Jusqu’au 18 mai, une délégation de l’Église protestante méthodiste du Bénin est de passage en France – à Royan d’abord, puis à Paris. Il s’agit là de la première phase d’un échange entre l’EPMB et la paroisse de Royan, lancé à l’initiative de la pasteure Chantal Gohungo Vianou, elle-même d’origine béninoise. En novembre prochain, ce sont des protestants de Royan qui seront à leur tour reçus au Bénin, où l’EPMB est en pleine festivités des 180 ans de son implantation dans ce pays.

La pasteure Chantal Gohungo Vianou en compagnie des membres du conseil presbytéral de la paroisse EPUdF de Royan © FOMECAF (Forum des Médias Chrétiens d’Afrique Francophone)

Ils sont arrivés au 102 boulevard Arago à un peu plus d’une vingtaine, dans l’après-midi du 16 mai : les membres de la délégation de l’EPMB (Église protestante méthodiste du Bénin), après une dizaine de jours passés à Royan, sont désormais à Paris pour achever leur voyage. Ils doivent encore s’entretenir avec le Secrétaire Général du Défap, Basile Zouma, et rencontrer les membres de l’Église Protestante Méthodiste de France-John Wesley (EPMF-JW), en compagnie de son animateur théologique Simon Évariste Assogba. Après cette visite à Royan et à Paris, ce sont des membres de l’EPUdF de Royan qui seront à leur tour, du 18 au 28 novembre, reçus au Bénin.

Cet échange entre Églises de France et du Bénin est révélateur des mouvements qui travaillent les Églises aujourd’hui, au nord comme au sud. Entre Églises, mais aussi au sein d’une même Église, l’interculturalité est une donnée de plus en plus présente. Le projet a ainsi été lancé à l’initiative de Chantal Gohungo Vianou, elle-même issue de l’EPMB et actuellement pasteure à Royan, où elle a pris la suite du pasteur d’origine américaine Douglas Nelson. L’échange a obtenu un financement de la Cevaa – Communauté d’Églises en mission (dont font partie à la fois l’EPMB et l’EPUdF), et aurait pu se tenir dès 2020-2021 s’il n’avait été retardé par les contraintes sanitaires dues à la pandémie de Covid-19. Il a aussi bénéficié d’un fort soutien à la fois au sein de la paroisse de Royan et de l’EPMB, dont le Secrétaire Général, le révérend Clément Akpaki, est venu en France avec une délégation comprenant six pasteurs – parmi lesquels le directeur du département de l’évangélisation, le directeur du département de la musique, une représentante des pasteurs femmes et un représentant des jeunes. Douze choristes, un journaliste et une représentante de l’union des femmes méthodistes complétaient le groupe. Quant à l’EPMF-JW, que la délégation venue du Bénin doit encore rencontrer avant la fin de cette première partie de l’échange, il s’agit d’une Église présente à Paris et liée à l’Église protestante méthodiste du Bénin. Elle fait partie de ces communautés implantées en France par des Églises autrefois issues des travaux de missionnaires européens, et devenues missionnaires à leur tour.

Comment apporter l’Évangile en dépassant le filtre de notre propre culture ?

La première partie de ce voyage, à Royan, a donné l’occasion de nombreux échanges et notamment de conférences-débats au cours desquelles les membres de la délégation ont pu présenter leur Église et ses stratégies d’évangélisation ; la pasteure Pascale Grosbras, du Défap, a animé une rencontre sur le thème « Penser l’Église universelle pour aujourd’hui et demain », à partir de Matthieu 28, 18-20. Avec, au cœur de son intervention, cette question récurrente, et qui constitue tout l’enjeu de la théologie contextuelle : comment apporter l’Évangile quelque part, en dépassant le filtre de notre propre culture ou de celle des personnes auxquelles on s’adresse ? Y a-t-il un « noyau pur » qu’on puisse transmettre ? Et comment ?

Au cours de la deuxième partie de cet échange, qui verra une délégation de la paroisse de Royan se rendre au Bénin, les membres de l’EPUdF pourront découvrir sur place une Église qui a lancé depuis début 2022 les festivités des 180 ans de son implantation dans ce pays. Le 6 mars 1843 marque en effet l’acte de naissance officiel de l’Église protestante méthodiste du Bénin, fondée au Dahomey (ancien nom du Bénin) par le pasteur Thomas Birch Freeman, dans la lignée de John Wesley, fondateur du méthodisme mondial. Aujourd’hui, l’Église protestante méthodiste du Bénin compte 320 pasteurs, plus de 4000 prédicateurs, 980 temples ainsi que de nombreux centres de santé, écoles et une université. Et elle revendique plus d’un million de fidèles sur les douze millions de personnes que compte la population béninoise.
 

© YouTube / Bénin Eden TV – Synode de l’église protestante méthodiste du Bénin, 2020

Le Bénin est un pays où le Défap a de nombreux projets en lien avec l’EPMB. Il avait ainsi permis la mise en place d’un échange entre pasteurs, mené dans le cadre d’un stage de formation de la CPLR (Commission Permanente Luthéro-Réformée). Les participants de cet échange avaient par la suite témoigné de leur expérience lors d’une table ronde organisée à Strasbourg, à l’occasion de l’édition 2017 de « Protestants en fête », sur la thématique de l’interculturel.

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