Du 12 au 18 décembre 2015, le pasteur Jean-Luc Blanc s’est rendu au Congo pour faire le point sur les différents engagements du Défap.
A l’écouter suite à son retour, on se demande pourquoi nos regards ne se tournent pas plus souvent vers le Congo.
Construction de l’école inclusive pour enfants sourds d’Owando, DR
Le récit de son séjour pourrait bien faire naître des vocations. Les projets, variés, se révèlent audacieux : programme d’éducation à la paix, formation d’animateurs jeunesse, scolarisation des enfants sourds, formation à l’informatique, construction d’école, programme de lutte contre le sida… Les chantiers ne manquent pas, et malgré les turbulences politiques, ils prennent de la hauteur.
Ecole inclusive pour enfants sourds, Owando, DR
Une question a particulièrement retenu son attention, celle liée à la relation entre universités européennes et universités d’Afrique centrale. Jean-Luc s’est rendu à la faculté de Brazzaville, partenaire avec le soutien du Défap de la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg. Il a pu constater que les conditions d’études des futurs diplômés n’étaient pas la principale pierre d’achoppement.
En effet, comment l’Universitas magistrorum et scholarium, ce pur produit de l’Occident, peut-elle dialoguer, sans l’aide de Dieu (au sens de support rhétorique), avec une pensée construite avec d’autres représentations symboliques. Le fameux, « discerner pour relier et conjoindre », qui n’est peut-être pas la seule façon de formuler une thèse, se heurte à une approche locale éloignée des attentes des correcteurs.
Si l’on considère que les structures de la pensée sont en partie liées à la langue maternelle, pour beaucoup d’étudiants congolais, cela contribue à envisager l’étude avec d’autres concepts et l’enseignement avec d’autres méthodes.
Institut des jeunes sourds de Brazza, DR
Rémi Gounelle, Doyen de la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg, s’est rendu sur place en novembre 2015. Il témoigne, après son intervention :
« Les étudiants ont été surpris par deux aspects de mon cours : d’une part, il relevait de l’histoire des idées et non de l’histoire factuelle qui leur est enseignée à la Faculté ; d’autre part, la posture de l’historien français repose sur une sorte d’athéisme méthodologique, que j’ai explicitée. Lors des discussions que nous avons eues sur ce point en cours ou lors des pauses, les étudiants ont fait écho à des discussions semblables qu’ils avaient eues avec Michel Grandjean [Professeur ordinaire à la faculté de théologie de l’université de Genève, ndlr], ou Elian Cuvillier [Professeur à l’institut Protestant de théologie de Montpellier, ndlr]. Si certains d’entre eux comprenaient la posture distante et critique de l’historien, d’autres ont cherché jusqu’au dernier jour à connaître mon intime conviction. Leurs réactions, par moment amusées, m’ont permis d’expliquer plusieurs problèmes de méthode et d’aborder, en conclusion, la fonction de l’historien, qui ne saurait donner de solutions pour le présent, mais dont le travail permet de prendre des décisions éclairées pour le présent. »
La tension est nécessaire. Reste à savoir comment l’Université Protestante au Congo peut accepter légitimement les exigences universitaires françaises.
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