Le 3 octobre 2016, l’ouragan Matthew dévastait Haïti. Pertes humaines considérables, dégâts matériels, routes coupées, rivières débordées…malgré une grande mobilisation de la communauté internationale, l’aide peinait à se mettre en place. La Fédération des Ecoles Protestantes d’Haïti (FEPH) déclenchait alors son plan post-catastrophe, afin d’aider les familles qui avaient tout perdu. Qu’en est-il trois mois après le drame ? Le directeur exécutif de la FEPH, Christon St Fort, nous répond.

Depuis l’ouragan, quelles actions avez-vous pu mettre en place avec la FEPH ?

Par rapport à nos interventions, nous sommes soutenus par plusieurs Organisations Non Gouvernementales (comme le Défap, l’Unicef, Finn Church Aid, Tearfund…). Avec les aides reçues, nous avons pu procéder à l’évaluation rapide des dégâts. Nous avons également pu soutenir une centaine de familles, en apportant une aide d’urgence. Nous avons ainsi réhabilité 13 écoles dans les départements des Nippes, du Sud et de la Grande’ Anse, dans le sud-ouest de Haïti.

La semaine prochaine, nous démarrons un appui psycho-social pour les enfants qui ont été traumatisés par la catastrophe. Nous lançons aussi un programme de cantine scolaire et des kits scolaires. Ces kits (composés de fournitures, cahier, stylos…) ont été envoyés par l’Unicef. Nous allons également distribuer des manuels dans les écoles. Ici les enfants ont pratiquement tout perdu.

Mais les besoins sont encore immenses. 900 écoles environ ont été affectées par l’ouragan.

 


Intervention de la FEPH à l’école Bon Berger de Chambellan, DR

 


Ecole Bon Berger de Chambellan réhabilitée par la FEPH, DR

 

 

Selon vous, le pays était-il préparé à l’arrivée de l’ouragan ?

Je crois que cette « préparation » était mitigée. Quand on considère le cas de l’état haïtien, de grandes dispositions structurelles n’ont pas été vraiment prises pour faire face à ce genre de catastrophe. Je pense par exemple à ces abris provisoires validés par l’état haïtien…et qui n’ont pas résisté à la force des vents. Il faut reconnaitre que l’état haïtien a fait pas mal de prévention et de sensibilisation par rapport à l’ouragan.

La FEPH l’avait d’ailleurs félicité pour cet aspect sensibilisation. En tant que partenaire de l’état haïtien, nous avons pris l’habitude de faire des critiques constructives. Et je crois que l’état nous entend. La FEPH est un témoignage vivant. Même si cela peut prendre un peu de temps, notre voix est toujours écoutée.

En ce qui concerne la prévention, La FEPH, avec l’appui du Défap, s’était aussi lancée dans le transfert des compétences dans le domaine de l’éducation à la gestion des risques. Il y a, par exemple, un cadre de la fédération dans le département de la Grande Anse qui a été formé. Avant l’ouragan, il faisait des formations par rapport aux comportements à adopter en cas d’ouragan. L’intervention de la FEPH ne se situe pas seulement dans la réponse aux catastrophes, mais également dans la prévention.

Ce n’est pas seulement dans ce département que nous avons fait ce genre de formation. Nous avons touché plusieurs autres départements du pays. Il y a beaucoup à faire mais les ressources manquent.

 


Christon Saint Fort Prince au siège de la FEPH,
septembre 2015, DR


Trois mois après l’ouragan Matthew, que reste-t-il à faire ?

Il reste encore beaucoup à faire. Dans le domaine de l’éducation, par exemple, ce qui reste à faire concerne le retour des enfants à l’école. 50% des écoles endommagées n’ont pas été réhabilitées à ce jour ! Les enfants n’ont pas pu retourner à l’école. Quand on parle de « retour », on n’entend pas seulement les infrastructures mais aussi les fournitures scolaires (cahiers, stylos, livres…).

Avec les cultures fortement touchées, on craint aussi que l’insécurité alimentaire augmente dans les régions touchées. C’est pour cela que nous voulons faire des interventions dans le domaine de la cantine scolaire. 

 

De quelles aides avez-vous encore besoin ?

Nous recherchons des financements supplémentaires pour aider les écoles à se relever et, via le Défap et d’autres partenaires en France, des particuliers nous aident à réhabiliter les écoles et faciliter le retour en classe des enfants.

Aujourd’hui nous continuons à compter sur la solidarité internationale. Le Défap, par exemple, nous a soutenu depuis le début en collectant des dons en France. Nous les en remercions.

 

 

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