Les boursiers du Défap vivent le confinement, éloignés de leurs proches. Ils nous font partager leur ressenti à travers un « billet d’humeur ».
Étienne Bonou est pasteur de l’Église protestante méthodiste du Bénin, chef du Service national de la formation des prédicateurs laïcs et pasteur d’une paroisse à Porto-Novo. À l’Université Protestante de l’Afrique de l’Ouest (UPAO), il est professeur de théologie pratique et directeur de l’Institut des sciences de l’éducation et de la pédagogie, ainsi qu’aumônier de l’UPAO.
« Mon âme, bénis le Seigneur et n’oublie aucun de ses bienfaits ! » (Ps 103,2)
C’est par ces paroles du psalmiste que je rends grâce au Seigneur qui me permet de faire une autre expérience de la vie dans ses multiples facettes. Et en tant que ministre et chercheur, il faut un regard pour penser, autrement peut-être, l’avenir.
En effet, étant en France depuis le 14 janvier pour un séjour de recherches et quelques heures de cours de théologie pratique à la faculté de théologie pour une période de trois mois, voici qu’apparait subitement un phénomène mondial qui défraie la chronique : le coronavirus (covid-19). Ce mal dévastateur défie l’humanité tout entière avec des dégâts humains incalculables. Aucun pays n’a réussi à le contrer. C’est alors que la France choisit l’option du confinement général pour tous, à compter du 17 mars 2020 à 12 h. Au niveau national, cette mesure implique l’arrêt des rassemblements et la limitation des activités professionnelles telles que définies par des lois d’état d’urgence sanitaire. Nous sommes totalement réduits dans nos activités et déplacements.
Mon projet, quand j’ai fini mes heures formelles de cours, était de participer à des cours, séminaires et colloques puis avancer considérablement dans mes recherches personnelles, mais hélas : stop, tout le monde descend ! Le covid-19 dicte sa loi ! Macron sonne le glas : « plus personne ne sort, restez chez vous !» c’est le confinement !
Pas de bibliothèque, plus d’activités spirituelles officielles et collectives. Mes activités sont limitées à l’exploitation des documents empruntés aux bibliothèques, aux recherches en ligne, à la célébration des cultes en téléconférence, aux prières (tous les soirs 18h-19h) et « cultes dominicaux » en ligne par les confinés du Centre universitaire protestant (une dizaine de personnes), au « forum hebdomadaire » (tous les jeudis 16h-17h) et aux temps de prière (trois fois par semaine : lundi- mercredi- vendredi) organisés par la faculté de théologie) toujours en ligne. Il faut ajouter la production et l’envoi hebdomadaires de mon émission « Préparons le culte du dimanche » sur Radio Hosanna la voix de l’Espérance, radio de l’Église protestante méthodiste du Bénin, une émission que les auditeurs écoutent avec passion et réclament chaque semaine même si je suis hors du territoire national.
Tout ça c’est bon ! Mais le grand hic se situe au niveau de mes recherches qui subissent un coup d’arrêt. Je n’avance pas comme je l’avais imaginé. En effet, à tout moment, des messages et appels fusent de toutes parts soit pour avoir de mes nouvelles, – pour savoir « si je ne suis pas encore contaminé !!! »- et mes proches sont inquiets mais prient pour moi et avec moi, soit pour avoir des renseignements fiables parce que je suis censé avoir les bonnes informations, soit encore pour intervenir, sensibiliser les familles, les membres de ma communauté, les amis etc afin de se protéger contre cette pandémie meurtrière, mortifère et dévastatrice. Toutes mes journées se passent dans le stress et la peur au ventre, et c’est plus grave encore lorsqu’il faut aller faire des courses. Dans les rues comme dans les magasins, tout porte à croire qu’on est dans une localité d’après-guerre : désastre, méfiance, inquiétudes, stress, etc !
Pour moi, cette situation de confinement est un événement à double face : d’une part, il signifie une privation de liberté allant jusqu’à la fermeture des églises. C’est comme une prison vraiment inconcevable et pourtant c’est une réalité : plus le confinement dure, plus on est inquiet pour la famille et les communautés restées au pays ; d’autre part c’est une expérience qui mérite d’être vécue, et en tant que pasteur, théologien et chercheur africain je me suis senti interpelé sur la question du sens de la précarité humaine face aux grandes endémies et le rôle qui doit être celui des Églises. A l’heure des technologies de l’information et de la communication, l’expérience des cultes par téléconférence est une interpellation pour les Églises africaines qui ploient aussi sous le joug de la fermeture des temples et où les fidèles sont désemparés.
Mais au-delà de tout, notre espérance, c’est que le Seigneur impose silence à cette ‘’tempête’’ pour sa gloire et le bonheur de ses créatures. C’est la raison d’être de mes moments de méditation et de prière.
Oh Seigneur, prends pitié enfin et sauve le monde maintenant. Amen !
Notre Dieu règne encore. A Dieu seul la gloire !
Vous pouvez relire le témoignage de Jean Patrick Nkolo Fanga en cliquant ici >>>
Vous pouvez relire le témoignage d’Adrien Bahizire Mutabesha en cliquant ici >>>