Cinq projets solidaires à soutenir en 2025

Chaque année, le Défap soutient des projets divers à l’international, permettant de répondre aux besoins locaux des communautés des Églises sœurs. Voici cinq projets qui s’inscrivent dans le cadre de cet engagement : renforcer les liens avec les partenaires et lutter pour la justice climatique et le respect de la dignité humaine. De l’acquisition d’un minibus pour le transport sécurisé des enfants, au renforcement de la formation théologique, en passant par le soutien à l’agroécologie, ces projets témoignent de l’importance ces actions de solidarité. Vous aussi vous pouvez soutenir ces initiatives pour contribuer à leur succès et à la transformation des vies dans ces communautés.

5 projets à soutenir en 2025 - Défap

1. Sénégal : soutien à la paroisse de Mbettite, un projet pour un avenir durable

Soutien à la paroisse de Mbetitte au Sénégal - Défap
Un champ au Sénégal © Photo de José Carlos Alexandre

Au cœur du Sénégal rural, la paroisse de Mbettite fait face à des défis économiques et environnementaux majeurs. Dans ce pays où l’agriculture dépend de trois mois de pluies annuelles, les rendements sont limités, fragilisant les conditions de vie des habitants.

Pour répondre à ces enjeux, la paroisse a initié un projet ambitieux visant à renforcer l’autosuffisance alimentaire et à générer des revenus durables. Concrètement, il s’agit de sécuriser un champ communautaire, d’y développer des pratiques agricoles durables (agroforesterie, maraîchage, élevage) et d’installer un mini-forage.

Ce projet ne se limite pas à l’agriculture : il contribue aussi à la cohésion sociale en rassemblant différentes confessions autour d’un objectif commun. Il lutte contre l’exode rural et l’immigration clandestine en offrant aux jeunes des perspectives locales. Grâce à l’engagement des agriculteurs et éleveurs de la région et à l’ouverture de la population aux initiatives de développement, ce projet pourrait bénéficier à environ 1100 habitants, soit toute la population du village.

En soutenant la paroisse de Mbettite, vous participez à un projet porteur d’espoir, d’autonomie et de résilience pour toute une communauté.

 

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2. RDC : préserver l’environnement et créer des opportunités, un projet pour les jeunes de Goma

RDC : Formation des jeunes à la création d'activités génératrices de revenus - Défap
Parc National des Virunga © Wikimedia Commons

Aux portes du Parc National des Virunga, la ville de Goma et ses environs sont confrontés à une déforestation massive. Face au chômage, de nombreux jeunes n’ont d’autre choix que de couper du bois dans le parc pour en faire du charbon destiné à la vente, mettant en péril cet écosystème unique. Cette surexploitation accentue les dérèglements climatiques, bouleverse les saisons agricoles et fragilise encore plus les populations locales.

Pour répondre à cette urgence, la Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique (CBCA) – paroisse Ndosho a lancé un projet innovant alliant formation et entrepreneuriat. L’objectif est double : sensibiliser les jeunes aux enjeux environnementaux et leur offrir des alternatives économiques durables. À travers des formations à la fabrication de foyers à cuisson améliorés (qui réduisent la consommation de bois), en pâtisserie et en entrepreneuriat, le projet permet à ces jeunes de développer des compétences et de créer leurs propres entreprises.

Grâce à un système de crédits rotatifs, les bénéficiaires reçoivent un soutien matériel et financier pour démarrer leur activité, avec un impact positif qui se propage bien au-delà des seuls participants : réduction de la pression sur les forêts, économie de bois pour les familles, et création d’emplois locaux.

Ce projet est une véritable solution d’avenir : il protège l’environnement tout en luttant contre la pauvreté et le chômage. Soutenir cette initiative, c’est contribuer à préserver l’un des joyaux naturels de l’Afrique et à offrir de nouvelles perspectives aux jeunes de Goma.

 

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3. RDC : achat d’un minibus pour le transport sécurisé des enfants de la crèche « La Graine »

Soutien à l'achat d'un minibus pour le transport sécurisé des enfants
La crèche « La Graine » © Paroisse Ndosho – ECC Nord-Kivu

À Goma, en RDC, l’insécurité croissante et la criminalité mettent en péril le quotidien des familles, en particulier celui des jeunes enfants. Le kidnapping est devenu une menace constante, obligeant les parents à redoubler de vigilance. Dans ce contexte, la crèche « La Graine » s’impose comme un refuge sûr, offrant un accueil sécurisé et éducatif aux enfants de 2 mois à 5 ans, tout en permettant aux mères de conserver leur emploi.

Mais un problème majeur subsiste : le transport des enfants. De nombreux parents doivent parcourir de longues distances pour amener leurs enfants à la crèche, souvent à pied ou sur des taxis-motos, exposant les plus petits à des risques d’accidents ou d’enlèvements. Face à cette réalité, l’acquisition d’un minibus devient une solution essentielle.

Ce projet vise à financer l’achat d’un minibus sécurisé pour :

  • protéger les enfants en leur évitant des trajets dangereux
  • faciliter la vie des parents, qui arriveront à l’heure au travail
  • faciliter l’accès à la crèche aux familles éloignées
  • renforcer la visibilité de la crèche, encourageant ainsi plus de parents à y inscrire leurs enfants.

Grâce à ce transport scolaire, les enfants pourront se rendre en toute sécurité à « La Graine » chaque jour, bénéficiant d’un cadre bienveillant et éducatif.

Soutenir ce projet, c’est offrir un avenir plus sûr aux enfants et soulager les familles de Goma.

 

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4. Togo : agroécologie et séchage solaire, une initiative durable du Secaar

 Togo : Compensation carbone - Promotion de pratiques agroécologiques durables - Défap
© Secaar

Le Secaar (Service Chrétien d’Appui à l’Animation Rurale), acteur majeur du développement rural, met en œuvre des solutions innovantes pour encourager une agriculture durable en Afrique. Face à l’usage intensif d’engrais chimiques et de pesticides, le Secaar lance un projet innovant à destination des agriculteurs et agricultrices pour :

  • Remplacer les produits chimiques de synthèse par des alternatives naturelles (biopesticides et compost)
  • Former les agriculteurs et agricultrices aux pratiques agroécologiques et au séchage solaire de légumes produits localement
  • Réduire l’empreinte écologique des exploitations agricoles en diminuant leurs émissions de gaz à effet de serre.

Grâce à cette initiative, le Secaar ne se contente pas de sensibiliser : il offre des solutions concrètes aux agriculteurs pour une production plus responsable et plus durable !

 

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5. RDC : renforcer l’enseignement théologique à l’UAC de Boma grâce à l’échange de professeurs

© UAC

L’Université de l’Alliance Chrétienne (UAC) de Boma, leader dans la formation des théologiens au Kongo Central (RDC), s’engage à offrir une éducation de qualité, alliant excellence académique et profondeur spirituelle.

Dans cette optique, un programme d’échange de professeurs avec l’Université Protestante au Congo (UPC) de Kinshasa a été mis en place. Depuis plusieurs années, huit enseignants de l’UPC viennent dispenser des cours essentiels en Théologie Systématique, Ancien Testament, Nouveau Testament, Théologie Pratique, Histoire et Missiologie.

Ce projet vise à renforcer ces échanges, en garantissant aux étudiants :

  • un enseignement de qualité
  • un accès aux dernières recherches et publications théologiques
  • une formation plus complète et plus rigoureuse, préparant efficacement les futurs pasteurs et théologiens.

S’inscrivant dans la dynamique des associations ASTHEOL (Association de formation théologique d’Afrique Centrale) dont I’UAC fait partie, ATIEA (Association des Institutions de formation théologique d’Afrique orientale) et ATISCA (Association des Institutions de formation d’Afrique australe et centrale), ce projet contribue également à la coopération entre les institutions théologiques africaines pour améliorer la qualité de la formation et favoriser le développement des enseignants et chercheurs.

Soutenir ce projet, c’est investir dans l’avenir de la formation théologique en RDC !

 

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« Les jeudis du Défap » en 2025 : les réflexions missiologiques et interculturelles reprennent

Les « Jeudis du Défap », ensemble de visio-conférences interactives lancées en 2024, reprennent de plus belle cette année avec 8 conférences qui mobiliseront des intervenants sur la scène internationale. Les dates sont désormais connues, les thématiques et les intervenants également.

Les "Jeudis du Défap" en 2025 : les dates

Vous avez aimé le concept l’année dernière ? Bonne nouvelle, cinq rendez-vous de plus vous sont proposés en 2025 pour vous exercer davantage à la réflexion missiologique et interculturelle. Les huit intervenants proviennent de divers pays (France, Cameroun, Togo, RDC, Congo), ce qui aura le mérite d’enrichir les points de vue et le partage d’expériences pendant ces moments à la fois chaleureux et instructifs.

Découvrez les dates, les sujets et les intervenants :

  • 13 février : Formation théologique et promotion / leadership des femmes dans l’église en Afrique, avec Gertrude KAMGUE TOKAM
  • 20 mars : Identité – hostilité – hospitalité, avec Olivier ABEL
  • 24 avril : Afropéanité et transformation du christianisme en Europe, avec Jeanine MOUKAMINEGA
  • 22 mai : Imaginaire et théologie de la reconstruction, avec Elom Komivi ALAGBO
  • 11 septembre : L’Afrique dans la bible, avec Lévi NGANGURA
  • 9 octobre : La femme dans l’Eglise en RDC ? Regard rétrospectif sur le rôle de la femme dans la société et dans l’église à l’époque coloniale. Le cas de la RDC, avec Robert BAHIZIRE
  • 6 novembre : La pratique du ministère de délivrance dans les Eglises d’Afrique…réalités, dangers et perspectives, avec Parfait-Benedict MADOUMBA
  • 11 décembre : Ethique protestante et proposition sociétale, avec Richard LENGO

Vous avez la possibilité de vous inscrire afin de recevoir les détails de chaque rencontre et choisir ou pas d’y participer.

 

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Pour rappel, chaque conférence est structurée de la manière suivante :

  • Un temps de conférence
  • Un temps de débat et de questions/réponses permettant à l’audience qui est connectée d’intervenir

Les replay sont disponibles quelques jours plus tard sur la page YouTube du Défap et sur notre site internet, ainsi qu’une retranscription.

Un lien d’accès vous sera communiqué si vous signifiez votre intérêt pour une conférence en vous y inscrivant.

 

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Vous avez assisté à une ou plusieurs conférences des « Jeudis du Défap » en 2024 ? Vos avis nous sont précieux ! Partagez-nous ce que vous avez pensé, dites nous si vous avez des thématiques que vous aimeriez voir abordées pendant ces moments.




RDC : l’Université Évangélique en Afrique face à la crise, un appel urgent à la solidarité

La République Démocratique du Congo (RDC) est de plus en plus confrontée à une situation sécuritaire préoccupante, notamment dans l’est du pays. Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont intensifié leurs attaques, menaçant des villes clés telles que Goma et Sake. Le Défap soutien plusieurs projets en RDC, il y est en relation l’Église du Christ au Congo et différentes universités. Le Professeur Benoît Amina Lwikitcha, doyen de la Faculté de Théologie protestante de l’Université Evangélique en Afrique, nous partage les inquiétudes des étudiants depuis l’aggravation des conflits et appelle à la solidarité internationale.

Vue d’une rue à Kinshasa © Défap

« L’Université Evangélique en Afrique (UEA), située à Bukavu, province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, sous la direction de la Rectrice, Professeure Ngongo Kilongo Fatuma, est aujourd’hui confrontée à une crise sans précédent, conséquence de la situation politique et sécuritaire dramatique qui secoue l’est du pays. La prise de la ville de Goma par les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et leur avancée vers Bukavu ont plongé notre institution et nos étudiants dans une situation de détresse extrême.

Un impact désastreux sur les étudiants en théologie 

Avant même le début de cette crise, les étudiants et étudiantes de la Faculté de Théologie protestante à Bukavu faisaient déjà face à des difficultés socio-économiques importantes. Aujourd’hui, la situation s’est aggravée de manière alarmante. Nombre d’entre eux ont laissé leurs familles à Goma et dans d’autres villages sous occupation rebelle. Leurs paroisses, leurs champs et leurs bétails, qui constituaient leur principale source de revenus pour financer leurs études, sont aujourd’hui inaccessibles. Non seulement ils se retrouvent dans l’impossibilité de poursuivre normalement leurs études, mais aussi dans l’angoisse permanente de ne plus revoir leurs proches et leurs communautés ecclésiales.

Un soutien local mais insuffisant

Face à cette urgence, les enseignants de la Faculté de Théologie de l’UEA, sous l’initiative de son Doyen, le Révérend Professeur Benoît Amina Lwikitcha, s’efforcent, avec leurs propres moyens, de venir en aide aux familles de ces étudiants. Ils consacrent une partie de leurs salaires à cette assistance. Par ailleurs, plusieurs églises et paroisses protestantes locales à Bukavu ont également manifesté leur solidarité. Cependant, cette aide demeure largement insuffisante face à l’ampleur des besoins.

Une faculté unique dans la sous-région

Il est important de rappeler que la Faculté de Théologie protestante de l’UEA est la seule institution de formation théologique protestante dans la sous-région, accueillant des étudiants de RDC, du Rwanda et du Burundi. Elle forme des cadres ecclésiaux issus des Églises protestantes, pentecôtistes, évangéliques et réformées, qui jouent un rôle crucial dans la formation spirituelle et la stabilité communautaire dans ces pays. Aujourd’hui, avec la progression annoncée des rebelles du M23 vers Bukavu, l’enseignement au sein de la faculté est gravement perturbé par une psychose généralisée parmi la population.

Appel à la solidarité internationale

Face à cette situation critique, nous lançons un appel pressant à la communauté protestante, évangélique et pentecôtiste, ainsi qu’aux partenaires internationaux engagés dans la formation théologique dans les pays du Sud. Nous sollicitons également les institutions théologiques sœurs à travers le monde pour qu’elles nous aident à soutenir ces pasteurs étudiants et leurs familles en cette période de guerre.

Voyage en France pour mobiliser du soutien

Dans le cadre de cette mobilisation, grâce à l’appui du Défap et de ses partenaires, le Doyen de la Faculté de Théologie de l’UEA effectuera un voyage en France au mois de mars. Ce voyage aura un double objectif :

  1. Sensibiliser et mobiliser les Églises, institutions théologiques, organisations protestantes et autres partenaires pour soutenir notre Faculté et ses étudiants en détresse.
  2. Poursuivre ses recherches postdoctorales au sein de l’Institut Protestant de Paris.

Nous encourageons toute institution ou individu souhaitant apporter un soutien à contacter le Défap pour plus d’informations sur la meilleure manière d’aider.

La situation en RDC, et particulièrement dans l’est du pays, est critique. La guerre imposée par le M23 et ses partenaires étrangers a des conséquences dramatiques sur les populations civiles et sur les étudiants en théologie. Pourtant, la mission de formation de leaders ecclésiaux et communautaires ne peut pas s’arrêter. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer notre mission. »

 

Le Défap en RDC

Le Défap entretient des relations avec plusieurs partenaires en République démocratique du Congo parmi lesquelles une Église soeur, plusieurs universités protestantes (l’Université protestante au Congo à Kinshasa ; l’Université libre des Pays des grands lacs à Goma et à Bukavu ; l’Université évangélique en Afrique à Bukavu ; l’Université de l’Alliance chrétienne à Boma ; l’Université presbytérienne du Congo à Kananga). Il y envoie des professeurs et accueille des chercheurs, finance des bourses pour des étudiantes dans le but d’aider à promouvoir la place de la femme, etc. Le Défap y soutient également différents projets tels que le projet de santé communautaire autour de la culture de plantes médicinales à Bukavu, des micro-crédits pour aider des femmes dans leurs petits commerces, l’électrification de bâtiments universitaires, etc. En 2023, pour venir en aide aux déplacés fuyant les violences des rebelles du M23, le Défap a pu apporter son soutien, avec Solidarité protestante, pour des distributions de vivres et de produits d’hygiène dans le camp de Kanyaruchinya.

Nous appelons à la prière et au soutien spirituel des Églises et institutions ecclésiales du Nord Kivu.

 

 




Regards croisés : Nick et Robert en fin de séjour de recherches en France

Parvenus en fin de séjour de recherche, Robert BAHIZIRE, membre de la communauté baptiste au centre de l’Afrique, affiliée à l’Église du Christ au Congo, docteur et enseignant en République Démocratique du Congo, et Nick SANDJALI, doctorant en Ancien Testament, pasteur de l’Eglise presbytérienne camerounaise et enseignant d’Ancien Testament à l’Institut Supérieur de Théologie Dager de Bibia au Cameroun, partagent leurs expériences dans Courrier de Mission. Découvrez le dernier épisode diffusé sur Fréquence Protestante, présenté par Tolotra RANDRIAMANANJATO.

Robert et Nick en fin de séjour de recherche en France
© Wallace Chuck

Tous deux à leur deuxième expérience avec le Défap dans le cadre de travaux de recherche qui s’inscrivent dans la continuité de leurs premiers passages, Robert et Nick sont parvenus à la fin de leur séjour de recherche. Dans ce numéro de Courrier de Mission, ils nous présentent non seulement leurs travaux, mais également les démarches effectuées en amont pour obtenir leur bourse, ainsi que leurs expériences pendant les mois passés en France.

 

Regards croisés : Nick et Robert en fin de séjour de recherches en France

Courrier de Mission
Émission du 6 décembre 2024 sur Fréquence Protestante

 




Nord Kivu : l’école reste un droit, malgré les combats

Alors que les combats en République démocratique du Congo ont forcé des millions de personnes à fuir, notamment dans l’Est du pays, l’ampleur de la crise humanitaire reste méconnue, et les moyens insuffisants devant la multiplicité des besoins. Au-delà du manque de vivres, l’un des domaines où les manques sont les plus criants, c’est celui de l’éducation. Or les enfants déplacés et déscolarisés courent le risque d’être recrutés par des groupes armés pour devenir des enfants soldats. Dans la banlieue de Goma, l’ECC Nord-Kivu, branche locale de l’Église du Christ au Congo, s’efforce d’organiser des sessions de rattrapage pour des élèves du principal camp de déplacés, celui de Kanyaruchinya. Ce projet a obtenu un soutien financier via le Défap et Solidarité protestante.

Des tentes de déplacés ayant fui les combats, dans la banlieue de Goma © Défap

Près de 7 millions de déplacés à l’intérieur du même pays. C’est le bilan, terrible, établi en octobre 2023 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui tentait alors d’évaluer l’impact sur la population civile des conflits en République démocratique du Congo (RDC). C’est aussi la dernière évaluation chiffrée dont on dispose à ce jour, mais elle est certainement déjà dépassée par la poursuite des violences dans l’Est du pays. Ce bilan est à mettre en rapport avec les dimensions de l’État : plus grand pays d’Afrique francophone, la RDC a une superficie comparable à celle de l’Europe occidentale. C’est aussi un pays richement doté en ressources naturelles exceptionnelles : cobalt, cuivre, diamants et « terres rares » comme le coltan, crucial pour produire des smartphones ; sans compter une faune et une flore exceptionnelles, la RDC comptant sur son sol la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Mais toutes ces ressources profitent peu à la population, et elles sont même une malédiction : elles sont les enjeux de tous les conflits. En dépit – ou à cause – de toutes ces richesses, la RDC figure parmi les cinq nations les plus pauvres du monde. En 2023, environ 74,6% des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour. Environ une personne sur six vivant dans une extrême pauvreté en Afrique subsaharienne habite en RDC.

L’Est du pays fait partie des régions les plus instables. Depuis fin 2021, la situation sécuritaire s’est gravement détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des milliers de personnes ont dû fuir les affrontements entre l’armée congolaise et des groupes armés. Régulièrement, les combats entre les rebelles du M23 et des groupes armés pro-gouvernementaux se rapprochent de Goma, ville de plus d’un million d’habitants située tout près de la frontière rwandaise. C’est là que se trouvent rassemblés une grande partie des déplacés fuyant les violences, dans des camps dont les plus anciens sont devenus de vraies villes de tentes, comme celui de Kanyaruchinya.

L’éducation, grande oubliée de la crise humanitaire

Les besoins y sont immenses, et les ressources apportées par les institutions internationales insuffisantes : la crise humanitaire de RDC est largement ignorée sur la scène internationale. Les Églises sur place tentent de pallier le manque de moyens. C’est le cas de l’ECC (Église du Christ au Congo), principale dénomination protestante du pays, très présente sur l’ensemble du territoire de RDC et très structurée. Au cours de l’été 2023, le Défap, avec la plateforme Solidarité protestante, avait déjà apporté son soutien à l’ECC pour des distributions de vivres et de produits d’hygiène dans le camp de Kanyaruchinya. À présent, l’ECC s’efforce de répondre à d’autres besoins : ceux des élèves déscolarisés.

Car même quand l’aide internationale arrive, même quand des distributions alimentaires peuvent être organisées, ce soutien va difficilement au-delà. Dans les camps autour de Goma, les enfants se retrouvent sans prise en charge éducative. Les écoles manquent (beaucoup sont occupées par des rebelles) et les parents, qui ont tout perdu, n’ont plus de quoi payer les frais de scolarité. Or l’éducation est un droit, comme le rappelle l’Unicef : elle figure à l’article 28 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Et en RDC, l’absence de prise en charge scolaire des enfants déplacés de guerre les expose au risque d’être recrutés par l’un ou l’autre groupe armé et de devenir des enfants soldats.

Voilà pourquoi la branche locale de l’Église du Christ au Congo, l’ECC Nord-Kivu, a décidé d’organiser des sessions de rattrapage. Elle a choisi de se concentrer sur des groupes de lycéens de Terminale, pour leur permettre d’aller jusqu’au bout de leur scolarité et de se présenter aux épreuves du Baccalauréat. Un projet qui a obtenu un soutien financier via le Défap et Solidarité protestante. Pour le mener à bien, il s’agit tout d’abord d’apporter une aide alimentaire aux élèves ; ensuite, d’assurer une session de rattrapage scolaire de qualité. Les jeunes participants de ce programme d’aide seront ainsi rassemblés quotidiennement en trois groupes, en fonction des trois filières les plus suivies : « Pédagogie générale », « Techniques sociales » et
« Agronomie / Biochimie ». Et ils pourront étudier, sous la responsabilité d’une équipe de neuf enseignants constituée pour l’occasion, soit dans une chapelle, soit dans des salles de classe d’écoles proches du camp de Kanyaruchinya.

Des élèves en RDC © Défap

 

Solidarité Protestante : être solidaire dans les situations d’urgence

Solidarité Protestante est une plateforme au sein de la Fondation du Protestantisme sollicitée pour mobiliser, sensibiliser et récolter des fonds afin de manifester l’action solidaire du monde protestant dans des situations d’urgence ou de crises internationales. Le comité de cette plateforme est piloté par la Fondation du Protestantisme et la Fédération protestante de France qui s’entourent d’ONG et d’institutions chrétiennes expertes dans l’aide humanitaire d’urgence et de crise. Le Défap fait partie de ces institutions. Pour chaque situation, les opérateurs sont choisis par l’ensemble du comité en fonction de l’analyse faite et des demandes parvenues au comité.



Retour en RDC

Basile Zouma, Secrétaire général du Défap et Jean-Pierre Anzala, Responsable de l’Échange théologique, se sont rendus au cours du mois de février 2024 en République Démocratique du Congo, pour rencontrer les partenaires sur place, après trois ans sans visite du Défap. Des partenaires nombreux (pas moins de six universités protestantes) et une Église qui est un poids lourd du protestantisme francophone : l’Église du Christ au Congo (ECC). Ils racontent.

Olivier Abel, professeur de théologie, lors d’un séjour en RDC avec le Défap, visitant à Bukavu l’un des projets soutenus par le Service protestant de mission : des cultures de plantes médicinales © Défap

Nous sommes arrivés en République démocratique du Congo le 7 février 2024, exactement à la date où les médias annonçaient l’offensive du M23 vers Goma. Même si l’armée congolaise et ses alliés tentaient de contenir cette avancée sur la capitale provinciale, les nouvelles étaient alarmantes. Nos collègues, parents et amis nous envoyaient des messages préoccupés et affolés concernant notre déplacement en RDC.

À notre arrivée, force était de constater que la capitale était calme et que la vie quotidienne poursuivait son cours avec les embouteillages habituels et réputés de Kinshasa. Il nous a semblé qu’au lendemain des élections, la population s’intéressait davantage aux futures nominations provinciales et nationales qu’elle ne vivait dans la crainte d’une invasion militaire.

Vue d’une rue à Kinshasa © Défap

Ces rencontres nous ont permis de nous rendre compte de réalités concrètes sans l’interférence médiatique.

Les facultés de théologie font face à de réelles difficultés. Le matériel et l’immobilier se dégradent, parfois le nombre d’inscrits diminue. La réalité économique et sociale du pays dans son ensemble est difficile mais il y a un véritable dynamisme de la population pour l’initiative économique, les initiatives sociales et pour la formation sous toutes ses formes.

Un avenir en commun

La RDC, un géant du christianisme francophone : vue d’un culte dans une Église de l’ECC © ECC

Pour ce dernier point, le Défap se révèle être un partenaire ancien, reconnu et recherché pour ses expertises par les partenaires que nous avons visités.

Ces expertises identifiées permettent d’orienter les relations de l’économique et du financier vers une vraie réciprocité dans la formation théologique, vers une réciprocité en matière de recherche et de partage des connaissances et des mobilités. Il s’agit maintenant davantage de s’enrichir mutuellement des approches contextuelles des Écritures.

Il s’agit surtout de mettre ensemble les richesses de la recherche théologique du Sud et du Nord pour produire plus de richesse et une richesse commune.

Le Défap ne peut qu’encourager le dynamisme que nous avons constaté pour une formation de qualité, pour un renouvellement du corps professoral hautement formé. La formation théologique des femmes est particulièrement mise en avant par le Défap. Elle est vectrice de transformation ecclésiale, sociale et personnelle.

Nos déplacements et rencontres nous servent à inventer ensemble un avenir commun.

Basile Zouma, Secrétaire général du Défap
et Jean-Pierre Anzala, Responsable de l’Échange théologique

 

Vue du campus de l’UPC © Défap

 

Le Défap en RDC

Le Défap travaille en lien avec ces universités protestantes, qui toutes comportent une faculté de théologie :

  • L’Université protestante au Congo (UPC) à Kinshasa ;
  • L’Université libre des Pays des grands lacs (ULPGL) à Goma et à Bukavu ;
  • L’Université évangélique en Afrique (UEA) à Bukavu;
  • L’Université de l’Alliance chrétienne (UAC) à Boma ;
  • L’Université presbytérienne du Congo (UPRECO) à Kananga.

Le Défap échange avec les facultés de théologie partenaires en République démocratique du Congo notamment par l’envoi de professeurs et l’accueil de chercheurs en congé-recherche. Il finance par ailleurs des bourses pour des étudiantes dans plusieurs universités, pour aider à promouvoir la place de la femme.

À Bukavu, il soutient un projet de santé communautaire autour de la culture de plantes médicinales (photo d’ouverture)– des plantes aux vertus traditionnellement reconnues, oubliées ces dernières années, mais que ce projet contribue à réhabiliter.

À Bukavu et à Goma

Remise des diplômes en décembre 2021 aux participants à la formation continue sur « Église et leadership » à l’ULPGL © ULPGL

Le Défap propose des bourses pour permettre à des jeunes femmes de poursuivre des études supérieures en théologie à l’Université libre du Pays des grands lacs, de manière à former de futures cadres de l’Église du Christ au Congo (ECC), principale dénomination protestante en RDC. Il soutient aussi un projet de l’ULPGL visant à promouvoir l’usage des plantes, à la fois pour l’alimentation et pour leurs vertus médicinales. Le Défap a également soutenu ces dernières années un projet de l’Église 5e CELPA UZIMA : des micro-crédits pour aider des femmes dans leurs petits commerces, nécessaires à la survie de leur famille.

À Kananga

Un des bâtiments de l’UPRECO équipé de panneaux photovoltaïque – projet soutenu par le Défap © Défap

Le Défap s’efforce d’améliorer les conditions de travail des étudiants de l’UPRECO. Il a aidé à financer l’électrification de bâtiments universitaires, notamment d’un amphithéâtre ; et sa bibliothèque a reçu un soutien via la Centrale de littérature chrétienne francophone.

Parallèlement, le Défap est engagé de longue date dans un programme de bourses pour des étudiantes : car dans cette province défavorisée du Kasaï-Occidental, lorsque les ressources manquent dans une famille pour permettre aux enfants de poursuivre des études, ce sont le plus souvent les garçons qui sont choisis, au détriment des filles.

Dans le territoire de Nyiragongo (nord de Goma)

Au cours de l’été 2023, la branche locale de l’ECC Nord-Kivu a dû venir en aide aux déplacés fuyant les violences des rebelles du M23. Le Défap a pu apporter son soutien, avec Solidarité protestante, pour des distributions de vivres et de produits d’hygiène dans le camp de Kanyaruchinya.




RDC : assister les victimes des guerres

Si les projets du Défap se déploient avant tout sur un temps long, des situations d’urgence peuvent nécessiter une manifestation de solidarité immédiate. C’est pour de tels cas qu’existe Solidarité protestante, une plateforme regroupant des acteurs chrétiens de l’humanitaire, dont le Défap est membre et qu’il a contribué à mettre en place. En République Démocratique du Congo, géant du christianisme francophone, le Défap entretient ainsi avec l’Église du Christ au Congo des relations tournant essentiellement autour de l’échange théologique. Mais lorsque la branche locale de l’ECC Nord-Kivu a dû venir en aide aux déplacés fuyant les violences de mouvements rebelles comme le M23, le Défap a pu apporter son soutien, avec Solidarité protestante, pour des distributions de vivres.

 
S’il est une chose à toujours garder en tête lorsqu’on évoque la République Démocratique du Congo, c’est d’abord sa taille : la RDC est un géant. Avec 2,3 millions de kilomètres carrés, une superficie équivalente à celle de l’Europe occidentale, c’est le plus vaste pays d’Afrique subsaharienne. Une population qui croît à grande allure : 71 millions d’habitants en 2012, plus de 81 millions en 2016, quasiment 93 millions en 2020, probablement plus de 105 millions en 2023… Le taux de croissance démographique, évalué à 3,3% au cours de l’année 2023, est supérieur à la moyenne du continent (+2,5% sur un an). On estime que d’ici 2050, la RDC comptera 215 millions d’habitants et rejoindra les 10 pays les plus peuplés du monde.

Ce pays immense est très majoritairement chrétien. Les chiffres varient selon les sources, en raison notamment de la difficulté à évaluer le nombre de fidèles qui se rattachent à l’une des très nombreuses Églises pentecôtistes et de Réveil : entre 80% et 93%. Le dernier rapport du cabinet d’étude « Target » sur l’appartenance religieuse des Congolais, datant de 2022, soulignait ainsi la place toujours essentielle de l’Église catholique, regroupant 39% des fidèles. Venaient ensuite les mouvements religieux suivants, classés indépendamment de la confession : les protestants (23%), les adeptes des Églises évangéliques dites de Réveil (15%), les pentecôtistes (7%), les brahmanistes (5%), les témoins de Jéhovah (3%), les musulmans (2%), les kimbanguistes (2%)… Outre leur poids au sein de la société, qui a pu les amener à jouer un rôle politique de premier plan (l’Église catholique a beaucoup pesé en faveur de l’émergence de la démocratie), les Églises sont des acteurs sociaux majeurs. Elles gèrent des écoles, des hôpitaux, ont une importante action sociale et pallient les défaillances de l’État dans de nombreux domaines.

La RDC, un géant du christianisme francophone : vue d’un culte dans une Église de l’ECC © ECC

Un rôle social majeur pour les Églises

Tout comme l’Église catholique, les Églises protestantes assument ainsi nombre d’activités cruciales pour la société congolaise – avec d’autant plus de visibilité que beaucoup d’entre elles sont regroupées au sein d’une même structure, cumulant les caractéristiques d’une Église et d’une fédération : l’ECC – l’Église du Christ au Congo. L’ECC rassemble 95 communautés ecclésiales différentes (on préférera parler de « communautés » plutôt que « d’Églises » au sein de l’ECC), dont 70 sont présentes dans la seule ville de Kinshasa. Et d’une communauté à l’autre, les théologies dialoguent, les liturgies se rapprochent. Les facultés de théologie jouent pour cela un grand rôle : entre les communautés baptiste, anglicane ou mennonite, on retrouvera des pasteurs qui ont fréquenté les mêmes universités et suivi les mêmes cours.

Le Défap travaille justement avec cinq universités protestantes en RDC, qui disposent chacune d’une faculté de théologie : L’Université Protestante au Congo – UPC (à Kinshasa); l’Université Libre des Pays des Grands Lacs – ULPGL (à Goma et à Bukavu) ; l’Université Évangélique en Afrique – UEA (à Bukavu); l’Université Presbytérienne du Congo – UPRECO (à Kananga). Au sein de ces facultés se rencontrent des élèves issus de communautés ecclésiales différentes, entretenant ainsi le dialogue œcuménique. Parmi leurs responsables figurent souvent des théologiens dont les travaux de recherche ont été soutenus par le Défap. Les relations avec le protestantisme français se concrétisent aussi à travers des échanges de professeurs.

Organisation d’une distribution de produits alimentaires et d’hygiène en faveur de déplacés par l’ECC Nord-Kivu © ECC

Des crises récurrentes, et de gros besoins humanitaires

Mais ce géant qu’est la RDC affronte aussi depuis longtemps de multiples crises. Une longue succession de conflits, d’instabilité, de troubles politiques et de régimes autoritaires a conduit à une crise humanitaire aussi sévère que persistante, à laquelle s’ajoutent des déplacements forcés de populations. Des poches d’insécurité persistent dans le pays, particulièrement dans sa région orientale. Ces derniers mois, la situation sécuritaire s’est même gravement détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où des milliers de personnes ont dû fuir les affrontements entre l’armée congolaise et des groupes armés.

Les Églises ont un rôle important pour apporter un soutien aux victimes. L’ECC, très structurée au niveau national, a ainsi les moyens humains d’agir. Mais au vu de l’ampleur des mouvements de population, les Églises ont besoin d’aide. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 6,9 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays du fait des violences. Si les actions du Défap se placent surtout dans le champ de l’échange théologique, il n’est pas possible d’ignorer de tels besoins. Si les projets portés par le Défap se déploient avant tout sur un temps long, l’urgence de certaines situations appelle aussi à une manifestation de solidarité immédiate. C’est précisément pour y faire face qu’a été créée la plateforme Solidarité protestante, que le Défap a contribué à mettre en place et dont il fait partie. Le comité de cette plateforme est piloté par la Fondation du Protestantisme et la Fédération protestante de France qui s’entourent d’ONG et d’institutions chrétiennes expertes dans l’aide humanitaire d’urgence et de crise.

Organisation d’une distribution de produits alimentaires et d’hygiène en faveur de déplacés par l’ECC Nord-Kivu © ECC

Un soutien conjoint du Défap et de Solidarité protestante

Solidarité protestante et le Défap ont ainsi été amenés à intervenir à la suite d’un important déplacement de population dû à des violences provoquées par le M23. À la fin de 2021, la résurgence de ce mouvement rebelle a provoqué dans le Nord-Kivu le déplacement de centaines de milliers de personnes et aggravé une crise humanitaire quasi permanente dans l’Est de la RDC depuis près de trente ans. L’ECC s’est notamment mobilisée à l’occasion d’une opération organisée dans le territoire de Nyiragongo au cours de l’été 2023, pour venir en aide à des pasteurs et à leurs proches rassemblés dans le camp des déplacés de Kanyaruchinya. Le Défap et Solidarité protestante ont pu tous deux apporter un soutien financier pour la distribution de colis alimentaires et de produits d’hygiène.

La situation sur place est cependant loin de s’être apaisée. Après une accalmie, les combats se sont de nouveau intensifiés depuis début octobre entre les rebelles du M23 et des groupes armés pro-gouvernementaux. Ils se sont même rapprochés à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, ville de plus d’un million d’habitants tout près de la frontière rwandaise. À la fin d’octobre, environ 5,6 millions des déplacés de RDC se trouvaient dans les provinces orientales du Nord-Kivu, Sud-Kivu, d’Ituri et du Tanganyika, selon l’OIM. Le seul Nord-Kivu comptait à lui seul près de 1 million de déplacés. Actuellement, selon l’Organisation internationale pour les migrations, « avec le conflit en cours et l’escalade de la violence, la RDC est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne et humanitaire du monde ».

Organisation d’une distribution de produits alimentaires et d’hygiène en faveur de déplacés par l’ECC Nord-Kivu © ECC




Sébastien Kalombo : «Je suis devenu un défenseur du Défap»

Après avoir été accueilli en France pour des travaux sur le pentecôtisme en République Démocratique du Congo, avec le soutien du Défap, Sébastien Kalombo Kapuku a publié un ouvrage qui fait désormais partie des références en la matière, préfacé par Sébastien Fath, spécialiste français de la sociohistoire des protestantismes. Aujourd’hui, Sébastien Kalombo est chef du département de théologie systématique et vice-doyen de la faculté de théologie de l’Université protestante au Congo (UPC). Et il reste un ardent défenseur du Défap.

Sébastien Kalombo : « Je suis devenu un défenseur du Défap »


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Lévi Ngangura Manyanya et les racines africaines de la Bible

L’Afrique est aujourd’hui le continent où le nombre de chrétiens augmente le plus vite. Si le christianisme reste minoritaire en Afrique du Nord, il est devenu la religion la plus pratiquée en Afrique subsaharienne (63%), devant l’islam (30%) et les religions traditionnelles. Mais si le christianisme africain semble devoir jouer un rôle de plus en plus important dans le christianisme mondial, ce que la Bible doit à l’Afrique reste encore sous-évalué. Dans ses travaux actuels, portant sur la Bible hébraïque et les peuples d’Afrique dans l’Antiquité, le professeur Lévi Ngangura Manyanya tâche de mettre en valeur ces influences. Il effectue en ce moment un séjour de recherche en France, avec le soutien du Défap.

Le professeur Lévi Ngangura Manyanya dans le jardin du Défap © Défap

 

Lévi Ngangura Manyanya est docteur de l’université de Genève et professeur de Bible hébraïque et d’hébreu biblique à l’Université Libre des Pays des Grands Lacs, Goma, en République Démocratique du Congo. Il est aussi, actuellement, Président provincial de l’Église du Christ au Congo/Province du Sud-Kivu (ECC Sud-Kivu), ce qui représente 2,25 millions de membres répartis dans plus de 2500 Églises locales. Travaillant régulièrement avec le Défap, il est en congé recherche en France pour trois mois dans le cadre de ses travaux sur les influences africaines dans la Bible. Il est aussi l’un des rares théologiens africains à être régulièrement publiés en Europe. Pour son livre «L’ancêtre Jacob – Israël et ses origines selon Genèse 25-36», publié en 2014 aux éditions Olivétan, il avait bénéficié d’une bourse du Défap afin de faire des recherches en France. Il avait auparavant écrit «Figures des femmes dans l’Ancien Testament et traditions africaines» (éditions L’Harmattan, avril 2011) et «La fraternité de Jacob et d’Esaü – Quel frère aîné pour Jacob ?» (chez Labor et Fides, octobre 2009).

 

« Tout le monde sait ou presque que le christianisme se développe relativement bien en Afrique et, si le taux de croissance actuel se maintient, l’Afrique sera, sans nul doute, le continent où l’avenir du christianisme va se jouer. Plusieurs explications essaient, chacune à sa manière, de justifier un tel développement. Mais ce à quoi l’on prête souvent moins d’attention est la question de savoir ce que la Bible hébraïque, ou alors la culture juive dont elle constitue le document fondateur et, plus tard, le christianisme naissant qui a profondément marqué la culture occidentale, doit à l’Afrique.

Dans la mesure où l’Afrique semble avoir profondément fécondé la pensée juive et chrétienne — ce que nous allons essayer de démontrer dans cette étude — la Bible hébraïque porte l’empreinte de certaines conceptions, analyses et interprétations souvent développées, d’abord et avant tout, sur le sol africain. Elle occupe donc une place importante dans la formation de la Bible hébraïque.

Par cette étude sur le rôle déterminant joué par l’Afrique dans la formation de la culture juive et chrétienne, nous allons sans a priori examiner des textes bibliques et chercher à comprendre à quel moment, ou pourquoi, telle description des Africains a été mise par écrit par un rédacteur biblique donné. Puis, le contexte historique et l’usage d’autres documents extra-bibliques pourront également nous éclairer sur la manière dont les portraits des Africains se sont construits ou sont entrés dans la Bible. »

Lévi Ngangura Manyanya

Le Défap en République Démocratique du Congo :
  Le Défap travaille en lien avec les universités protestantes suivantes:
L’Université Protestante au Congo – UPC (à Kinshasa);
L’Université Libre des Pays des Grands Lacs – ULPGL (à Goma et à Bukavu);
L’Université Évangélique en Afrique – UEA (à Bukavu);
L’Université Presbytérienne du Congo – UPRECO (à Kananga).
Toutes ces universités comportent une faculté de théologie.
Le Défap échange avec les facultés de théologie partenaires en RDC notamment par l’envoi de professeurs et l’accueil de boursiers.



Venez décrocher la Lune avec le Défap et Hope 360

La troisième édition de Hope 360 se prépare ! Cette course solidaire et connectée organisée par Asah, le collectif des acteurs chrétiens de la solidarité internationale, se tiendra en deux temps : à partir du 1er janvier débutera la « course connectée ». Puis, le 15 avril, se déroulera la course en présentiel à l’île de loisirs du Val-de-Seine, dans les Yvelines. Le Défap participe à cette édition 2023 avec un projet de formation à l’énergie solaire à Djibouti.

En route pour la troisième édition de Hope 360 !

Les deux premières éditions, en 2019 et 2021, avaient eu lieu à Valence. Pour sa troisième édition, Hope 360 se déplace en région parisienne – plus précisément dans les Yvelines, du côté des Mureaux, à l’île de loisirs du Val-de-Seine. Un cadre vaste et verdoyant, idéal pour organiser les courses et les rencontres entre les « hopeurs » et les organismes dont ils soutiendront les projets. Objectif : participer à une journée ludique tout en donnant de son temps et en recueillant des fonds au profit de projets solidaires.

Le principe est simple : les « hopeurs » choisissent de soutenir l’un des projets présentés à l’occasion de Hope 360, et courent pour en assurer la promotion et recueillir des fonds. Pas besoin d’être un athlète ou un habitué des défis sportifs, l’important, c’est le fun… et l’engagement à soutenir un projet. Cet événement solidaire se décompose en deux temps :

  • une « course connectée » à partir du 1er janvier 2023 : tous les participants de Hope 360 sont invités à engranger collectivement le plus possible de kilomètres pour essayer de battre un record. Les distances parcourues par les uns et les autres seront comptabilisées sur une appli sportive. Dès lors, pas besoin d’être en un lieu précis pour participer : il est possible d’accumuler des kilomètres en courant n’importe où dans le monde. Cette année, il s’agit… d’atteindre la distance Terre-Lune, soit 384.000 km !
  • une « course en présentiel » qui aura lieu le 15 avril en région parisienne, plus précisément à l’île de loisirs du Val-de-Seine, dans les Yvelines.

Une vingtaine d’associations et de projets sont attendus ; le Défap y participe cette année avec un projet centré sur la formation à l’énergie solaire à Djibouti. Un projet qui mêle l’aspect social (il s’agit d’aider des jeunes à s’insérer dans le marché du travail grâce à une formation reconnue) et l’aspect de développement durable : Djibouti est en quête de nouvelles sources d’énergie pour aider à son développement économique tout en cessant de dépendre des énergies fossiles… mais la filière solaire manque encore cruellement de techniciens formés. Le partenaire du Défap sur place est l’Eped, l’Église protestante évangélique de Djibouti, qui a acquis des compétences d’encadrement et de formation de jeunes à l’occasion de la rénovation de son temple, un projet porté pendant de nombreuses années par le Défap. Pour en savoir plus, vous en trouverez une présentation complète ici.

900 € = un élève formé

Votre participation sera triplement utile. Elle permettra :

  • à de nombreux foyers en difficulté d’être autonomes en énergie en ayant des panneaux solaires durables dans le temps puisqu’ils pourront être entretenus et réparés ;
  • de réduire la pollution liée aux énergies fossiles ;
  • de former des jeunes sans emploi et ainsi de leur promettre un avenir meilleur.

Hope 360 est un concept imaginé par Asah (Association au Service de l’Action Humanitaire), le collectif des acteurs chrétiens de la solidarité internationale – un réseau agissant dans l’urgence, le développement, le plaidoyer, l’environnement ou la solidarité au Nord et au Sud, dont fait partie le Défap. L’objet d’Asah est de favoriser l’échange, la réflexion et la collaboration entre les associations humanitaires et autres organismes, de mutualiser et renforcer l’efficacité et la qualité des actions de ses membres, et plus largement des acteurs de solidarité, afin de répondre aux besoins réels des populations les plus démunies.

Inscriptions et tarifs

Les inscriptions se font sur le site de Hope 360. Une fois inscrit, chaque coureur choisit le projet qu’il veut soutenir et, pour participer à la course connectée, se fixe un objectif à atteindre en nombre de kilomètres. Le projet qu’il veut promouvoir et les kilomètres parcourus apparaissent dans son espace personnel. Pour comptabiliser la distance parcourue, il suffit d’une appli de sport ; il est possible d’en télécharger une ici :

Les tarifs d’inscription ont été pensés afin que Hope 360 soit un événement abordable pour le plus grand nombre. L’inscription donne accès à la version connectée et à la journée en présentiel. À vous de participer de la façon dont vous le souhaitez !

  • Tarif Hopeur solo : 9 €
  • Tarif « C’est une affaire de famille » :
    • De 2 à 5 personnes : 6€ / personne
    • De 6 à 10 personnes : 30€
  • Tarif « On se lance un challenge en équipe » :
    • Moins de 10 personnes : 9€ / personne
    • À partir de 10 personnes : 6€ / personne au lieu 9€

En présentiel, l’accès au site, la visite du village, le concert et les animations seront GRATUITS.

Et si vous voulez en savoir plus sur Asah, le collectif à l’origine de cet événement solidaire, cette vidéo est pour vous :





Kananga : soutenir une université pour changer la société

Dans cette ville éloignée du pouvoir central, au cœur d’une province volontairement négligée par les autorités de République Démocratique du Congo, le Défap s’efforce d’améliorer les conditions de travail des étudiants de l’UPRECO. Une université dont la qualité des enseignements est largement reconnue, et qui ambitionne de former des cadres mieux à même de lutter contre les maux de la société congolaise. Le Défap soutient l’UPRECO à travers l’électrification de bâtiments universitaires, notamment d’un amphithéâtre, mais aussi par des bourses ; et sa bibliothèque a reçu un soutien via la Centrale de Littérature Chrétienne Francophone.

Un des bâtiments de l’UPRECO équipé de panneaux photovoltaïque – projet soutenu par le Défap © Défap

Kananga, l’ancienne Luluabourg fondée en 1884 sur la rive de la rivière Lulua, est la capitale du Kasaï-Occidental – une province enclavée, loin de la capitale Kinshasa, isolée des centres de décision par des centaines de kilomètres de routes impraticables. On n’y accède que par avion. C’est là que se trouve l’UPRECO (Université Presbytérienne du Congo), l’une des trois universités protestantes avec lesquelles les Églises de France sont en lien dans ce pays à travers le Défap. Aussi délaissée par les autorités et privée de moyens que l’est la ville de Kananga elle-même, l’UPRECO a pourtant un rôle essentiel à jouer dans cette région extrêmement pauvre où les jeunes n’ont pas les moyens d’aller étudier dans les grandes villes plus développées.

Outre ce rôle-clé dans une région où les établissements d’enseignement supérieur manquent, l’UPRECO n’est pas une université comme une autre. Y étudier, y travailler, est déjà une forme de militantisme, un refus de la fatalité de la misère et de la mauvaise gouvernance. Après s’être construite autour de la faculté de théologie, l’UPRECO compte aujourd’hui cinq filières : théologie, droit, économie, agronomie et informatique. Avec peu de moyens matériels (tout manque, à commencer par l’électricité pour une partie des bâtiments, ou la connexion internet pour la filière informatique), mais avec aussi beaucoup d’engagement, l’UPRECO s’efforce de concilier valeurs chrétiennes et enseignement supérieur, pour former des cadres capables de changer le pays, avec « la Bible dans notre main droite, et la science dans notre main gauche », comme le revendique son recteur Simon Kabué. Par exemple, la faculté de droit a été créée avec l’idée de former des juristes capables de s’opposer à la corruption ; celles d’économie et d’agronomie, pour lutter contre la pauvreté… Et ça marche : la qualité d’enseignement de l’UPRECO est largement reconnue, et nombre de ses anciens étudiants se retrouvent aujourd’hui dans des postes de responsabilité dans leur pays.

Le recteur Simon Kabué lors d’une visite au Défap © Défap

Simon Kabué est un ancien boursier du Défap, ce qui a facilité depuis longtemps les relations entre le Service protestant de Mission et l’UPRECO. Par ailleurs, les relations entre les protestants de France et cette université se sont développées suite à un séjour de professeurs français à l’UPRECO, qui sont revenus particulièrement touchés par la situation des étudiants de Kananga. Ces liens prennent aujourd’hui la forme d’un soutien direct à la faculté de théologie, d’envois d’enseignants… La bibliothèque a aussi reçu un soutien à travers la Centrale de Littérature Chrétienne Francophone, organisme très lié au Défap.

Avec un peu d’électricité, on peut changer beaucoup de choses

Malgré ces aides, les étudiants manquent des moyens les plus élémentaires pour travailler (bibliothèque non approvisionnée depuis longtemps, sauf en théologie grâce à la CLCF, manque d’ordinateurs, pas d’électricité…). Actuellement, il n’y a plus de bâtiment capable d’accueillir tous les étudiants pour des cours à tronc commun, conférences, ou autres rassemblements. L’UPRECO a obtenu en février 2021 un soutien financier pour la construction d’un amphithéâtre. L’université souhaite l’équiper par le même équipement solaire que le bâtiment de la bibliothèque et le bâtiment administratif. Cet amphithéâtre ainsi équipé permettra à tous les étudiants de pouvoir se réunir dans un lieu adapté pour des cours, conférences, mais aussi pour des manifestations communautaires de l’Église (ateliers des femmes, renforcement des capacités des pasteurs, etc.)

C’est donc un soutien matériel à plusieurs niveaux que le Défap apporte à l’UPRECO ; l’ajout d’un amphithéâtre pourvu d’électricité améliorera beaucoup les conditions de travail des étudiants, qui pallient souvent par leur engagement le manque de moyens pour poursuivre leurs études, et même simplement pour vivre tout au long de leur cursus. Et parallèlement à ce soutien, le Défap est engagé de longue date dans un programme de bourses pour des étudiantes. Un engagement qui se place dans la lignée de son soutien à la promotion du rôle des femmes : car dans cette province défavorisée du Kasaï-Occidental, lorsque les ressources manquent dans une famille pour permettre aux enfants de poursuivre des études, ce sont le plus souvent les garçons qui sont choisis, au détriment des filles. Au cours des dernières années, le Défap a régulièrement financé plus d’une dizaine de bourses par an, essentiellement grâce aux revenus de son service Philatélie.

Étudiantes de l’UPRECO © Défap

 




Retour de mission en RDC

La pasteure Tünde Lamboley, chargée de la formation théologique au sein du Défap, a pu revenir au cours des dernières semaines en République Démocratique du Congo – sa première visite dans ce pays depuis la crise du Covid. L’occasion de renouer avec les partenaires du Défap et de vérifier l’avancée des projets sur place. Elle témoigne.

Vue d’une rue à Kinshasa © Tünde Lamboley pour Défap

Cette première visite après la crise du Covid a permis de rencontrer tous les partenaires du Défap en République démocratique du Congo (RDC). Le séjour de trois semaines a débuté dans la capitale, Kinshasa, par un séminaire de deux jours sur Paul Ricoeur organisé par Olivier Abel en collaboration avec l’ambassade de France, l’Institut français de Kinshasa et le Défap. Des universitaires de tout horizon ont pu ainsi partager leur réflexion autour de l’oeuvre de Paul Ricoeur.

Accompagnés par le président du Sud Kivu de l’ECC, Levi Ngangura, nous avons rencontré des enseignants de l’Université des Pays des Grands Lacs à Bukavu et à Goma ainsi que ceux de l’Université évangélique d’Afrique. Ces universités ont énormément souffert de la crise Covid et remercient chaleureusement les Églises de France pour leur solidarité via le Défap.

Les projets : santé communautaire et bourses en théologie pour des jeunes femmes

À Bukavu, le projet de santé communautaire autour des plantes médicinales connaît un fort développement grâce au travail des deux responsables directes du projet. Soixante-quinze femmes sont formées à la culture et à l’utilisation de diverses plantes médicinales oubliées – mais réhabilitées par ce projet-, donnant une formidable dimension sociale à cette formation.

Les bourses en théologie attribuées à 19 jeunes femmes leur ont permis de débuter une formation sur les deux sites de l’ULPGL de Bukavu et Goma. Ces universités souhaitent intensifier l’échange avec des facultés de théologie françaises en accueillant notamment des professeurs de théologie. Elles souhaitent aussi pouvoir bénéficier des « congés de recherche » au sein de nos facultés de théologie dans un souci de formation continue.

Tünde Lamboley

 

Le point en images sur l’un des projets soutenus par le Défap en RDC : des bourses pour permettre à des jeunes femmes de poursuivre des études supérieures en théologie à l’Université Libre du Pays des Grands Lacs de Bukavu, de manière à former de futures cadres de l’Église du Christ au Congo.