Espoir Adadzi est appelé à construire des liens entre les communautés de la Cevaa et les Églises de la Suisse romande © Alain Grosclaude pour le mensuel «Réformés» |
Le premier lieu qu’Espoir Adadzi (45 ans) a visité à son arrivée à Genève fut… le centre commercial de Balexert. La faute à des températures de saison qui l’attendaient en ce mercredi 6 décembre 2017, c’est-à-dire une vingtaine de degrés de moins que dans son Togo natal. Un «baptême du froid» qu’il a heureusement bien vite surmonté.
Né dans un petit village de la Région des Plateaux, au sud du pays, d’un père presbytérien et d’une mère catholique, Espoir Adadzi a commencé très jeune son éducation religieuse, lors des cultes d’enfants et en participant à la chorale. Il a ensuite rejoint un collège protestant : «J’ai eu très tôt le goût des choses religieuses. Tout ce qui concernait l’Église retenait mon attention. Elle a ensuite été un refuge après la séparation de mes parents. Tout ce que je vivais de difficile a été transposé positivement en amour pour le Seigneur.»
Sa formation
À 18 ans, Espoir Adadzi est devenu diacre volontaire. À chaque vacances il participait à des missions d’évangélisation. Deux ans plus tard, il a repris ses études, «persécuté» par son père qui le trouve trop intelligent pour y mettre un terme avant d’avoir son bac. «Lorsque je l’ai réussi en candidat libre, il m’a enfin laissé embrasser ma vocation», précise celui qui se formera par la suite pour devenir diacre, catéchiste puis pasteur après une licence puis une maîtrise à la Faculté de théologie de Porto-Novo, au Bénin.
Ouverture d’esprit
De retour au Togo, il a servi en tant que pasteur, responsable de district puis chargé de la «Division jeunesse» et enfin secrétaire administratif de l’Église après être sorti diplômé de l’École nationale d’administration de Lomé. L’équivalent d’un bac +6 qui donne raison à son père qui le poussait à faire des études !
Sa participation à des rassemblements africains organisés par la Cevaa, une Communauté d’Églises protestantes en mission, par la Communauté de Taizé, et par le club de jeunes théologiens de la Conférence des Églises de toute l’Afrique lui a «ouvert l’esprit sur des sujets comme l’avenir du protestantisme et certains débats théologiques et ecclésiologiques».
Son envie de créer des liens entre les communautés le pousse à postuler pour une mission de deux ans – portée financièrement par la Cevaa – à l’Église protestante de Genève (80%) et à la Conférence des Églises romandes (20%) sous la direction de DM-échange et mission. Son contrat peut être renouvelé à deux reprises. «J’apporte mon dynamisme à ce ministère où je m’épanouis. Je suis régulièrement sollicité par des collègues pour témoigner de comment la foi se vit en Afrique. Je partage volontiers les pratiques que nous avons. Les gens viennent souvent me poser des questions après les cultes. L’amour que je porte aux aînés, partie intégrante de mon éducation, fait que j’aime notamment les visites en EMS», explique Espoir Adadzi. C’est d’ailleurs les résidents des maisons de retraite qui l’ont aidé à comprendre rapidement la Suisse en lui racontant leur vie et leurs expériences.
Sujets d’étonnement
Si le Togolais a vécu un vrai choc thermique à son arrivée à Genève, d’autres sujets d’étonnement ont suivi : «L’absence de jeunes dans l’Église a été une réelle surprise même si en Afrique on parle d’Églises d’aînés en Europe». Pour lui qui avait débarqué à Cointrin avec son col pastoral autour du cou, la laïcité à la genevoise a été une autre source de stupéfaction : «Au Togo, l’Église et la chose religieuse sont incluses partout ! Les gens prêchent à la radio et l’État demande des cultes auxquels le président de la République participe. En ville, les prêtres portent le col pastoral librement.» Six mois après son arrivée, Espoir Adadzi se réjouit d’exercer prochainement son ministère dans une Région, afin d’expérimenter concrètement ses propositions.
Anne Buloz
Réformés est un journal indépendant financé par les Églises réformées suisses des cantons de Vaud, Neuchâtel, Genève, Berne et Jura. Soucieux des particularités régionales romandes, ce mensuel présente un regard protestant ouvert aux enjeux contemporains. Fidèle à l’Évangile, il s’adresse à la part spirituelle de tout être humain. Sa déclinaison web, Réformés.ch, ne se contente pas de diffuser en ligne le contenu du mensuel : c’est un média qui se décline sous la forme d’un site internet d’actualité. Conçu par Medias-pro, il publie du contenu produit par les différents médias protestants de Suisse romande.