Togo : les Eglises appellent au dialogue

Depuis des semaines, les manifestations se multiplient au Togo pour réclamer une limitation du nombre de mandats présidentiels, et le départ du président Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 à la mort de son père. Après les catholiques, l’EEPT (Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo) et l’EMT (Eglise Méthodiste du Togo) viennent de diffuser une déclaration commune.


Le texte de l’appel de l’EEPT et de l’EMT

Ce n’est pas la première fois au Togo que les Eglises, qu’elles soient protestantes ou catholique, lancent un même appel à l’apaisement et au dialogue. Après une série de manifestations violemment réprimées en août et septembre pour réclamer une limitation du nombre de mandats présidentiels, la Conférence des évêques du Togo a diffusé une déclaration officielle réclamant au gouvernement d’entreprendre « les réformes demandées par le peuple » et condamnant en outre « la répression en cours. » Dans un entretien au journal La Croix (à lire ici), Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, archevêque de Lomé, s’est dit prêt à jouer le rôle de médiateur. A leur tour, l’Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo et l’Eglise Méthodiste du Togo viennent de diffuser une déclaration commune dans laquelle elles indiquent vouloir « solennellement apporter leur soutien à l’offre de médiation faite par l’Eglise catholique du Togo. »

Cette déclaration de l »EEPT et de l’EMT, dont vous pouvez retrouver le texte intégral ici, a été rendue publique le 3 octobre, à la veille de nouvelles manifestations annoncées par l’opposition togolaise, les 4 et 5 octobre. Selon les opposants, la manifestation de mercredi sera un « ultime avertissement » pour le président Faure Gnassingbé avant la « marche » annoncée le lendemain.

Dialogue rompu entre le président et l’opposition

Pour aller plus loin :
Le texte intégral de la déclaration de l’EEPT et de l’EMT sur le site de la Cevaa
« Nous avons besoin de soutien » : interview de Prosper Comlan Deh, coordinateur du PAOET, sur le site de la Cevaa

L’EEPT et l’EMT sont toutes deux membres de la Cevaa, la Communauté d’Eglises en Mission dont font également partie l’Eglise Protestante Unie de France, l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine ainsi que l’Unepref (Union des Eglises Protestantes Réformées Evangéliques de France). Ces deux Eglises togolaises sont à l’origine d’une plateforme commune, le Projet d’Accompagnement Œcuménique pour le Togo (PAOET), destiné à porter leur rôle d’acteurs de la société civile togolaise, qui a longtemps bénéficié du soutien financier des Eglises de France, via le Défap. Les relations restent aujourd’hui proches avec le protestantisme togolais : Bertrand Vergniol, Secrétaire général du Défap, sera ainsi présent au synode de l’EEPT en mars 2018.

L’histoire politique récente du Togo témoigne de sa difficulté à trouver une voie apaisée. Pendant près de 40 ans, le pays a été dirigé par Gnassingbé Eyadema (de 1967 à sa mort en 2005). Depuis 2005, c’est le fils de ce dernier, Faure Gnassingbé Eyadema, qui lui a succédé à la présidence de la République. Des cinq scrutins présidentiels organisés durant la présidence de Gnassingbé Eyadema, aucun n’a évité les controverses et les violences. Depuis 2005, les rendez-vous électoraux oscillent entre ouverture démocratique et phases de durcissement entre le parti au pouvoir et l’opposition. Le président actuel en est à son troisième mandat. Il a été réélu à deux reprises en 2010 et en 2015 lors de scrutins contestés par l’opposition. Entretemps, la Constitution adoptée en 1992, qui prévoyait un maximum de deux mandats présidentiels, a été modifiée à plusieurs reprises. C’est dans ce contexte politique propice aux violences que les Eglises togolaises se sont engagées, voilà plus d’une décennie, comme acteurs de la société civile ; un rôle qui s’est trouvé formalisé peu avant les élections de 2010 à travers le PAOET.

La situation actuelle suscite d’autant plus les inquiétudes que le dialogue semble rompu entre le parti au pouvoir et l’opposition. Début septembre, après des manifestations violentes, le gouvernement a semblé chercher l’apaisement en soumettant au Parlement un projet de réforme constitutionnelle prévoyant notamment la limitation à deux mandats présidentiels. Mais l’opposition a refusé de participer au vote, dénonçant un texte qui n’étant pas rétroactif, permettrait au président d’exercer malgré tout deux mandats supplémentaires à partir de 2020, à l’issue de son mandat actuel. Le projet de réforme, approuvé par les seules voix des députés du parti présidentiel, n’a pas obtenu la majorité des quatre cinquièmes qui lui aurait permis d’entrer directement en vigueur ; mais il a tout de même dépassé le seuil des deux tiers qui lui permet d’être soumis au peuple togolais via un référendum. Référendum qui devrait être organisé d’ici la fin de l’année, mais dont l’opposition conteste le principe, réclamant un retour pur et simple à la Constitution de 1992.




Chrétiens d’Orient : deux mille ans d’histoire

LES ACTIONS DU DEFAP :
Le programme EAPPI
Le Défap au Liban
Les envoyés en Egypte

IMA © Institut du Monde Arabe

Les guerres ne détruisent pas seulement les vies et les villes ; elles ravagent les mémoires. Elles effacent les patrimoines, les cultures. Elles redessinent les contours de l’histoire des peuples. Parler de Syrie aujourd’hui, c’est évoquer Daech et ses exactions ; parler de la Palestine, c’est revenir sur l’interminable conflit israélo-palestinien… Que l’on regarde à l’Est de la Méditerranée et les chrétiens semblent être, soit oubliés, soit confinés au rôle de victimes. On finirait par oublier que c’est précisément là que le christianisme est né ; que quittant le berceau de Jérusalem, il a atteint aussitôt la Syrie. C’est sur la route de Damas que Paul fut aveuglé par la révélation de Christ… Le christianisme s’est ainsi diffusé dans tout le Proche-Orient : en Egypte, au Liban, en Jordanie, en Irak.

Cette histoire deux fois millénaire ne fut pas que tragique, loin de là ; les chrétiens ont joué un rôle majeur dans le développement politique, culturel, social et religieux de cette région du monde. C’est précisément ce que veut rappeler l’exposition « Chrétiens d’Orient : deux mille ans d’histoire » organisée à l’Institut du Monde Arabe, à Paris.

Ne pas oublier les chrétiens d’Orient…

Infos pratiques :
  Quand : du 26 septembre 2017 au 14 janvier 2018
    mardi, mercredi, jeudi, vendredi de 10h à 18h
    samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 19h
  Où : à l’Institut du monde arabe, 1 Rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris

Cette place singulière est ici mise en lumière au travers de périodes charnières : installation du christianisme religion d’Etat, conciles fondateurs, conquête musulmane, essor des missions catholiques et protestantes, apport des chrétiens à la Nahda (renaissance arabe), renouveau des XXe et XXIe siècles. L’accent est également mis sur la vitalité actuelle des communautés chrétiennes du monde arabe, en dépit des soubresauts de l’actualité récente. Au fil du parcours, l’accent est mis sur la formidable diversité du christianisme, avec ses Eglises copte, grecque, assyro-chaldéenne, syriaque, arménienne, maronite, latine et protestante : chaque facette du christianisme oriental dans ses dimensions orthodoxe et catholique a sa place dans l’exposition. Le parcours est jalonné d’œuvres patrimoniales majeures, dont de nombreux chefs-d’œuvre encore jamais montrés. Certains ont été prêtés pour l’occasion par les communautés elles-mêmes. Entre autres merveilles, les Evangiles de Rabula, un célèbre manuscrit enluminé syriaque du VIe siècle, et les premiers dessins chrétiens connus au monde, de Doura-Europos en Syrie, datant du IIIe siècle.

Une exposition pour ne pas oublier les chrétiens d’Orient… Car les communautés chrétiennes d’Egypte, du Liban, d’Israël-Palestine, de Syrie ont besoin de la fraternité des chrétiens d’Occident. Ce lien doit être entretenu ; le Défap s’y emploie avec ses partenaires aussi bien en France qu’au Proche-Orient.

Israël-Palestine, Liban, Egypte : ce que fait le Défap

Culte à Dhour Chouwer, au Liban, octobre 2016 – DR

En Israël-Palestine, le Défap gère depuis 2012, à la demande de la Fédération protestante de France, les envois des accompagnateurs du programme EAPPI (Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et Israël), initié par le Conseil Œcuménique des Eglises (COE) en réponse à un appel de responsables chrétiens locaux. Lorsque la violence s’est répandue à travers Israël et les territoires occupés, après le déclenchement de la seconde Intifada (El Aqsa) en 2000, les responsables des Eglises de Jérusalem ont lancé un appel à soutenir leurs efforts pour une paix juste : EAPPI a pour mission d’accompagner les Palestiniens et les Israéliens dans leurs actions non violentes. Le Défap est aussi en lien, via la Ceeefe (Communauté d’Eglises Protestantes Francophones dans le monde) avec la communauté protestante francophone de Jérusalem et Tel Aviv, Eglise de tradition pentecôtiste dirigée par le pasteur Jacques Elbaz.

Au Liban, le pasteur de l’EFPB (Eglise Française Protestante de Beyrouth) est un envoyé du Défap. Après le départ de son prédécesseur, le pasteur Robert Sarkissian, à l’été 2013, l’APFB (Association Protestante Française de Beyrouth) et la CEEEFE (Commission des Eglises protestantes d’expression française à l’extérieur) ont dû trouver les moyens d’envoyer un nouveau pasteur, Pierre Lacoste, avec l’aide technique du Défap. L’association propriétaire (APFB) a vendu une partie du terrain qu’elle possédait pour pouvoir mettre en place un projet de construction d’un nouveau temple qui devrait être achevé à la fin de l’année 2017. Avec la perspective de mettre en place de l’action sociale, culturelle et de solidarité.

En Egypte, le Défap assure le suivi des envoyés de l’ACO (Action Chrétienne en Orient) en lien avec les Eglises protestantes de ce pays, dans le cadre de la plate-forme Moyen-Orient. Il s’agit de missions d’enseignement (soutien scolaire, apprentissage de l’expression française), mais au-delà, il s’agit d’une expérimentation quotidienne du « vivre ensemble » qui fait mentir ceux qui prêchent la violence entre les communautés. Comme le raconte une ancienne envoyée, décrivant l’école où elle travaillait : « chrétiens et musulmans se côtoient dans le corps enseignants et chez les élèves (…) Dans cette société égyptienne fragmentée c’est, d’après moi, une bénédiction ! »

Retrouvez ci-dessous la présentation en vidéo de l’exposition :




Nouvelle-Calédonie : aider au dialogue

En Nouvelle-Calédonie, l’approche du référendum d’autodétermination prévu à l’automne 2018 cristallise les tensions après 30 ans de paix civile. Le protestantisme français, lié à l’histoire de l’archipel, a un rôle à jouer pour aider au dialogue. C’est la conviction qui a poussé à l’organisation de la conférence qui s’est tenue le 18 septembre dernier au siège de la Fédération protestante de France.


Septembre 2017 : les intervenants de la conférence sur la Nouvelle-Calédonie © F. Lefebvre, Défap

« En Nouvelle-Calédonie, l’évangélisation a précédé la colonisation », rappelle Vincent Bouvier devant la salle comble, où se tient une conférence sur l’avenir de l’archipel. Nous sommes au soir du 18 septembre, à la Maison du Protestantisme, à Paris ; et d’une phrase, celui qui fut Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie d’août 2014 à juin 2016, résume la profondeur des liens qui unissent les protestants de France à cette terre. La Mission de Londres y était présente avant le passage sous domination française ; forcée au départ, elle a passé le relais à la Mission de Paris, qui a aidé à vivre l’Eglise locale, mais aussi défendu l’identité Kanak au travers notamment des travaux de Maurice Leenhardt. Aujourd’hui encore, ces liens se concrétisent à travers le Défap par des échanges d’envoyés, de pasteurs, de groupes de jeunes. Lorsque le lycée Do Neva a été frappé par des inondations en novembre 2016, le Défap a lancé un appel aux Eglises de France. Comment ces liens pourraient-ils être utilement employés pour aider la Nouvelle-Calédonie alors qu’approche un référendum d’autodétermination vu avec inquiétude par une grande partie de la population ?

Silencieuses et attentives au sein du public, on trouve plusieurs personnalités fortement liées à l’histoire néo-calédonienne – tel Alain Christnacht, qui précéda de 20 ans Vincent Bouvier au poste de Haut-Commissaire. On trouve aussi des chercheurs, pasteurs, étudiants du programme ABS… Sur l’estrade leur faisant face, Bertrand Vergniol, secrétaire général du Défap, distribue la parole entre Vincent Bouvier, Jonathan Tholo, étudiant à l’école navale et figure de proue du programme ABS, et le pasteur Ben Houmbouy, de l’EPKNC (Eglise Protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie). Tous témoignent, à leur manière, de l’enjeu représenté par le référendum qui s’annonce à l’automne 2018, et qui devrait marquer la sortie des « Accords de Matignon ». La Nouvelle-Calédonie doit-elle devenir indépendante ? Faudrait-il préférer les solutions de « l’Etat associé » ou de « l’Etat fédéré » défendues par Jean-Jacques Urvoas ? La formulation même de la question qui sera posée suscite déjà les crispations, alimentant les craintes de violences entre pro et anti-indépendantistes à l’approche du vote. Il faudrait un patient travail d’explication pour déminer le débat, ce que les politiques locaux ne font pas.

« La question : indépendance ou non, est vue comme trop radicale »

Pour aller plus loin :
Nouvelle-Calédonie et protestantisme français : tisser des relations proches
ABS : Un programme de soutien aux étudiants de Nouvelle-Calédonie

Jonathan Tholo, aperçu d’une réussite

En introduction à la conférence, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, a voulu mettre des mots sur cet enjeu. Trois mots : confiance ; paix (« la paix qui n’est en rien une évidence ») ; et promesse (« nous voulons croire que la République française et la Nouvelle-Calédonie sauront tenir leur promesse »). Il y a ajouté une référence à la « sagesse des Eglises », qui « ont une responsabilité ». Puis, chacun des trois intervenants a été invité à décrire « sa » Nouvelle-Calédonie à travers plusieurs thèmes : quels ont été les faits marquants de ces 30 dernières années ? Comment sortir des « Accords de Matignon » ? Quelle est la place du religieux, et celle de la coutume? Que serait la Nouvelle-Calédonie de mes rêves dans 50 ans ?

Pour Jonathan Tholo, né après les accords de Matignon, arrivé en métropole il y a 7 ans pour ses études, la Nouvelle-Calédonie reste évidemment « le plus beau pays du monde », comme il le postule avec une pointe d’auto-dérision. Il décrit un pays multiculturel, « un « melting-pot » ethnique, religieux, construit sur un passif lourd », où les jeunes des diverses communauté vivent plus facilement ensemble que leurs aînés (« Je n’ai pas connu ces années où le Caldoche était un ennemi »), ce qui n’occulte ni le problème de la hausse de la délinquance, ni celui du suicide des jeunes.

Intervention du public lors de la conférence sur la Nouvelle-Calédonie © F. Lefebvre, Défap

Le pasteur Ben Houmbouy, s’il admet que « nous sommes une population multiraciale », nuance : « On se tolère, mais c’est un destin sans relation. Il n’y a pas loin de la tolérance à l’indifférence. On parle de destin commun, mais ça reste plutôt un slogan ». Vincent Bouvier rappelle enfin que les « Accords de Matignon », après la violence des « événements » qui avait culminé en 1988 lors de la sanglante prise d’otages d’Ouvéa, ont permis 30 ans de paix civile. Et il insiste sur le contexte qui pèse sur le référendum à venir. Contexte géographique : un archipel à 18.000 km de la France, proche de grands voisins comme l’Australie qui guettent de près ce qu’il adviendra de l’influence française dans le Pacifique. Contexte économique : le nickel est un enjeu stratégique et politique majeur (la Nouvelle-Calédonie concentre 25 % des ressources mondiales connues). Contexte social : les inégalités restent fortes. Si les accords de Matignon et Nouméa ont offert à la Nouvelle-Calédonie une grande autonomie, ont permis l’émergence d’une citoyenneté néo-calédonienne, de nombreux conflits sociaux continuent à se régler dans les locaux du Haut Commissariat, même en l’absence de compétence officielle de l’Etat…

« La religion a un rôle majeur à jouer »

Les intervenants de la conférence, réunis autour du secrétaire général du Défap © F. Lefebvre, Défap

Dans ce contexte, souligne l’ancien Haut-Commissaire, « un référendum posé de façon binaire risque de déboucher sur une situation de tension ». Jonathan Tholo renchérit : «  la question : indépendance ou non, est vue comme trop radicale par les jeunes, qui veulent voter, s’impliquer, mais redoutent les conséquences ». Pour le pasteur Ben Houmbouy, « chacun a peur. Les indépendantistes, qui attendent depuis longtemps ce vote, ont peur d’échouer dans leur quête ; les non-indépendantistes, habitués à commander, ont peur de devoir obéir. Et chaque camp reste imparfaitement uni, relié par des motifs d’intérêt bien plus que par la recherche de l’intérêt commun ».

Mais à ces forces de division s’opposent de puissants ferments d’union. Des valeurs enracinées aussi bien dans la religion que dans la coutume et qui pourraient permettre, comme l’espère Vincent Bouvier, de trouver un socle suffisant pour faire dialoguer les positions apparemment les plus irréconciliables. « Ce sont des hommes d’Eglise, rappelle l’ancien Haut-Commissaire, qui ont permis, souvent en désaccord avec les autorités de l’époque, de poser un regard différent sur l’identité Kanak. La religion a un rôle majeur à jouer dans la gestion des tensions et le maintien du dialogue. » Dans cette terre où religion et relations coutumières s’imbriquent, les deux se renforcent pour faire vivre une communauté, ce qu’illustre Jonathan Tholo : « Dans la tribu dont je suis issu, le temple a sa place ; le pasteur est intégré au groupe, on lui donne un lopin de terre, on s’occupe de ses enfants… » Comme le résume Bertrand Vergniol, « les Calédoniens ont besoin d’un rien ; ce rien, ce pourrait être l’Evangile. C’est au nom de cet Evangile que Maurice Leenhardt était parti à Nouméa. »




Violences autour d’une vigne !

Méditation du jeudi 5 octobre 2017. Nous prions pour notre envoyé au Cameroun et pour tous les Camerounais

   « Écoutez une autre parabole :
Il y avait un propriétaire qui planta une vigne ; il l’entoura d’un mur, y creusa la roche pour le pressoir à raisin et bâtit une tour de garde. Ensuite, il loua la vigne à des ouvriers vignerons et partit en voyage.
Quand vint le moment de récolter le raisin, il envoya ses serviteurs aux ouvriers vignerons pour recevoir sa récolte. Mais les vignerons saisirent ses serviteurs, battirent l’un, assassinèrent l’autre et tuèrent un troisième à coups de pierres.
Alors le propriétaire envoya d’autres serviteurs, en plus grand nombre que la première fois, mais les vignerons les traitèrent de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils en pensant : « Ils auront du respect pour mon fils. » Mais quand les vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux : « Voici le futur héritier ! Allons, tuons-le et nous aurons sa propriété !» Ils le saisirent donc, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
« Eh bien, quand le propriétaire de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » demanda Jésus. Ils lui répondirent : « Il mettra à mort sans pitié ces criminels et louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui remettront la récolte au moment voulu. »
Puis Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu ce que déclare l’Écriture ?
« La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre principale. Cela vient du Seigneur, pour nous, c’est une merveille !»
« C’est pourquoi, ajouta Jésus, je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être confié à un peuple qui en produira les fruits
.  Matthieu 21,33-43

 

 


Source : Pixabay

 

La violence nous choque profondément, et notre réflexe est de nous en éloigner, identifiant les criminels à d’autres que nous-mêmes, et nous reconnaissant plutôt comme les nouveaux vignerons de la fin de la parabole, ceux qui « donneront au maître le produit de la récolte en temps voulu ».

C’est oublier que la tentation de la violence est récurrente dans l’histoire de l’humanité, et qu’elle nous concerne tous, chrétiens ou non.

Mais la tentation est une chose, le passage à l’acte autre chose.

Comment expliquer la folie meurtrière des premiers vignerons ? Par un manque de mémoire ? Peut-être ont-ils oublié, ou voulu oublier, que le bien qu’ils cultivaient ne leur appartenait pas ? Peut-être ont-ils caressé le doux espoir que le maître, ayant quitté le pays, n’y reviendrait jamais ? Mais au moment où ses envoyés d’abord, puis son fils ensuite, viennent réclamer son dû, comment n’ont-ils pas été arrêtés dans leur colère par « la crainte du Seigneur » ? N’ont-ils vraiment aucune conscience ? Le désir de posséder les a-t-il à ce point déshumanisés ?

De tous temps les prophètes, les témoins du Dieu vivant, ceux qui portent en son nom la vérité, la liberté, la justice et la miséricorde, ont été menacés, maltraités, tués par ceux qu’ils dérangeaient, qu’il s’agisse de foules en colère ou de défenseurs d’un système. Peu de temps avant sa passion Jésus rappelle cette réalité fondamentale qui le tuera lui aussi.

Que les nouveaux vignerons restent donc très vigilants ! Car eux-mêmes risqueront à leur tour d’oublier le maître et de devenir persécuteurs et meurtriers de ceux qui viendront les bousculer et leur demander des comptes au nom du maître.

Seul le souvenir que tout appartient à Dieu peut nous prémunir contre cette violence accaparatrice. La vigne de Dieu n’est la possession de personne, tous sont appelés à la cultiver, à la soigner pour l’amour du maître, et pour l’offrir aux générations à venir.

 

 

Nous prions pour notre envoyé au Cameroun et pour tous les Camerounais avec cette prière qui nous vient de l’Eglise Evangélique du Cameroun

 

 

Voici le jour du Seigneur. Qui viendra dans sa maison ?
Qui s’approchera ?
Celui qui se confie au Seigneur.
Qui veut vivre en sa présence ?
Qui veut marcher avec lui, sans se détourner ?
Celui qui se confie au Seigneur.
Qui veut vivre dans la paix,
Confiant en son prochain dans la charité ? Celui qui se confie au Seigneur.
Qui cesse de jeter l’opprobre
Sur son frère, son prochain Pour sauver son moi ? Celui qui se confie au Seigneur ?
Qui ne veut pas calomnier ?
Qui veut respecter son frère dans la vérité ?
Celui qui se confie au Seigneur.
Qui ne se rétractera pas ?
Qui ne dira oui et non ? Qui s’humiliera ? Celui qui se confie au Seigneur.
Qui saura donner vraiment,
Sans chercher son intérêt Pour aider son frère ? Celui qui se confie au Seigneur.

Expressions de foi de l’Eglise universelle 1987

 

Source : Pixabay 

 

 




Les brocanteurs de la mission

Photo de la dernière édition de la « vente des missions » © Enno Strobel, UEPAL

C’est une ruche qui bourdonne : en ces derniers jours avant le traditionnel grand rendez-vous du premier week-end d’octobre, des centaines de bénévoles s’activent. Ils sont généralement entre 250 et plus de 300. La préparation de la « vente des missions » s’étale tout au long de l’année ; mais la dernière semaine voit nombre des participants occupés à plein temps. Il faut aller collecter, transporter et stocker les dons, trier, déplacer des meubles, des cartons de vêtements, de livres ou de vaisselle jusque vers les stands…

Tous les articles proposés à la vente sont issus de dons provenant de l’ensemble des paroisses de la Communauté urbaine de Strasbourg et de paroisses environnantes. Il a donc fallu les recueillir jusqu’à des dizaines de kilomètres de la ville. Des camions vont les chercher et les déchargent tout au long de la journée. Il a aussi fallu trouver à les entreposer avant la vente… Une logistique éprouvée.

Une ambiance joyeuse et bon enfant

Pour aller plus loin :
Les bénéfices de la vente des missions pourront permettre le soutien d’un foyer d’accueil pour enfants handicapés en Afrique du Sud, ou du travail social auprès des réfugiés syriens à Beyrouth (Liban) : en tout, 28 projets de solidarité ont été choisis cette année par l’UEPAL sur proposition de sa Commission Mission. Pour plus d’informations, cliquez sur l’image ci-dessus pour télécharger le PDF de présentation ou rendez-vous sur le site de l’UEPAL.

Et il n’y a pas que les meubles ou bibelots : la liste de ce qui se vend et s’achète tient du joyeux bric-à-brac… Sacs à main, chaussures, casseroles, antiquités, bijoux, jouets, électroménager, timbres ; ou encore des fruits et légumes, des fleurs… On peut aussi manger sur place, bien sûr : les stands proposent snacks, crêpes, pâtisseries, boissons… Le tout dans une ambiance joyeuse et bon enfant.

Voilà plus d’un demi-siècle que l’opération contribue à financer l’effort missionnaire des Églises d’Alsace. Grâce à cette mobilisation des bénévoles des paroisses de la région de Strasbourg, et grâce aux dons, ce vaste marché provisoire qui se tient traditionnellement dans les locaux et les jardins du foyer de la paroisse protestante de Neudorf permet de réaliser chaque année plusieurs dizaines de milliers d’euros de chiffre d’affaires : entre 50.000 et 70.000. Le tout en deux jours seulement…

Comme rien n’est acheté, et que les seuls frais engagés servent à payer la location des chapiteaux et du matériel pour les buvettes et les espaces restauration, plus de 80 % de l’argent récolté sera attribué directement aux divers projets soutenus par l’UEPAL.

Renseignements pratiques :

La vente des missions de l’Union des églises protestantes d’Alsace et de Lorraine a lieu au foyer de la paroisse protestante de Neudorf, 23, rue du Lazaret (tram ligne A, arrêt Krimeri ; autobus 14 et 24, arrêt rue du Lazaret). Stands ouverts de 10 h à 18 h le samedi, et de 10 h 30 à 18 h le dimanche.

 




Equipes Régionales Mission : quelles missions pour demain?

LA MEDITATION DU JEUDI
A retrouver chaque semaine sur le site du Défap

21 septembre 2017 : début de la réunion des ERM © Défap

« Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. » Les voilà donc tous cheminant, guettant une présence… et Jésus leur apparaît. « Allez », leur dit-il, « faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » C’est par une méditation sur cette scène de l’envoi en mission des disciples, rapportée dans le chapitre 28 de l’Evangile de Matthieu, que le pasteur Joël Dautheville, président du Défap, a tenu à ouvrir la réunion des Equipes Régionales Mission, le jeudi 21 septembre. Un texte qui était autrefois lu fréquemment lors des cultes d’envoi de missionnaires, et peut-être un peu délaissé depuis, ayant été trop associé à une forme historiquement datée de la mission. Pourtant ces quelques versets renferment, selon le président du Défap, « une pépite évangélique ». Car parmi les onze appelés par Jésus sur la montagne, « certains eurent des doutes ». Ils n’en ont pas moins été envoyés en mission comme les autres.

Comment faire mieux ressortir la dimension missionnaire ?

Pour aller plus loin :
Extrait de la règle des diaconesses de Reuilly
Présentation d’Oïkocrédit par Gaël Marteau
Rencontrez la maison, découvrez la mission

« Jésus connaît ses disciples », a souligné Joël Dautheville, « il ne les a pas recrutés sur des critères de performance en termes de foi. Il ne faut donc pas imaginer des missionnaires pétris de certitudes… » Aujourd’hui encore, c’est tels que nous sommes, avec nos interrogations, que nous sommes envoyés. Avec une assurance toutefois : celle de ne pas oeuvrer en vain, si notre travail « se mue en rencontre de Dieu ». Ce qui ressortait en filigrane de la lecture faite par le pasteur Florence Taubmann, responsable du service « Animation-Formation » du Défap, qui a cité lors du culte un extrait de la règle des diaconesses de Reuilly, au chapitre « travail ».

Quelles formes la mission doit-elle prendre aujourd’hui ? A quoi sommes-nous appelés ? Les interrogations ne sont pas absentes du travail des Equipes Régionales Mission. Tout au long de l’année, les ERM, composées de pasteurs et de laïcs, soutiennent la dynamique missionnaire des régions et des Églises locales ; les rencontres organisées à Paris sont l’occasion d’échanger des nouvelles, de coordonner les activités et, plus largement, de faire avancer les réflexions sur la Mission. Ce 21 septembre, le programme d’une grande partie de la journée était consacré à des échanges sur le rôle même du correspondant local en paroisse.

Le besoin de susciter des vocations

Florence Taubmann © Défap

La réflexion prenait pour base le « carnet de route » rédigé et distribué aux ERM par le Défap en 2011, un document unanimement jugé précieux comme outil de travail et très complet… mais ayant besoin d’être adapté à un contexte qui évolue, tant dans sa forme que pour le fond. Après un début de matinée consacré à une présentation d’Oïkocrédit par Gaël Marteau, les échanges se sont engagés vers 11 heures sur une lecture approfondie de ce « Cahier du correspondant local Défap », avec une première question cruciale : ce nom de « correspondant » est-il encore adapté ? Comment trouver un terme faisant davantage apparaître sa dimension missionnaire ?

Ce travail engagé dans la matinée devait se poursuivre l’après-midi, après la projection d’un film présentant les activités du Défap – Service protestant de mission, en s’attachant à trois aspects : l’aspect communautaire (comment le Défap est-il vu dans les Eglises locales ?), la jeunesse, et le programme Mosaic. Mais les réflexions ont vite pris la forme d’échanges très libres sur la problématique des relations avec les catholiques ou d’autres Eglises protestantes, sur la formation des pasteurs à la mission, voire sur l’influence que peut avoir la « laïcité à la française » sur le témoignage. Avec quelques constats partagés : la mission devrait être une préoccupation centrale de l’Eglise locale. Et une dynamique à poursuivre : faire bouger le curseur entre institutionnel et vocationnel, pour favoriser ce dernier.




Malgré nos « oui-non » et nos « non-oui » Dieu ne démissionne pas !

Méditation du jeudi 28 septembre 2017. Nous prions pour notre envoyé à La Réunion et pour tous les habitants.

   « Que pensez-vous de ceci ? ajouta Jésus. Un homme avait deux fils. Il s’adressa au premier et lui dit : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans la vigne. »
« Non, je ne veux pas », répondit-il ; mais, plus tard, il changea d’idée et se rendit à la vigne.
Le père adressa la même demande à l’autre fils. Celui-ci lui répondit : « Oui, père, j’y vais », mais il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté de son père ? »
— « Le premier », répondirent-ils.
Jésus leur dit alors : « Je vous le déclare, c’est la vérité : les collecteurs d’impôts et les prostituées arriveront avant vous dans le Royaume de Dieu. Car Jean-Baptiste est venu à vous en vous montrant le juste chemin et vous ne l’avez pas cru ; mais les collecteurs d’impôts et les prostituées l’ont cru. Et même après avoir vu cela, vous n’avez pas changé intérieurement pour croire en lui. » Matthieu 21,28-32

 

 


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L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit un adage populaire. Jésus tape dans le mille avec le deuxième fils de la parabole, celui qui dit oui et ne fait pas ce qu’il dit. Pourquoi ?

Ne le taxons pas trop vite d’hypocrisie, à moins que nous ne soyons nous-mêmes des hypocrites ! Est-ce par légèreté, par oubli, par peur ? Est-ce un émotif qui réagit trop vite puis regrette de s’être engagé ? En tout cas il ne tient pas son oui. Cette faiblesse, cette dissolution de sa volonté peuvent nous faire penser à l’aveu de l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains : « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire. » Il y a quelque chose – Paul l’appelle le péché – qui provoque en nous une sorte de déviation, laquelle, au bout du compte, nous étonne parfois nous-même, et nous conduit à l’aveu de notre impuissance, et au repentir. Alors nous appelons Dieu à notre aide.

A l’opposé, le premier fils dit non et fait quand même. Pourquoi ?

Son refus peut nous rappeler, avec humour, toutes les Marthe – pour être paritaires ajoutons les Martin ! – qui ont mille raisons de bougonner, de se plaindre, de trouver injuste le maître de la vigne qui les sollicite toujours, eux. Alors ils ont envie de refuser, ou de se dire que c’est la dernière fois qu’ils acceptent ! Mais au bout du compte ils réfléchissent et, témoins et serviteurs dans l’âme, finissent par se précipiter pour cueillir et partager les fruits de la vigne.

Les deux fils, que l’on retrouve si souvent dans la Bible, représentent bien une seule et même humanité. Jésus nous invite à une juste conscience de nous-mêmes, libérée de la vanité de ceux qui se croient justes, et de la honte de ceux qui ne se pensent que mauvais. Comme les prostituées et les péagers de l’évangile, c’est par la confiance en Dieu que nous recevrons son pardon et que nous nous sentirons libérés pour une vie renouvelée.

 

Nous prions pour notre envoyé à la Réunion et pour tous les habitants, avec cette prière d’un bâtisseur de cathédrale anonyme du XIIe siècle.

 

 

Mon Dieu,
Apprends-moi à bien user du temps que tu me donnes pour travailler et à bien l’employer sans rien en perdre.
Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge.
Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement.
Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix.

Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible.
Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention.
Et surtout comble toi-même les vides de mon œuvre.

Dans tout labeur de mes mains, laisse une grâce de toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même.

Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur.
Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil.
Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien.
Enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de ma main t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant.

Rappelle-moi que si je fais par goût du profit comme un fruit oublié, je pourrirai à l’automne.
Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe, je fanerai au soir.
Mais si je fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien.
Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite.

 

Source : Pixabay 

 

 




L’hommage d’Emmanuel Macron aux protestants, «vigies de la République»

Emmanuel Macron s’exprimant lors du colloque « Protestantismes convictions et engagements » (capture écran de la conférence de presse diffusée sur Twitter)

Lorsqu’il s’exprime en public, Emmanuel Macron n’est jamais aussi à l’aise que dans le cadre d’un débat. Vendredi soir, il a donc en grande partie improvisé son intervention d’une quarantaine de minutes donnée à la Mairie de Paris, pour répondre aux questions que venaient tout juste de lui poser ses hôtes. Le chef de l’Etat s’exprimait au soir du premier jour du colloque « Protestantismes convictions et engagements » organisé par la Fédération protestante de France. Et qu’il s’agisse de questions liées à l’Europe, à la politique migratoire, au climat ou à la révision des lois de bioéthique, dans tous les grands enjeux politiques actuels, il a demandé aux protestants de faire entendre leur voix. Au nom même de la laïcité…

L’apport du protestantisme dans la société, a souligné le président, se mesure à travers de nombreux indicateurs comme la promotion de la conscience individuelle, l’essor de la démocratie participative, le libéralisme politique et économique ; mais il ne peut être séparé de la foi. « Comme président d’une République laïque, je serais tenté de saluer l’œuvre séculaire des protestants pour les libertés en France. Ce serait éluder quelque peu ce qui vous réunit ici : dans une réflexion commune menée dans le cadre de ces 500 ans de la Réforme et ce serait éluder votre foi. (…) Ma conviction profonde est que je ne rendrais nullement service à la laïcité si je m’adressais à vous comme à une association philosophique. Votre identité de protestants ne se construit pas dans la sécheresse d’une sociologie, mais dans un dialogue intense avec Dieu et c’est cela, ce que la république respecte. »

«  La laïcité, ce n’est pas une religion d’Etat »

Pour aller plus loin :
Quel rôle peuvent jouer les protestants dans la société ? (Réforme)
Retrouvez en vidéo l’intégralité de l’intervention du chef de l’Etat

« Vous me pardonnerez de redire ici ce que j’ai déjà dit ailleurs au sujet de cette laïcité dont trop souvent on méconnaît la nature », a insisté le chef de l’Etat ; « mais ce combat n’est jamais terminé. On ne redira jamais assez les mots d’Aristide Briand, rapporteur de la loi (de 1905, ndlr), pour définir la neutralité laïque consistant, je le cite, à « ne rien faire qui soit une atteinte à la libre constitution des Eglises ». La laïcité, ce n’est pas une religion d’Etat ; c’est une exigence politique et philosophique. » Ce n’est pas non plus « la dilution des croyances » mais « la capacité à faire dialoguer les religions dans un débat fécond ».

C’est en s’appuyant sur cette conception d’une laïcité ouverte que le président fait appel à l’éclairage des religions dans certains débats qui pourraient diviser la société. Citant volontiers son « maître », le philosophe Paul Ricœur, il a loué le rôle des « confrontations utiles » afin de trouver des « consensus féconds ». Exercice dans lequel le protestantisme français, qui a su « faire coexister sous un même toit, dans une foi partagée, des pratiques différentes, des conceptions sociales et morales parfois divergentes », a su montrer sa « vitalité démocratique et intellectuelle ». Aussi, a souligné le chef de l’Etat,  « nous avons besoin que vous restiez les vigies de la République ». Il a même formé ce vœu pour les protestants : « Pour les 500 prochaines années, en tout cas les cinq ans à venir, ne cédez rien, restez tels que vous êtes. »

Parmi ces débats qui pourraient diviser, il y a par exemple ceux qui s’annoncent dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, en 2018. « Notre société bouge, se transforme, elle a à aborder des profonds changements » a souligné le chef de l’Etat. Mais « la manière que j’aurai d’aborder ces débats ne sera en rien de dire que le politique a une prééminence sur vous et qu’une loi pourrait trancher ou fermer un débat qui n’est pas mûr. J’ai sur certains de ces sujets pris des engagements durant la campagne présidentielle. J’ai aussi pris des engagements de méthode. » Concernant la question des migrants, un autre sujet sur lequel il avait été interpellé, peu avant son intervention, par le président de la Fédération protestante de France, le pasteur François Clavairoly, Emmanuel Macron a répondu : « Je n’oublie pas dans quelles conditions j’ai été élu par le peuple français. Je n’oublie pas le souffle chaud des extrêmes. »

Un colloque et des rendez-vous pour les 500 ans de la Réforme

Le colloque « Protestantismes convictions et engagements », organisé par la Fédération protestante de France, était un événement accueilli par la Mairie de Paris à l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme. Ce rendez-vous international, historique et interreligieux réunissait les meilleurs spécialistes de l’histoire du protestantisme en France et dans le monde. A l’occasion du lancement de ce colloque, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, s’est aussi entretenu avec l’hebdomadaire Réforme sur le thème du rôle des protestants dans la société. La FPF a également présenté vendredi les autres initiatives programmées tout au long de l’année 2017 pour marquer les 500 ans de la Réforme, que l’on peut retrouver dans cet article de La Croix.

 




Protestantismes, convictions et engagements

Qui sont les protestants aujourd’hui ? Quels sont leurs engagements ? Des questions qui intéressent l’ensemble du monde protestant et sur lesquelles sont conviés à intervenir une pléiade de chercheurs et d’acteurs du protestantisme. C’est dans le décor prestigieux des salons d’honneur de la Mairie de Paris que se déroule sur deux jours, à partir de ce vendredi 22 septembre, ce colloque organisé par la Fédération protestante de France dans le cadre de l’année « Protestants 2017, 500 ans de Réformes, Vivre la fraternité ».

L’affiche du colloque © FPF
Le colloque « Protestantismes convictions et engagements », organisé par la Fédération protestante de France, est un événement accueilli par la Mairie de Paris à l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme. Ce rendez-vous international, historique et interreligieux réunit les meilleurs spécialistes de l’histoire du protestantisme en France et dans le monde. Un moment pour valoriser et comprendre la diversité et l’engagement du protestantisme à travers les siècles.

A l’occasion du lancement de ce colloque, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, s’est entretenu avec l’hebdomadaire Réforme sur le thème du rôle des protestants dans la société. La FPF a également présenté vendredi les autres initiatives programmées tout au long de l’année 2017 pour marquer les 500 ans de la Réforme, que l’on peut retrouver dans cet article de La Croix.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité des événements qui jalonneront le colloque « Protestantismes convictions et engagements », que la FPF propose de suivre en #FacebookLive sur sa page.

 

Vendredi 22 septembre

14 h 00

Pour aller plus loin :
Quel rôle peuvent jouer les protestants dans la société ? (Réforme)
Suivez en direct la conférence sur la page Facebook de la FPFLe programme du colloque en pdf

Inauguration

Avec Anne Hidalgo, François Clavairoly, Patrick Cabanel

 

 

14 h 30 – 16 h 00

Luther et le déploiement de la Réforme

Avec Matthieu Arnold, Marc Lienhard, Thomas Maissen. Séance présidée par Laurent Theis (SHPF).
Trois grands spécialistes, dont les deux récents biographes français de Luther, reviennent sur les origines de l’homme, de l’œuvre, du mouvement, qui ont changé la face du christianisme. 500 ans après, il convient de repartir de l’an 1 de cette histoire.

16 h 00 – 16 h 15

Les protestants 500 ans après la Réforme. Fidélité et liberté

Par le professeur Michel Bertrand.
Présentation de l’ouvrage collectif initié par la Fédération protestante de France sous l’égide du professeur Michel Bertrand. Plus de 50 auteurs, de toutes les sensibilités du protestantisme présentent : le protestantisme actuel dans sa diversité, ses convictions théologiques, ses différents lieux d’engagement, les questions qui font encore débat en son sein. Un livre prestigieux très richement illustré

16 h 30 – 18 h 00

Diversité des Réformes

Avec Neal Blough (anabaptistes), Marianne Carbonnier-Burkard (calvinisme et zwinglianisme), Bernard Cottret (la Réforme dans les îles britanniques). Séance présidée par Pierre-Olivier Léchot.
La caractéristique de « la » Réforme est qu’elle se déploie immédiatement au pluriel, puisqu’il n’y a plus d’unité hiérarchique centralisée. Scissiparité, ruptures, approfondissements, refondations… Contemporaines ou légèrement postérieures à celle, initiatrice de Luther, d’autres réformations se développent au 16e siècle, avec les anabaptistes dans le monde germanique, Zwingli et Calvin dans le monde helvétique (et français), l’anglicanisme en Angleterre, etc.

18 h 00 – 19 h 30

Au miroir des autres

Avec Philippe Joutard (catholicisme), Rachid Benzine (islam), Rita Hermon-Belot ( judaïsme), Michel Stravrou (orthodoxie). Table ronde animée par Isabelle de Gaulmyn (La Croix).
La Réforme s’est évidemment développée dans l’histoire générale du christianisme et des autres confessions ou religions présentes en Europe ou à ses portes. Quels regards le catholicisme, l’orthodoxie, le judaïsme, l’islam, ont-ils jetés sur ce nouveau christianisme ? Leur apparaissait-il comme plus éloigné, ou plus proche ?

19 h 00 – 19 h 30

Conférence de presse au salon G. Bertrand

20 h 00 – 23 h 00

Soirée « Protestantismes, musique et fraternité »

 

 

Samedi 23 septembre

9 h 30 – 11 h 00

Arts et culture

Katarina Schächl (Musique), Olivier Millet (Littérature), Isabelle Saint-Martin (Images), Mark Alizart (Cinéma). Séance présidée par Éric Aeschimann (L’obs).
Le protestantisme, comme toute religion, est aussi un mouvement culturel. Il y a peut- être une musique, une littérature, une esthétique, une cinématographie protestantes. À partir de quels critères les définir ? Quelles œuvres capitales expriment-elles le mieux ce rapport entre une confession et une culture ? Quatre spécialistes interviendront sur autant de domaines clé.

11 h 30 – 13 h 00

Protestantisme et modernité

Jean Baubérot (laïcité), Valentine Zuber (droits de l’homme), Jean-Paul Willaime (la façon protestante d’être religieux), Gabrielle Cadier-Rey ( femmes et féminisme). Séance présidée par Hubert Bost (EPHE).
Depuis le sociologue Max Weber, et dès auparavant, on avance que le protestantisme serait la religion matrice de la modernité : pluralisme, sécularisation, laïcité, droits de l’homme, féminisme… Le « mythe » doit être revisité, il le sera par quelques-uns des meilleurs spécialistes du protestantisme, de la laïcité, de la modernité.

14 h 30 – 16 h 00

Engagements citoyens

Olivier Christin, Céline Borello, Sébastien Fath, Grace Davie, Catherine Trautmann. Table ronde animée par Nathalie Leenhardt (Réforme).
« Mythe » voisin du précédent, le protestantisme aurait été la matrice de la démocratie, voire de la République et de la gauche. Tout est vrai, et tout est bien plus complexe ! Du XVI e siècle à nos jours, du protestantisme en révolution aux courants évangéliques d’aujourd’hui, présentés comme bien plus à droite, là encore les spécialistes nous aideront à revisiter les certitudes les mieux établies.

16 h 30 – 18 h 00

Engagements solidaires

François Dermange, Jean Fontanieu, Martin Kopp, Didier Sicard, Philippe Kabongo, Frédérique Harry. Table ronde animée par Corinne Lanoir (IPT).
Les « œuvres » hier, les oNG aujourd’hui : il existe une forte fécondité associative et sociétale dans le protestantisme, que l’on songe à la Cimade, à SoS-Amitiés, à la Fédération de l’Entraide Protestante, au Planning familial… Responsables et scientifiques aborderont ce riche panorama d’hier et surtout d’aujourd’hui.

18 h 00 – 18 h 30

Conclusions par Olivier Abel




Rencontrez la maison, découvrez la mission

Au Défap, l’hospitalité n’est pas un vain mot. Que ce soit pour voir ou revoir Paris, le Défap vous accueille désormais dans cette maison historique commune qu’est le service protestant de mission : jeunes avec leurs pasteurs, animateurs, catéchumènes, paroissiens…. Des week-ends et mini-séjours « découverte » sont dès à présent proposés.

Le bâtiment du Défap, vu depuis le jardin

Visiter la maison du service protestant de mission ? Et pourquoi pas ! C’est l’occasion d’un périple culturel qui met en lumière l’histoire des missionnaires protestants et permet d’éveiller la curiosité des jeunes visiteurs.

 

Pour préparer la visite, certains lanceront des discussions sur le sens des mots « mission » et « vocation » ou sur les raisons d’un départ en mission. A travers cette visite, vous pourrez ainsi suivre l’histoire des missions …et celles des missionnaires.

 

 

Découvrir concrètement la mission

L’étage des chambres, où peuvent dormir les visiteurs

 

Histoires d’autrefois, cartes du monde, portraits, chapelle, salon rouge, bibliothèque, bureaux, salle de cours, musée… la visite est riche et toujours orientée autour des missionnaires, des lieux de mission et des objets rapportés par les envoyés.

 

Ce périple permettra d’ouvrir les yeux et les oreilles sur les cultures d’ailleurs comme celles du Gabon, du Lesotho, de la Polynésie ou encore de Madagascar. C’est aussi l’occasion de découvrir concrètement ce qu’était la mission. Car dans la mission, il y a surtout cette idée que la communication peut dépasser toutes les frontières. Et la mission, c’est le cœur de la vocation de cette maison.

 

Renseignements au 01 42 34 55 55 ou par mail à animation@defap.fr.

Spécial jeunes : 5 mini-séjours de 2 ou 3 nuits au choix pour 15 euros par personne, petit déjeuner compris.

 

Vues de la chapelle et du Salon rouge




Aimons que Dieu soit bon pour les autres !

Méditation du jeudi 21 septembre 2017. Nous prions pour nos envoyés à Madagascar et pour tout le peuple malgache.

« Voici, en effet, à quoi ressemble le Royaume des cieux : Un propriétaire sortit tôt le matin afin d’engager des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux de leur payer le salaire habituel, une pièce d’argent par jour, et les envoya travailler dans sa vigne. Il sortit de nouveau à neuf heures du matin et en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire. Il leur dit : « Allez, vous aussi, travailler dans ma vigne et je vous donnerai un juste salaire. » Et ils y allèrent. Le propriétaire sortit encore à midi, puis à trois heures de l’après-midi et fit de même. Enfin, vers cinq heures du soir, il sortit et trouva d’autres hommes qui se tenaient encore sur la place. Il leur demanda : « Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans rien faire ?» « Parce que personne ne nous a engagés », répondirent-ils. Il leur dit : « Eh bien, allez, vous aussi, travailler dans ma vigne. »

« Quand vint le soir, le propriétaire de la vigne dit à son contremaître : « Appelle les ouvriers et paie à chacun son salaire. Tu commenceras par les derniers engagés et tu termineras par les premiers engagés. » Ceux qui s’étaient mis au travail à cinq heures du soir vinrent alors et reçurent chacun une pièce d’argent. Quand ce fut le tour des premiers engagés, ils pensèrent qu’ils recevraient plus ; mais on leur remit aussi à chacun une pièce d’argent. En la recevant, ils critiquaient le propriétaire et disaient : « Ces ouvriers engagés en dernier n’ont travaillé qu’une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d’une journée entière de travail sous un soleil brûlant !» Mais le propriétaire répondit à l’un d’eux : « Mon ami, je ne te cause aucun tort. Tu as convenu avec moi de travailler pour une pièce d’argent par jour, n’est-ce pas ? Prends donc ton salaire et va-t’en. Je veux donner à ce dernier engagé autant qu’à toi. N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon argent ? Ou bien es-tu jaloux parce que je suis bon ?» Ainsi, ajouta Jésus, ceux qui sont les derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers. »   Matthieu 20,1-16

 


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Les qualités du maître : justice et bonté.

Dans notre récit la justice du maître s’exprime par le contrat qu’il conclut avec chaque groupe d’ouvriers : ceux qu’il engage à la première heure, puis à 9 heures, à midi, et à 3 heures de l’après-midi. La justice est indispensable pour la construction d’une société. Elle permet des relations fiables entre les personnes. Le contrat en est une figure.

Mais la stricte justice ne suffit pas. Si elle avait été appliquée par le maître, les derniers ouvriers n’auraient pas eu de quoi vivre et faire vivre leur famille. D’ailleurs les premiers ouvriers ne contestent pas cet aspect des choses. Ils demandent simplement à rester dans le domaine de la justice et à recevoir un salaire revu à la hausse, proportionnel à leurs heures de travail.

Or si le maître revendique sa justice pour respecter le contrat qu’il a établi avec eux, – une pièce d’argent par jour de travail – il revendique sa bonté pour améliorer le contrat passé avec les derniers ouvriers. Quant à ceux qui ont été embauchés à d’autres heures de la journée, rien ne nous est explicitement raconté.

Deux questions se posent :

  1. Aimons-nous la bonté du maître quand elle s’adresse aux autres et ne passe pas par nous ? Contrairement à la justice, que l’on peut prévoir et juger, la bonté est déstabilisante car elle relève de la liberté de celui qui l’exerce. Elle répare les failles de la justice en humanisant son application.
  2. Est-ce simplement fruit de la bonté que de donner les moyens de vivre à tout homme ? Cela n’est-il pas simplement juste, à partir d’une logique qui n’est pas le calcul selon le mérite, mais la responsabilité selon la nécessité ?

Un enseignement de la tradition juive raconte qu’Abraham, au moment de la destruction de Sodome, s’adressa à Dieu en lui disant : « Si tu accomplis strictement ta justice, ô maître du monde, alors le monde ne pourra jamais subsister, il sera entièrement détruit. Afin de préserver la vie, il faut que tu ajoutes ta miséricorde à ta justice. » Dieu nous fait grâce, car il choisit la vie !

 

 

Nous prions pour nos envoyés à Madagascar et pour tout le peuple malgache.

Tu débordes d’amour et nous calculons à l’économie.

Tu cours à notre rencontre et le premier pas déjà nous fatigue.
Tu t’engages sans compter et nous hésitons à donner même le petit doigt.
Alors que nous croyons être arrivés
Toi tu es là devant nous
Nous encourageant à te suivre.

Alors que nous avons tout classé définitivement
Toi tu sèmes à grands gestes et à larges mains
Faisant confiance à la semence qui va germer
Alors que nous risquons le marasme
Tu es source inépuisable.

Dieu, tu es merveilleux !

 

Source : Pixabay 

 

 




35 étudiants à la découverte du Défap

Un groupe d’étudiants de l’Institut Biblique de Nogent a été accueilli le mardi 19 septembre au 102 boulevard Arago. Le but de cette visite : découvrir la maison historique de la Mission de Paris, sa bibliothèque, incontournable dans l’étude de l’histoire des missions protestantes… Mais aussi comprendre ce qui se vit aujourd’hui à travers le Défap.

Septembre 2017 : les étudiants de l’Institut biblique de Nogent dans la chapelle du Défap © F. Lefebvre, Défap
Les visiteurs se sont assis en cercle dans la chapelle. Nous sommes au début de l’après-midi, en ce mardi 19 septembre, et un peu plus d’une trentaine d’étudiants de l’Institut Biblique de Nogent viennent de franchir la porte du 102 boulevard Arago avec les professeurs qui les accompagnent : Lydia Jaeger, Anne Ruolt et Etienne Lhermenault. Certains n’en sont qu’au début de leur cursus, d’autres sont en troisième année et ont déjà eu des cours d’histoire des missions ou de missiologie ; ils ont été accueillis dans la maison historique de la Société des Missions Evangéliques de Paris par trois des secrétaires exécutifs du Défap.

Debout au milieu du cercle, le pasteur Florence Taubmann, responsable du service « Animation-Formation » du Défap, désigne les murs de la chapelle et la grande carte de l’Afrique affichée face à la porte : « Ici avaient lieu les cultes d’envoi des missionnaires. Ceux qui partaient dans les colonies, durant la deuxième moitié du XIXème siècle, avaient souvent aussi un autre savoir-faire : ils étaient médecins, professeurs, photographes, infirmières… A l’image de Jésus qui soignait à la fois les âmes et les corps, ils vivaient pleinement cet aspect concret de l’Evangile en ne se contentant pas de transmettre un message. »

Un contexte qui a radicalement changé

Présentation de la bibliothèque par Claire-Lise Lombard (au premier plan) © F. Lefebvre, Défap

Certains de ces missionnaires ont ainsi mené des travaux incontournables en matière d’ethnographie ou de linguistique, comme Eugène Casalis au Lesotho ou Maurice Leenhardt en Nouvelle-Calédonie. Cette richesse de l’histoire de la mission, le Défap en est témoin aujourd’hui notamment à travers sa bibliothèque, seul centre de ressources en France spécifiquement consacré à l’histoire des missions protestantes. Les étudiants de l’Institut Biblique de Nogent sont d’ailleurs amenés à y chercher des documents au cours de leur formation.

Se familiariser avec la bibliothèque du Défap et découvrir la richesse de son fonds documentaire était donc, pour les étudiants, l’un des enjeux de cette journée, qui s’inscrivait dans le cadre des visites culturelles organisées chaque année par l’Institut Biblique de Nogent. Mais il s’agissait aussi de découvrir la mission telle qu’elle se vit aujourd’hui à travers le Défap, dans un contexte devenu radicalement différent de celui que connaissaient les premiers missionnaires de la SMEP.