Une année avec les Actes des apôtres : méditation du jeudi 18 mars 2021. Cette semaine, nous prions avec nos envoyés au Brésil.

La Conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas par Luca Giordano (vers 1690) © Wikimedia Commons
 

Mes frères, mes pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense.

Lorsqu’ils entendirent qu’il s’adressait à eux en langue hébraïque, le calme se fit plus grand encore. Il dit :

Moi, je suis un Juif né à Tarse de Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette ville-ci et éduqué, aux pieds de Gamaliel, dans la stricte conformité à la loi de nos pères. J’avais une passion jalouse pour Dieu, comme vous tous aujourd’hui. J’ai persécuté à mort cette voie, liant hommes et femmes pour les mettre en prison. Le grand prêtre et tout le collège des anciens m’en sont témoins. J’ai même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, où je me suis rendu afin d’arrêter ceux qui s’y trouveraient et de les amener à Jérusalem pour qu’ils soient châtiés.

Paul raconte sa conversion

J’étais en chemin et j’approchais de Damas quand, soudain, vers midi, une grande lumière venant du ciel a resplendi tout autour de moi. Je suis tombé par terre et j’ai entendu une voix qui me disait : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? » J’ai répondu : « Qui es-tu, Seigneur ? » Il m’a dit : « Moi, je suis Jésus le Nazôréen, celui que, toi, tu persécutes. » Ceux qui étaient avec moi ont bien vu la lumière, mais ils n’ont pas entendu celui qui me parlait. Alors j’ai dit : « Que dois-je faire, Seigneur ? » Le Seigneur m’a dit : « Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce qu’il t’est ordonné de faire. » Comme je ne voyais rien, à cause de l’éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec moi m’ont conduit par la main, et je suis arrivé à Damas.

Or un certain Ananias, un homme pieux selon la loi, de qui tous les Juifs qui habitaient là rendaient un bon témoignage, est venu à moi et m’a dit : « Saoul, mon frère, retrouve la vue ! » À ce moment même j’ai retrouvé la vue, et je l’ai vu. Il a dit : « Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre sa voix ; car tu seras pour lui témoin, devant tous, de ce que tu as vu et entendu. Et maintenant, pourquoi tardes-tu ? Lève-toi, fais-toi baptiser et laver de tes péchés en invoquant son nom. »

Paul raconte comment il a été envoyé vers les non-Juifs

De retour à Jérusalem, comme je priais dans le temple, je suis tombé en extase et j’ai vu le Seigneur, qui m’a dit : « Dépêche-toi, quitte vite Jérusalem, car ils n’accueilleront pas le témoignage que tu me rends. » Moi, j’ai dit : « Seigneur, ils savent bien que j’allais de synagogue en synagogue pour faire emprisonner et battre ceux qui croient en toi ; et lorsqu’on a répandu le sang d’Étienne, ton témoin, j’étais moi-même présent, je les approuvais, je gardais même les vêtements de ceux qui l’ont supprimé. » Alors il m’a dit : « Va ; moi, je t’enverrai au loin, vers les non-Juifs… » Actes 22, 1-21

 

 

Paul n’est pas n’importe qui ! Il sait le grec, il sait l’hébreu, il a été l’élève de Gamaliel, maître très réputé, et il est citoyen romain… de naissance ! Pourtant, il est l’objet d’un lynchage religieux qui débute dans le temple, puis hors du temple. Face au trouble à l’ordre public, Paul est emmené dans une forteresse militaire. Sa situation est précaire. Il est désormais entre les mains des forces de l’ordre et souhaite se défendre. Le commandant accepte de le laisser parler, en public.

Paul témoigne du grand renversement qu’il a vécu sur le chemin de Damas. Luc l’a déjà évoqué dans Actes 9 (voir méditation du 5 novembre 2020) et le fera à nouveau au chapitre 26.

Le témoignage de Paul évoque un changement total de mission. Il avait « une passion jalouse pour Dieu » et a cherché à éradiquer par la violence « la voie », cette hérésie juive devenue insupportable aux responsables de l’institution juive. Sur le chemin de Damas, sa mission est totalement renversée. Aveuglé par cette grande lumière, il est conduit par la main vers un autre chemin. Aveuglé pourtant, il voit clair désormais sur sa mission et celui qui l’envoie. Il entend l’appel à être envoyé aux non-juifs au nom de celui qu’il persécutait.

Sa mission est totalement bouleversée. Ce ne sont plus les chefs juifs qui l’envoient, mais le Christ. Ce n’est plus pour persécuter ceux qui suivent l’enseignement du Christ mais pour annoncer la Bonne nouvelle à des non-juifs. Ses anciens ennemis deviennent des proches, sa compréhension du judaïsme évolue radicalement : l’annonce de la Bonne nouvelle n’est pas limitée aux seuls juifs, ni au seul territoire d’Israël. « Ses frères et ses pères » voient en lui l’homme à abattre, lui, l’élève de Gamaliel. Puissant autrefois dans la société, porté par la structure politico-religieuse de son pays, il est faible désormais. Sa confiance en Dieu est forte. Comme il l’écrit, c’est alors que je suis faible, que je suis fort (2 Corinthiens 12/10).

Paul est un envoyé extraordinaire. La Bonne nouvelle se répand dans une partie du monde romain grâce à ses multiples voyages, mais aussi grâce à sa réflexion théologique novatrice qui sait rencontrer les demandes de sens d’hommes et de femmes de son temps, comme d’aujourd’hui. Il a entendu l’appel du Seigneur qui a renversé sa manière de comprendre sa fidélité à Moïse et au judaïsme.

Devant un tel témoignage on reste sans voix et reconnaissant pour la manière dont Paul a reçu cet envoi en mission et s’est mis en marche.

Dans un contexte historique, social et politique radicalement différent aujourd’hui, une chose demeure : être à l’écoute de la parole de Dieu.

 

 

Questions pour nous :

  • Que signifient pour moi, ma communauté, mon Église, le fait d’être à l’écoute de la parole de Dieu ?
  • Qu’est-ce que cela change d’être envoyé au nom du Christ dans ma façon de vivre ma citoyenneté spirituelle et civique ?

 

 

Prions :

Seigneur, j’ai besoin de ta paix.
J’ai besoin de ta paix pour m’arrêter
De discourir dans le vide,
Et de mendier n’importe quelle paix magique
Pour le monde.

Je ne peux être artisan de paix si je ne reçois,
Ne comprends et n’aime
Celle que tu révélais aux disciples à la veille de ta passion
Et le soir du jour de ta résurrection.

J’ai besoin de ta paix pour résister
À la compétition mondaine du paraître.

J’ai besoin de ta paix pour cesser
De m’apitoyer sur moi-même et d’avoir peur de demain.

J’ai besoin de ta paix pour ne plus chercher
À faire disparaître les obstacles, mes limites, les conflits,
Mais pour trouver le courage de les assumer
Et de les résoudre.

J’ai besoin de ta paix pour ne pas fuir devant le danger
Pour crier, pour sortir de mes tranquillités,
Pour faire violence à mon droit légitime à l’impuissance
Devant le malheur des autres
Et l’injustice de leurs situations.

J’ai besoin de ta paix, Seigneur, pour pouvoir te servir,
Gratuitement, pour rien, et en être heureux.

«J’ai besoin de ta paix»
Jacques Stewart
Texte du Défap, 2005

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