Depuis plusieurs années déjà, l’interculturel est dans l’air du temps, et les Églises sont fondamentalement concernées par cette réalité. Des problématiques nouvelles naissent de la rencontre de cultures différentes. Il est bon de rappeler que la culture est un concept qui englobe bien plus que la musique, la langue, et la façon de célébrer le culte. Notre culture est notre perception du monde, de la vie, de nous-mêmes et des autres. C’est tout ce qui, en nous et autour de nous, nous définit et nous façonne.

Le terme ‘interculturel’ qualifie les situations dans lesquelles des cultures se rencontrent et entrent en dialogue. On parle ainsi de ‘communication interculturelle’ quand on se réfère aux éléments de la culture qui vont venir influencer l’efficacité de la communication entre personnes de cultures différentes. La lecture de la Bible au sein de groupes multiculturels n’est pas épargnée par cette question. Un congolais, un antillais ou un alsacien de souche ne comprendrons pas de la même manière un récit de guérison. Partager ce que chacun ressent et entend dans un texte biblique, selon son vécu, ses racines et traditions, ne peut qu’être enrichissant, fécond et source de nouveauté pour tous !

Le projet Mosaïc encourage chacun à enrichir son expérience de vie et sa lecture de la Bible avec les expériences d’autres chrétiens vivant dans d’autres contextes et cultures. De plus nous savons que les Ecritures elles-mêmes ont été écrites dans différents contextes culturels et sociopolitiques. Pour nous protestants, les Ecritures ont une place centrale. Elles parlent de nous, et à travers elles, c’est Dieu qui parle à chacun de nous. Le Congrès de Lausanne sur l’évangélisation, en 1974, avait déjà déclaré : « L’Evangile ne présuppose pas la supériorité d’une culture sur une autre ; il évalue toutes les cultures selon ses propres critères de vérité et de droiture et affirme qu’il y a des absolus moraux qui s’imposent à toutes les cultures ».

Il s’agit alors de laisser les Ecritures devenir interprètes de ce que nous sommes, dans nos cultures et traditions. Dieu souhaite que chacun puisse l’entendre dans sa propre langue. Dieu ne parle pas une langue « sacrée », mais à travers nos langues ordinaires afin que nous réalisions que l’Evangile nous concerne et que nous sommes invités à rejoindre une communauté issue de « toute nation, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues » (Ap. 7, 9). Grâce à l’Evangile qui nous annonce que nous sommes tous membres du corps du Christ, l’Eglise a pour mission de dépasser les frontières imposées par la société, en surmontant les difficultés dues aux différences culturelles. Ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra prétendre annoncer la Bonne Nouvelle à un monde fractionné et multiple.

Pasteur Marianne Guéroult
Responsable du Projet Mosaïc à la Fédération Protestante de France

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