Rencontres et tables rondes, concert et cultes rythmeront début octobre les célébrations du centenaire de l’Action Chrétienne en Orient : tant à Strasbourg qu’à Paris, elles seront ouvertes à tous, afin de permettre au plus grand nombre de mieux connaître cette œuvre missionnaire qui, depuis 1922, construit des ponts entre les Églises protestantes de France et du Proche-Orient.
Image de l’exposition réalisée pour les 100 ans de l’Action Chrétienne en Orient © ACO
Garder le passé présent à l’esprit, tout en ayant les yeux tournés vers l’avenir : c’est le défi des célébrations du centenaire de l’ACO, l’Action Chrétienne en Orient, œuvre missionnaire née au sein des Églises protestantes de l’Est de la France et qui entretient, depuis 1922, des liens à la fois spirituels et de soutien matériel avec les chrétiens d’Orient. Cette volonté d’inscrire cet anniversaire dans le temps long est visible tout d’abord à travers sa publication annuelle, Le Levant – Morgenland, dont le numéro 110, titré Mémoires d’espérance, revenait sur l’odyssée de l’ACO depuis sa création, tandis que le numéro 111, titré Un avenir d’espérance, envisage les évolutions et les défis auxquels seront confrontés au cours des prochaines années ses partenaires orientaux. Autre particularité de cet anniversaire, il s’étale sur trois ans, avec des événements prenant place aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient.
Pour ce mois d’octobre 2022, les célébrations auront lieu successivement à Strasbourg et à Paris. Les 1er et 2 octobre, rendez-vous le samedi à l’église du Temple Neuf à Strasbourg, pour des tables rondes et un concert. Des délégations des membres de l’ACO de différents pays (Liban, Syrie, Iran, Égypte, Suisse, Pays-Bas, États-Unis) seront présentes pour ces rencontres ouvertes à tous. Le dimanche, rendez-vous à l’église protestante St-Pierre-le-Jeune pour participer au culte du Centenaire. Puis, à partir du 4 octobre, les célébrations se déplaceront à Paris : les invités de l’ACO seront tout d’abord reçus au Défap et y rencontreront toute l’équipe. Une table-ronde est ensuite programmée le jeudi 6 octobre, à 19h30, à la paroisse de l’Oratoire du Louvre ; et le dimanche 9 octobre, à 11h, la délégation de l’ACO assistera au culte national de l’UEEAF (Union des Églises Évangéliques Arméniennes de France) à l’église évangélique arménienne d’Issy-les-Moulineaux.
Avant cela, l’ACO avait déjà organisé, début 2021, une série de conférences à distance avec l’Université Haigazian de Beyrouth, portant sur les missions européennes et les Églises protestantes au Moyen-Orient au XXème siècle. Et pour l’année 2023 sont prévus un camp international de jeunes ainsi qu’une rencontre du Centenaire à Alep. Pour en savoir plus sur ce qui a été mis en place à l’occasion de cet anniversaire, vous pouvez vous référer à l’encadré en bas de cet article. Et au cours des prochaines semaines, le site du Défap aura l’occasion de vous en dire davantage, notamment en faisant le point sur le programme des célébrations et en donnant la parole à des membres de l’ACO.
Minoritaires au sein de la minorité chrétienne
Les membres du comité exécutif de l’ACO Fellowship (réseau international constitué autour de l’ACO) en 2011 au Liban. © ACO
Les chrétiens d’Orient ont été souvent victimes de discriminations et de violences, mais ils représentent encore aujourd’hui des communautés vivantes et dont la présence aide au vivre ensemble. Or au début du XXème siècle, au Moyen-Orient, un habitant sur quatre était chrétien ; ils ne sont plus désormais que 11 millions parmi 320 millions de musulmans (soit un sur 30), partout minoritaires et contraints de chercher la protection des pouvoirs en place pour continuer à exister. Et au sein de cette minorité, les Églises protestantes, avec lesquelles l’ACO est en lien, représentent elles-mêmes un tout petit nombre. « Minoritaires au sein de la minorité chrétienne composée d’Églises traditionnelles orientales, orthodoxes et catholiques », souligne l’ACO, « leur environnement est marqué par l’Islam avec ses différents courants théologiques et ses résonances sociales et politiques. Leur contexte est celui d’une région du monde secouée par des crises géopolitiques aux enjeux divers et complexes, où les puissances régionales et occidentales confrontent leurs intérêts. Pour autant les Églises protestantes que nous soutenons au Moyen-Orient rayonnent par leur témoignage vécu au nom de l’Évangile, par leurs œuvres éducatives et sociales, par leurs convictions pacifiques et critiques, par leur souci des relations œcuméniques entre Églises, par leur dialogue avec l’Islam et les minorités religieuses de la région ».
L’école protestante du Synode Arabe à Tripoli au nord du Liban © ACO
À sa création en 1922, l’ACO avait pour but de secourir les populations arméniennes victimes des exactions turques. Son fondateur, le pasteur Paul Berron, décrit dans Souvenirs des jours sombres (L’Harmattan) ce qu’il a vu et vécu à partir de 1916 au contact de ces réfugiés, tout en dénonçant la « politique d’extermination » alors mise en œuvre par les autorités turques. Alsacien, donc citoyen allemand avant la Première Guerre mondiale, il avait été envoyé comme aumônier en Syrie et dans la région pour établir et superviser des foyers du soldat. La guerre finie et l’Alsace réintégrée à la France, ce même pasteur Berron, devenu de fait citoyen français, put ainsi passer outre l’interdiction qui frappait les œuvres missionnaires allemandes et créa l’Action Chrétienne en Orient.
De la Syrie au Liban, puis à l’Iran
Grâce aux paroisses protestantes alsaciennes, mais aussi grâce à des comités néerlandais et suisses, l’ACO a rapidement étendu son œuvre et touché aussi bien les personnes de culture arménienne que de langue arabe et assyrienne, en Syrie mais également au Liban puis plus tard en Iran. Aujourd’hui, grâce à de nombreux partenariats, l’ACO soutient des projets très variés dans les domaines de l’éducation, du social, de la santé, de la solidarité en contexte de crise, de la résolution des conflits, de la formation théologique, de la vie d’Église au sein de communautés locales.
Parmi ces partenariats, il y a le Défap. Au cours des dernières années, l’ACO a eu l’occasion de collaborer de manière quasi quotidienne avec le Service Protestant de Mission, notamment pour l’envoi de volontaires, au Liban, en Égypte… Dans ce pays par exemple, le Défap a assuré le suivi des envoyés de l’ACO en lien avec les Églises protestantes locales, dans le cadre de la plate-forme Moyen-Orient. Il s’agissait de missions d’enseignement (soutien scolaire, apprentissage de l’expression française), mais au-delà, d’une expérimentation quotidienne du « vivre ensemble » propre à faire mentir ceux qui prêchent la violence entre les communautés. Comme le racontait une ancienne envoyée, décrivant l’école où elle travaillait : « Chrétiens et musulmans se côtoient dans le corps enseignants et chez les élèves (…) Dans cette société égyptienne fragmentée c’est, d’après moi, une bénédiction ! »
Pour aller plus loin :
- Le site de l'ACO
- Le programme des célébrations d'octobre, à Strasbourg, puis Paris
- «Mémoires d’espérance», exposition réalisée sur l’histoire de l’ACO
- DM, l'homologue suisse du Défap, consacre sa campagne d'automne à l'ACO
- «L'Église missionnaire» a consacré un numéro entier à l'ACO pour son centenaire
- «Mémoires d'espérance», numéro spécial du Levant consacré au centenaire de l'ACO