Pour les 12 semaines à venir vous seront proposées des méditations sur le cycle du patriarche Joseph. On trouve dans l’histoire de Joseph tous les grands thèmes de l’existence humaine et cela peut nous ouvrir à une lecture interculturelle enrichissante.
Aujourd’hui nous commencerons par la scène finale du livre de la Genèse, puis la semaine prochaine, nous remonterons le temps jusqu’à la rencontre de Jacob et Rachel, les parents de Joseph, afin de reprendre toute l’histoire dans sa chronologie.
La double mission de Joseph !
Les frères de Joseph se dirent : « Maintenant que notre père est mort, Joseph pourrait bien se tourner contre nous et nous rendre tout le mal que nous lui avons fait. »
Ils firent donc parvenir à Joseph ce message : « Avant de mourir, ton père a exprimé cette dernière volonté : « Dites de ma part à Joseph : Par pitié, pardonne à tes frères la terrible faute qu’ils ont commise, tout le mal qu’ils t’ont fait. » Eh bien, veuille nous pardonner cette faute, à nous qui adorons le même Dieu que ton père. »
Joseph se mit à pleurer lorsqu’on lui rapporta ce message. Puis ses frères vinrent eux-mêmes le trouver, se jetèrent à ses pieds et lui dirent : « Nous sommes tes esclaves. » Mais Joseph leur répondit : « N’ayez pas peur. Je n’ai pas à me mettre à la place de Dieu. Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu changer ce mal en bien, il a voulu sauver la vie d’un peuple nombreux, comme vous le voyez aujourd’hui. N’ayez donc aucune crainte : je prendrai soin de vous et de vos familles. » Par ces paroles affectueuses il les réconforta. Genèse 50,15-21
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A notre époque de mondialisation, chacun peut être appelé à quitter son pays pour se rendre ailleurs, puis à revenir, chacun peut vivre une double mission, vis-à-vis de ceux qui lui sont proches par l’origine, et vis-à-vis de ceux que la vie, Dieu ou le destin proposent comme nouveaux proches.
Dans cette perspective le patriarche Joseph fait figure de précurseur, car son exil forcé lui a permis d’exercer une mission vis-à-vis de l’Egypte puis vis-à-vis-à-vis de sa propre famille. « Vous aviez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu changer ce mal en bien, il a voulu sauver la vie d’un peuple nombreux, comme vous le voyez aujourd’hui. ».
Vendu par ses frères, Joseph arriva en Egypte où, après maintes péripéties, il devint le ministre de Pharaon. Alors il sauva le peuple de la famine, grâce à son intelligence et à son charisme d’interprète des songes, qui lui permirent d’organiser la conservation des récoltes. Puis il sauva sa propre famille, mais non sans ce don spirituel particulier qui lui rendit possible l’effacement de la faute de ses frères. Alors toute la famille de Jacob reçut également de la nourriture. « Un peuple nombreux fut sauvé »
Peut-on actualiser cette double-mission vers les siens et vers les autres, en la reconnaissant aux étrangers qui vivent parmi nous ou viennent nous visiter, et en l’assumant nous-mêmes comme étrangers et voyageurs sur la terre ?
De Joseph retenons aussi que c’est un homme qui pleure. Ces larmes sont universelles, elles nous parlent de la condition humaine, en ce qu’elle a d’unique, au-delà des cultures et des appartenances.
Larmes de douleur, larmes d’exil, pleurs sur le mal subi, et sur le mal commis. Larmes personnelles mais aussi larmes sur le monde, larmes pour Dieu. Larmes de pardon et de consolation.
Les larmes sont un don spirituel, elles ont une mission humanisante. Une mission communielle entre les humains. Ce peut être comme une source originelle où nous sommes invités à nous retremper, à faire mémoire que nous sommes une et même humanité, si petite devant le Créateur et Père !
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Nous prions pour tous ceux qui se mettent en route et en mission en ce début du mois de septembre, dans toutes les Églises d’ici et d’ailleurs.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux !…
Et qui n’avait pas une pierre où poser la tête.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !…
Et qui a pleuré devant la tombe de son ami.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux les humbles, car eux hériteront la terre !…
Et qui s’est agenouillé devant ses disciples pour leur laver les pieds.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car eux seront rassasiés !…
Et qui a touché le lépreux pour protester contre son rejet.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux les miséricordieux, car à eux il sera fait miséricorde !…
Et qui a arrêté les religieux qui voulaient lapider la femme adultère.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu !…
Et qui a laissé une femme verser un parfum de grand prix sur ses pieds.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux les artisans de paix, car eux seront appelés fils de Dieu !…
Et qui a refusé de se défendre lorsqu’on est venu l’arrêter.
Je crois en l’homme qui a dit :
Heureux les persécutés à cause de la justice, car le Royaume des Cieux est à eux !…
Et qui a été injustement condamné et crucifié.
Je crois que cet homme est vivant par son Esprit et qu’il nous appelle à vivre dans l’esprit des Béatitudes.
Amen
Antoine Nouis, La galette et la cruche, tome 3, p. 108, éd. Olivétan