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Bonjour, en bon arabe, on dit bien « Salam » !

Voilà déjà quatre semaines que je suis arrivé au Maroc dans le cadre de ma mission avec le Comité d’Entraide Internationale. Quand mon départ pour le Maroc est devenu concret, je n’arrivais pas à réaliser, jusqu’à la veille du voyage, que c’était une vraie grande décision : quitter mes amis, mes frères et sœurs en Christ, ma famille, bref, tout mon petit monde. Mais j’ai compris qu’au-delà d’une simple mission humanitaire, il y avait aussi en moi ce désir profond de découvrir comment l’Évangile se propage dans un pays où il reste encore assez limité, comme ici, au Maroc.

Le départ n’a pas été simple : un petit pincement au cœur en décollant de l’aéroport de Lyon…puis la joie en atterrissant à Mohamed V, à Casablanca. Mais cette joie n’a pas duré très longtemps : une de mes valises manquait à l’appel. Peut-être partie faire un détour par les États-Unis, ou retournée tranquillement à Lyon, qui sait ? Ce n’était pas la valise la plus importante, mais avouons-le, perdre ses affaires à l’aéroport, ce n’est jamais agréable.

J’espérais la retrouver dans les 24 ou 48 heures. Les jours ont passé : un jour, deux jours, cinq jours… toujours rien. Puis, le onzième jour, alors que je n’y croyais plus du tout, j’ai reçu un coup de fil de la compagnie : “Monsieur, nous avons retrouvé votre valise.”Quelle joie ! J’ai presque eu l’impression de revivre la parabole du fils prodigue : “Elle était perdue, et la voilà retrouvée.”

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Et alors, mon intégration au Maroc ?

J’étais vraiment heureux de découvrir ce pays à la culture si riche, complètement différente de celles que je connais (la Guinée et la France). J’ai trouvé ici un peuple très actif, accueillant, mais aussi parfois méfiant envers les étrangers, surtout ceux qui ne sont pas musulmans. J’ai quand même eu l’occasion de découvrir la Médina, un véritable marché cosmopolite, avec une ambiance un peu plus africaine. On y trouve de tout : des produits purement marocains, d’autres venus d’Afrique subsaharienne, et même quelques touches occidentales.

Et dans tout ça, qu’est-ce que j’apprécie le plus ? Eh bien… la cuisine marocaine (vous vous en doutiez sûrement!) .S’il y a bien une chose qui m’aide à ne pas trop ressentir la nostalgie ni de la Guinée, ni de la France, c’est grâce à la gastronomie marocaine. Je parle surtout des plats traditionnels : les tajines, les brochettes, le Rfissa et bien sûr, le plus célèbre de tous, le couscous marocain.

Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est que les plats marocains sont toujours très bien épicés, et ça, j’adore. Attention, je ne parle pas ici de piment, mais bien d’assaisonnement : ce subtil mélange d’épices qui donne à chaque plat sa saveur unique.

Ma mission et mon intégration au sein de l’équipe du CEI

Pour rappel, le Comité d’Entraide Internationale (CEI) est un organisme rattaché à l’Église Évangélique au Maroc, qui œuvre depuis plus de vingt ans pour l’amélioration des conditions de vie des migrants au Maroc. Le CEI intervient dans plusieurs domaines : la santé, l’éducation, la formation, L’autonomisation des femmes, distribution des kits alimentaires, et bien d’autres encore.

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Et moi dans tout ça ?

En tant que Responsable national des projets, ma mission consiste à accompagner les équipes locales dans la mise en œuvre des, à établir de nouveaux partenariats, à rechercher des financements pour les projets existants comme pour les nouveaux et à rédiger les différents rapports destinés aux bailleurs de fonds…

Ce premier mois a été une véritable immersion dans l’univers du CEI : entre la découverte du bureau national, la prise en main des projets, et les visites auprès de certaines équipes locales.

J’ai déjà eu la chance de rencontrer virtuellement l’ensemble des responsables de nos équipes, et de visiter 3 équipes sur 11 sur le terrain. Vous pouvez facilement imaginer ce que cela représente en termes de déplacements ! En quatre semaines, j’ai déjà traversé le Nord, le Centre et le Sud du pays… et ce n’est que le début de l’aventure.

Ces quatre semaines m’ont aussi permis de mesurer, encore plus concrètement, à quel point le besoin d’agir pour améliorer les conditions de vie des migrants est urgent et réel. Entre les violences physiques et sexuelles subies par les femmes, la propagation des maladies sexuellement transmissibles, l’augmentation des naissances non planifiées qui mènent parfois à des abandons de nouveau-nés… la situation est bouleversante. Je pense notamment à une femme rencontrée récemment à Marrakech, qui m’a raconté avoir adopté deux enfants abandonnés par leur mère. Ce genre de témoignage ne laisse pas indifférent.

Au-delà des nombreuses conséquences de la migration clandestine, il faut aussi mentionner les refoulements de plus en plus fréquents dans plusieurs villes du pays à cause de la Coupe d’Afrique des Nations qui commence en décembre au Maroc. Tout cela accroît considérablement les besoins sur le terrain, qui deviennent chaque jour plus grands et plus pressants.

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L’Église au Maroc

Tout d’abord, j’ai été agréablement surpris de découvrir de grands temples au Maroc, malgré tout ce qu’on peut imaginer de la situation de l’Église ici. Pour précision, l’Église Évangélique au Maroc est la plus grande dénomination protestante du pays. Elle existe depuis plus de 100 ans et est aujourd’hui présente dans 13 villes marocaines, ce qui, franchement, est déjà une très belle chose. En plus de l’Église Évangélique, il y a d’autres dénominations protestantes, fréquentées en grande majorité par des chrétiens subsahariens, comme c’est le cas pour la plupart des Églises au Maroc. Il y a aussi des Églises catholiques que j’aimerais bien visiter un de ces jours.

Côté surprises, je dois dire que ma première visite à l’Église Évangélique de Casablanca m’a marqué : il y avait des policiers à l’entrée ! Curieux, j’ai demandé pourquoi leur présence, et on m’a expliqué qu’ils étaient là pour protéger les fidèles et prévenir d’éventuelles intrusions de Marocains musulmans qui pourraient perturber les cultes.

Mais au-delà de ce rôle de « protecteurs », leur présence a aussi une autre fonction : empêcher tout Marocain d’entrer dans l’église, même s’il est chrétien. En effet, la loi marocaine interdit formellement à un citoyen marocain de devenir disciple de Jésus. Cette réalité pousse donc les Églises à faire très attention à toute activité pouvant être interprétée comme de l’évangélisation, sous peine d’être fermées par les autorités. Malgré ces restrictions, il existe bel et bien des chrétiens marocains.Seulement, ils vivent leur foi dans la discrétion la plus totale, souvent au péril de leur sécurité. Certains missionnaires marocains œuvrent auprès des nouveaux convertis pour les accompagner et les encourager dans leur marche avec le Seigneur. Vous pouvez donc imaginer ce que cela représente : être chrétien au Maroc, c’est déjà un défi… mais être chrétien marocain au Maroc, c’en est un encore plus grand.

Sujets de prière :

  • Prions pour l’épanouissement de l’Évangile au Maroc, afin que la lumière du Christ continue de briller malgré les défis.
  • Prions aussi pour les migrants, que Dieu suscite encore plus d’initiatives concrètes pour améliorer leurs conditions de vie.
  • Prions pour que ma mission soit une source de bénédiction, aussi bien pour les migrants que pour l’Église Évangélique au Maroc.
  • Prions afin que cette expérience m’aide à grandir spirituellement, mais aussi professionnellement.
  • Et enfin, prions pour mes nombreux déplacements, pour mes collaborateurs et pour la protection de Dieu sur ma vie ici au Maroc.

…Voilà un peu quelques nouvelles de ma part.Merci d’avoir pris le temps de me lire jusqu’au bout, et à très bientôt — Inshalah !

Fraternellement,

Daniel Bétho LAMAH

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