Rien de tel qu’un peu de théologie pour se rafraîchir les idées par temps de canicule ! Le camp «Alternative théologie», organisé par l’Institut protestant de Théologie, le Défap, la Coordination Évangélisation-Formation de l’EPUdF et le réseau jeunesse, a réuni une dizaine de participants du 25 au 30 août 2019 à Paris. Avec des intervenants tels que Marc Boss, Pierre-Olivier Léchot, Guilhen Antier et Anna Van de Kerchove, tous chargés d’orienter le petit groupe sur les sentiers escarpés de la Liberté, choisie comme thème pour ce rendez-vous estival…

La visite de la bibliothèque du Défap, avec Jean-François Faba © Défap

En cette fin de mois d’août surchauffée, ils sont une petite dizaine à se retrouver à Paris, boulevard Arago, loin de la plage et des stations balnéaires. Un groupe dont la moyenne d’âge est un peu supérieure à une vingtaine d’années, et qui vient arpenter les couloirs de l’Institut protestant de Théologie, la chapelle et la bibliothèque du Défap, en explorant les fondements et les implications de la liberté avec des intervenants tels que Marc Boss et Pierre-Olivier Léchot, Guilhen Antier et Anna Van de Kerchove… Au menu des participants, des sujets tels que «La liberté de conscience», «Liberté reçue, liberté acquise», «Entre puissance et fragilité», «Entre passion et raison» – tous rassemblés sous une même thématique résumée en une formule par le titre de ce camp théologique : «Liberté, j’écris ton nom». L’ensemble se plaçant dans la dynamique du Grand KIFF 2020, pour un rendez-vous estival destiné aux 18-30 ans dont la préparation a fait intervenir à la fois l’IPT, le Défap (chargé de l’hébergement), la Coordination Évangélisation-Formation de l’EPUdF et le réseau jeunesse.

«Un programme dense, comme le résume Nicolas, l’un des participants, et avec des intervenants de haut vol». En ce mercredi 28 août, avant-veille du départ, il est venu participer à une visite guidée du Défap avec son groupe et avec deux des accompagnatrices : les pasteures Christine Mielke, secrétaire nationale à l’animation des réseaux jeunesse de l’Église protestante unie de France (EPUdF), et Gwenaël Boulet, secrétaire nationale de la Coordination Évangélisation-Formation. Pour présenter l’histoire et les richesses du Service Protestant de Mission, deux guides les accueillent : Tünde Lamboley et Jean-François Faba.

«Il fallait se préparer un peu comme pour Koh Lanta»

Tünde Lamboley, chargée de la formation théologique et de la jeunesse au Défap, présente dans la chapelle une exposition sur l’histoire de la SMEP, ancêtre du Service Protestant de Mission. Elle en profite pour évoquer quelques parcours de missionnaires en lien avec la thématique de la liberté. Liberté vis-à-vis des conventions sociales de leur époque : elle cite ainsi le cas de Maurice Leenhardt, revenu de Nouvelle-Calédonie jusqu’à Paris pour plaider la cause de Kanaks qui s’étaient retrouvés exposés en pleine capitale comme des bêtes curieuses, sans que la bonne société parisienne ait alors la moindre conscience d’attenter en quoi que ce soit à leur dignité d’êtres humains. «Parmi les missionnaires, souligne-t-elle, on trouvait parfois des personnalités à contre-courant, très libres.» Elle passe ensuite à l’évocation de la formation dispensée au XIXème siècle par la SMEP, et qui a pu aller jusqu’à deux ans : «Les futurs missionnaires devaient se préparer un peu comme pour Koh Lanta : personne ne savait vraiment ce qu’ils allaient trouver, qui ils allaient rencontrer sur place… Les cartes étaient très imprécises, les communications très difficiles… Chacun devait apprendre tout ce qui était nécessaire à la survie, être capable de construire sa propre maison, de chasser, de pêcher, de dessiner une carte… Ces jeunes missionnaires – car ils étaient très jeunes ! – partaient avec un bagage de connaissances phénoménal». En guise de support à cette présentation, Tünde Lamboley a préparé avec Florence Taubmann (responsable du service France) un questionnaire sur l’histoire de la SMEP pour aiguillonner la curiosité des visiteurs. Ainsi qu’une présentation de l’envoi en mission des disciples par Jésus tel qu’il figure dans le chapitre 6 de l’évangile de Marc (versets 7 à 13) sous la forme d’un texte à trous, à compléter.

Le deuxième guide est Jean-François Faba, qui a été tour à tour secrétaire exécutif et secrétaire général du Défap, et qui y intervient toujours aujourd’hui à titre bénévole : il est chargé pour sa part de faire découvrir au groupe les trésors de la bibliothèque, et de le conduire à travers le petit monde souterrain des réserves où sont stockés de nombreux documents uniques sur l’histoire des missions protestantes. Des témoignages manuscrits bien sûr, mais aussi des objets liés aux divers parcours des missionnaires – comme par exemple une carte entièrement dessinée à la main par un de ces missionnaires-cartographes ; ou encore, comme la malle Ellenberger, un vrai trésor documentaire couvrant plus d’un siècle d’histoire au Lesotho, à travers l’odyssée d’une famille qui a compté pas moins de trois générations de missionnaires : depuis David Frédéric (1835-1920), en passant par Victor (1879-1972) et jusqu’à Paul (1919-2016)….

Mais au-delà des conférences à l’IPT, de cette visite-guidée de la maison des missions où les participants étaient logés pendant toute la durée du camp, «Alternative théologie» aura aussi été l’occasion de rencontres exceptionnelles : avec Floriane Chinsky, femme rabbin ; avec Brice Deymié, venu apporter son témoignage d’aumônier des prisons… Ainsi que des moments de spiritualité partagée, de veillées et d’échanges, jusqu’au culte final au matin du 30 août. Une autre manière d’envisager à la fois la liberté… et la théologie. Ou comment profiter de l’été autrement à Paris…

 

Retrouvez ci-dessous le film de la visite du Défap :

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