Une douzaine de membres de l’Église protestante unie du Consistoire d’Héricourt se sont rendus début octobre auCongo-Brazzaville, pour y découvrir notamment les actions que mène l’Église Évangélique du Congo. Ils étaient accompagnés par le pasteur Joël Dautheville, président du Défap. Retour sur ce voyage avec Georges Massengo, qui a été pasteur à Brazzaville avant d’exercer son ministère au sein de l’Église protestante unie de France, et qui a organisé ce projet.

 

Les participants du voyage devant un centre médico-social © Défap

De retour de Brazzaville et Pointe-Noire depuis quelques semaines, le pasteur Massengo a encore en tête une liste de bagages qui tient du catalogue à la Prévert : trois valises d’habits pour bébé et autres matériels pour enfants, deux valises de lunettes, trois fauteuils roulants et… plus aucune place de disponible pour les livres du Défap… Qu’importe, l’essentiel n’était pas dans les bagages. Mais bien dans les rencontres… Le voyage a duré une dizaine de jours, du 29 septembre au 9 octobre 2017, et pour la plupart des participants, il a marqué leur premier contact avec le Congo-Brazzaville et avec l’Église Évangélique du Congo (EEC). Ils étaient douze, membres de l’Église protestante unie du Consistoire d’Héricourt, Georges Massengo leur servant de guide. Lui-même originaire de ce pays, il avait exercé son ministère pastoral dans l’une des principales paroisses de l’EEC, celle de Mayangui, avant sa venue en France où il est aujourd’hui pasteur de l’EPUdF.

Pour lui, l’objectif de ce voyage accompagné et soutenu financièrement par le Défap devait être avant tout de montrer la réalité du pays, non seulement sur le plan social (même si la République du Congo est un pays producteur de pétrole, près de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et l’accès à l’eau potable et à l’électricité y reste difficile) mais aussi sur le plan de la vie d’Église. Autre participant du voyage à renouer avec le Congo-Brazzaville : Joël Dautheville, président du Défap, qui a lui-même été pasteur de la paroisse du Plateau il y a une quarantaine d’années, et qui avait décidé de précéder le groupe de quelques jours afin de faire le point sur les projets en cours.

La genèse du projet

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L’Église Évangélique du Congo (EEC) est la première et la plus importante Église protestante au Congo-Brazzaville. Elle est aussi le principal partenaire du Défap dans ce pays. Elle trouve ses origines, au début du XXème siècle, dans les travaux de la Mission Évangélique Suédoise (MES), avec le concours d’autres Églises Missionnaires scandinaves. Son existence en tant qu’Église indépendante remonte au 15 juillet 1961, lorsque les différentes Églises Missionnaires ont décidé de l’autonomie des stations et postes missionnaires, donnant naissance à une Église unie. Mais l’avènement d’une république populaire en 1969, sous la présidence de Marien Ngouabi, avec comme corollaire l’instauration du socialisme scientifique, s’est traduit pour l’Église par la nationalisation de ses écoles et centres de santé. Aujourd’hui, dans un contexte social difficile, elle développe ses activités diaconales pour faire face aux besoins de la population notamment en matière d’éducation et de santé. Les projets soutenus par le Défap sont nombreux : soutien à la faculté de théologie de Brazzaville, programme d’éducation à la paix, formation d’animateurs jeunesse, scolarisation d’enfants sourds, formation à l’informatique, construction d’école, programme de lutte contre le sida, envoi de volontaires au sein du département Santé de l’EEC…

C’est lors d’un culte du pasteur Massengo destiné à présenter ces relations entre les protestants de France et l’EEC qu’est née, début 2016, l’idée d’organiser un voyage avec des membres du Consistoire d’Héricourt. «Il y avait là un couple de retour du Congo-Brazzaville», se souvient Georges Massengo. «Ils avaient séjourné dans le pays avec leurs enfants et ont témoigné de ce qu’ils y avaient vécu, de ce qu’ils avaient vu.» La situation sociale et les difficultés du quotidien, le problèmes de scolarisation des enfants, mais aussi toutes les actions lancées par l’EEC et la manière dont la foi y est vécue : autant de découvertes qui ont poussé les paroissiens à vouloir mieux connaître le pays et l’Église. Une fois le projet monté avec le Défap, trois sessions d’informations sur le Congo-Brazzaville ont été organisées à Lure et Héricourt, auxquelles a participé Joël Dautheville. Et les objectifs du voyage se sont développés.

«Comment pouvons-nous aider ?»

Distribution de médicaments © Défap

«Les participants m’ont demandé : comment pouvons-nous aider ?» raconte Georges Massengo. «Et je leur ai parlé d’un projet de construction de maternité auquel j’avais participé lorsque j’étais pasteur à Mayangui. J’y étais retourné depuis lors et j’avais découvert un centre qui était devenu une structure de référence au sein de l’Église, avec un service pour les consultations prénatales, un bloc opératoire pour les césariennes, mais aussi un service de médecine générale, un autre d’ophtalmologie, un suivi des personnes atteintes par le Sida… Le personnel médical, le médecin-chef m’avaient parlé de tous leurs besoins. Je me suis dit que ce voyage était une excellente occasion d’y répondre.»

Autour du projet de voyage s’organisent alors des collectes : vêtements et matériel médical (pour mesurer la glycémie et la tension, notamment), fauteuils roulants et équipement ambulatoire… Georges Massengo prend aussi contact avec une association locale, le Kiwanis Montbéliard-Sochaux, qui récolte toute l’année d’anciennes lunettes pour les remettre à des associations : «au Congo-Brazzaville, trop de gens qui ont des problèmes visuels ne peuvent pas trouver les lunettes dont ils auraient besoin». Les bagages grossissent ainsi jusqu’au moment du départ.

Rencontres et visites

Rencontre avec le président de l’EEC © Défap

Au Congo-Brazzaville, la petite délégation, accueillie par la paroisse de Mayangui, rencontre le président de l’EEC : le pasteur Edouard Moukala, successeur de Patrice Nsouami. Les visites s’enchaînent à Brazzaville : «Nous avons vu le responsable du département Santé de l’Église, qui a accueilli une envoyée du Défap. Nous avons livré là-bas nos fauteuils roulants et notre matériel ambulatoire. Nous avons visité l’orphelinat du temple du Centenaire, où Joël Dautheville avait été pasteur. Nous avons remis des sacs d’habits à la responsable du département Femmes et Familles de l’EEC, Éléonore Kissagui, ancienne boursière du Défap. Nous avons pu visiter une structure destinée à accompagner les filles-mères (qui vivent seules et sans moyens de subsistance pour élever leurs enfants) et à leur fournir une formation à la couture.»

À cela s’ajoutent des rencontres avec le doyen et les étudiants de la faculté de théologie de Brazzaville, une visite à un projet de «caisse féminine» monté par des femmes chrétiennes afin de faire du micro-crédit… Autant de manières pour les voyageurs de vérifier l’efficacité des liens tissés à travers les échanges ou le financement de bourses par le Défap – les anciens boursiers constituant, au fil des années, un réseau sur lequel le Défap peut s’appuyer dans ses relations entre Églises. Autant de manières, surtout, de «toucher du doigt les réalités de la vie au Congo».

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