En février dernier, la ville de Mananjary, sur la côte sud-est de Madagascar, était ravagée par un cyclone. Les destructions n’avaient pas épargné le Catja ni le centre Akany Fanantenana, deux centres accueillant des enfants abandonnés. En ce mois de septembre, huit mois après la catastrophe, les centres fonctionnent de nouveau, les principales réparations ont pu être faites, et les enfants ont pu faire leur rentrée. Une renaissance rendue possible par une solidarité du protestantisme français qui ne s’est pas démentie, et par un partenariat inédit entre plusieurs organismes protestants, notamment la fondation La Cause, le Défap, et ADRA.


À Madagascar, les élèves font leur rentrée en plein hiver austral. Mais à la même date que les élèves de France : dans la première semaine de septembre. À Mananjary, les traces du cyclone qui avait détruit la ville à plus de 80% au début du mois de février n’ont pas été entièrement effacées ; la rentrée des classes s’est faite sous des toits de tôle… mais elle a bien eu lieu. Il a fallu pour cela huit mois d’efforts ; et en ce qui concerne les petits pensionnaires des centres accueillant des enfants abandonnés, il a fallu aussi un soutien exceptionnel, venu en grande partie du protestantisme français.

Vue des réparations sur le toit du bâtiment de la direction du Catja © ADRA

Ces abandons sont nombreux et concernent surtout des fratries, dans cette partie de l’île qui connaît encore le tabou des jumeaux, le « fady kambana ». Il existe deux centres pour les accueillir. Le Catja, « Centre d’accueil et de transit des jumeaux abandonnés », fondé en 1987 par Auguste Simintramana, un chrétien étranger à ce territoire, sur une terre marécageuse et inhospitalière, elle-même soumise à un tabou. Et le centre Akany Fanantenana, fondé par un pasteur de la FJKM, l’Église réformée malgache, et par son épouse : Élia Rozy et son épouse Émilienne. Depuis l’origine, les liens entre ces centres et les protestants de France sont étroits. Les deux centres sont soutenus par la fondation La Cause ; les enfants recueillis, et qui n’ont aucun avenir à Mananjary, sont confiés à l’adoption internationale ; beaucoup des jumeaux abandonnés ont ainsi été adoptés par le biais de La Cause par des familles françaises. Ainsi au Catja, entre 1987 et 2006, sur 420 enfants adoptés, 300 l’ont été par des couples français. Il existe d’ailleurs une association, « Les amis du Catja », qui regroupe des familles françaises ayant adopté dans ce centre. Et si le Défap ne participe pas directement à ce soutien, les liens avec La Cause sont nombreux, de nombreuses missions communes associent des représentants du Défap et de La Cause à Madagascar ; et à Mananjary même, le pasteur Élia Rozy montre avec fierté aux visiteurs son livre d’or où figurent les signatures d’envoyés ou de permanents du Défap.

Pose d’une nouvelle charpente au Catja © ADRA

Quand le cyclone Batsirai s’est abattu sur Mananjary le 5 février 2022, les dégâts ont été colossaux. Non seulement sur les bâtiments, mais aussi sur les cultures, les élevages – tout un fragile écosystème nécessaire pour assurer le quotidien. Pour aider à reconstruire, il a fallu grouper les forces. Véronique Goy, du service Enfance de La Cause, a assuré le rôle de cheville ouvrière de ce grand chantier, auquel se sont associés divers organismes, notamment du milieu protestant. Il fallait assurer l’approvisionnement des centres privés de denrées vitales ; évaluer les dégâts et chiffrer les réparations ; prévoir un calendrier de reconstruction avec, en ligne de mire, la rentrée de septembre. Sur place, les ingénieurs d’ADRA, agence adventiste du développement et de l’aide humanitaire, se sont chargés des travaux d’expertise. Estimation des besoins de financement : 50.000 euros. Le Défap, La Cause, les Amis du Catja ont lancé des appels aux dons. La course contre la montre a commencé.

Réfection du plancher et de la toiture dans le logement des enfants du Catja © ADRA

Pour le Défap, c’était là un projet sortant de l’ordinaire : ses actions se développent généralement sur des années, à partir de projets co-construits avec ses partenaires (Églises ou institutions liées à des Églises) et concernent plutôt l’éducation, le développement rural ou la santé. Le Défap n’est pas spécialisé dans l’humanitaire d’urgence. Mais l’appel à la solidarité a été entendu. Les 50.000 euros nécessaires ont pu être réunis par les divers partenaires ; le Défap a contribué à hauteur de 11.500 euros, grâce notamment à l’engagement des paroisses de l’UEPAL. Pour permettre aux enfants du Catja et du centre Akany Fanantenana de retrouver des conditions de vie normale, il a fallu non seulement remettre des tôles sur les toitures, mais aussi, bien souvent, refaire des charpentes, vérifier la solidité de murs fragilisés par le cyclone et qui n’auraient peut-être pas supporté une réfection de toiture, refaire l’intérieur de bâtiments ravagés : les photos qui accompagnent cet article, et qui proviennent des ingénieurs d’ADRA sur place, donnent une idée de l’ampleur de la tâche.

Mise en place d’une dalle de béton sur un bâtiment du Catja © ADRA

Et au bout de huit mois, le pari a été gagné : les enfants de Mananjary ont pu faire leur rentrée… dans des conditions presque normales.

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