Le nouveau pasteur de la paroisse d’Eyrieux-Boutières est issu de l’Église évangélique du Congo (EEC), l’une des communautés avec lesquelles le Défap entretient des liens depuis de longues années dans le cadre de la Cevaa. Après des études de théologie à la Faculté protestante de Brazzaville, il a bénéficié d’une bourse du Défap pour poursuivre un cursus en France en 2014-2015. C’est pendant le premier confinement de 2020, alors qu’il était de nouveau à Paris dans le cadre de la rédaction d’un ouvrage de théologie, qu’il a décidé de postuler auprès de l’Église protestante unie de France.

Jean-Serge Kinouani-Mizingou (DR)

À 49 ans, Jean-Serge Kinouani-Mizingou a déjà une vie bien remplie, et un parcours qui l’a mené de Brazzaville à Paris, Montpellier, et jusqu’à la vallée d’Eyrieux. Marié à Dorothée-Pascaline, il est père de deux enfants et grand-père d’un petit garçon de 3 ans. Il a grandi au sein de l’Église évangélique du Congo (EEC), où il a appris à connaître la foi chrétienne avec ses parents : « J’ai ressenti tout jeune, l’envie de parler de la parole de Dieu », témoigne-t-il. Il a entamé en 2000 des études de théologie à la Faculté protestante de Brazzaville, où il a obtenu sa licence en 2006, avant de bénéficier d’une bourse du Défap en 2014-2015 pour poursuivre son cursus en France, à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier. Il a consacré sa thèse de doctorat en théologie à la figure d’Israël dans la Bible – des travaux qui lui ont permis de publier Ismaël, un patriarche inattendu aux éditions Olivétan.

C’est au cours de l’année 2020, alors qu’il était à Paris depuis début février dans le cadre de nouvelles recherches afin de rédiger un ouvrage sur Les objets transitionnels du pouvoir divin : une enquête sur le bâton de Moïse et le manteau de Moïse, en vue d’une nouvelle publication aux éditions Olivétan, que Jean-Serge Kinouani-Mizingou s’est retrouvé bloqué par le confinement décrété sur tout le territoire national. Il était alors pasteur de l’Église évangélique du Congo (EEC) et membre de son conseil synodal, directeur de l’Institut de formation pastorale de Ngouédi et enseignant à la Faculté de théologie protestante de Brazzaville. Ses recherches l’amenaient à effectuer de fréquents allers-retours entre les bibliothèques de l’IPT-Paris, la BOSEB (Institut catholique de Paris) et le 102 boulevard Arago. Du jour au lendemain, tout s’est arrêté. Un choc pour ce chercheur condamné à une quasi-inactivité. « Jamais je n’aurais imaginé que les avenues et ruelles de Paris deviendraient aussi désertes », témoignait-il alors. Une période qui aura marqué une nouvelle orientation dans son cheminement : « En plein confinement, j’ai reçu un appel du Seigneur à venir postuler en France ». Et depuis le 1er juillet 2020, le voilà pasteur proposant d’Eyrieux-Boutières.

De Patrice Fondja à Jean-Serge Kinouani, itinéraires de pasteurs arrivés via le Défap

Cette paroisse de l’Église protestante unie de France située en Ardèche manquait alors d’un pasteur depuis le départ de Pierre Grossein. Avec une autre particularité : l’Église d’Eyrieux-Boutières est une création récente. Elle est née en 2020 d’une fusion d’Églises préexistantes – plus précisément les cinq Églises locales de la vallée de l’Eyrieux : Le Cheylard-Le Talaron, La Serre de la Palle, Saint-Sauveur-de-Montagut, La Pervenche, Moyen-Eyrieux. Un rapprochement rendu possible depuis 2011, lorsqu’un synode régional a ouvert la possibilité de mettre en œuvre en Centre-Alpes-Rhône des Ensembles regroupant plusieurs Églises locales partageant des projets et des moyens. Au moment de la création de l’Église d’Eyrieux-Boutières, il y avait déjà plusieurs années que tous les postes pastoraux n’étaient plus pourvus (leur nombre avait déjà été ramené à trois pour les cinq Églises), et elles se sont même retrouvées sans aucun pasteur en poste en 2012-2013. Le nouvel Ensemble créé en 2020 s’est vu doté de deux pasteurs, Pierre Grossein, arrivé en 2013, et Petr Skubal, nommé en 2014. Arrivé à la retraite le 31 décembre 2020, le pasteur Pierre Grossein, qui aura également été pendant huit ans président du Conseil régional Centre-Alpes-Rhône, a cependant conservé deux activités et des liens au sein de l’Église comme membre de l’équipe juridique régionale et de l’équipe des rapporteurs nationaux. Et c’est le pasteur Petr Skubal qui a célébré, le 12 septembre, la cérémonie d’accueil et d’installation de son successeur, le pasteur Jean-Serge Kinouani.

Quand on fait le bilan de ce que le Défap apporte à ses Églises membres, une bonne partie de ses activités peuvent rester mal connues, car elles se développent à travers de multiples réseaux et partenariats. Voici précisément l’un de ces apports qui restent parmi les moins visibles : à travers le Défap, les Églises de France trouvent aussi de nouveaux pasteurs. Avec une vision différente de la vie d’Église, susceptible d’aider aux nécessaires adaptations face aux changements de notre société, ou de revivifier certaines paroisses. Un parcours qui n’a rien d’inédit : ainsi, un an tout juste avant Jean-Serge Kinouani, c’est Aymar Nkangou, un autre boursier du Défap, qui devenait officiellement pasteur de l’Église Protestante Unie de France, lors d’un culte de reconnaissance du ministère pastoral-ordination célébré à Montbéliard, en présence de plusieurs représentants du Défap.

Les pasteurs d’origine étrangère en poste au sein de l’EPUdF représentent une proportion croissante : ils étaient ainsi 22,6% selon les chiffres de 2015 (1), les pasteurs originaires d’Afrique étant le deuxième contingent le plus important. Cet apport aux Églises de France est tout particulièrement illustré par le parcours de Patrice Fondja. « À la fois appelé, et envoyé » : c’est ainsi que se définit ce pasteur originaire du Cameroun, et venu en France dans le cadre d’un projet de ce qui était alors l’Église Réformée de France. Il s’agissait de lancer une Équipe pastorale missionnaire dans l’Est. Pour cela, l’ERF avait sollicité des pasteurs en France, mais aussi hors de France ; le Défap avait eu un rôle actif non seulement pour la venue en France de Patrice Fondja, mais aussi dans le cadre du suivi du projet.

(1) cf : Les minorités religieuses en France, ouvrage collectif publié en 2019 sous la direction d’Anne-Laure Zwilling

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