Centenaire de l’ACO : un cycle de conférences à Beyrouth

1922-2022 : depuis un siècle, l’Action Chrétienne en Orient, œuvre missionnaire créée par un pasteur alsacien témoin du génocide arménien, construit des ponts entre les Églises protestantes de France et du Proche-Orient. Les célébrations de ce centenaire vont s’étaler tout au long des années 2021-2022, et commencent dès ce mois de janvier avec un cycle de rencontres à Beyrouth. Organisées sous forme de visioconférences, elles seront accessibles à toute personne intéressée : pour s’inscrire, c’est ici…

C’est à travers une série d’événements, ponctuant les années 2021 et 2022, que l’ACO – Action chrétienne en Orient – prépare les célébrations de son centenaire. Des événements qui prendront place aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient. Le premier s’annonce dès ce mois de janvier 2021, avec une série de conférences organisées par l’Université Haigazian de Beyrouth. Ces rencontres, qui auront lieu sous forme de visioconférences (situation sanitaire oblige) auront lieu les 28 et 29 janvier, à chaque fois de 16h à 18h30. Les conférences porteront sur les missions européennes et les Églises protestantes au Moyen-Orient au XXème siècle, et seront animées à la fois par des historiens et des acteurs engagés de l’ACO. La langue des intervenants sera l’anglais, et pour s’inscrire, il suffit d’envoyer un message à l’adresse suivante : wilbert.vansaane@haigazian.edu.lb .

Les chrétiens d’Orient ont été souvent victimes de discriminations et de violences, mais ils représentent encore aujourd’hui des communautés vivantes et dont la présence aide au vivre ensemble. Or au début du XXème siècle, au Moyen-Orient, un habitant sur quatre était chrétien ; ils ne sont plus désormais que 11 millions parmi 320 millions de musulmans (soit un sur 30), partout minoritaires et contraints de chercher la protection des pouvoirs en place pour continuer à exister. Et au sein de cette minorité, les Églises protestantes, avec lesquelles l’ACO est en lien, représentent elles-mêmes un tout petit nombre. «Minoritaires au sein de la minorité chrétienne composée d’Églises traditionnelles orientales, orthodoxes et catholiques», souligne l’ACO, «leur environnement est marqué par l’Islam avec ses différents courants théologiques et ses résonances sociales et politiques. Leur contexte est celui d’une région du monde secouée par des crises géopolitiques aux enjeux divers et complexes, où les puissances régionales et occidentales confrontent leurs intérêts. Pour autant les Églises protestantes que nous soutenons au Moyen-Orient rayonnent par leur témoignage vécu au nom de l’Evangile, par leurs œuvres éducatives et sociales, par leurs convictions pacifiques et critiques, par leur souci des relations œcuméniques entre Églises, par leur dialogue avec l’Islam et les minorités religieuses de la région.»

De la Syrie au Liban, puis à l’Iran

Syrie : la renaissance de la paroisse de Kharaba © ACO

À sa création en 1922, l’ACO avait pour but de secourir les populations arméniennes victimes des exactions turques. Son fondateur, le pasteur Paul Berron, décrit dans « Souvenirs des jours sombres » (L’Harmattan) ce qu’il a vu et vécu à partir de 1916 au contact de ces réfugiés, tout en dénonçant la « politique d’extermination » alors mise en œuvre par les autorités turques. Alsacien, donc citoyen allemand avant la Première Guerre mondiale, il avait été envoyé comme aumônier en Syrie et dans la région pour établir et superviser des foyers du soldat. La guerre finie et l’Alsace réintégrée à la France, ce même pasteur Berron, devenu de fait citoyen français, put ainsi passer outre l’interdiction qui frappait les œuvres missionnaires allemandes et créa l’Action Chrétienne en Orient.

Grâce aux paroisses protestantes alsaciennes, mais aussi grâce à des comités néerlandais et suisses, l’ACO a rapidement étendu son œuvre et touché aussi bien les personnes de culture arménienne que de langue arabe et assyrienne, en Syrie mais également au Liban puis plus tard en Iran. Aujourd’hui, grâce à de nombreux partenariats, l’ACO soutient des projets très variés dans les domaines de l’éducation, du social, de la santé, de la solidarité en contexte de crise, de la résolution des conflits, de la formation théologique, de la vie d’Église au sein de communautés locales.

«C’est toute l’humanité qui se joue là»

Parmi ces partenariats, il y a le Défap. Au cours des dernières années, l’ACO a eu l’occasion de collaborer de manière quasi quotidienne avec le Service Protestant de Mission, notamment pour l’envoi de volontaires, au Liban, en Égypte… Dans ce pays par exemple, le Défap a assuré le suivi des envoyés de l’ACO en lien avec les Églises protestantes locales, dans le cadre de la plate-forme Moyen-Orient. Il s’agissait de missions d’enseignement (soutien scolaire, apprentissage de l’expression française), mais au-delà, d’une expérimentation quotidienne du « vivre ensemble » propre à faire mentir ceux qui prêchent la violence entre les communautés. Comme le racontait une ancienne envoyée, décrivant l’école où elle travaillait : «Chrétiens et musulmans se côtoient dans le corps enseignants et chez les élèves (…) Dans cette société égyptienne fragmentée c’est, d’après moi, une bénédiction !»

Comme le soulignait il y a quelques années le pasteur Thomas Wilde, alors directeur de l’Action chrétienne en Orient : «L’ACO travaille pour qu’on se souvienne. Elle a le souci des minorités opprimées : c’est toute l’humanité qui se joue là. L’humanité de l’homme est perdue si on laisse l’oubli s’installer. C’est le devoir des chrétiens et des citoyens du monde de ne pas se résigner.»




Éloigné, en confinement : parole à Zoé

Partir à l’étranger avec le Défap, ce n’est pas seulement découvrir un autre pays, une autre culture, et y vivre de nombreux mois en immersion : c’est aussi se découvrir soi-même. Avec le Covid-19, d’autres problématiques se posent. Au travers de leurs lettres de nouvelles, les envoyés partagent leur ressenti mais aussi leurs questionnements.

 

Zoe Koch est VSI en Égypte avec l’Action chrétienne en Orient. Elle est en mission à la maison Fowler au Caire. En raison du confinement, elle a dû rentrer en France le 20 mars.

Jeudi 16 avril 2020 à Colmar, mais toujours un peu au Caire dans la tête et le cœur.

Aéroport Paris-Charles de Gaulle. 10h du matin. Ça y est, je suis en France. Mon masque est la seule chose qui soutient encore mon visage fatigué. Dehors, tout est vide. Il n’y a plus personne dans les rues de Paris. L’air frais me réchauffe curieusement le cœur, mais je n’oublie pas qu’il y a encore quelques heures, je marchais dans les rues étouffantes du Caire.

La crise que nous traversons tous en ce moment est amère, brute, difficile. Elle a radicalement transformé nos modes de vie, elle nous a fait réfléchir, repenser nos habitudes. Elle a fait émerger du beau, également. Pour moi, elle a d’abord été légère. En mission au Caire à la maison Fowler, nous nous sentions si loin de l’agitation. La crise sanitaire est rapidement devenue l’objet de nos conversations avec les collègues pendant les repas. Au début, nous ne l’abordions qu’à travers quelques blagues. En effet, nous en étions si loin qu’elle nous semblait presque irréelle. Puis nous avons pu goûter aux inquiétudes, aux peurs de nos proches restés en France tout d’abord, puis aux frissons naissants qui ont agité la population égyptienne. La nouvelle est finalement tombée : l’aéroport du Caire allait fermer, les écoles également. Les gens dans la rue étaient devenus méfiants : nous étions, bien malgré nous, les visages de ce virus. Tout est allé très vite. Nous avons été un petit peu secoués par la police locale, qui souhaitait ne plus voir d’étrangers sur les lieux de travail. Une décision devait être prise, une décision compliquée et triste, mais indispensable.

Nous avons eu un petit peu plus de 24 heures pour faire nos adieux au Caire.

On nous apprend à partir. On nous prépare au choc culturel, on s’y attend. Et parce que ça semblait loin dans nos têtes avant cette crise, on oublie le retour. Ce retour, il m’est tombé sur la tête et il m’a brisé le cœur. J’ai réalisé à quel point il était difficile de dire au revoir, qui plus est à des enfants. Ces quelques mois au Caire ont été riches, beaux, durs parfois. Et parmi toutes les richesses de ce pays, j’ai eu la chance et la joie de fréquenter la plus belle de toutes les richesses, ou plutôt « les plus belles de toutes » : les filles de la maison Fowler. Oh qu’il a été dur de prendre l’avion et de les laisser ! Nous avions commencé tant de choses, appris beaucoup aussi, j’avais plein de projets dans la tête. Le matin même, nous discutions avec les collègues d’un nouveau programme à essayer avec les filles pour compenser la fermeture des écoles. Mais le soir, nous étions dans le bureau de notre patronne, à discuter de notre départ précipité.

Ce retour m’a aussi offert un torrent de lumière. Avant de partir, les filles m’ont fait le plus beau des cadeaux, elles ont placé en moi un espoir si grand et si fort qu’il peut aller plus loin que les crises et les difficultés. Aujourd’hui, je suis triste, mais sereine, car je sais que cet espoir est en chacun de nous, il transcende nos êtres, il est universel. Que ce temps de crise nous aide à le repenser et à le saisir, à le partager aussi à ceux qui n’y croient plus.

Et puis, pour finir, j’aimerais citer une amie égyptienne qui me disait la chose suivante : للخیر كلھ « tout ira pour le mieux », comme le rappellent les chrétiens égyptiens pour se souvenir que le monde est fait d’amour et d’espérance, et qu’il y a toujours quelqu’un qui ne les laissera jamais tomber.
Prenez grand soin de vous et de vos proches.

Le grand marché

 




Des Égyptiennes à Paris

Les visiteuses partagent un café avec l’équipe du Défap

Elles s’appellent Névine, Madonna, Eve, Christine, Dina et Patricia. Elles arrivent du Caire, où elles sont enseignantes dans un établissement qui reçoit régulièrement des envoyés du Défap. Grâce à Lorène Spielewoy, partie en mission en 2018, elles ont pu venir visiter la France.
« Lorsque je suis arrivée en Égypte, raconte Lorène, j’étais totalement dépaysée. Il m’a fallu un petit temps pour m’adapter. Grâce à l’accueil que j’ai reçu, je me suis bien acclimatée. A la fin de mon séjour, j’ai eu envie d’organiser une sorte de « retour », de faire découvrir la France à toutes les personnes avec qui j’avais travaillé. Elles avaient toutes fait des études difficiles, elles étaient devenues professeures, elles évoluaient dans un environnement francophone sans jamais avoir vu la France. Je me suis dit que leur dévouement, leur volonté de transmettre la langue étaient admirables et je voulais vraiment leur faire plaisir. »
Lorène a alors monté un dossier projet, qu’elle a présenté conjointement au Défap, à l’Action chrétienne en Orient (ACO) et à l’UEPAL (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, l’une des fondatrices du Défap). Son objectif : organiser un voyage, à Paris et à Strasbourg qui puisse aider ces jeunes femmes à constituer un réseau, à comparer les points de vue et les systèmes éducatifs et éventuellement bâtir de nouveaux projets d’échanges.

Après la découverte de Paris et de la culture française, des monuments, des musées – une visite guidée au Louvre notamment – et du château de Versailles, le groupe partira à Strasbourg pour s’immerger dans la « culture familiale ». « La compréhension mutuelle peut aussi naître de ces « chocs » interculturels que nous vivons lorsque nous sommes dans un pays qui n’est pas le nôtre. C’est le cas de ces enseignantes aujourd’hui, comme cela a été mon cas lorsque je me suis retrouvée chez elles », explique encore Lorène.
Les jeunes Egyptiennes, elles, sont vraiment ravies. Elles découvrent la tour Eiffel avec des yeux aussi émerveillés que les nôtres lorsque nous voyons « en vrai » les pyramides ou le sphinx. Une belle expérience de réciprocité.




N’oublions pas les chrétiens d’Orient !

L’audition ce mercredi au Sénat du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la situation des chrétiens d’Orient et des minorités au Moyen-Orient, intervient deux mois après la remise, le 3 janvier à l’Élysée, d’un rapport commandé par Emmanuel Macron sur ce même thème. Un signe de plus d’une volonté de s’engager en faveur des chrétiens d’Orient. Depuis longtemps, des organismes entretiennent des liens entre communautés chrétiennes en France et en Égypte, en Syrie, au Liban… C’est notamment le cas de l’Action Chrétienne en Orient, proche partenaire du Défap.

Photo d’ouverture : cette fillette fait partie d’une famille chrétienne qui a dû fuir la Syrie vers le Liban – octobre 2015 © Albert Huber, président d’ACO

 

Ce mercredi 6 mars 2019, à partir de 17h30, les sénateurs de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées entendent Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, sur la situation des chrétiens d’Orient et des minorités au Moyen-Orient, en commun avec le groupe de liaison, de réflexion, de vigilance et de solidarité avec les chrétiens, les minorités au Moyen-Orient et les Kurdes. Un signe de plus d’une volonté politique affichée de venir en aide aux chrétiens d’Orient… Cette audition intervient deux mois après la remise, le 3 janvier à l’Élysée, d’un rapport commandé par Emmanuel Macron. L’objectif assigné par le chef de l’État était clair : «Renforcer l’action de la France dans la protection du patrimoine du Moyen-Orient et le soutien au réseau éducatif des communautés chrétiennes de la région.» L’auteur de ce rapport, Charles Personnaz, magistrat à la Cour des comptes, indiquait alors au cours d’un entretien sa conviction que si les populations chrétiennes devaient disparaître de ces régions du monde, «le Moyen-Orient se retrouverait sans doute dans des situations de conflit pires qu’aujourd’hui.»

À plusieurs reprises avant cela, le chef de l’État avait déjà insisté sur la vocation protectrice de la France à l’égard des chrétiens d’Orient. À l’Institut du monde arabe, il déclarait ainsi le 25 septembre 2017 : «Je veux dire aux chrétiens d’Orient que la France est à leurs côtés, que notre priorité sera bien la défense de leur histoire.» Et aux Bernardins, le 9 avril 2018 : «Nous avons hérité historiquement du devoir de les protéger.»

«Les chrétiens d’Orient, facteurs de dialogue et de paix»

Pour aller plus loin :

Chaque année, l’ACO publie un magazine, Le Levant, dont vous pouvez découvrir les derniers numéros ici :

Le conflit syrien et, plus encore, l’apparition de Daech ont poussé beaucoup de Français, chrétiens ou non, à une prise de conscience à partir de l’année 2014 du sort des chrétiens d’Orient. En témoigne le succès de l’exposition Chrétiens d’Orient : deux mille ans d’histoire organisée à Paris par l’Institut du monde arabe, avec près de deux cent mille visiteurs. Bien sûr, il existe déjà des liens entre communautés chrétiennes entre l’Europe et le Moyen-Orient : la plus importante étant, côté catholique, l’Œuvre d’Orient, qui était d’ailleurs partenaire de l’exposition à l’Institut du monde arabe. Il existe aussi des relations côté protestant : l’ACO (Action Chrétienne en Orient), partenaire direct du Défap, en est le meilleur exemple.

L’ACO a été créée en 1922 par le pasteur Paul Berron. Témoin direct du génocide arménien au XXème siècle et du calvaire des survivants, il a vécu au Moyen-Orient entre 1915 et 1918. Aujourd’hui, en Égypte, en Syrie, au Liban mais aussi en Europe, l’ACO travaille au développement et au renforcement des communautés chrétiennes, ainsi qu’au défi que représente la cohabitation entre chrétiens et musulmans. L’ACO apporte un soutien financier, parfois en envoyant des personnes, organise des rencontres, fait un travail d’information. L’ACO collabore de manière quasi quotidienne avec le Défap, notamment pour l’envoi des volontaires en Égypte, au Liban… Depuis l’origine, elle a popur directeurs des pasteurs de l’UEPAL, Église membre du Défap qui lui apporte un soutien déterminant. L’EPUdF reconnaît aussi l’action de l’ACO, et la Fédération Protestante la considère comme son «expert» pour le Moyen Orient.

Présents depuis l’origine du christianisme, les chrétiens d’Orient ont été souvent victimes de discriminations et de violences, mais ils représentent encore aujourd’hui des communautés vivantes et dont la présence aide au vivre ensemble. Comme le soulignait le 13 mars 2018, dans une question au gouvernement, Gwendal Rouillard, deputé LREM du Morbihan et co-président à l’Assemblée du groupe d’études sur les chrétiens d’Orient, ces derniers «représentent hier comme aujourd’hui un facteur de dialogue et de paix. Par exemple, je rappelle qu’au Liban, il existe des villages chrétiens/sunnites et chrétiens/chiites mais qu’il n’existe aucun village sunnites/chiites. Pour nous, les chrétiens doivent continuer à jouer ce rôle de médiateur au nom de la diversité culturelle.» Or au début du XXème siècle, au Moyen-Orient, un habitant sur quatre était chrétien ; ils ne sont plus désormais que 11 millions parmi 320 millions de musulmans (soit un sur 30), partout minoritaires et contraints de chercher la protection des pouvoirs en place pour continuer à exister.




Attentat en Égypte : communiqué commun des institutions protestantes françaises

En Égypte, la communauté copte a été de nouveau visée par un attentat. Sept fidèles ont été tués et de nombreux autres blessés sur la route du monastère de Saint-Samuel, le vendredi 2 novembre, quand des hommes armés ont ouvert le feu sur leur bus. L’attaque a été revendiquée par le groupe État islamique (EI). Dans un communiqué commun, le Défap, l’Action Chrétienne en Orient, la Fédération protestante de France, l’Église protestante unie de France, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, dénoncent «le fanatisme et l’extrémisme meurtrier» à l’origine d’un tel acte, qui «nous engage à soutenir toutes les initiatives visant à la paix et à l’égalité entre les communautés religieuses d’Égypte».

Le lieu de l’attaque, dans la province d’al-Minya (DR)

 

« Nous voulons adresser toute notre compassion, notre solidarité et nos prières aux familles et aux chrétiens égyptiens touchés par le nouvel attentat qui a fait vendredi dernier sept victimes et de nombreux blessés au sein de la communauté copte.

Pour aller plus loin :

Le fanatisme et l’extrémisme meurtrier du soit disant État islamique ont encore une fois visé des chrétiens de la province d’al-Minya alors qu’ils se rendaient en pèlerinage au monastère d’Anba Samuel.

Cet acte horrible nous révolte et nous engage à soutenir toutes les initiatives visant à la paix et à l’égalité entre les communautés religieuses d’Égypte. Ainsi nous nous réjouissons de la conférence pour la paix qui s’est tenue au Mont Sinaï les 18 et 19 octobre derniers et qui a réuni les différentes autorités civiles et religieuses du pays autour du thème Ici nous prions ensemble.

C’est dans cette lutte pour la tolérance et dans l’espérance de la victoire de la vie sur les forces de mort que nous encourageons nos frères et nos sœurs d’Égypte à garder courage et confiance. »

Le 7 novembre 2018

 

M. François Clavairoly, président de la Fédération Protestante de France

Mme Emmanuelle Seyboldt, présidente du Conseil national de l’Église protestante unie de France

M. Christian Albecker, président de l’Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine

M. Joël Dautheville, président du DEFAP, service protestant de Mission

M. Albert Huber, président de l’Action Chrétienne en Orient

 

 

Pour l’État islamique, toutes les croyances autres sont des cibles
Le groupe jihadiste État islamique prône une version extrême du salafisme, courant fondamentaliste de l’islam sunnite prônant un retour aux pratiques de l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples, qui l’amène à s’attaquer non seulement aux fidèles des autres religions, mais aussi à ceux d’autres branches de l’islam considérées comme hérétiques. L’État islamique a ainsi revendiqué une série d’attentats contre la communauté copte d’Égypte. Le soufisme, courant ésotérique de l’islam, est accusé pour sa part d’hérésie et de polythéisme, de fait de son recours à l’intercession des saints morts. L’État islamique condamne aussi ce qu’il qualifie d' »innovations » : rites et prières des soufis non prescrits à l’origine par le prophète Mahomet.

 




Le Défap solidaire de l’Égypte endeuillée

Alors que l’Égypte a été frappée, vendredi, par le plus terrible attentat de son histoire, le Défap exprime son soutien et sa solidarité aux familles endeuillées et au peuple égyptien dans son ensemble. L’attaque a eu lieu de la prière dans la mosquée al-Rawda de Bir al-Abed, non loin de la capitale de la province du Nord-Sinaï ; elle a fait 305 morts et une centaine de blessés.

 

La mosquée al-Rawda de Bir al-Abed © DR

Un deuil national de trois jours a débuté le samedi 25 novembre en Égypte, meurtrie par un attentat d’une violence sans précédent. L’attaque a eu lieu la veille au moment de la prière dans la mosquée al-Rawda de Bir al-Abed, que fréquentent notamment des adeptes du soufisme ; elle se situe à 40 km d’Al-Arich, la capitale de la province du Nord-Sinaï. Selon les témoignages de rescapés, un petit groupe d’hommes armés a encerclé la mosquée, fait exploser une bombe, puis a tiré à l’arme automatique sur les 700 fidèles réunis pour la prière et qui tentaient de fuir, faisant 305 morts et une centaine de blessés. Les assaillants ont également incendié des véhicules pour empêcher les fidèles d’échapper à la tuerie, et ralentir l’arrivée des forces de sécurité. Cet attentat n’a pas été revendiqué, mais selon le procureur de la zone, les terroristes portaient le drapeau noir qu’arbore la branche égyptienne du groupe jihadiste État islamique (EI).

Convaincu que les religions peuvent être facteurs de paix et non de violences, le Défap adresse ses sentiments de fraternité et de solidarité aux familles endeuillées, à tous ceux qu’il connaît en Égypte et au peuple égyptien.

«Une attaque contraire à toutes les lois, toutes les valeurs et toutes les traditions»

Nous reproduisons également ce message transmis par l’ACO (Action Chrétienne en Orient), proche partenaire du Défap. Il émane du pasteur Andrea Zaki, président de «Protestant Churches in Egypt», l’équivalent d’une Fédération Protestante d’Égypte. Il condamne l’attaque terroriste et souligne que cet acte, qui vise des personnes innocentes en train de prier, et dont le but est de déstabiliser la sécurité et la stabilité de l’Égypte, est contraire à toutes les lois, toutes les valeurs et toutes les traditions ; et toutes les parties de la société rejettent le terrorisme dans toutes ses formes. Le pasteur Zaki appelle tous les Égyptiens à rester unis face au terrorisme.

Il ajoute : « de tels actes criminels s’attaquant à des lieux de culte – mosquées et églises – sont la tentative désespérée d’interrompre la progression de la nation ». Il a adressé un appel à l’ensemble du pays à s’unir pour construire de manière solidaire un bel avenir pour le peuple égyptien resté loyal. La conclusion de la déclaration est un appel à prier pour les martyrs, qu’ils reposent en paix, et pour les blessés, qu’ils puissent guérir, dans l’espoir que Dieu préserve les dirigeants et le peuple égyptiens.

 

Pour l’État islamique, toutes les croyances autres sont des cibles
Le groupe jihadiste État islamique prône une version extrême du salafisme, courant fondamentaliste de l’islam sunnite prônant un retour aux pratiques de l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples, qui l’amène à s’attaquer non seulement aux fidèles des autres religions, mais aussi à ceux d’autres branches de l’islam considérées comme hérétiques. L’État islamique a ainsi revendiqué une série d’attentats contre la communauté copte d’Égypte. Le soufisme, courant ésotérique de l’islam, est accusé pour sa part d’hérésie et de polythéisme, de fait de son recours à l’intercession des saints morts. L’État islamique condamne aussi ce qu’il qualifie d' »innovations » : rites et prières des soufis non prescrits à l’origine par le prophète Mahomet.

 




Chrétiens d’Orient : deux mille ans d’histoire

LES ACTIONS DU DEFAP :
Le programme EAPPI
Le Défap au Liban
Les envoyés en Egypte

IMA © Institut du Monde Arabe

Les guerres ne détruisent pas seulement les vies et les villes ; elles ravagent les mémoires. Elles effacent les patrimoines, les cultures. Elles redessinent les contours de l’histoire des peuples. Parler de Syrie aujourd’hui, c’est évoquer Daech et ses exactions ; parler de la Palestine, c’est revenir sur l’interminable conflit israélo-palestinien… Que l’on regarde à l’Est de la Méditerranée et les chrétiens semblent être, soit oubliés, soit confinés au rôle de victimes. On finirait par oublier que c’est précisément là que le christianisme est né ; que quittant le berceau de Jérusalem, il a atteint aussitôt la Syrie. C’est sur la route de Damas que Paul fut aveuglé par la révélation de Christ… Le christianisme s’est ainsi diffusé dans tout le Proche-Orient : en Egypte, au Liban, en Jordanie, en Irak.

Cette histoire deux fois millénaire ne fut pas que tragique, loin de là ; les chrétiens ont joué un rôle majeur dans le développement politique, culturel, social et religieux de cette région du monde. C’est précisément ce que veut rappeler l’exposition « Chrétiens d’Orient : deux mille ans d’histoire » organisée à l’Institut du Monde Arabe, à Paris.

Ne pas oublier les chrétiens d’Orient…

Infos pratiques :
  Quand : du 26 septembre 2017 au 14 janvier 2018
    mardi, mercredi, jeudi, vendredi de 10h à 18h
    samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 19h
  Où : à l’Institut du monde arabe, 1 Rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris

Cette place singulière est ici mise en lumière au travers de périodes charnières : installation du christianisme religion d’Etat, conciles fondateurs, conquête musulmane, essor des missions catholiques et protestantes, apport des chrétiens à la Nahda (renaissance arabe), renouveau des XXe et XXIe siècles. L’accent est également mis sur la vitalité actuelle des communautés chrétiennes du monde arabe, en dépit des soubresauts de l’actualité récente. Au fil du parcours, l’accent est mis sur la formidable diversité du christianisme, avec ses Eglises copte, grecque, assyro-chaldéenne, syriaque, arménienne, maronite, latine et protestante : chaque facette du christianisme oriental dans ses dimensions orthodoxe et catholique a sa place dans l’exposition. Le parcours est jalonné d’œuvres patrimoniales majeures, dont de nombreux chefs-d’œuvre encore jamais montrés. Certains ont été prêtés pour l’occasion par les communautés elles-mêmes. Entre autres merveilles, les Evangiles de Rabula, un célèbre manuscrit enluminé syriaque du VIe siècle, et les premiers dessins chrétiens connus au monde, de Doura-Europos en Syrie, datant du IIIe siècle.

Une exposition pour ne pas oublier les chrétiens d’Orient… Car les communautés chrétiennes d’Egypte, du Liban, d’Israël-Palestine, de Syrie ont besoin de la fraternité des chrétiens d’Occident. Ce lien doit être entretenu ; le Défap s’y emploie avec ses partenaires aussi bien en France qu’au Proche-Orient.

Israël-Palestine, Liban, Egypte : ce que fait le Défap

Culte à Dhour Chouwer, au Liban, octobre 2016 – DR

En Israël-Palestine, le Défap gère depuis 2012, à la demande de la Fédération protestante de France, les envois des accompagnateurs du programme EAPPI (Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et Israël), initié par le Conseil Œcuménique des Eglises (COE) en réponse à un appel de responsables chrétiens locaux. Lorsque la violence s’est répandue à travers Israël et les territoires occupés, après le déclenchement de la seconde Intifada (El Aqsa) en 2000, les responsables des Eglises de Jérusalem ont lancé un appel à soutenir leurs efforts pour une paix juste : EAPPI a pour mission d’accompagner les Palestiniens et les Israéliens dans leurs actions non violentes. Le Défap est aussi en lien, via la Ceeefe (Communauté d’Eglises Protestantes Francophones dans le monde) avec la communauté protestante francophone de Jérusalem et Tel Aviv, Eglise de tradition pentecôtiste dirigée par le pasteur Jacques Elbaz.

Au Liban, le pasteur de l’EFPB (Eglise Française Protestante de Beyrouth) est un envoyé du Défap. Après le départ de son prédécesseur, le pasteur Robert Sarkissian, à l’été 2013, l’APFB (Association Protestante Française de Beyrouth) et la CEEEFE (Commission des Eglises protestantes d’expression française à l’extérieur) ont dû trouver les moyens d’envoyer un nouveau pasteur, Pierre Lacoste, avec l’aide technique du Défap. L’association propriétaire (APFB) a vendu une partie du terrain qu’elle possédait pour pouvoir mettre en place un projet de construction d’un nouveau temple qui devrait être achevé à la fin de l’année 2017. Avec la perspective de mettre en place de l’action sociale, culturelle et de solidarité.

En Egypte, le Défap assure le suivi des envoyés de l’ACO (Action Chrétienne en Orient) en lien avec les Eglises protestantes de ce pays, dans le cadre de la plate-forme Moyen-Orient. Il s’agit de missions d’enseignement (soutien scolaire, apprentissage de l’expression française), mais au-delà, il s’agit d’une expérimentation quotidienne du « vivre ensemble » qui fait mentir ceux qui prêchent la violence entre les communautés. Comme le raconte une ancienne envoyée, décrivant l’école où elle travaillait : « chrétiens et musulmans se côtoient dans le corps enseignants et chez les élèves (…) Dans cette société égyptienne fragmentée c’est, d’après moi, une bénédiction ! »

Retrouvez ci-dessous la présentation en vidéo de l’exposition :




Attentats en Egypte : le Défap réagit

 

Alors que l’état d’urgence vient d’être déclaré pour trois mois dans un pays meurtri, le Défap adresse ses sentiments de fraternité et de solidarité aux familles endeuillées, à tous ceux qu’il connait en Egypte et au peuple égyptien.

 

source : Blog Copte




Les condoléances des protestantismes français et suisse

Nous voulons adresser nos sincères condoléances à nos sœurs et frères dans la foi en Egypte, qui, ce dimanche 11 décembre 2016, ont une nouvelle fois subi une attaque sanglante.

Nous portons dans notre prière les victimes tuées, blessées et leurs familles, nous portons dans notre prière les responsables de la communauté copte d’Egypte. Et nous portons dans notre prière tous les égyptiens de bonne volonté, soucieux de la paix et de l’harmonie entre les humains.
Ces actes de haine aveugle, qui visent aussi à dresser les uns contre les autres les croyants chrétiens et musulmans, ne doivent pas amener ceux qui se réclament du Christ à réclamer vengeance. Que l’amour soit plus fort que la haine et finisse par la vaincre. Ceci est le coeur de notre prière, pour l’Orient et pour l’Occident.
Paris, Lausanne, Strasbourg, 13 décembre 2016

François Clavairoly, Président de la Fédération Protestante de France (Paris)
Laurent Schlumberger, Président de l’Eglise Protestante Unie de France (Paris)
Christian Albecker, Président de l’Union des Eglises Protestantes en Alsace Lorraine (Strasbourg)
Enno Strobel, service mission UEPAL (Strasbourg)
Bertrand Vergniol et Joël Dautheville, secrétaire général et président du Défap (Paris)
Nicolas Monnier, Jean Claude Basset, André Joly, DM échange et mission (Lausanne)
Albert Huber et Thomas Wild, président et directeur de ACO France (Strasbourg)

 

Condolences
We want to address our condolences to our brothers and sisters in faith in Egypt, once more the victims of a bloody attack on Sunday December 11th.
We lift up in our prayers those who were killed, those who were injured, and their families, we lift up in our prayers the people in charge of the Coptic Churches in Egypt. And we also lift up in our prayers all Egyptians of good will, anxious to keep peace and harmony between human beings.
These acts of blind hatred, which aim at setting Christian and Islamic believers against each other, should not lead people professing Christ as their Lord to claim for revenge. Let love be stronger than hatred so that love will defeat hatred. This is the heart of our prayer, for the East and for the West.
Paris, Lausanne, Strasbourg, December 13th, 2016
– Rev. François Clavairoly, President of Fédération Protestante de France (Paris)
– Rev. Laurent Schlumberger, President of the United Protestant Church of France (Paris)
– Christian Albecker, President of the Union of Protestant Churches in Alsace Lorraine (Strasbourg)
– Rev. Enno Strobel, mission department UEPAL (Strasbourg)
– Rev. Bertrand Vergniol and Joël Dautheville, General Secretary and President of Défap (Paris)
– Rev. Nicolas Monnier, Jean Claude Basset and André Joly, DM échange et mission (Lausanne)
– Albert Huber et Rev. Thomas Wild, President and Director of ACO France (Strasbourg)




Eloïse Deuker, Egypte – Alsace

Eloïse a passé dix mois dans le cadre d’une mission du Défap et de l’Action Chrétienne en Orient. Elle a été animatrice et répétitrice de français au New Ramses College. Elle a également participé à du soutien scolaire.




Attentat au Caire : des blessés mais pas de mort

 

Une voiture piégée a explosé devant un commissariat de la sécurité d’État. Cette attaque a été revendiquée  par un groupe djihadiste affilié à l’État islamique se faisant appeler « Province du Sinaï ».

Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2014, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi s’est employé à éliminer toute opposition de la scène politique, et en particulier les partisans de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi. La répression a été particulièrement sanglante dans le Sinaï. De ce fait, il est désormais confronté à de nombreuses attaques à caractère terroriste, qui portent un grave préjudice au tourisme, l’une des principales ressources de l’Égypte.

 

Carte d’Egypte, pointeur rouge : Le Caire (Source : Google Maps)

La loi antiterroriste votée mi-août, avec effet immédiat, punit la presse et toute expression publique, y compris sur les réseaux sociaux, qui viendraient contredire le discours officiel en matière de terrorisme. Elle renforce les mesures répressives engagées contre la confrérie des Frères musulmans, classée organisation terroriste depuis décembre 2013, et tous les groupes radicaux actuellement en cours de formation notamment au Caire, dans le Sinaï et dans le delta du Nil. Elle garantit l’impunité aux policiers qui feraient usage de la force dans le cadre de son application.

Les organisations internationales de défense des droits de l’homme estiment que le régime d’al-Sissi est plus répressif que celui de l’ancien président déchu Hosni Moubarak.

Le Défap a plusieurs envoyés en Égypte, mais tous sont actuellement en vacances en France.

 




Une envoyée au Caire

Eloïse Deuker est revenue en juin 2015 du Caire où elle a passé dix mois dans le cadre d’une mission du Défap et de l’ACO.

« Au terme de cinq années de théologie protestante, entre les facultés de Montpellier et de Strasbourg, je ressentais le besoin de faire une pause dans mon parcours universitaire et de répondre à l’appel et au désir de me mettre au service d’une mission à l’international. »

Eloïse est devenue une habituée de la mission à l’étranger : en 2008, elle est partie au Cameroun pour un mois et en 2011, au Togo pour deux semaines.

 

Eloïse, envoyée du Défap au Caire ©

 

Mission

« Je fais confiance au Défap et à ses actions », explique-t-elle. Elle aurait dû partir comme enseignante en Tunisie, mais un poste s’est libéré au Caire. Elle n’a pas résisté aux quarante siècles d’histoire de ce pays, elle s’y est rendue, avec une autre envoyée qui s’était engagée dans un orphelinat.

 

Pourquoi cette mission ?

 

Éloïse Deuker a de l’expérience dans le domaine de l’éducation : elle est diplômée en animation et a déjà enseigné le français. Mais « travailler en tant qu’enseignante [fut] une grande première ».

 

Eloïse et ses collègues du New Ramses College ©

 

Elle a donc pris son poste de professeur de français au New Ramses College, un établissement qui « dépend du Synode du Nil, principale Église protestante égyptienne ». Sa mission consistait « à prendre en charge l’apprentissage de l’expression orale en français, pour les classes équivalentes au CM1, CM2 et à la 6ème ».

Sans pour autant oublier sa « co-équipière » en poste à l’orphelinat : deux fois par semaine au minimum, elle s’y rendait pour assurer un soutien scolaire et/ou de l’aide à la vie quotidienne.

 

« La mixité est omniprésente »

Éloïse a beaucoup aimé le New Ramses College.

« Cette école a une particularité : la mixité est omniprésente. On y trouve de la mixité religieuse, car chrétiens et musulmans se côtoient dans le corps enseignants et chez les élèves. La mixité fille-garçon est aussi une caractéristique de cette école : contrairement à une grande majorité des établissements, tous apprennent ici à grandir ensemble. Enfin, dans certaines classes, on trouve une mixité entre les enfants ayant un handicap et ceux qui n’en ont pas. Dans cette société égyptienne fragmentée c’est, d’après moi, une bénédiction ! », écrit-elle.

 

Les élèves du New Ramses College © Albert Huber

 

Situation sécuritaire

 

Les premiers jours, Éloïse et sa collègue se sont retrouvées « sous le choc de la ville : immense, surpeuplée, sur-polluée, bruyante ».

Puis elles ont commencé s’y habituer, elles sont parties à la découverte de la métropole.

 

Bien sûr, Éloïse ne peut nier qu’il existe une « certaine instabilité politique ». Dans la presse, à la radio, au détour des conversations on apprend de temps à autre que des attentats ont eu lieu. Souvent, ils se produisent loin de la ville, près des frontières du Sinaï, notamment. Il faut avouer que ce genre de nouvelles crée une ambiance parfois tendue.

 

Mais la douceur de vivre orientale reprend vite le dessus et les deux envoyées se sont mises au rythme local. Elles ont rencontré des Égyptiens, avec qui elles ont sympathisé. Nombre d’entre eux avaient déjà voyagé en Occident. Elles se sont fait des amis européens au cours d’arabe.

Même si, bien souvent, elles étaient considérées comme des touristes et sollicitées par les mille et un petits vendeurs ambulants, elles ont su profiter de la vie de leur quartier, toujours très animée. « Nous étions comme des « extra-terrestres » car les gens ne sont pas vraiment habitués à avoir des résidentes étrangères à demeure, mais nous sommes parvenues à nouer des relations de voisinage, ce qui est très agréable », commente Éloïse.

 

Le New Ramses College © Albert Huber

 

« Vivre dans un pays musulman »

 

Par ailleurs, Éloïse a apprécié de vivre, pour la première fois de sa jeune existence, dans un pays musulman. Son regard sur les habitudes liées à l’islam a changé, y compris depuis son retour, « notamment sur les femmes voilées en France », explique-t-elle.

 

Bien sûr, elle a besoin de méditer sur son expérience de vie, mais déjà, elle sait que lorsqu’elle est arrivée avec son regard neutre sur ce pays qu’elle ne connaissait pas, elle y a « aspiré ce qu’[elle] a pu » et s’est mise « à l’écoute » des autres, la meilleure manière de s’imprégner de la vie locale et des coutumes d’autrui.

 

« Quand les gens pensent à l’Égypte, dit-elle, ils pensent au pays des pharaons. Ce qui m’a intéressée, c’est plutôt l’histoire contemporaine », comme « la situation de la communauté copte » ou « la manière de vivre l’islam au quotidien ».

Elle a également été touchée d’entendre discuter les jeunes, qui ont tous « des rêves pour leur pays ».

« Certains veulent partir, d’autres veulent rester et agir pour leur pays, c’est ce qui m’a touché le plus ».

 

« Au terme de cette année, qui a le plus appris ? Qui aura le plus enseigné à l’autre ? L’enseignante française ou les élèves égyptiens ? Si mes élèves sont aussi instruits que moi à la fin de cette année, je crois qu’il serait de bon ton de s’écrier « Al-Hamdoulillah » ! » N’est-ce pas la plus belle conclusion à laquelle puisse parvenir une envoyée ?