Le pasteur Charles-Daniel Maire lors d’un culte en Guadeloupe © DR

A l’image de la population du reste des Antilles, l’Église Protestante Réformée de la Guadeloupe est très diverse. On y trouve une trentaine de familles guadeloupéennes, mais aussi malgaches et même alsaciennes ; et de nombreux paroissiens de passage, venus pour quelques mois ou quelques années. C’est une petite communauté, mais vivante, et qui aspire à porter son témoignage dans la société. C’est surtout une Église jeune, née dans les années 90, lorsque la fin du service militaire obligatoire en France a conduit à la réduction du dispositif des aumôneries militaires.

La communauté protestante guadeloupéenne fait partie des Églises de sensibilité luthéro-réformées présentes aux Antilles, en Guyane, à la Réunion et à Mayotte, que le Défap accompagne notamment en contribuant à financer des postes pastoraux. Depuis décembre 2017, ce poste est occupé par Charles-Daniel Maire, parti en Guadeloupe pour quatre mois avec son épouse Evelyne, en attendant le recrutement d’un pasteur à plus long terme. Tous deux sont d’anciens envoyés de la Mission Biblique en Côte d’Ivoire et ont passé environ 25 ans en Afrique.

«Le jingle de l’aéroport est le même que celui d’Abidjan»

Pour aller plus loin :
Comment l’Église de Guadeloupe prend racine
Le soutien du Défap aux communautés protestantes d’Outre-mer
Le site de l’Église protestante de Guadeloupe…
… et la page de l’association diaconale « Men a lespwa »

La particularité de ce poste pastoral est qu’il inclut à la fois les territoires de Guadeloupe et de Martinique. Entre les deux, 140 km d’océan à enjamber chaque semaine d’un coup d’aile tantôt vers une île, tantôt vers l’autre. Ce qui représente pas mal de temps passé dans les aéroports. Une situation que le pasteur Charles-Daniel Maire prend avec humour et philosophie : «Il y a de ces petits riens qui balisent nos journées comme des repères qui nous assurent que nous sommes toujours bien nous-mêmes : il y a le jingle de l’aéroport qui est le même que celui d’Abidjan ! Combien de fois l’avons-nous entendu ?» Charles-Daniel Maire a surtout trouvé une communauté qui a su faire preuve de sa capacité de mobilisation, que ce soit aux cultes ou lors des sessions de formation à l’animation biblique. Et un accueil, aussi bien en Guadeloupe qu’en Martinique, qui fait oublier les contraintes de ce poste de «pasteur volant». «Avec un week-end sur deux à la Martinique, le temps passe vite. Comme ici, session de formation à l’animation biblique le samedi et culte le dimanche. Les membres de l’Église se relaient pour m’héberger et me faire goûter à la gastronomie martiniquaise.»

Le principal défi, pour  l’Église Protestante Réformée de la Guadeloupe, est aujourd’hui d’acquérir de la visibilité. Au sein d’une population multiculturelle et multiethnique, les protestants de tradition luthéro-réformée représentent une petite minorité par rapport aux catholiques (en recul, mais toujours largement majoritaires) ou aux nouvelles Églises évangéliques d’implantation plus récente (Assemblées de Dieu, adventistes…). Présents jusqu’au XVIIème siècle, ils ont rapidement disparu après la Révocation de l’Édit de Nantes. Petite par la taille dans un paysage religieux saturé, où les religions monothéistes se mâtinent facilement de croyances traditionnelles venues du temps des anciens esclaves ou de croyances importées plus récemment par les coolies tamouls, l’Église Protestante Réformée de la Guadeloupe n’en dispose pas moins d’un réel potentiel de croissance. Si elle a été constituée, pendant des années, en grande partie par des travailleurs venus de métropole et destinés à y repartir, ce qui empêchait de construire des projets à long terme, elle a su depuis pousser des racines en se constituant un noyau fidèle et engagé, pour devenir une Église à l’image de la Guadeloupe elle-même. Elle a su prendre sa place au sein de la société. Notamment à travers son association diaconale, qui est aujourd’hui l’un de ses principaux outils de témoignage et favorise la visibilité de la communauté protestante dans le département. Elle s’est développée autour du projet « Men a lespwa » (« Main de l’espoir »), qui vise à accompagner les sortants de prison et les Personnes Placées Sous Main de Justice (PPSMJ).

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