Lydie et Pierre sont partis en famille avec le Défap pour des missions de soutien à la SFM, l’École de formation des maîtres de l’Église luthérienne de Madagascar. Lydie a une mission d’enseignement ; Pierre s’occupe de maintenance, notamment du matériel électronique. Ils sont en pleine saison des pluies, qui ont rendu une partie des routes impraticables… Ils racontent.

Étudiants de la SFM © Pierre et Lydie pour Défap

Quelles ont été vos premières impressions de Madagascar ?

Lydie : La diversité, la vitalité. Nous avons été frappés par les paysages de rizières, l’exubérance de la végétation : hibiscus, frangipaniers, arbres du voyageur… Et avec la saison des pluies, tout pousse de partout. Par contraste, les habitants se soucient peu d’environnement : il y a des déchets partout, des bouts de plastique par terre, même à la campagne.

Pierre : Aller au marché, c’est une expérience : c’est plein de couleurs, de bruit, il faut chercher partout… Impossible de s’y retrouver au début sans être accompagné, surtout quand on ne parle pas malgache. C’est un labyrinthe dans lequel on se perd quand on veut acheter quelque chose. Mais nous commençons enfin à savoir où chercher…

Et vos premières impressions de la SFM ?

Pierre : Nous avons été très bien accueillis par le personnel de la SFM, soutenus dans nos démarches administratives. Nous avons de très bonnes relations avec la directrice et avec les enseignants. Ensuite, il a fallu nous adapter au fonctionnement de la SFM, ce qui nous change de nos habitudes. Le rythme, par exemple, est très différent : les journées commencent très tôt.

Lydie : Fandriana est une ville un peu isolée, c’est une ambiance très différente de celle de Tananarive. Du coup, tout le monde connaît notre famille : nous sommes les seuls « vazahas » [« étrangers », NDLR] de Fandriana. Il y a beaucoup d’enseignants qui ont des enfants dans la même tranche d’âge que les nôtres, ils vont à l’école ensemble, ça rend les relations faciles.
 

Étudiants de la SFM lors d’un cours © Pierre et Lydie pour Défap

Comment se déroulent vos missions ?

Lydie : Ma mission est axée sur l’enseignement du français et sur l’école inclusive – la prise en compte du handicap dans les cours. C’est un travail très intéressant et varié. Les étudiants viennent de tout le pays ; et c’est vraiment une richesse. Il y a un bon brassage de population, avec tous ces étudiants aux coutumes différentes.
Concernant le français, comme je suis enseignante en primaire, je me demandais comment faire avec des adultes ; mais je m’y suis vite adaptée. Ils sont habitués à une méthode d’enseignement où les cours magistraux sont prédominants. Ma manière d’enseigner est très différente ; ça casse un peu leur façon de faire, mais ils apprécient. Ils ont une vivacité d’esprit et l’envie de parler en français, mais c’est difficile. Il y a une grande différence de niveau entre ceux qui viennent de bonnes écoles, qui ont un bon niveau de français, et d’autres qui sont quasi débutants. Et pour ces derniers, il y a un grand écart entre ce qu’ils apprennent et ce qui leur serait vraiment utile. Mais la maîtrise du français leur est nécessaire : les rapports de stage, les contrôles, tout est en français.
Concernant l’école inclusive, la SFM accueille des étudiants malvoyants et malentendants, qui sont destinés à devenir enseignants dans des écoles spécialisées. Ils sont très bien intégrés : la première fois que l’on se retrouve dans un cours qui accueille des étudiants malentendants, on se rend compte que tout le monde pratique la langue des signes.

Pierre : J’ai deux casquettes : je m’occupe de l’entretien des bâtiments et de la maintenance du matériel, notamment électronique ; et j’aide Lydie en prenant en charge des groupes dans les cours d’informatique et dans le labo de langues. Il a d’abord fallu remettre le matériel en état. Le labo de langues n’avait pas fonctionné depuis des années.

Quelles difficultés avez-vous dû surmonter ?

Lydie : La transmission des informations, c’est toujours une difficulté. Personne ne nous met spontanément au courant quand il y a quelque chose à savoir : il faut être proactif et partir chercher les infos.

Pierre : Il y a également l’état des routes. Avec la saison des pluies, elles sont ravinées, coupées de crevasses. Les déplacements sont difficiles. Beaucoup de gens prennent des taxis-brousse pour aller d’un endroit de l’île à l’autre, mais ça prend un temps fou : deux heures pour une quarantaine de kilomètres…
 

Pierre dans le labo de langues © SFM

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