Dans son intervention prononcée au matin de l’Assemblée Générale 2023 du Défap, le secrétaire général Basile Zouma est revenu sur les axes stratégiques du programme « Convictions et actions » ; des axes qui ont permis, selon lui, de « renforcer les identifiants du Défap » : « Rencontres, relations et réflexions ».

Discours du secrétaire général du Défap © Défap

« Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs. » Ce sont avec ces mots de Nelson Mandela (1918-2013) donnant ainsi le ton et la coloration de la politique qu’il entend mener, que je souhaite introduire ce rapport d’activité. Il s’agit d’envisager l’avenir, c’est-à-dire lui donner littéralement un visage qui ne soit pas une simple réplique des incertitudes que porte notre présent. Après trois Assemblées générales (2020-2022) derrière les écrans de nos ordinateurs, contraints à la distance par la crise, l’espérance, qui ne nous a pas quittés dans la traversée de la crise, nous permet aujourd’hui de nous retrouver et d’être reconnaissants de cette possibilité.

Ce rapport fait le récit d’un parcours, d’un passé dont la mémoire devrait nous aider à construire de façon informée et sereine la suite de notre histoire.

Un lieu de rencontre et de concertation

Pour construire ce futur, il est nécessaire de s’inspirer de l’esprit qui animait nos aînés au moment de la naissance du Défap : créer un outil de rapprochement entre les Églises, un lieu de solidarité, de fraternité et de concertation en vue d’agir ensemble. Le synode de l’Église réformée en 1993 au Havre notait dans sa Résolution sur l’évaluation du Défap que celui-ci doit, entre autres « …être le lieu de concertation entre les Églises membres et leurs partenaires… ». Nous avons aujourd’hui la responsabilité de retrouver l’inspiration de cet héritage pour continuer.

Une nécessaire transmission

Ce rapport est la synthèse des activités du Défap pour l’année 2022, un ensemble de données et d’informations relatives aux différentes actions menées. Elles sont compilées pour une large diffusion afin d’informer au mieux nos Églises. Chaque délégué, en recevant ce document, accepte la responsabilité de le faire connaître, de répondre aux questions qui se posent et d’aider à cheminer ensemble dans l’action, vers un monde de partage évangélique.

D’une étape à une autre

De la Société des missions évangéliques de Paris jusqu’à nos jours, nous avons connu des étapes incluant des transformations, des évaluations, des évolutions avec des périodes de transition plus ou moins longues. Nous nous situons dans un de ces temps, portés par un mandat des Églises membres reçu en mai 2020 indiquant que « pendant (les) 5 ans à venir, (les) Églises s’engagent à soutenir le fonctionnement du Défap en l’état dans le cadre des conventions en vigueur et dans la mesure de leurs capacités financières, tout (lui) en demandant de soumettre un plan d’action et de travail pour la période 2021-25. »

L’opportunité de ce temps étant de laisser aux Églises l’espace d’une concertation, en vue d’aboutir à des décisions substantielles communes d’ici l’Assemblée du Défap au printemps 2025. Dans ce même mandat, les Églises se sont proposé de relancer la réflexion avec le Défap dès cette année 2023 – peut-être que madame la présidente Emmanuelle Seyboldt nous en dira un mot tout à l’heure.

Ce temps de transition est pour le Défap une sorte d’Avent, un temps de patience qui ne se résume pas simplement à attendre mais à agir en attendant. « Convictions et actions » qui est la réponse du Défap à la demande des Églises, nous permet cette action dans l’attente. Ce programme a permis de redire nos convictions, et d’ajouter une nouvelle à celles qui existaient déjà ; « Nous croyons que la diversité des cultures est une richesse de la création de Dieu. Par conséquent, la mission est toujours contextuelle en s’incarnant dans une théologie singulière. Nous sommes non seulement acteurs mais aussi bénéficiaires de cette mission. »

Il s’est construit autour de trois axes stratégiques qui seront le fil conducteur de la présentation des SE tout à l’heure :
– Développer les liens avec les partenaires
– S’engager pour la justice, le respect de la création et de la dignité humaine
– Vivre l’interculturalité

Ces axes ont permis, dans leur déploiement, de renforcer les identifiants de l’action du Défap, construite autour de trois leviers : rencontre, relation et réflexion…

Dans des sociétés qui se nourrissent de politiques clientélistes, de replis sur soi, l’outil Défap aux mains des Églises permet d’articuler « l’ici » et le « là-bas » en dépassant les frontières, ouvrant chaque membre à la dimension universelle de son engagement chrétien. Il ne cesse de le dire, de le vivre et de le rappeler : il est une tente de la rencontre qui ouvre non seulement à des relations, des échanges, des enrichissements mutuels mais aussi au partage d’expériences, des joies et fardeaux avec des frères et sœurs d’ici et d’ailleurs. Sa participation n’est qu’une goutte d’eau mais, dans l’océan des rencontres, chaque goutte est importante. Cette thématique de la « rencontre » se nourrit des textes bibliques où c’est Dieu lui-même qui vient au-devant des humains. Nous disons ; « heureux qui rencontre » car Dieu a croisé le chemin de son peuple dans la « Tente de la rencontre » (Exode 33, 7) ouvrant ainsi l’opportunité d’une rencontre croisée entre les peuples. Rencontrer l’autre dans l’expérience d’Abraham, c’est rencontrer Dieu lui-même. Cette rencontre permet d’entrer en relation en créant ensemble l’espace d’une réflexion commune en vue d’une action évangélique concertée.

Une reconnaissance aux permanents du Défap

Pour mettre en œuvre un programme, il faut bien l’engagement d’une équipe d’hommes et de femmes qui n’ont pas toujours compté leurs heures. Cette équipe a vu des départs et des arrivées. Et je saisis l’occasion pour remercier Laura Casorio qui après 8 années au Défap, a rejoint la Fondation pour l’aide au protestantisme réformé (FAP) ; fondation avec qui le Défap a et garde un partenariat de longue durée. La pasteure Pascale Renaud-Grosbras, après une année passée au Défap, assure depuis juillet 2022 un intérim pastoral pour la Région parisienne EPUdF. La pasteure Tünde Lamboley, après 5 années au Défap assure aujourd’hui un ministère pastoral dans le Canton de Fribourg en Suisse.

Nous avons eu la joie d’accueillir trois entrantes ; Valérie Iguernsaid (assistante administrative pour l’échange théologique), Maëlle Karen Nkot (Chargée de projet) et Anne-Sophie Macor (SE responsable du volontariat).

La rédaction du rapport d’activité a été un exercice extrêmement délicat du fait des départs en cours d’année. Avec ces absents qui ne sont plus là pour assurer leur part, la question de savoir si « on va y arriver » s’est posée. Cette citation anonyme pleine d’humour résume l’enjeu : « Si vous pensez que vous pouvez, vous pouvez. Si vous pensez que vous ne pouvez pas, vous avez raison ».

L’équipe a dit « nous pouvons » et a su ainsi réagir pour rendre disponible le document que vous pouvez aujourd’hui consulter.

Un bilan à mi-parcours

Nous voulons ici – en entrant dans la troisième année de la mise en œuvre de notre programme de travail « Convictions et actions » – faire un premier bilan qui consiste non seulement à compter et raconter ce qui a été fait mais aussi faire un point de situation sur la concertation des Églises membres quant au projet à formuler pour l’AG 2025 et qui concerne les suites à donner au projet associatif. L’Assemblée générale est toujours l’opportunité pour les délégués, et à travers eux, les instances mandataires, d’informer de ce qui est en cours et qui participerait au choix des orientations ecclésiales à donner à la structure et à son action.

Un récit d’attente

Ce bilan est un récit d’attente d’une parole concertée des Églises, attendue non pas comme celle du Messie mais la contenant tout de même en germe. Attente d’une parole d’accompagnement qui porte l’action du Défap comme la continuation de la Bonne Nouvelle dont les Églises sont porteuses.

Une présence au monde

Ce bilan retrace notre présence au monde, notre disponibilité à l’autre et notre attention à sa situation. Elle se concrétise en France comme à l’étranger ; les deux belles cartes au cœur du Rapport d’activité nous en donnent un visuel intéressant. Cette présence est une façon de décliner l’Évangile dans des catégories compréhensibles pour celles et ceux qui souffrent de la faim, de la maladie, de la pauvreté… Ceux luttent pour conserver leur terre et maintenir sa capacité productive. Nos en apprenons quelque chose en parcourant l’évangile selon Matthieu (25, 35-36) « Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi. »

Une riche collaboration

Cette présence au monde ne se fait pas seul mais à travers une riche collaboration dans un réseau associatif extrêmement diversifié et avec les instances gouvernementales qui lui renouvellent leur confiance dans les agréments accordés. La collaboration particulière avec la Cevaa est à noter et je tiens ici à remercier la nouvelle Secrétaire générale pour le maintien d’une dynamique positive entre nos deux institutions. Avec DM nous travaillons dans une mutualisation de nos actions en vue d’une présence plus efficace auprès de nos partenaires…

Conclusion

J’ai cité au début de mon rapport un texte tiré de l’évaluation de l’ERF au Havre et c’est avec une autre tirée de l’évaluation de l’ECAAL qui porte la même idée que je veux conclure : « Le Défap reste pour nous un outil auquel nous renouvelons notre confiance, et que nous continuerons à soutenir de manière constante. Il est d’autant plus précieux à nos yeux que c’est l’un des lieux de rencontre et de collaboration avec nos sœurs et nos frères de l’Église réformée de France, de l’Église évangélique luthérienne de France, de l’Église réformée évangélique indépendante et de notre voisine, l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine. »

Je trouve ce texte conclusif tellement fort qu’il me fait penser aux propos d’un grand industriel américain Henry Ford : « Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite« .

À nous de définir ensemble le contenu de ce travail à faire pour le compte de l’Évangile.

Basile Zouma,
Secrétaire Général du Défap

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