Quand la foi rencontre l’éthique : repenser le ministère de délivrance

Découvrez ce nouveau podcast avec Parfait Bénédicte Medoumba, pasteur à l’Église presbytérienne camerounaise (EPC) et enseignant universitaire en séjour de recherches en France. Ses réflexions portent sur la spiritualisation excessive de la souffrance et du mal-être. À travers ses recherches postdoctorales, il questionne les dérives du ministère de délivrance et souligne l’urgence d’une éthique pastorale pour encadrer ces pratiques. Entre théologie, responsabilité morale et enjeux contemporains, un éclairage essentiel sur les défis de l’Église d’aujourd’hui.

 

Quand la foi rencontre l'éthique : repenser le ministère de délivrance - Parfait Bénédict Medoumba

La lutte contre la spiritualisation excessive dans la compréhension du mal être et de la souffrance en théologie pastorale

 

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Robert et l’intégration des femmes dans le ministère pastoral

Originaire de la République Démocratique du Congo, le docteur et enseignant Robert Bahizire est en séjour à Paris pour trois mois dans le cadre de ses recherches. Membre de la communauté baptiste au centre de l’Afrique, affiliée à l’Église du Christ au Congo, il explore la question de « l’intégration des femmes dans le ministère pastoral au sein des Églises protestantes au Kivu ». Ce séjour prolonge ses travaux de 2020, où il s’était penché sur l’ordination des femmes dans les Églises baptistes et pentecôtistes. Découvrez ce chercheur passionné dans ce nouveau podcast !

L’intégration de la femme au ministère pastoral dans les Églises protestantes au Kivu

 

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Gisèle et l’image de la femme dans la sagesse biblique

Allons à la rencontre de Gisèle Alenge qui est arrivée cette semaine au Défap pour poursuivre et terminer ses recherches de doctorat, après un premier passage en 2019. Dans sa thèse, elle se penche sur l’image de la femme dans certains textes bibliques : « La figure féminine dans les discours sapientiaux, une étude exégétique de quelques textes de Proverbes, Qohélet et Job ». Découvrons également ses premières impressions depuis son arrivée.

L’image de la femme dans la sagesse biblique

 

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Impressions parisiennes d’un chercheur togolais

Nous retrouvons Komivi Elom Alagbo, pasteur de l’Église évangélique presbytérienne du Togo venu en France pour travailler sur sa thèse de doctorat, à la fin de son séjour de recherche à Paris. Quelles sont les images, les impressions qui l’auront le plus marqué durant ces trois mois ? La chaleur de l’accueil au Défap et au sein des étudiants de l’IPT, tout d’abord. Une chaleur contrastant avec la difficulté à entrer en contact avec les Parisiens… Le contraste, ensuite, entre la prospérité de la société française et la présence de sans-abri dans les rues. Mais aussi les efforts visibles pour mettre des arbres et de la verdure partout…

Impressions parisiennes d’un chercheur togolais


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Al Mowafaqa : «Il y a quelque chose d’extraordinaire dans les rencontres qu’on fait»

Poursuite de notre série d’articles sur l’Institut Al Mowafaqa, organisme œcuménique soutenu par le Défap et installé à Rabat, au Maroc : après nos rencontres avec Marysol et Ewa, toutes deux bénéficiaires d’une bourse du Défap pour y suivre un cursus de plusieurs mois, voici Jean-Claude Girondin, un des professeurs intervenants. L’Institut Al Mowafaqa fait appel à des enseignants venus de divers pays, et de divers horizons culturels et religieux, en fonction des thématiques. À la fois sociologue, écrivain, conférencier et pasteur mennonite, Jean-Claude Girondin est professeur associé en sociologie à la FLTE (Faculté libre de théologie évangélique), à Vaux-sur-Seine.

Vue d’un cours à l’Institut Al Mowafaqa © Jean-Claude Girondin pour Défap


Dans quel contexte avez-vous été amené à intervenir à l’Institut Al Mowafaqa ?

Jean-Claude Girondin : J’avais entendu parler de l’Institut il y a plusieurs années par Bernard Coyault [qui en a été le premier directeur de 2012 à 2018, NDLR]. Mais, c’est en juillet 2023, à Lomé, lors de la Consultation des Institutions Théologiques d’Afrique francophone, que son actuel directeur Jean Koulagna m’a invité à y intervenir. Je le remercie grandement de m’avoir permis de découvrir ce lieu et cette ambiance magnifiques.

Quelle était la teneur de votre intervention ?

Il s’agissait d’un cours sur l’anthropologie du christianisme. Il était construit sur une double approche, à la fois catholique et protestante, et j’ai travaillé en binôme avec Brigitte Cholvy [maître de conférences au Theologicum, Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses de l’Institut Catholique de Paris, NDLR]. Cette double approche et ce cours à deux voix permettaient de construire un dialogue, en faisant ressortir aussi bien les convergences que les divergences catholiques/protestants. Étant à la fois théologien et socio-anthropologue, j’ai également nourri mes interventions de textes provenant de la littérature antillaise et africaine, et de réflexions menées par des philosophes antillais et africains. Pour aborder la question de l’image de Dieu et de la culture, je me suis par exemple beaucoup appuyé sur Édouard Glissant [poète, écrivain et philosophe antillais, penseur de la « créolisation » et créateur de concepts comme celui « d’antillanité » ou de « Tout-monde », ce monde qui est le nôtre et dans lequel toutes les cultures et les langues sont mises en relation et s’influencent, NDLR]. Ma contribution a aussi été liée à mon cheminement personnel, à mes origines culturelles, ainsi qu’à mon parcours de protestant évangélique et de professeur associé à la FLTE.

Jean-Claude Girondin à l’Institut Al Mowafaqa © Jean-Claude Girondin pour Défap

Que pourriez-vous dire des étudiants que vous avez rencontrés ?

Ce qui est frappant, c’est de se retrouver au Maroc, dans un Institut installé à Rabat, au milieu d’étudiants qui sont à la fois catholiques, protestants, et largement originaires d’Afrique subsaharienne. J’ai rencontré aussi des personnes originaires d’Haïti, qui sont dans le pays depuis des années : ils avaient été accueillis par le Maroc après le séisme de 2010, et sont toujours là. Et deux étudiantes françaises [Ewa et Marysol, boursières du Défap, NDLR].

En quoi un lieu comme l’Institut Al Mowafaqa vous semble-t-il favoriser la compréhension mutuelle entre cultures et religions ?

Tout d’abord, la communauté humaine qui se retrouve à l’Institut (les administrateurs, les professeurs, les étudiants) est issue de différents pays et contextes culturels : il y a d’emblée une dimension multiculturelle et interreligieuse évidente. On est à Rabat, en terre musulmane ; on trouve à la fois des étudiants qui incarnent toute la diversité du catholicisme et du protestantisme, des membres du personnel ou des intervenants musulmans… On croise des prêtres catholiques, mais aussi des pasteurs ou responsables protestants. Au-delà de ces rencontres, les interventions en binômes lors des cours favorisent la compréhension interculturelle. Les professeurs s’écoutent, se respectent. Les étudiants dialoguent, échangent. Tout le monde partage le thé lors des pauses. On mange ensemble, on discute beaucoup. L’une de ces discussions, portant sur les ancêtres, avait pour origine deux des textes que j’avais utilisés pour illustrer certains aspects de mon intervention : « Prière du petit enfant nègre » de Guy Tirolien et « Souffles » (1), un poème d’un auteur sénégalais, Birago Diop. Il y a évidemment des désaccords, mais les échanges restent toujours iréniques. Même lorsqu’on aborde des points sur lesquels il est impossible de se rejoindre sur le plan théologique, chacun donne ses arguments, sa position, dans le respect mutuel. On voit que ces étudiants ont cheminé ensemble.

Discussion entre étudiants entre deux cours à l’Institut Al Mowafaqa © Jean-Claude Girondin pour Défap

Que pourriez-vous dire à des étudiants qui envisageraient de suivre un cursus à l’Institut Al Mowafaqa ?

Il y a quelque chose d’extraordinaire dans les rencontres qu’on fait. Plus qu’un cursus, c’est un apprentissage, une mise en situation. On s’immerge dans les senteurs, odeurs et saveurs de la culture marocaine. On mange ensemble, on discute, on se promène : on voit les autres sous différents angles, on perçoit différentes facettes de leur vie, on les comprend beaucoup mieux qu’en suivant simplement des cours ensemble. C’est un stage formidable. C’est très riche pour tous les étudiants qui s’y rencontrent, qu’ils viennent d’Afrique subsaharienne ou d’Europe. Pour quelqu’un qui se destinerait à devenir pasteur en Europe, c’est une manière de mieux comprendre ce qu’est une Église multiculturelle.

Quelle est pour vous, aujourd’hui, la principale raison pour laquelle il est nécessaire de soutenir l’Institut Al Mowafaqa ?

On se rend trop peu compte de toutes les manières dont les chrétiens contribuent à la mission mondiale. On réalise mal l’impact que peuvent avoir des gens qui se retrouvent « disséminés » dans le monde, qui ont parfois dû fuir la guerre ou la pauvreté, et dont Dieu change le parcours en engagement missionnaire. Et Dieu change à travers eux le mal en bien (Gn 50.20). On ne mesure pas à quel point, en ce qui concerne l’expansion de la foi chrétienne, l’Afrique nous bénit. À travers les migrations, les diasporas se font semences de l’évangile. Et un lieu comme l’Institut Al Mowafaqa permet de leur fournir une formation théologique solide. C’est un projet qu’il faut soutenir.


(1) »Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’Ombre qui s’épaissit (…) »
(« Souffles », recueil Leurres et lueurs, 1960)




«L’imaginaire, c’est l’être de la société»

Komivi Elom Alagbo est pasteur de l’Église évangélique presbytérienne du Togo, et il poursuit des études de théologie à l’Université protestante d’Afrique centrale, au Cameroun. Sa thèse de doctorat, pour laquelle il fait des recherches en France avec le soutien du Défap, porte sur « la théologie de la reconstruction de Kä Mana et ses implications pour la restauration du Togo ». Un thème qui lui a été inspiré par l’état de profonde désespérance d’une partie de la jeunesse togolaise : depuis l’indépendance et jusqu’à aujourd’hui, le Togo s’est montré incapable de rebâtir un imaginaire susceptible de mobiliser son propre peuple en vue d’un but commun. Car ce qui fonde un idéal politique, des institutions, c’est cet imaginaire, qui leur donne leurs bases. Pour guérir une société, reconstruire une nation, c’est cet imaginaire qu’il faut restructurer…

« L’imaginaire, c’est l’être de la société »


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L’école Kallaline recrute son directeur pédagogique

L’école Kallaline, partenaire de longue date du Défap en Tunisie, cherche un nouveau directeur pédagogique. Respect des différences, de l’autre et de soi-même font partie des valeurs prônées à travers l’enseignement dispensé dans cet établissement atypique de Tunis, résolument inscrit dans la langue et la culture françaises.

Vue de l’école Kallaline © école Kallaline

Derrière les murs blancs de l’école Kallaline, au 12 place des Potiers, dans le faubourg nord de la médina de Tunis, près de Bab Souika, on trouve plus d’un siècle et demi d’histoire : cet établissement est aujourd’hui l’un des plus anciens de la capitale tunisienne. Tout remonte au XIXe siècle, avec sa fondation par un révérend anglais… Depuis, la petite école a bien grandi et fait son chemin. Résolument ouverte au monde, l’école Kallaline prône une éducation bienveillante : chaque enfant est ainsi respecté de manière à faire ressortir ses qualités. Tout comme il est incité à respecter les autres et à respecter les différences. L’équipe enseignante est à la fois multiculturelle et multiconfessionnelle. Les collaborateurs peuvent être tunisiens, français, originaires d’Afrique subsaharienne ; ils peuvent être chrétiens, musulmans, athées ; et le travail s’effectue en bonne intelligence, et dans le respect des valeurs d’ouverture que prône l’école.

L’école Kallaline fait partie des établissements d’enseignement soutenus par le Défap, qui y envoie régulièrement des services civiques. Une école ancienne, mais aussi atypique, qui s’inscrit dans la tradition et la culture françaises : une partie importante des cours, des activités et de la vie scolaire se fait en français. C’est aussi un établissement qui vise à transmettre des valeurs, qui sont celles portées par le Défap et la tradition protestante : le respect, l’amour de l’autre, la justice et l’honnêteté.
 

 

Offre d’emploi : directeur pédagogique

L’École des Potiers / École Kallaline est un établissement privé à Tunis créé en 1830. L’école est actuellement gérée par une structure locale, et fonctionne de manière autonome, en partenariat souple avec des associations et des Églises chrétiennes. L’établissement accueille entre 200 et 250 élèves issus dans leur majorité de familles musulmanes. Les classes vont de la grande section de maternelle (5 ans) jusqu’à la 6ème année primaire (12 ans). L’effectif par classe varie de 15 à 25 élèves. Le programme est dispensé en arabe (2/3 du temps). Les langues étrangères (français et anglais) occupent le reste de l’emploi du temps et sont confiées à des enseignants spécialisés. La langue de travail est le français.

Votre Mission

Vous devrez assurer la direction pédagogique de l’école en renforçant sa vigueur avec l’équipe en place. Vous aurez la responsabilité d’assurer le recrutement de l’équipe pédagogique en collaboration avec la Gérance de l’école.

Vous serez l’interlocuteur des services de l’Éducation nationale tunisienne et serez responsable du respect du cahier des charges imposé aux établissements d’enseignement privé. Vous serez également l’interlocuteur privilégié des parents d’élèves. Vous assurerez l’encadrement des activités périscolaires ainsi que l’animation des partages et échanges spirituels.

Lien hiérarchique

Le poste de directeur pédagogique rapporte hiérarchiquement à la Gérance de l’école qui porte le mandat social.

Formation

Vous avez une expérience d’enseignement d’un minimum de 5 années permettant d’être agréé par le ministère de l’Éducation nationale tunisienne. Une expérience de direction serait aussi appréciée.

Conditions d’engagement

Le poste est basé à Tunis avec un engagement idéal pour une période de 5 années (ou plus) et un minimum de 3 années. Dans un souci de continuité, une période de tuilage avec le titulaire actuel est envisagée. Le statut de volontaire de solidarité internationale (VSI) est accepté. Un logement de fonction vous sera proposé dans l’enceinte de l’école. Vous êtes francophone et possédez une parfaite maîtrise de la langue et de la culture française. Vous pouvez justifier de votre foi.

Rémunération

La rémunération versée sur place en dinars tunisiens (DT) correspond à une majoration de 50% par rapport à la grille de l’enseignement privé tunisien. Il est conseillé de s’assurer un complément financier extérieur.

Votre profil

Vous avez une personnalité équilibrée entre « savoir-être », « savoir-faire » et « savoir-faire-faire » répartie sur 9 familles de compétences principales classées dans l’ordre de préférence suivant : 1) leadership ; 2) pédagogie ; 3) exemplarité ; 4) relationnel ; 5) représentativité ; 6) communication ; 7) management ; 8) disponibilité ; 9) administration.

Dépôt de votre candidature

Pour déposer votre candidature, merci d’adresser par email, avant le 15 juin 2024, votre dossier de candidature composé des 3 pièces suivantes : lettre manuscrite de motivation ; curriculum vitae à jour ; témoignage écrit.

Le dépôt de candidature et les échanges avec l’école pourront se faire à l’adresse suivante : recrutement@kallaline.com.tn




À la découverte du Maroc, et d’Al Mowafaqa

Du 23 au 30 avril 2024, des jeunes protestants de l’UEPAL âgés de 15 à 22 ans, emmenés par les pasteurs Maximilien Luzeka et Hanitra Ratsimanampoka, se sont rendus au Maroc avec le soutien du Défap. Un séjour d’une semaine qui leur a permis de rencontrer l’Église évangélique au Maroc et la pasteure Karen Thomas Smith, les étudiants et le directeur de l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa, mais aussi Mgr Cristobal Lopez, archevêque de Rabat. Impressions de voyage par les jeunes participants.

Arrivée à Fès le 23 avril © UEPAL

Un voyage dense. En une semaine, du 23 au 30 avril 2024, le petit groupe de jeunes de l’UEPAL sera allé à Fès, Meknès, Rabat, Casablanca et Agadir. Il aura visité le site archéologique de Volubilis, où l’on trouve encore des témoignages de la présence du christianisme au Maroc à l’époque antique. Les voyageurs, emmenés par les pasteurs Maximilien Luzeka et Hanitra Ratsimanampoka, auront eu l’occasion de dialoguer avec de jeunes protestants marocains et de participer à un culte de l’EEAM (l’Église évangélique au Maroc) ; d’échanger avec des étudiants de l’Institut Al Mowafaqa et avec son directeur, Jean Koulagna ; de rencontrer la pasteure Karen Thomas Smith, présidente de l’EEAM, la communauté franciscaine des sœurs de Jésus, mais aussi Mgr Cristobal Lopez, archevêque de Rabat… À chaque étape de leur parcours, ils auront aussi distribué des lots de médicaments à chaqu bureau du CEI, le Comité d’Entraide Internationale, bras diaconal de l’EEAM et très engagé notamment dans le soutien aux migrants. Un séjour à l’issue duquel les jeunes de l’UEPAL sont revenus, selon les mots de leurs accompagnateurs, « transformés par ce qu’ils ont vu, vécu et expérimenté ».

Ce séjour avait reçu le soutien du Défap, qui est également en lien avec nombre d’interlocuteurs avec lesquels les jeunes voyageurs ont eu l’occasion de dialoguer tout au long de leur voyage. Le Défap soutient ainsi depuis des années l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa, à la fois de manière directe et par l’octroi de bourses à des étudiants en théologie. Il soutient aussi le ministère de Karen Smith comme aumônier de l’Université d’Ifrane. Il est enfin en lien avec le CEI.

Impressions de voyage par quelques participants :

Le groupe des jeunes voyageurs © UEPAL

Tsiry : « 7 jours inoubliables »

Le Maroc : rien que le fait d’évoquer ce voyage me rend nostalgique. Il a débuté le 23 avril dernier, j’avais quelques appréhensions avant le départ parce qu’on était sur le point de fouler des terres inconnues, à l’aventure vers de nouveaux paysages et avec pour la plupart des personnes que je ne connaissais pas du tout. Et pourtant à la seconde où on a atterri à Paris ce 30 avril, la seule idée qui m’était venue en tête était de tout recommencer. Parce que j’avais adoré chaque journée, chaque seconde à vrai dire : j’étais happé par tout ce qu’on voyait : les montagnes, les villes, les rues, les visages, les routes, les couleurs, les chats, et également par tout ce qu’on vivait : je pense au soleil qui nous illuminait tous les jours, à tous ces rires et souvenirs qu’on a partagés ou encore à ces plats traditionnels dont les goûts n’ont toujours pas quitté mon palais.

Je pense notamment à tous ces gens qu’on a rencontrés au fil de la semaine. Certains m’ont marqué plus que d’autres : il y a eu d’abord l’archevêque de Rabat : un homme de grande envergure, je n’ai pas l’habitude d’écouter énormément les grands discours et pourtant je crois qu’on était tous d’accord pour dire qu’on buvait chacune de ses paroles les unes après les autres. Les hommes appelés par Dieu je n’en connaissais pas beaucoup, à l’image d’un autre résident cette fois-ci rencontré à Agadir, qui nous prêchait sa foi au petit matin. On venait d’arriver en bus après un périple de plusieurs heures, j’étais fatigué et la tête dans les nuages mais il nous contait si bien ses rêves et son propre parcours dans la religion chrétienne que je n’en ai pas loupé une miette.

Les crèches m’ont beaucoup marqué également, une dizaine d’enfants qui n’avaient pas de lieu où dormir, se rassemblent dans un endroit minuscule dans des conditions minables, insalubres.

Et puis aussi quand on s’est mis à danser et chanter à l’église. Je dansais ma joie, celle qui nous accompagnait à travers ces 7 jours inoubliables. J’étais heureux et je le suis encore du simple fait de raconter tous ces périples qu’on a vécus ensemble (…)

Le groupe de jeunes de l’UEPAL très concentré lors d’un culte © UEPAL

Elisa : « Cette visite m’a ouvert les yeux sur les réalités auxquelles les migrants sont confrontés »

(…) Dès notre arrivée à Fès, j’ai été émerveillée par les couleurs vives, les odeurs agréables et la chaleur, cette ville est connue pour sa médina et ses célèbres tanneries, nous avons aussi goûté à la cuisine marocaine, avec ses épices et ses plats traditionnels comme le tajine ou encore le couscous. Nous avons rencontré aussi la jeunesse qui était très gentille et accueillante dès notre arrivée.

Ensuite, nous avons pris la route vers Meknès pour visiter la ville de Volubilis. Le paysage était superbe, avec ses ruines qui nous rappellent l’époque romaine, on peut y voir également des mosaïques magnifiques et des vestiges de bâtiments.

Par la suite nous avons visité la ville de Rabat, la capitale du Maroc (…) puis nous avons fait une journée à Casablanca pour rencontrer la jeunesse et écouter un chant dans leur église. Et pour terminer nous avons passé un séjour de 3 jours à Agadir qui pour moi était le meilleur, la jeunesse qu’on a rencontrée était très accueillante, le culte du dimanche a été une belle découverte (…)

Le dernier jour nous avons eu l’opportunité de rendre visite à des migrants au Maroc et je dois dire que cette expérience a été à la fois enrichissante et émouvante. J’ai été touchée par la force de ces personnes qui ont dû quitter leur pays pour différentes raisons. Lors de notre visite dans un centre d’accueil, nous avons pu rencontrer des migrants venant de différents pays d’Afrique. Ils nous ont partagé leurs histoires, leurs espoirs et leurs difficultés. Malgré les difficultés auxquelles ils font face, ils gardent une détermination à reconstruire leur vie et à trouver un avenir meilleur.

Cette visite m’a ouvert les yeux sur les réalités auxquelles les migrants sont confrontés et m’a rappelé l’importance de la solidarité envers les autres. C’était une expérience qui m’a marquée et qui m’a encouragée à continuer de soutenir les personnes dans le besoin (…)

Des médicaments pour le CEI © UEPAL

Noémie : « l’amitié entre musulmans et chrétiens doit être entretenue »

(…) La journée qui m’a le plus marquée a été la dernière car nous avons passé la matinée dans un quartier défavorisé proche d’Agadir. Nous avons eu l’occasion de rendre visite à de jeunes femmes immigrées, seules avec un enfant. Elles ont parlé et ont témoigné face à nous, même si elles ne semblaient pas réellement à l’aise. Ayant quitté le pays pour travailler en Europe, elles ont traversé le désert pendant des mois afin d’arriver au Maroc, dans des coins pauvres et peu fréquentés. Elles ont commencé à fréquenter un homme. Lorsqu’elles ont découvert qu’elles étaient enceintes, il les a abandonnées et ne leur a jamais donné de nouvelles. On nous a expliqué que leur famille qui vivait encore au pays ne leur apporte aucun soutien et coupait tout contact avec elles. Leur famille les envoie là-bas pour travailler, les sortir de la pauvreté en vendant certaines terres parfois. Ces femmes travaillaient jusqu’à leur 8e mois de grossesse pour gagner peu d’argent. Elles ne peuvent retourner au pays par manque de moyens. Elles sont logées par des personnes de l’Église protestante. Dans leur pays, tout le monde pense que l’Europe est parfaite car elles ne reviennent pas.

Nous avons aussi pu aller dans des crèches afin de rendre visiter à des enfants. Ils dormaient par terre avec une couverture et étaient une dizaine à occuper un petit endroit, gardés par une seule nourrice (…)

J’ai adoré l’après-midi passée avec l’archevêque de Rabat. Ses paroles étaient sages et très intéressantes, on ne pouvait que l’écouter. Il était très captivant et nous a beaucoup sensibilisé sur l’importance de l’entente entre musulmans et chrétiens. Les chrétiens ne représentant que 0,08% de la population marocaine, il a affirmé que c’était une présence insuffisante mais significative. Cependant, l’amitié entre musulmans et chrétiens doit être entretenue, se faire la guerre entre religions est insensé (…)

Le groupe de jeunes participant au culte de la paroisse EEAM d’Agadir © UEPAL

Joshua : « le cœur du voyage est dans les rencontres »

(…) Ce voyage est iconoclaste dans la mesure où il permet de découvrir une société, un monde et une vie autre que celle que nous avons en Occident par les usages, mœurs et coutumes, renouvelant alors l’image et la vision d’un monde versatile.

Le Maroc est un pays chaleureux et bienveillant qui offre un paysage africain idyllique.

Mais le cœur du voyage est dans les rencontres vécues avec des frères et sœurs en Christ, inconnus, tous unis dans le même esprit.

Le voyage fut rythmé par toutes ces rencontres, chacune singulière, dans la traversée du pays d’Est en Ouest par Fes, Meknes, Rabbat, Casa et Agadir. Un pays où les chrétiens représentent 0,08% de la population. Cette présence est une lueur d’espoir pour les chrétiens vivant dans un monde en déchristianisation dans la mesure où chacun est une pierre vivante de l’Eglise envoyée dans le monde, en charge d’un vase d’argile apportant la Bonne Nouvelle.

Visite du site archéologique de Volubilis © UEPAL



Nick Sandjali : «Trois mois mémorables»

Pasteur de l’Église presbytérienne camerounaise et enseignant d’Ancien Testament à l’Institut Supérieur de Théologie Dager de Bibia, Nick Sandjali travaille à une thèse de doctorat à la Faculté de théologie évangélique de Bangui (FATEB), Extension-Yaoundé, sur la séparation du sacré et du profane en vue d’une lecture contextuelle dans son Église. Des travaux pour lesquels il est venu poursuivre des recherches en France, avec le soutien du Défap, et en lien avec l’Institut protestant de théologie (IPT). Ce qui lui a permis d’accéder à des ressources documentaires actualisées qui lui manquaient au Cameroun… mais aussi de découvrir le travail avec les enseignants de l’IPT, et des aspects parfois déroutants de la vie en France.

Nick Sandjali : « Trois mois mémorables »


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«À Al Mowafaqa, je sens que je grandis»

Nouveau témoignage cette semaine d’une étudiante partie suivre un cursus de plusieurs mois à l’Institut œcuménique de Théologie Al Mowafaqa, à Rabat (Maroc), avec le soutien financier du Défap. Après Marysol, étudiante à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, voici Ewa. Elle évoque des découvertes qui vont bien au-delà du cadre universitaire : une mise en dialogue au quotidien des cultures et des religions, une véritable expérience de vie.

Ewa en compagnie d’une autre étudiante de l’Institut Al Mowafaqa : Sœur Aimée © Ewa pour Défap

Qu’est-ce qui vous a incitée à suivre ce cursus à l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa ?

Ewa : Je suis sculpteur de profession. J’ai déjà deux diplômes en art. J’avais décidé de suivre des études en théologie pour approfondir et conjuguer différentes manières de servir le Seigneur dans ma vie professionnelle, ce qui m’a poussée à m’inscrire en licence à la Faculté de Théologie protestante de Strasbourg. Au bout de trois semestres, je me suis rendue compte que j’avais besoin de retrouver un côté plus humain, plus ouvert et en dialogue avec des croyants et des non croyants de différentes communautés. Et j’ai appris que j’avais la possibilité de le faire au Maroc.

Je suis d’origine polonaise ; et en Pologne, pays majoritairement catholique, les aspects interculturels et interreligieux sont peu présents, ce qui me manquait. Dans ma manière de témoigner à travers l’art, où je m’exprime par les couleurs et par les formes, j’ai trouvé une façon d’intégrer les regards des autres cultures, et notamment des cultures d’Afrique. Il y a là un regard différent de ce que l’on peut trouver à travers l’art que nous connaissons en Europe. Ce cursus à Al Mowafaqa représentait précisément une ouverture dont j’avais besoin par rapport aux études que je suivais à Strasbourg, qui sont d’un format plus universitaire.

Qu’avez-vous découvert ?

Les professeurs sont très variés, ce qui permet, à chaque cours, de découvrir une problématique à travers le parcours d’une personne qui la connaît bien. Par exemple, pour le cours « Histoire et anthropologie de l’islam », la professeure venait du Maroc, elle était baignée dans la culture marocaine : c’était magnifique de voir ces relations étroites entre la matière enseignée, et l’histoire personnelle de la personne qui donnait le cours. Les professeurs sont aussi plus faciles d’accès qu’à l’université, ce qui permet, en échangeant avec eux, de découvrir le parcours et la vision du monde de personnes venant du Cameroun, du Rwanda (mais habitant en Belgique), ou du Sénégal, ou du Maroc (mais avec des racines berbères)… À Al Mowafaqa, on apprend à mieux comprendre les autres : on découvre non seulement des thématiques, mais des personnes avec leur histoire et leur vécu. Je ne m’attendais pas à trouver une telle densité d’humanité. On se rend compte que si l’on fait de telles études, c’est aussi pour comprendre ce qui fonde l’humanité et notre relation avec Dieu.

On travaille souvent en groupe – et les groupes aussi sont très variés. Il y a une grande diversité d’histoires personnelles parmi les étudiants de ce Certificat ; une grande diversité de contextes culturels, d’âge (de moins de 20 ans à plus de 70) : c’est comme si on était tout un petit village, où se retrouvent toutes les générations. On échange, on mange ensemble, on parle de nos vécus ; ce sont des moments importants et qui ajoutent quelque chose, qui permettent de se parler en vérité. À Al Mowafaqa, je sens que je grandis ; que je vis là une étape de ma vie dont je sortirai avec un beau bagage. J’entends des témoignages de participants qui sont des gens engagés (pour les droits de l’homme, pour les réfugiés…), et qui apprennent ici des choses qu’ils pourront mettre directement en lien avec leur engagement. Je suis aussi touchée par le parcours de personnes que je rencontre, et qui ont donné toute leur vie à l’Église, des pasteurs, des frères ou des sœurs… Je sens véritablement ici que nous sommes tous ensemble le corps de Christ, tout en étant tous très différents.

Tous différents, mais marchant dans la même direction © Ewa pour Défap

Que vous apporte cette expérience à titre personnel ?

Sur le plan universitaire, les cours suivis ici me permettent de valider mon quatrième semestre. Et j’ai aussi décidé de suivre deux cours supplémentaires et de faire un mémoire pour valider la totalité du Certificat Al Mowafaqa. J’ai pris confiance pour parler en public : pour moi, ce passage à Al Mowafaqa, c’est comme une porte qui s’ouvre.

Le matin, nous avons un temps de prière : un membre du groupe choisit de raconter une histoire biblique. Pour ma part, j’ai proposé un clin d’œil artistique, et les autres étudiants m’y ont encouragée, connaissant mon parcours. J’ai choisi une thématique : la différence entre un vagabond, qui va sans but, et un pèlerin, qui marche avec Dieu et se laisse guider. Pour l’illustrer, j’ai pris l’empreinte des pieds de chaque participant. Je me suis retrouvée avec les empreintes d’une trentaine de pieds, qui m’ont servi à illustrer le fait que nous marchons tous dans la même direction. Venus de différents milieux, issus de différentes théologies, nous allons vers le même but… J’ai aussi été invitée par l’Institut à faire un témoignage artistique le 2 mai, pour montrer comment je parle de ma foi à travers mon art.

J’apprécie énormément d’étudier des sujets comme le dialogue islamo-chrétien ou l’histoire de l’islam, d’apprendre l’arabe, dans un pays de culture musulmane : on a tellement besoin aujourd’hui d’apprendre à nouer ou à rétablir le dialogue, à respecter l’autre… Et venir faire ces études ici, au Maroc, en m’éloignant de ma vie quotidienne, me permet de prendre de la distance par rapport à ma propre vie et à mon propre parcours. C’est toujours bien de s’éloigner ainsi, pour mieux voir dans quelle direction on aimerait aller. Je me rends compte aussi de l’étendue des choses que je ne connais pas encore ; et qu’il est important de s’accorder la liberté de dire : je ne sais pas. On peut apprendre toute la vie à condition de ne pas être figé, et d’accepter de s’ouvrir à des choses nouvelles ; mais pour autant, il ne faut pas oublier qui l’on est, d’où l’on vient et ce que l’on peut apporter aux autres.

Que pourriez-vous dire à un étudiant français pour l’encourager à venir à l’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa ?

Je lui dirais qu’ici, il ne va pas découvrir seulement un pays et une culture, mais aussi se découvrir lui-même. Pour marcher sur l’eau, il faut d’abord sortir du bateau. Très souvent, on attend des miracles dans sa vie, mais sans être prêt à prendre des risques. On ne peut pas passer sa vie à aller toujours tout droit ; il faut prendre le temps d’aller à droite ou à gauche pour découvrir.




Marysol, étudiante à Al Mowafaqa : «J’avais envie de sortir de ma zone de confort»

L’Institut œcuménique de Théologie Al Mowafaqa, installé à Rabat (Maroc), est soutenu depuis des années par le Défap, à la fois par un financement direct et par l’envoi de boursiers. On ne se contente pas d’y étudier le dialogue interculturel et interreligieux : on l’expérimente au quotidien. Témoignage de Marysol, étudiante à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, partie pour y suivre un cursus de plusieurs mois avec le soutien financier du Défap.

Étudiants de l’Institut Al Mowafaqa : le groupe dont fait partie Marysol © Marysol pour Défap

Le Maroc est un pays-charnière entre l’Europe et l’Afrique. Une étape sur la route des migrants qui cherchent à passer en Espagne ; une monarchie où l’islam est religion d’État mais dont le souverain veut promouvoir une pratique modérée, s’efforçant de résister aux effets déstabilisateurs de l’islamisme radical… Un lieu au croisement de multiples influences. Il est particulièrement significatif que dans ce pays où le prosélytisme est interdit pour les non-musulmans, des lieux permettant la rencontre des religions aient vu le jour avec l’appui ou par la volonté de l’État, comme l’université d’Ifrane, créée en 1995 par Hassan II pour former les futures élites marocaines. L’Institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa, pour sa part, a été créé en 2012 à l’initiative des Églises catholique et protestante au Maroc. Les formations y sont assurées sous forme de sessions intensives avec des professeurs visiteurs venus d’Europe et d’Afrique auxquels s’ajoutent, pour le domaine de l’islam, des universitaires marocains. C’est à la fois un lieu d’enseignement, de réflexion et de brassage interculturel. L’Institut bénéficie d’une convention de coopération internationale avec la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg et avec la Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses / Theologicum de l’Institut catholique de Paris. Il est soutenu par le Défap, à la fois par un financement direct et par l’envoi de boursiers.

Marysol, étudiante à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, est partie pour suivre un cursus d’un semestre au Maroc : le Certificat Al Mowafaqa pour le dialogue des cultures et des religions, avec le soutien du Défap. Elle témoigne.

Visite de la bibliothèque nationale © Marysol pour Défap

Pourriez-vous me dire ce qui vous a donné envie de suivre ce cursus au Maroc ?

Marysol : C’était un cursus en accord direct avec ma faculté, ce qui rend l’inscription plus simple. Beaucoup de nos professeurs à Strasbourg nous avaient fait part des bénéfices humains que ce semestre pouvait nous apporter. J’avais envie de sortir de ma zone de confort, de m’ouvrir à de nouvelles cultures, et de sortir d’une vision binaire européenne, pour entrer dans une vision qui se veut plus universelle.

Qu’avez-vous découvert sur Al Mowafaqa depuis que vous avez débuté cette formation ?

J’ai déjà découvert une multitude de manières d’enseigner. Étant donné que les profs viennent de lieux différents avec des enseignements très variés, nous passons d’une pédagogie à une autre. J’ai aussi découvert la diversité du continent africain. Une chose que j’avais sous-estimée, et que je trouve aujourd’hui particulièrement intrigante et magnifique !

Pourriez-vous me parler des autres étudiants que vous avez pu rencontrer ?

Dans le Certificat, je dirais que les étudiants sont à 40% protestants et 60% catholiques. Avec des pasteurs, des prêtres, des frères et sœurs. La tranche d’âge va de 30 à 70 ans… Je suis vraiment une enfant dans le groupe, à 19 ans ! Ils sont tous super-ouverts à la discussion, j’ai l’impression qu’il n’y a jamais de mauvaise question ou réponses entre nous. Nous nous soutenons beaucoup. Les étudiants en licence sont tous protestants : des pasteurs ou des jeunes qui souhaitent se former.

Comment sont vécues les relations entre cultures au sein de votre groupe d’étudiants ? Est-ce un sujet de discussions entre vous ?

C’est un sujet de discussions entre nous, oui ! On échange beaucoup, pour éviter le plus de tensions ou d’incompréhensions possible. Je sais que, parfois, je peux oublier de serrer la main pour dire bonjour, et juste sourire de loin, ce qui a été mal pris par certains étudiants. On en a discuté, on s’est rendu compte de nos différences, et on en a ri ! Sinon, on parle beaucoup des situations géopolitiques de nos pays, des vécus en tant que peuple colonisés pour eux, et moi, venue d’un pays qui a un jour colonisé… Nous essayons de voir comment cela impacte notre éducation. J’ai été désolée d’apprendre que la France avait toujours un poids sur plusieurs pays africains grâce à l’argent.

Est-ce que votre regard sur les relations entre chrétiens et musulmans a évolué ?

Je dirais que oui. J’avais intériorisé cette peur de l’islam, une chose présente en France, appuyée par les informations télévisées. Les cours à Al Mowafaqa me permettent de comprendre d’où pourrait venir cette peur, et de voir une porte de sortie, qui est le dialogue. En plus de cela, vivre dans un pays musulman permet aussi de se sentir plus proche de l’autre, d’oublier son soi, et de se renouveler. Je vois aujourd’hui un lien très fort entre nos deux religions abrahamiques. Sans pour autant vouloir effacer nos différences.

Un élève de l’Institut Al Mowafaqa parlant des religions traditionnelles dans son pays d’origine, le Burkina Faso © Marysol pour Défap

Pensez-vous que ce que vous avez déjà découvert à Al Mowafaqa vous sera utile par la suite, une fois revenue en France, à la fois sur le plan personnel et sur le plan professionnel ?

Bien sûr ! Sur le plan personnel, cette faculté permet beaucoup de réflexions, d’ouverture d’esprit et d’espérance pour un futur meilleur. Sur le plan professionnel, je pense pouvoir aujourd’hui mieux échanger avec une personne drastiquement différente de moi. Les cours nous permettent vraiment de prendre ce recul nécessaire, et nous aident à forger nos propres valeurs aussi. Nous avons appris que pour pouvoir discuter avec quelqu’un, il faut déjà savoir qui nous sommes en détail.

 
Pour en savoir plus sur l’Institut Al Mowafaqa, retrouvez la présentation faite par son Directeur, Jean Koulagna, pour les dix ans de l’Institut ; et retrouvez ci-dessous quelques images du colloque organisé à cette occasion :
 





Rendez-vous au Défap pour les futurs pasteurs

Lundi 18 mars, les étudiants en Master 2 « Église et Société » de l’IPT seront au 102 boulevard Arago, pour rencontrer l’équipe du Défap, ainsi que la Secrétaire générale de la Cevaa, Claudia Schulz. L’objectif de ces rencontres, désormais régulières, est notamment de permettre de mieux faire connaître les rôles du Défap et de la Cevaa à ces étudiants qui se destinent à devenir pasteurs au sein de l’Église protestante unie de France.

Les étudiants de l’IPT, accompagnés d’Élian Cuvillier, et l’équipe du Défap, le lundi 13 décembre 2021 dans la chapelle du 102 boulevard Arago

L’interculturel, en ces temps de mondialisation, nul n’y échappe ; et pas plus les paroisses protestantes que le citoyen ou le consommateur lambda. La porosité des frontières aujourd’hui ne concerne pas les seuls biens et services marchands ; elle se traduit non seulement par des implantations d’Églises de migrants, mais aussi par l’arrivée de nouveaux paroissiens dans des Églises installées de longue date, entraînant souvent une porosité des frontières entre cultures au sein d’une même paroisse. Conséquence : le protestantisme français aujourd’hui présente une diversité culturelle inédite, ce qui est vécu avec plus ou moins de bonheur… et plus ou moins de difficultés, parfois pratiques, mais aussi théologiques.

Et dans chaque Église, chaque paroisse, les pasteurs se retrouvent au confluent de ces enjeux, qui les mettent au défi d’adapter, voire de réinventer leur rôle. Ils doivent se faire passeurs : être capables de comprendre les contextes dont sont issus leurs paroissiens et les mettre en dialogue, nouer des liens avec d’autres Églises… C’est l’un des rôles du Défap que de les y aider. Comme le soulignait son Secrétaire général, Basile Zouma, en 2021, année où le Défap célébrait son cinquantenaire, « l’Église universelle n’est pas d’abord située géographiquement, elle est plus large. Nous aidons les communautés à en prendre conscience, à dépasser les frontières, à se décentrer dans un réel partage, à ne pas se refermer sur leurs propres difficultés ». Il s’agit donc toujours pour les pasteurs de prêcher l’Évangile, d’accompagner des communautés locales, d’accompagner des personnes dans des moments particuliers de leur vie, comme le soulignait en mai 2016 Evert Veldhuizen, président de l’Association des Pasteurs de France ; mais aussi de savoir décrypter et faire communiquer entre elles des manières diverses d’envisager l’Église et la société, de croire et d’exprimer sa foi.

Un corps pastoral dont la sociologie se modifie

Tâche d’autant plus ardue que le corps pastoral, lui aussi, évolue fortement. Ce que souligne le professeur Élian Cuvillier, de l’Institut Protestant de Théologie (IPT) selon qui « le jeune qui fait de la théologie juste après le bac, européen, protestant venant des paroisses, devient une denrée rare ». Ainsi, depuis les années 80, le corps pastoral a dû s’adapter à l’ère numérique, il a vu sa sociologie se modifier… Celui de l’Église protestante unie de France (EPUdF) compte de plus en plus de femmes, de plus en plus de pasteurs venus de l’étranger (ils sont aujourd’hui un tiers au sein de l’EPUdF, dont une bonne moitié provenant d’Afrique), voire d’autres Églises… Nombre de nouveaux pasteurs ont déjà connu une vie professionnelle avant de se reconvertir, et la part de celles et ceux qui sont directement issus de familles de pasteurs du milieu luthéro-réformé se réduit de plus en plus. Des transformations qui sont à l’image de celles que connaissent les paroisses. L’épisode de la crise sanitaire, dont l’impact a été lourd sur la vie des Églises, et les tensions entourant les questions liées à la laïcité n’ont fait qu’accentuer récemment des transformations déjà profondes.

Élian Cuvillier sera justement l’accompagnateur du groupe d’étudiants de l’IPT qui doivent se rendre ce 18 mars au Défap. Tous sont en deuxième année de Master, et plus précisément en Cycle M2 « Église et société », ce qui les prépare à exercer un ministère au sein de l’EPUdF. Un Cycle M2 dont Élian Cuvillier est le directeur, depuis juillet 2017, sur les deux facultés de Paris et Montpellier. Il a déjà eu l’occasion de dire, lors d’une de ces visites, qu’il considère le Défap comme « un rouage essentiel de l’Église », avec lequel ses étudiant·es, en tant que futur·es pasteur·es, « seront nécessairement amené·es à travailler ».

Voilà plusieurs années que ces visites d’étudiant·es de l’IPT sont organisées au 102 boulevard Arago ; Tünde Lamboley, alors responsable de la formation théologique, et qui avait initié un rapprochement avec l’IPT à travers une série de « déjeuners-cultes », avait en effet constaté que le Service Protestant de Mission restait encore trop souvent méconnu parmi les étudiants. D’où cette idée d’un temps de rencontre et d’échanges, approuvée par Élian Cuvillier. Pour cette année 2024, le programme a été établi par le service Échange théologique du Défap et associe, pour la première fois, la Cevaa. C’est en effet au sein de cette Communauté d’Églises en mission, née en même temps que lui, en 1971, de la Société des Missions Évangéliques de Paris, que se déploient une grande partie des activités du Défap ; elle regroupe la majorité des Églises avec lesquelles il est en lien dans et hors de France ; et la Cevaa, comme le Défap, travaillent à favoriser les échanges et faire vivre les liens entre Églises. Les étudiants du Cycle M2 pourront tout d’abord rencontrer l’équipe du Défap, lors d’une présentation de ses divers services et d’un repas en commun ; et ils pourront s’entretenir avec la Secrétaire générale de la Cevaa, Claudia Schulz, qui leur fera une présentation durant l’après-midi des enjeux et des activités de la Communauté d’Églises en mission.
 

Devenir pasteur·e ou théologien·ne
Le cycle M de l’Institut Protestant de Théologie prend la forme d’un cursus de deux ans (M1, M2 Église et société / M2 « Corpus biblique/corpus systématique/corpus historique/corpus pratique/œcuménisme »). Le Cycle M mention « Corpus et œcuménisme » a pour objectif de préparer des théologien·ne·s dans les spécialités nommées pour être capable de réfléchir les faits religieux en dialogue avec les sciences humaines et sociales dans une société laïque (débouchés professionnels : journalisme, travail dans des ONGs, médiation en situation interreligieuse). Le Cycle M mention « Église et société » prépare à un ministère dans l’EPUdF. La première année est commune aux deux mentions et propose des séminaires dans les quatre disciplines histoire / biblique / systématique / théologie pratique et se clôt par un premier mémoire. La deuxième année vise à compléter la formation en approfondissant les connaissances et les expériences. Elle est distincte en fonction de la mention ; l’entrée dans la mention « Église et société » est conditionnée à l’accord de la Commission des ministères (CDM) de l’EPUdF.