Première formation dans ce domaine donnée en français, le cursus de la formation en théologie interculturelle s’adresse aux responsables de communautés de toutes tendances confessionnelles et origines culturelles ainsi qu’à toute personnes intéressée. Reportage en immersion lors de deux sessions à l’Institut œcuménique de Bossey (Vaud, Suisse). Une formation proposée par DM, l’OPF (Office protestant de formation), l’Institut œcuménique de Bossey, le Défap et TEAG (Témoigner ensemble à Genève).

Quelques-uns des participants de la première session de formation à la théologie interculturelle donnée à l’Institut œcuménique de Bossey © DR

Rapport à la société, aux institutions, à la foi, aux relations entre les générations ou entre les sexes : aucun des aspects les plus fondamentaux de notre relation au monde n’échappe aux présupposés qui nous sont enseignés au sein de notre culture propre depuis notre plus jeune âge. Comment, dès lors, à partir du moment où l’on aborde les questions de théologie et la possibilité de transmettre notre foi, faire abstraction de ce qui fait partie de nous-même depuis l’origine ? Cette question du rapport entre la foi et la culture, beaucoup de missionnaires l’avaient découverte, parfois de manière douloureuse, en partant au loin annoncer la Bonne Nouvelle et en se découvrant porteurs malgré eux de certitudes plus propres à enchaîner qu’à délivrer les peuples qu’ils rencontraient. Aujourd’hui encore, cet aspect entrave bien souvent les relations entre des Églises qui peuvent, sur des continents différents, se dire porteuses de la même foi, mais dans des contextes qui s’opposent sur bien des points. Et cette question des relations interculturelles s’invite aussi lorsque des Églises issues de contextes différents se rencontrent dans un même pays et tentent de dialoguer.

L’interculturalité est une aventure. Et c’est ce que racontent les intervenants et les participants de cette formation, unique en son genre, qui a été mise en place en Suisse, à l’Institut œcuménique de Bossey. Comme le note le théologien français Michel Bertrand, qui participe à cette formation, « la théologie est toujours contextuelle. Autant il y a de personnes, autant il y a de contextes différents. En fait, ce qui est derrière, c’est comment un message qui a une portée universelle, vient s’inscrire dans des contextes toujours singuliers. Et au fond, c’est bien au cœur du message biblique : on ne rentre jamais dans l’universel par le haut. On rentre toujours dans l’universel par le singulier. »

Une formation unique en son genre

 

« Se former à la théologie interculturelle », formation délivrée à l’Institut œcuménique de Bossey, est unique en son genre. Elle associe des entités protestantes très différentes mais toutes confrontées au quotidien aux défis de l’interculturalité. En sont ainsi partenaires la Cevaa – Communauté d’Églises en mission, le Défap et DM – Dynamique dans l’échange, l’homologue du Défap pour la Suisse romande ; ainsi que l’Office protestant de formation, organisme qui forme les pasteurs et les diacres des Églises réformées suisses romandes, et le programme TEAG (Témoigner ensemble à Genève), qui rassemble près d’une centaine de communautés et Églises issues du protestantisme et établies à Genève, avec le but de faire travailler dans le même champ les Églises suisses et les nombreuses Églises issues de la migration. Elle figure également dans la liste des stages mis en avant dans le programme de la CPLR (Communion Protestante Luthéro-Réformée), chargée de la formation permanente et continue des pasteurs de l’EPUdF et de l’UEPAL. Avec des enjeux que résume en ces termes Nicolas Monnier, Directeur de DM – Dynamique dans l’échange, dans le n°82 de la revue Perspectives Missionnaires, associée désormais à Foi & Vie dont elle est devenue le Cahier d’études missiologiques et interculturelles : « Qui a dit que l’Évangile était un long fleuve tranquille ? Sans rapides ? Sans chutes vertigineuses ? Sans bancs de sable ? Sans obstacles apparemment infranchissables ? Sans conflits au sein de l’embarcation ? », questionne-t-il dans un article intitulé « Soutenir la formation à la théologie interculturelle : un des axes de DM« . Et de souligner que l’interculturalité – et c’est ce qui rend une telle formation nécessaire « nous oblige à un dialogue parfois difficile, nous place devant nos limites, nous invite à élargir notre horizon, en particulier quant à l’interprétation des textes bibliques ».

Situé près de Genève, en Suisse, l’Institut œcuménique de Bossey est le centre de rencontres, de dialogue et de formation du Conseil œcuménique des Églises. Il est rattaché à l’université de Genève depuis 1952. C’est en 2011 qu’un accord inédit, permettant à tous les étudiants de Bossey de prétendre à un certificat d’accréditation de l’Université de Genève, a été conclu entre l’Institut œcuménique de Bossey et l’Université de Genève par l’intermédiaire de la Faculté autonome de théologie protestante. L’Institut a pour but à la fois de promouvoir la pensée œcuménique, et de former des responsables tant laïcs qu’ecclésiaux. Chaque année, il accueille des étudiants et des chercheurs du monde entier qui viennent approfondir leurs études, à travers les trois cursus proposés : un certificat d’études complémentaires en œcuménisme, un master en théologie œcuménique ainsi qu’un doctorat en théologie (option œcuménisme). Le château de Bossey est ainsi un lieu important d’échanges.

Après la première saison de cette formation en théologie interculturelle, de nouvelles dates sont désormais proposées pour octobre-novembre 2022. Ayant pour thème transversal « La guérison« , cette formation 2022 (dont vous pouvez télécharger le flyer ici) se déroulera sous la forme de huit sessions :

  • Diversités culturelles et christianisme (VEN-SAM 21-22.10.22)
  • Évangile et herméneutique interculturelle (VEN-SAM 4-5.11.22)
  • Histoire du christianisme et sa pluralité dans le monde (VEN-SAM 9-10.12.22)
  • Le ministère de l’Église : Église et ministères (VEN-SAM 20-21.01.23)
  • Questions éthiques (VEN-SAM 17-18.02.23)
  • Mission ensemble (VEN-SAM 17-18.03.23)
  • Prêcher dans des sociétés pluralistes (VEN-SAM 21-22.04.23)
  • Défis interreligieux (VEN-SAM 26-27.05.23)
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