Méditation du jeudi 5 octobre 2018 : nous poursuivons notre cycle pour une lecture interculturelle du cycle de Joseph. Et nous prions pour notre envoyé à Djibouti et sa famille.

Alors Dieu pensa à Rachel. Il entendit son souhait et la rendit féconde. Elle devint enceinte et mit au monde un fils. Elle déclara : « Dieu a enlevé le déshonneur qui pesait sur moi ! » Elle appela son fils Joseph, en exprimant ce souhait : « Que le Seigneur me donne encore un fils !»

Après la naissance de Joseph, Jacob dit à Laban : « Laisse-moi retourner chez moi, dans mon pays. Permets-moi d’emmener mes femmes et mes enfants ; c’est pour elles que j’ai travaillé à ton service, et tu sais bien tout le travail que j’ai fait chez toi. »

Laban lui répondit : « Écoute-moi, s’il te plaît. Mes dieux m’ont révélé que le Seigneur m’a béni à cause de toi. Dis-moi le salaire que tu désires, et je te le paierai. »

Jacob lui dit : « Tu sais comment je t’ai servi et ce qu’est devenu ton bétail grâce à moi. Le peu que tu possédais avant mon arrivée s’est considérablement développé. Le Seigneur t’a béni depuis que je suis entré chez toi. Ne serait-il pas temps que je puisse travailler aussi pour ma propre famille ? »

« Que dois-je te payer ? » reprit Laban.

Jacob répondit : « Tu n’auras rien à me payer. Si tu m’accordes ce que je vais te proposer, je suis prêt à soigner et à garder ton bétail comme avant. Je vais passer en revue aujourd’hui tout ton troupeau et je mettrai à part tout mouton qui a des taches de couleur, petites ou grandes, tout mouton à la toison foncée et toute chèvre qui a des taches, petites ou grandes : ce sera mon salaire. Plus tard tu pourras t’assurer de mon honnêteté en venant contrôler mon salaire. Toutes les chèvres qui n’auront pas de taches, petites ou grandes, et tous les moutons qui n’auront pas la toison foncée seront des bêtes volées. »

« D’accord, répondit Laban. J’accepte ta proposition. »

Ce jour même, Laban mit à part les boucs qui avaient des rayures ou des taches, les chèvres qui avaient des taches petites ou grandes, et les moutons dont la toison était foncée ou mêlée de blanc. Il confia ce troupeau à ses fils et les envoya à trois jours de marche de là, à bonne distance de Jacob.

Quant à Jacob, il s’occupa du reste du troupeau de Laban. Genèse 30, 22-36

 


Source : Pixabay

 

Être un enfant désiré est certes mieux que le contraire. Toutefois il n’est pas toujours facile de se hisser à la mesure d’un désir aiguisé par le délai de sa réalisation.

Quand Dieu se souvient de Rachel et ouvre sa matrice, sa première réaction n’est pas de simple joie maternelle mais d’amour-propre : « Dieu a enlevé le déshonneur qui pesait sur moi !

Et elle donne ce terme « enlever » comme prénom « Joseph » à son fils (asaph = enlever en hébreu). Or ce verbe peut également se comprendre dans l’autre sens : ajouter ! Et Rachel, avec son bébé dans les bras, formule un vœu : « Que Dieu m’ajoute un autre fils ! » 

Terribles paroles, comme si cet enfant qui vient de naître ne pouvait suffire, dans le temps présent, à combler sa mère !  Il lave son humiliation, mais exacerbe son désir au lieu de l’assouvir. Elle se projette déjà dans une nouvelle naissance, mais celle-ci la tuera.

Chez Jacob la naissance de Joseph provoque aussi quelque chose d’inattendu. De but en blanc il décide de se séparer de Laban son beau-père pour s’en retourner vers son propre pays. Comme la venue de cet enfant, provoquée par le souvenir de Dieu, éveillait en Jacob le souvenir qu’il a une autre mission que de rester à Haran, cette terre de l’entre-deux.

S’ensuivent des tractations familiales sur les troupeaux où le désir de justice le dispute à la méfiance et à la ruse. Si bien qu’au jour où il se préparera à partir, Jacob se sera « ajouté » bien des richesses ! « Cet homme s’enrichit beaucoup beaucoup. Il acquit un nombreux petit bétail, des esclaves et des serviteurs, des chameaux et des ânes. Gn 30,43 »

Que signifie être mère et être père ? Quel impact les circonstances de leur conception et de de leur naissance, ainsi que nos ressentis, nos décisions ont-ils sur les bébés que nous mettons au monde ? La psychanalyse ne suggère-t-elle pas que les premiers mois de la vie sont cruciaux ?

 

 


Source : Pixabay

 

Nous prions pour notre envoyé à Djibouti et sa famille, à travers ce beau texte de Khalil Gibran

Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants.
Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
Pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
Mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.


Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance
Pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.

Khalil Gibran, Le prophète

image_pdfimage_print