Depuis 2017, le programme des « couloirs humanitaires » permet de faire venir en France des réfugiés particulièrement vulnérables depuis le Liban, par des voies légales et en évitant les « routes de la mort » comme celles qui passent par la Méditerranée. Le Défap y participe à travers des envoyés, qui travaillent à Beyrouth pour la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP). Félicie, actuellement sur place, évoque la dégradation de la situation au Liban… et les traumatismes ravivés par les derniers séismes qui ont touché la Turquie et la Syrie.

Dans un camp de réfugiés au nord du Liban © Félicie pour Défap

 

Je vous écris de Beyrouth, assise dans la salle d’attente du consulat français. Ce matin, le programme des Couloirs Humanitaires accompagne une famille pour une demande de Visa pour la France.

J’ai essayé un peu de les détendre ce matin, comme je le fais avant chacun de ces passages, qui constituent toujours une grande angoisse pour les familles. En effet, pour eux cet entretien va déterminer le cours d’une vie et plus que cela, le droit à la vie.

Depuis mon arrivée en tant que VSI au Liban, le pays n’a fait que de se dégrader de manière abyssale. Les conditions de vie et de sécurité des personnes refugiées que j’accompagne dans le cadre des Couloirs Humanitaires se dégradent conjointement.

« Nous ressentons les secousses de chacun des séismes »

De face, en bleu, Soledad André ancienne VSI envoyée par le Défap ; à sa droite, avec le pantalon moutarde, Félicie, actuelle envoyée travaillant sur le programme des couloirs humanitaires © Félicie pour Défap

 
Malgré les difficultés de mener une mission dans des conditions si volatiles, je vois un réel bond dans ma professionnalisation. Il faut composer au quotidien avec les différentes situations, économiques, politiques et sécuritaires. Sans cesse renforcer les partenariats, rechercher des solutions. Il faut innover dans la communication et la prise en charge de l’accompagnement légal, psychique et social des familles.

Je suis passionnée par ce que je fais ici et sens que les bénéficiaires, les collègues et les collectifs d’accueil en France ressentent la qualité de travail que je tente de fournir.

Dans cette lettre je souhaite attirer l’attention sur la situation toute particulière que nous vivons actuellement de par les séismes que le Liban ressent depuis le 6 février. Nous ressentons les secousses de chacun des séismes et des répliques de la faille en Turquie. Cela ravive les traumatismes auprès des familles refugiées au Liban, qui ont vécu la peur des bombardements. Il s’agit d’une nouvelle vague de détresse. Les habitations et les tentes ont étés fissurées. Les familles sont inquiètes pour leurs proches en Syrie. Je suis de très près les conséquences du séisme du 06 février, qui engendre une nouvelle vague de déplacements, de nouveaux stratèges géopolitiques et, fort malheureusement, de nouvelles inégalités de prise en charge des populations en fonction de leur nationalité.

À part ces nouvelles du terrain, assez inquiétantes pour les populations de cette région du monde, je suis toujours très heureuse au Liban. Mon fils a appris l’arabe et l’anglais en un an et demi, j’en suis très fière. Nous avons rencontré beaucoup d’amis, et souhaitons continuer encore quelques temps cette aventure libanaise, tant qu’elle sera vivable au moins pour nous chanceux, détenteurs de passeports européens et de salaires en devise stable.

Félicie

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