Après « Go to Togo », stage interculturel organisé en 2019 grâce à un partenariat entre la CPLR et le Défap dans la ville togolaise de Kpalimé, voici venue l’heure de la deuxième partie de cet échange. Elle associe, comme lors de la première partie, 24 pasteurs français et togolais. Mais si l’étape togolaise avait été axée sur l’accompagnement pastoral des familles, celle qui va se dérouler au Défap sera, elle, placée sous le thème de la guérison.


Douze pasteurs de France et douze du Togo ; tous réunis durant une dizaine de jours pour échanger et se former à propos d’un thème crucial pour leur pratique pastorale quotidienne… L’opération évoque fortement le stage « Go to Togo » organisé en 2019, et pour cause : les participants sont les mêmes et cette rencontre est la suite logique de celle qui avait eu lieu à Kpalimé. Mais alors qu’en mars 2019, les pasteurs togolais accueillaient leurs collègues français, cette fois-ci, ce sont les Togolais qui seront accueillis. Cette session retour se déroulera du 7 au 17 juin au siège du Défap, au 102 boulevard Arago, à Paris.

Ces échanges hors des cadres habituels et par-delà les frontières sont organisés par la CPLR (la Communion luthéro-réformée), en collaboration avec le Défap. En mars 2019, la thématique en était l’accompagnement pastoral des familles. Fruit d’une initiative commune de l’Église évangélique presbytérienne du Togo (EEPT) et du Défap, cette première partie du stage CPLR s’inscrivait alors dans le prolongement de la réflexion lancée par la Cevaa à travers son Action Commune « Familles, Évangile et cultures ». Pour cette année 2022, le thème sera : « Miracles et guérisons, regards et enseignements ». Avec des intervenants comme Corina Combet Galand, bibliste et ancienne professeur en Nouveau Testament à l’Institut Protestant de Théologie de Paris ; la bibliste Christine Prieto ; Franck Agbi Awume, professeur en Nouveau Testament à la Faculté d’Atakpamé, au Togo ; Frédéric Chavel, dogmaticien et professeur à l’Institut Protestant de Théologie à Paris… Mais avec aussi des acteurs de terrain : les participants pourront ainsi s’entretenir avec Victor Azdra, aumônier des établissements sanitaires et médicaux-sociaux ; avec Jonathan Ahovi, pédopsychiatre, qui assure une consultation transculturelle à la Maison de Solenn à Paris ; Célin Nzambe, médecin congolais…

Il est à souligner que le thème des « miracles et guérisons » a été choisi par le groupe lui-même à la fin de la session à Kpalimé. Du côté togolais, il renvoie à la question de l’opposition (ou à l’inverse de la cohabitation possible) entre rituels de la tradition (y compris sorcellerie) et apports de l’Évangile. Comment ces deux réalités cohabitent-elles ou s’affrontent-elles dans le contexte africain ? Et du côté européen, la question de la guérison ou du miracle, traverse de manière contrastée les différents courants théologiques et spirituels : il peut ainsi être envisagé de manières très différentes dans des Églises de sensibilité luthéro-réformée ou évangélique… Dès lors, sur quelle vision du monde (rationalité / scientisme / mystère) s’appuient ces différents courants ? Comment sont lus les récits bibliques de miracles et de guérisons ?

Au bout du compte, si d’un point de vue biblique la donne miraculeuse est présente, comment s’articule-t-elle aux divers contextes culturels ? Et comment se déploie-t-elle dans un contexte d’interculturalité ?

Ne pas confondre la CPLR et le CPLR

Plus qu’un organe de formation, la CPLR est une communion d’Églises entre l’Église protestante unie de France et l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine. Si ses actions touchent à la formation permanente des pasteurs, elles concernent aussi la catéchèse et la coordination des représentations dans des instances œcuméniques nationales et internationales. La CPLR est héritière directe du CPLR (Conseil Permanent Luthéro-Réformé), dont l’existence avait en fait précédé les créations à la fois de l’UEPAL et de l’EPUdF. Créé en 1972 et lui-même issu d’une instance de dialogue dite «des Quatre bureaux», le Conseil Permanent Luthéro-Réformé réunissait alors quatre Églises protestantes de France, à savoir l’ERF (Église réformée de France), l’EELF (Église évangélique luthérienne de France), l’EPCAAL (Église protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine) et l’EPRAL (l’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine). Un rapprochement qui s’inscrivait dans un contexte européen de dialogue entre Églises de traditions luthérienne et réformée, dont la traduction la plus visible s’était manifestée dès 1970 par la signature de la Concorde de Leuenberg, texte d’accord théologique reprenant les grandes questions des sacrements (Baptême et Cène) et des ministères.

Les domaines d’intervention de la CPLR (formation, mission…) ont poussé depuis de nombreuses années à des rapprochements avec le Défap, service missionnaire des Églises luthéro-réformées (même si l’une des Églises membres du Défap, l’UNEPREF, n’a pas de liens avec la CPLR). Si la formation initiale des pasteurs est assurée par la faculté de Strasbourg en Alsace-Moselle, et par l’Institut Protestant de Théologie pour la « France de l’intérieur », la formation permanente, élément essentiel de la vie des pasteurs, est gérée depuis longtemps en commun grâce à la CPLR. Pour le Défap, il s’agissait de promouvoir les thèmes de la missiologie et les préoccupations liées à la mission dans le cadre de cette formation continue. Après diverses expériences d’échanges de pasteurs (par exemple, un pasteur français pouvait partir un mois au sein d’une Église béninoise, et en retour, un pasteur béninois pouvait venir en France), expériences qui se heurtaient souvent à la difficulté de rendre les pasteurs disponibles durant une période aussi longue, le Défap a décidé de s’insérer dans les stages de formation de la CPLR. Avec l’idée d’organiser tous les deux ans un stage en commun Défap-CPLR, le Défap s’occupant de l’animation internationale. C’est ainsi qu’ont été mis sur pied des stages au Sénégal, au Cameroun, au Maroc… Concrètement, le rôle du Défap est celui de facilitateur, en assurant les liens entre Églises côté français, ainsi que les liens Nord-Sud entre partenaires.

Pour aller plus loin :
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