Élie Olivier, 24 ans, est un ancien envoyé du Défap à Madagascar : il était parti en 2019 en tant que service civique. Une mission qui a durablement influé sur sa vie et sur sa vision du monde, comme il l’explique au micro de Marion Rouillard pour l’émission « Courrier de mission – le Défap ». Son conseil pour celles et ceux qui envisageraient de s’engager ainsi auprès du Défap, mais se posent encore la question : « N’hésitez pas ! »
Élie Olivier photographié au cours de sa mission à Madagascar © Défap
C’était il y a trois ans : Élie Olivier, ayant achevé des études d’astrophysique, partait pour Madagascar pour une mission d’animateur linguistique – échanges interculturels à Antsirabe. Il avait le statut de service civique, et avait suivi en juillet la formation pour les envoyés dispensée par le Défap. Quelques mois plus tard éclatait une crise aux retentissements mondiaux : la pandémie de Covid-19. Élie, comme beaucoup d’autres Français en mission à l’étranger, devait interrompre prématurément son séjour, mettre fin à ses activités sur place, couper toutes les relations établies à Madagascar… et rentrer en France avec un fort goût d’inachevé. Et pourtant, en dépit de ces conditions si défavorables, il garde une image très positive de son passage à Madagascar. Au point que cette mission a changé sa manière de voir le monde, ses engagements, et même ses choix professionnels et de vie. Ce qui démontre bien la force de ce qui se vit au cours de la mission d’un envoyé… Invité de Marion Rouillard pour l’émission « Courrier de mission – le Défap », il témoigne, et donne aussi des conseils aux futurs envoyés qui pourraient hésiter encore…
Un jeune envoyé du Défap à Madagascar raconte, émission présentée par Marion RouillardCourrier de Mission – le DéfapÉmission du 27 juillet 2022 sur Fréquence Protestante |
Ainsi, parlant de la mission elle-même – cette mission si brutalement écourtée – il évoque « six mois merveilleux » passés à Madagascar avant son retour en France. Il travaillait au centre Akanysoa, à Antsirabé, une ville qui se situe dans le centre de Madagascar : c’est à la fois un orphelinat et une école primaire. Son activité était donc double elle aussi : à l’école, pendant les journées de la semaine, il était assistant de français ; les soirs et les week-ends, il faisait de l’animation pour les enfants de l’orphelinat. Il était ainsi en relation avec une centaine d’élèves scolarisés dans la partie « école » du centre centre Akanysoa, et avec une vingtaine d’enfants au sein de l’orphelinat, pour lequel il développait des activités aussi diverses que des ateliers de piano, de solfège, d’échecs… Mais son séjour ne s’est pas limité à Antsirabé : il a aussi eu l’occasion, en-dehors des tâches liées à sa mission, de voyager dans des lieux très divers, jusqu’à Tamatave ou à l’île Sainte-Marie, au large de la côte est de Madagascar, près de la ville d’Ambodifotatra.
S’il avait des conseils à donner aux prochains envoyés, ou plutôt à ceux qui hésitent encore à s’engager avec le Défap, ce serait de se lancer : « On a une chance assez incroyable en France d’avoir des dispositifs comme le service civique, le Volontariat de Solidarité internationale, qui donnent l’occasion de partir découvrir un autre pays. » Et il souligne l’importance des rencontres faites à l’occasion de telles missions, l’opportunité de développer « des compétences très diverses : adaptation, pédagogie, prise de recul »… Pour lui, « il ne faut pas hésiter à y aller ». Et en profiter pour « apprendre la langue locale », « essayer de s’intégrer »… Car se retrouver ainsi au loin, et dans la position de l’étranger qui a tout à apprendre, « change aussi le rapport à l’altérité ».
Partir en mission, ça « change le rapport à l’altérité »
Au cours de cet entretien, Élie souligne aussi l’importance du rôle du Défap tout au long de la mission, et au-delà : car une mission commence bien avant l’envoi, avec une série d’entretiens qui s’étalent sur plusieurs mois avant la sélection des candidats, et se prolonge bien après, avec une « session retour » organisée généralement au cours du mois d’octobre suivant le retour des volontaires. Ce rôle comporte une préparation au départ, avec une formation dispensée aux futurs envoyés par le Défap, qui comporte des thèmes cruciaux comme les relations interculturelles, la communication non-violente… Ensuite, « pendant la mission, on est suivi, témoigne Élie : des membres du Défap viennent sur place ». Et quant au « debriefing » qui a lieu au cours de la session retour, Élie souligne son importance pour « faire sortir ce qui n’était pas forcément sorti auparavant ». Car il n’est « pas forcément évident de raconter ce qu’on a vécu une fois de retour en France. Cette journée de retour permet vraiment de faire le point sur ce qu’on a aimé ou pas, ce qui nous a surpris… » Et de se rendre compte, aussi, que même si tous les envoyés vivent « des missions très différentes », il y a dans le parcours de tous les volontaires du Défap « des points communs », des similitudes dans ce qu’ils expérimentent…
Aujourd’hui encore, Élie a gardé des contacts avec le Défap : il évoque des visites régulières pour prendre auprès de l’équipe des nouvelles des prochaines missions, ou des nouveaux projets. Pour sa part, son aventure malgache lui a permis de prendre conscience de l’importance de se consacrer, dans sa vie professionnelle, à des enjeux qui lui tiennent à cœur, liés notamment à l’environnement, au développement et à l’accès à l’énergie. Et elle l’a convaincu de mieux connaître l’Afrique, un continent sur lequel son travail l’amènera à voyager : « 55 pays à découvrir… même si je garde forcément un attachement pour Madagascar ».