Christon St Fort, président de la FEPH (la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti) et Sylvain Cuzent, qui a été envoyé du Défap deux ans dans ce pays, étaient tous deux les invités de Marion Rouillard lors de l’émission du 26 janvier de « Courrier de mission – Le Défap », diffusée sur Fréquence Protestante.
Une classe en Haïti © Sophie Reille pour Défap
Haïti fait partie de ces pays dont on n’entend le plus souvent parler qu’à l’occasion de catastrophes. Les tremblements de terre y sont fréquents : le dernier en date s’est produit peu avant la mi-janvier. L’île se situe en effet à la jonction entre la plaque tectonique Caraïbe et la plaque nord-américaine, d’où des mouvements fréquents. Avant cela, un autre séisme s’était produit en août 2021. Le plus violent au cours de ces dernières années s’était produit en 2010 : il s’était traduit par la destruction d’une bonne partie de la capitale, Port-au-Prince, faisant 280.000 morts, 300.000 blessés et 1,3 million de sans-abris. Les cyclones y sont aussi fréquents et destructeurs. Et la société haïtienne elle-même est fortement instable : instabilité politique (illustrée par l’assassinat du président Jovenel Moïse), instabilité sociale alimentée par la pauvreté et les inégalités, emprise des gangs qui contrôlent certaines parties du territoire et sont capables de tenir tête à des forces de l’ordre moins bien armées…
L’éducation, prioritaire pour permettre aux Haïtiens de prendre leur destin en main
Mais une bonne partie des maux d’Haïti proviennent de la société haïtienne elle-même. Si les tremblements de terre y sont aussi meurtriers, c’est parce que les constructions y sont fragiles et inadaptées au risque sismique. Si les tempêtes font autant de dégâts, c’est parce que l’île a subi une déforestation galopante depuis deux siècles, au point que 95% de sa couverture végétale a disparu, accroissant les risques d’inondations et de glissements de terrain. Si la société y est aussi inégale, c’est en grande partie par défaut d’éducation, qui bride toute possibilité d’ascension sociale.
Au-delà des besoins d’intervention dans les situations d’urgence, l’éducation est donc un secteur prioritaire pour permettre aux Haïtiens de prendre leur destin en main. C’est précisément un secteur dans lequel le Défap est engagé, à travers son partenariat avec la FEPH, la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti. Christon St Fort, son directeur, était précisément l’invité en janvier de Marion Rouillard dans l’émission « Courrier de mission – le Défap« , diffusée sur Fréquence Protestante le 4ème mercredi de chaque mois, de 13h15 à 13h45.
Haïti et la FEPH, émission présentée par Marion RouillardCourrier de Mission – le DéfapÉmission du 26 janvier 2022 sur Fréquence Protestante |
En Haïti, l’éducation est un secteur où les besoins sont criants : selon les chiffres de la Banque Mondiale, plus de 200.000 enfants ne sont pas scolarisés. Les écoles publiques sont une petite minorité (9 écoles sur 10 sont des établissements privés); et le niveau général est tellement faible que moins de 5% d’une classe d’âge obtient le bac. Dans ce contexte, la Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti, grâce à son réseau de plus de 3000 écoles protestantes, revendique la scolarisation de 300.000 enfants. Elle est soutenue directement par le Défap à travers des financements directs et à travers ses envoyés ; elle fait aussi partie des partenaires privilégiés de la Plateforme Haïti, mise en place sous l’égide de la Fédération protestante de France et où le Défap se retrouve aux côtés de divers acteurs du protestantisme français impliqués dans ce pays, comme La Cause ou la Mission Biblique.
« Aider les enfants à acquérir une culture de la prévention »
Christon St Fort © Défap
Au cours de cette émission, Christon St Fort a souligné les défis auxquels les écoles haïtiennes doivent s’adapter – comme celui de l’insécurité : « nous vivons une situation exceptionnelle avec la présence de « poches » qui sont contrôlées par des gangs », a-t-il rappelé, avant d’évoquer les mesures prises pour contourner ce problème : suivi à distance, changement des horaires de cours… Mais il a aussi souligné l’importance de la formation des élèves aux « gestes qui sauvent » dans le cadre de la gestion des risques de désastres. « Le séisme du 12 janvier 2010, rappelle-t-il, nous a amenés à comprendre combien il est important d’aider les enfants à acquérir une culture de la prévention ; par l’éducation, on peut ainsi aboutir à un changement des comportements. Dans ce travail, nous sommes accompagnés par des partenaires : l’un d’eux, présent depuis l’origine, c’est le Défap. Dès 2010 et jusqu’à aujourd’hui, il a accompagné la FEPH dans son programme de gestion des risques de désastres. Et grâce à ce programme, des milliers d’enfants connaissent aujourd’hui les gestes qui sauvent lors d’une catastrophe. »
Sylvain Cuzent, qui a été envoyé en Haïti pendant deux ans à partir de 2013, prenant la suite du pasteur Philippe Verseils, était également invité lors de cette émission pour rappeler le soutien du Défap depuis le séisme du 12 janvier 2010. Il a souligné notamment « l’importance de la relation fraternelle, de confiance » qui s’est établie avec la FEPH. Si le Défap « n’est pas le premier partenaire financier de la FEPH, c’est une organisation qui peut proposer des moyens très spécifiques, notamment grâce à ses envoyés : le Défap a ainsi pu apporter à la FEPH un appui technique dans le domaine de la gestion de projets, de la recherche de financements, en matière de pédagogie… »