Philippe Kabongo, le professeur Honoré Muenyi Kamuinga, et André Bokundoa, président de l’ECC, au Zénith pour le grand culte de Protestants en Fête à Strasbourg © Freddy Mulongo

Élu le 19 août dernier président national de l’Église du Christ au Congo (ECC), le pasteur André Bokundoa-Bo-Likabe est arrivé à la tête de la principale Fédération protestante de RDC dans un contexte de fortes tensions politiques, marqué par des manifestations violemment réprimées réclamant le départ du président Joseph Kabila. Des tensions qui n’épargnent pas les Églises : car pour tenter de rétablir un dialogue jusqu’alors rompu entre le président et les partis d’opposition, l’Église catholique a, dans un premier temps, joué un rôle de médiateur, obtenant un accord, dit «de la Saint-Sylvestre», en vertu duquel des élections libres et transparentes devaient être organisées avant la fin de 2017.

Accord qui n’a jamais été respecté, ce qui a poussé les évêques congolais à renoncer à cette médiation et à réclamer à leur tour une rapide alternance politique. Depuis lors, c’est une organisation proche de l’Église catholique, le Comité laïc de Coordination (CLC), qui a pris la tête de la contestation. Après avoir organisé trois marches pacifiques de chrétiens contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, toutes violemment réprimées, il a diffusé lundi un appel à la population intitulé «Jusqu’au bout nous irons!».

Le soutien des protestants de France à l’ECC

Pour aller plus loin :

L’Église catholique est, de ce fait, devenue une cible du pouvoir au même titre que les partis d’opposition, et sa position a poussé les autres Églises à s’impliquer à leur tour. De sorte que désormais, les protestants sont eux aussi directement menacés. Ce qu’illustre le cas du pasteur François-David Ekofo : après avoir dénoncé, lors d’un service commémorant le 17ème anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, les lacunes de l’autorité et de la justice en RDC devant l’actuel chef de l’État et ses proches, il a dû quitter précipitamment le pays.

Des intimidations qui n’ont pas fait renoncer le pasteur  Bokundoa à sa liberté de parole : «Nous sommes appelés des protestants parce que nous protestons toujours contre ce qui n’est pas juste. Bien-aimés, nous voulons vous rassurer : nous sommes protestants et nous devons le rester. Nous n’abandonnerons pas notre identité pour une autre», a-t-il déclaré le lundi 19 février à l’ouverture de la 53ème session ordinaire du Comité exécutif national de l’ECC. Et de citer le livre de Proverbes (29-2) : «Quand les justes se multiplient, le peuple est dans la joie ; Quand le méchant domine, le peuple gémit».

AG de la FPF, fin janvier © Fédération protestante de France

Les menaces ciblant les Églises en RDC ont suscité un mouvement de solidarité allant bien au-delà des frontières de la République démocratique du Congo. Fin janvier, l’assemblée générale de la Fédération protestante de France, réunissant près de 170 délégués représentant 30 unions d’Églises et plus de 500 œuvres, communautés et associations (dont le Défap), a voté une recommandation apportant un soutien sans réserve à l’Église du Christ au Congo et à son nouveau président, face à «la situation sécuritaire et de tensions politiques en République Démocratique du Congo» et à «la répression que subissent dans ce pays les chrétiens qui réclament des élections crédibles et la cessation des violences politiques». Ce message a été transmis en février au pasteur Bokundoa par le pasteur Jean-Luc Blanc, responsable du service Relations et Solidarités Internationales au sein du Défap, alors en visite en RDC.

Ce samedi 17 mars, le pasteur Bokundoa est arrivé en France, ce qui devrait lui permettre de rencontrer divers représentants du protestantisme français, ainsi que des membres des Églises congolaises. Son arrivée a coïncidé avec l’Assemblée Générale du Défap. Il doit être reçu en début de semaine à la Fédération Protestante de France. Son premier voyage à l’étranger avait déjà été pour la France : il était en effet à Strasbourg pour les célébrations des 500 ans de la Réforme, en tant qu’invité d’honneur de la FPF.

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