Loin des discours formatés sur l’environnement, le «mini-forum» de Condé-sur-Noireau, organisé fin septembre avec le soutien du Défap, a été l’occasion pour les participants de s’interroger sur leur engagement en faveur de la création. Et sur ses implications concrètes et quotidiennes. Comment avoir un discours qui ne cache pas la gravité des enjeux, mais qui puisse en même temps motiver au lieu de décourager ? Que signifie véritablement «Vivre simplement» ? Une thématique débattue tout au long du week-end à travers échanges et tables rondes, et illustrée par des témoignages concrets allant du monde de l’entreprise à celui des communautés religieuses. À noter, le 17 octobre, une émission sur RCF avec Éric Trocmé, qui reviendra en détail sur cette rencontre.

Vue de quelques intervenants du «mini-forum» de Condé-sur-Noireau © Défap

Préservation de l’environnement et développement durable, mais aussi partage des richesses et accueil des migrants : toutes ces thématiques étaient rassemblées derrière le thème du «mini-forum» de Condé-sur-Noireau, organisé du 27 au 29 septembre par l’Église Protestante Unie du Bocage normand avec le soutien du Défap. Les débats tournant autour d’une citation de Gandhi, qui en donnait la coloration : «Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre»… Parmi les intervenants chargés d’introduire les débats devant la centaine de participants, on pouvait noter la présence de Martin Kopp, qui a été chargé de plaidoyer de la Fédération luthérienne mondiale pour la «justice climatique» et qui préside aujourd’hui la Commission «Écologie et justice climatique» de la Fédération Protestante de France. Mais aussi de Basile Zouma et Florence Taubmann, respectivement secrétaire général et responsable du pôle France du Défap. Pour l’occasion, la mairie de Condé-sur-Noireau avait mis à disposition les halles de la ville pour une exposition illustrant le thème du «Vivre simplement».

Cet accent mis sur la «justice climatique», conjuguant enjeux environnementaux et enjeux sociaux, était déjà un marqueur du «mini-forum» de la région Centre-Alpes-Rhône, qui avait été organisé avec le réseau Bible et création. Même si, à Condé-sur-Noireau, les débats se sont surtout centrés sur la première partie de la citation qui donnait le thème de la rencontre, et sur la question du «Vivre simplement». Une question déclinée tout au long du week-end non seulement à travers une exposition, un film, une pièce de théâtre et des témoignages, mais aussi à travers des tables rondes et ateliers ; le tout entrecoupé de moments conviviaux autour de repas (à base de produits bio et locaux, bien sûr) ou d’un groupe de musique tzigane, qui a emmené les participants à travers la ville…

À travers Condé-sur-Noireau au son de musiques tziganes© Défap

L’ensemble du week-end a donc assuré une visibilité importante à la communauté protestante, et c’est déjà l’un des enjeux de telles rencontres, comme le souligne Basile Zouma. Il a aussi représenté un moment d’échanges sortant des cadres de discours tout faits, autour de questions très concrètes : en quoi le fait de vivre simplement ici permettra-t-il d’aider à la justice climatique à l’autre bout de la planète ? Que peut-on faire au quotidien ? Comment être cohérent avec ses propres engagements ? Peut-on choisir de devenir végétarien… et néanmoins continuer à prendre l’avion si on se déplace à l’étranger ? Plus largement, à l’égard des jeunes générations, comment avoir un discours vrai, qui n’enjolive pas la réalité, mais ne soit pas non plus désespérant au point de décourager tout engagement ?

«Des progrès à petits pas»

«La table ronde a été très appréciée, souligne Basile Zouma : il y avait des tendances très différentes qui étaient représentées, et qui ont su dialoguer. Nous avons eu un exposé des dernières prévisions scientifiques sur le réchauffement climatique. Nous avons eu aussi des participants qui ont insisté sur la nécessité de laisser un espoir d’ouverture et donc d’éviter les discours catastrophiste ; sachant qu’il n’est pas forcément nécessaire de s’appuyer sur de tels discours pour s’engager à protéger la création. Avec ou sans l’avis de scientifiques et d’experts, qui ne peuvent pas prétendre à une précision mathématique puisque la science progresse toujours par erreurs corrigées, nous ne pouvons qu’être gagnants si nous protégeons notre environnement. Une maison qu’on n’occupe pas se dégrade ; une maison occupée aussi… Nous avons forcément une empreinte écologique, que nous le voulions ou non. Il s’agit de trouver comment la réduire…Et l’aspect très positif de cette rencontre est finalement que chacun s’est senti interpellé dans ses engagements personnels. L’Église Protestante Unie du Bocage normand est d’ailleurs elle-même engagée pour la préservation de l’environnement.»

Florence Taubmann souligne également la qualité des échanges tout au long du week-end, et leur ancrage dans le concret. À l’exemple du témoignage d’un chef d’entreprise membre des EDC (les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) : «Il a très bien su faire passer l’idée que dans les entreprises, il n’y a pas que des machines : ce sont avant tout des êtres humains qui travaillent. Et quand on veut transformer les choses, on ne peut pas en faire abstraction et tout révolutionner d’un seul coup. Ce sont des efforts dans la durée, des progrès faits à petits pas. On est dans une réalité humaine dont on doit tenir compte. Loin des discours très culpabilisants quand on touche à la thématique de l’environnement, il faut bien se rendre compte que l’on n’est pas tout-puissant, dans le mal ni dans le bien.» Parmi les autres témoignages illustrant le «Vivre simplement», Florence Taubmann évoque aussi celui de communautés religieuses, comme les Frères Missionnaires des Campagnes, une congrégation religieuse fondée en 1943 en Seine-et-Marne par le dominicain Michel Épagneul. Quatre d’entre eux étaient présents au «mini-forum» de Condé-sur-Noireau. Autre exemple de simplicité de vie, celui des Diaconesses de Strasbourg, illustré à travers un film, Rue du Ciel, réalisé par Ravo Rivo (fille d’Augustin Rivo, aumônier au CHU de Reims), et qui a été diffusé par KTO TV. Vous pouvez en trouver ici une présentation détaillée, et visionner ci-dessous l’intégralité du documentaire :

Vous pouvez retrouver ci-dessous un aperçu en images de ce week-end, en attendant un compte-rendu plus détaillé : le 17 octobre, sur RCF, c’est Éric Trocmé, très impliqué dans cette rencontre, qui reviendra sur le forum de Condé-sur-Noireau dans une émission spéciale. À écouter à partir de 11 heures du matin, et à retrouver ensuite ici.

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