins touchés. Les gangs qui tiennent les rues et se livrent à une véritable guérilla pour le contrôle de tel quartier ou de tel grand axe rançonnent, pillent, violent, massacrent, brûlent : pour le seul mois d’avril, et pour la seule capitale, plus de 600 personnes ont été tuées, selon les chiffres de l’Onu qui évoque des niveaux de violence « comparables à ceux des pays en situation de guerre ». Face à l’impuissance de la police, des habitants s’organisent en milices, massacrant sans autre forme de procès les membres de gangs qui peuvent tomber entre leurs mains. Ces « brigades de vigilance » sont, selon le dernier rapport de l’Onu, responsables du lynchage d’au moins 75 personnes, dont 66 membres de gangs, au cours du premier trimestre 2023. Devant une situation aussi ingérable, le haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’homme, Volker Türk, a lancé un nouvel « appel à la communauté internationale pour qu’elle déploie une force de soutien spécialisée (…) avec un plan d’action complet pour aider les institutions haïtiennes ».

Mais ce soutien international se fait attendre et nombre d’Haïtiens eux-mêmes redoutent les effets à moyen terme d’une telle ingérence étrangère, qui pourrait aggraver la dépendance du pays sans régler pour autant les problèmes politiques, la corruption, la dégradation des services de l’État, sans compter tout ce qui doit être reconstruit dans tous les domaines les plus nécessaires à la vie d’un pays, depuis le secteur agricole jusqu’aux infrastructures de transport ou aux écoles…

Plaidoyer pour le droit à une éducation de qualité

Les écoles : voilà précisément l’un des lieux où peut se préparer un autre avenir pour Haïti. Sans éducation, pas de sortie possible de la pauvreté, pas de moyen de former une génération de citoyens qui seront outillés pour lutter contre la corruption et pour aider à construire une société moins violente et plus juste. Préparer l’avenir, en dépit des duretés du quotidien : c’est la difficile tâche des établissements membres de la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti (FEPH). À travers tout le pays, selon les chiffres de la Banque Mondiale, plus de 200.000 enfants ne sont pas scolarisés. Les écoles publiques sont une petite minorité (9 écoles sur 10 sont des établissements privés); et le niveau général est tellement faible que moins de 5% d’une classe d’âge obtient le bac. Dans ce contexte, la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti, grâce à son réseau de plus de 3000 écoles protestantes, revendique la scolarisation de 300.000 enfants. Elle est soutenue directement par le Défap et fait aussi partie des partenaires privilégiés de la Plateforme Haïti, mise en place sous l’égide de la Fédération protestante de France et où le Défap se retrouve aux côtés de divers acteurs du protestantisme français impliqués dans ce pays, comme La Cause ou la Mission Biblique.

La FEPH fête en ce mois de mai ses 37 ans, dans ce contexte douloureux marqué par les violences : son directeur exécutif, Christon St Fort, a demandé des prières d’intercession aux organisations chrétiennes qui soutiennent les écoles haïtiennes. « Cette violence est traduite par des viols, des vols, des affrontements entre gangs rivaux, des enlèvements contre rançon, empêchant les enfants d’aller correctement à l’école. Aujourd’hui, nous sommes inquiets de cette situation où les enfants ne peuvent pas jouir convenablement de leur droit à une éducation de qualité (…) Nous voudrions vous demander de prier pour l’arrêt des violences en Haïti, de manière à ce que les enfants puissent aller à l’école. »
 



 

La FEPH fait partie des acteurs de l’enseignement mobilisés autour du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) pour tenter de préserver des conditions décentes permettant les apprentissages des élèves. Plusieurs réunions ont déjà eu lieu en présence du ministre, le professeur Nesmy Manigat. « Au cours des discussions sur la situation sécuritaire dans les écoles, les responsables d’organisations socio-professionnelles comme le Consortium du secteur privé de l’éducation (COSPE), la Commission épiscopale pour l’éducation catholique (CEEC), la Fédération des écoles protestantes d’Haïti (FEFH), l’Association professionnelle des directeurs d’écoles privées, des directeurs d’écoles privées et publiques fortement affectées par les derniers événements, des inspecteurs et des représentants d’une association de psychologues ont tour à tour fait le point sur l’état délétère et très grave du contexte actuel », a indiqué le ministère. « Ces responsables ont alerté sur la gravité de la situation sécuritaire avec les cas de kidnapping de parents et d’enfants devant les écoles, les tirs incessants, les balles perdues sur les écoles, les élèves, enseignants ou d’autres membres du personnel blessés. Les directeurs d’écoles ont noté particulièrement la difficulté pour l’exercice des apprentissages dans les écoles dans ce contexte de violence aggravée. Mais plus encore, les ressources humaines, surtout les enseignants travaillant dans les écoles qui ne sont plus disponibles car, fuyant leurs zones vers d’autres régions plus clémentes, quand ce n’est pas le pays tout court (…) Les acteurs demandent au Gouvernement de tout faire pour garantir le droit à la vie et le droit à l’éducation tout en souhaitant une réunion élargie avec certains responsables de haut niveau de l’État. »

Le Défap et la Plateforme Haïti
Des liens privilégiés existent de longue date entre la Fédération protestante de France (FPF) et la Fédération protestante d’Haïti (FPH). Le passage de quatre tempêtes dévastatrices sur le territoire haïtien en 2008 (Fay, Gustav, Hanna et Ike) s’était traduit par la création de la Plateforme Haïti, regroupant divers acteurs du monde protestant sous l’égide de la FPF. En 2010, au moment du tremblement de terre qui devait faire plus de 230.000 morts, les réseaux protestants étaient donc bien en place, et la solidarité avait trouvé rapidement des canaux pour s’exprimer. Le président actuel de la Plateforme Haïti est le pasteur Rodrigue Valentin, de l’Église du Nazaréen, et sa coordination administrative est assurée par le Défap. La Plateforme rassemble les acteurs suivants :

 




Nord Cameroun : survivre et reconstruire

Dans l’Extrême Nord du Cameroun, les traces des intempéries qui avaient ravagé les cultures au cours de l’été 2022 sont toujours visibles. Pour les victimes privées de moyens de subsistance, la survie au quotidien reste difficile. L’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun, avec le soutien du Défap, a organisé des opérations de distribution alimentaire.

En attente d’une distribution d’aide alimentaire par l’EFLC dans l’Extrême Nord du Cameroun © EFLC/Défap

Marie Kouvou est veuve, ce qui signifie qu’elle fait partie des populations les plus fragiles dans l’Extrême Nord du Cameroun ; et elle a cinq enfants à nourrir. Lorsque les pluies diluviennes ont frappé sa région au cours de l’été 2022, elle a perdu l’essentiel de ses moyens de subsistance, comme les autres habitants de son village. Marie Kouvou fait partie des bénéficiaires du projet d’aide mis en place par l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun (EFLC) – ce dont elle se dit « vraiment fière ». Elle a reçu du maïs : une denrée vitale, le maïs étant la céréale la plus cultivée et la plus consommée au Cameroun, un peu comme l’est le riz dans d’autres régions du monde.

Ezira Vandi, marié et père de huit enfants, a également reçu de l’aide de l’EFLC : « Je ne pensais pas être sélectionné, me disant que se sont les choses des chrétiens, mais je suis surpris de voir que c’est tout le monde qui était appelé à en bénéficier ».

Marie Kouvou © EFLC/Défap

Ils et elles s’appellent Moïse Dari, Jérémie Koyang, Marcel Kodji, Jean-Paul Dari ; comme Marie Kouvou et Ezira Vandi, ils et elles font partie des victimes des pluies diluviennes de l’été 2022. En ce printemps 2023, la vie recommence, avec l’aide de l’Église fraternelle luthérienne du Nord-Cameroun, soutenue par le Défap, dont elle est l’une des Églises partenaires dans cette région. Mais l’aide de l’EFLC ne couvrira pas tous les besoins, loin s’en faut : l’Église s’est concentrée sur le soutien aux familles les plus vulnérables des localités de Watir-Guili, Haou, Amsa et Kila. Or la zone touchée par les intempéries était bien plus vaste : dans toute la région, pluies extrêmes, rivières en crue et destructions de digues s’étaient combinées durant l’été pour provoquer la fuite de dizaines de milliers de personnes, qui avaient dû abandonner leurs maisons et leurs champs. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu recensait ainsi, fin septembre 2022, 37.000 déplacés, notamment dans le département du Mayo-Danay, particulièrement touché, dans le Logone et Chari, et dans le Mayo-Tsanaga.

Des distributions d’aide qui renforcent le dialogue entre communautés

Distribution d’aide alimentaire © EFLC/Défap

Du côté de Mogodé et Bourha, où se place le projet d’aide de l’EFLC, c’est la grêle qui avait été tout particulièrement destructrice, avec un épisode qui, le 12 juillet, avait ravagé 600 hectares de champs, entraîné des pertes d’animaux et des destructions de bâtiments, blessant en outre plusieurs personnes. Par ses distributions alimentaires, l’Église est venue en aide, de manière directe ou indirecte, à environ 2000 personnes. Les autorités administratives et traditionnelles, ainsi que les leaders religieux ont été impliqués afin de mieux atteindre les victimes, dans une zone enclavée et rendue difficile d’accès par le mauvais état des routes. Des distributions qui n’ont pas été réservées au seuls membres de l’Église, ni même aux seuls chrétiens : le projet d’aide a été ouvert aux autres confessions, comme aux musulmans – ce qui explique l’aide dont a pu bénéficier Ezira Vandi, à sa propre surprise. Car dans l’Extrême Nord du Cameroun, où les populations se mêlent et où chrétiens et musulmans vivent ensemble au quotidien, règne un modus vivendi fragile et que l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun est très attentive à préserver. Déjà, durant la guerre entre Tchad et Libye, la région avait vu arriver des milliers de fuyards venus de N’djamena. À partir de 2013, fuyant les jihadistes de Boko Haram, de nombreux réfugiés, essentiellement musulmans, étaient venus à leur tour des pays voisins du lac Tchad. L’EFLC avait alors fait tout son possible pour aider à leur intégration, par exemple en accueillant des élèves de toutes confessions dans une même école à Kousséri. Aujourd’hui, l’aide apportée par l’EFLC, pour modeste qu’elle soit face à l’ampleur des besoins, a aussi contribué à rapprocher les diverses communautés religieuses.

Pour cette aide d’urgence, l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun a reçu l’appui du Défap, et recevra bientôt également l’aide de la plateforme Solidarité Protestante. D’autres partenaires étrangers ont également répondu à l’appel de l’EFLC, comme, aux Pays-Bas, Kerk In Actie. Mais le parcours de résilience sera long.

Retrouvez ci-dessous des images des opérations d’aide organisées par l’EFLC avec le soutien du Défap :

 

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