Outre son implication dans un réseau d’Églises, le Défap est un acteur engagé au sein du tissu associatif dans le domaine de la solidarité internationale. En dépit de sa taille modeste par rapport à de grandes organisations, son expérience est reconnue, et son expertise sollicitée lorsqu’il s’agit de réfléchir en commun aux grands défis que connaissent de nombreuses ONG.
Vue de l’AG de Coordination SUD ; au centre, Laura Casorio, représentant le Défap © Coordination SUD
La fin du printemps marque la période traditionnelle des assemblées générales du réseau associatif dont le Défap fait partie. CLONG Volontariat, Coordination Sud, France Volontaires, la Cimade, le Collectif Haïti France, le FONJEP…. autant d’engagements partenariaux qui témoignent d’un Défap connu et reconnu comme acteur de la société civile, et en particulier comme acteur de la solidarité internationale et de la coopération française.
Des engagements qui ne sont toutefois pas exempts de questionnements ; et après avoir, ces dernières années, travaillé principalement au renforcement des partenariats entre Églises, le Défap a été appelé, en cette période d’AG, à s’interroger sur les priorités de ses actions avec ses partenaires associatifs.
Face aux défis de la solidarité internationale, les organisations françaises s’efforcent de se coordonner. Elles travaillent sur des orientations communes, concernant aussi bien les relations avec leurs partenaires locaux (quelle place doivent-ils prendre dans les projets de développement – et tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’actions humanitaires ou d’interventions dans des situations d’urgence ?) que les relations avec le politique. Dans ce dernier domaine, le gros défi concerne les stratégies à adopter pour pousser à une inflexion de la politique française à l’étranger qui soit plus favorable aux populations fragilisées, face à des logiques qui mettent rarement l’être humain au centre des préoccupations. Au-delà de ces questions stratégiques, les acteurs français de la solidarité internationales réfléchissent aussi plus profondément sur le sens de leur action et de l’engagement de leurs membres. Ainsi, quel sens peut revêtir la coopération sans un engagement solidaire, personnel et inscrit dans un projet de vie de longue durée ?
Le Défap, une expérience reconnue
C’est dans ce cadre de réflexions que le Défap, même s’il est d’une taille modeste par rapport à de grandes ONG, a été sollicité à plusieurs reprises pour partager son expérience et ses pratiques. Il a été amené à participer à des groupes de travail thématiques ou à des études spécifiques sur l’expatriation solidaire, sur la valorisation de l’engagement solidaire, sur les outils d’accompagnement de ceux qui s’engagent au service d’un projet ou d’une communauté locale…
Et l’expérience du Défap se montre très utile : dans ses actions à l’international, le Défap agit avec des partenaires qui bien souvent sont présents sur l’ensemble du territoire national, et avec lesquels il a su tisser des liens forts et durables. Seul organisme protestant ayant un agrément VSI, il envoie des volontaires pour travailler sur des projets entièrement gérés sur place. Dans plusieurs pays où il intervient, il a créé et participe à des plateformes réunissant différents acteurs de la société civile.
Si le Défap n’est pas spécialisé dans un secteur d’activité spécifique, il joue un rôle de relais qui permet de faciliter des rencontres et des collaborations autour de projets concernant le développement, l’enseignement, la santé… Toutes ces actions mettant en jeu, dans chaque cas, des relations entre les Églises protestantes de France et d’autres pays. Quelques exemples :
- dans le domaine de la santé, le CROP et le projet d’enseignement pour les enfants sourds au Congo Brazzaville – un projet porté par le Défap ; l’envoi d’un médecin du consistoire de La Rochelle de l’EPUdF, le docteur Perrot, en appui à Célin Nzambé, ancien envoyé de la Cevaa engagé désormais dans un vaste projet de réhabilitation d’hôpitaux appartenant à l’Église Presbytérienne Camerounaise ;
- concernant la question des migrants et des réfugiés, l’implication du Défap auprès de la FEP (la Fédération de l’Entraide Protestante), en première ligne dans l’accueil de Syriens arrivant des camps libanais via les «couloirs humanitaires» ; auprès de la Cimade, qui défend les droits des étrangers ; auprès de l’ACO (Action Chrétienne en Orient), qui intervient au Moyen-Orient et notamment au Liban et en Syrie ; le soutien au Comité d’Entraide International de l’EEAM (l’Église Évangélique au Maroc) ;
- dans le domaine de l’enseignement, le Défap fournit un appui, à travers ses envoyés, à la gestion de projets au sein de la FEPH, la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti ;
- et plus largement, dans le domaine du développement et de la solidarité internationale, le Défap a aidé à l’organisation d’un «Séjour senior» au Cameroun – voyage qui a notamment permis de développer un projet de fours économiseurs de bois…
Au-delà de ces quelques exemples, le Défap joue un rôle de facilitateur dans les contacts entre ses partenaires et leurs financeurs, notamment les agences de développement françaises et européennes.
Acteur engagé dans le domaine de la solidarité internationale, le Défap est aussi confronté à des défis assez similaires à ceux que connaissent ses partenaires associatifs. Pour les ONG, il s’agit de plaider pour remettre l’humain au centre des préoccupations ; pour le Défap, ce défi se décline dans le domaine de l’action diaconale. Dans une société de plus en plus laïcisée, quels sont les espaces qui permettent que s’expriment les valeurs de la fraternité, de la solidarité, de la centralité des relations humaines, du respect qui passe par la connaissance et la compréhension de l’autre à travers un témoignage commun ? Comment concilier, dans un milieu d’Églises, témoignage et action solidaire pour permettre un renforcement de capacités réciproque ? Une question qui n’est, finalement, pas autre chose qu’une transposition dans le vocabulaire des acteurs de la solidarité internationale du slogan «la mission ici et là-bas»…