Ancienne envoyée du Défap à Madagascar, Cécile Millot était l’invitée de Marion Rouillard sur Fréquence Protestante pour parler du livre qu’elle a tiré de cette expérience : Les aventures de Madame Cécile à Madagascar, publié aux éditions Amalthée.

Cécile Millot interviewée lors des Journées Portes Ouvertes des cinquante ans du Défap © Défap

Avant son odyssée malgache, Cécile Millot était plus familière de Goethe que de l’enseignement du français. Si elle avait découvert d’autres pays à l’occasion de voyages, c’était bien des années auparavant, et sur un autre continent : en Inde, pour être précis. Madagascar était pour elle une expérience totalement nouvelle. « J’ai vécu une aventure que peu de gens ont la chance de vivre, raconte-t-elle en présentant son livre : j’ai passé trois ans à Madagascar, pour enseigner le français langue étrangère dans une école de formation des instituteurs. Ce travail était passionnant. Je vivais seule dans une petite ville, où il n’y a pas eu d’électricité pendant un an, et où il n’y avait pas d’autres étrangers que moi. Je n’avais pas le choix, je me suis glissée dans la vie quotidienne des Malgaches. Je suis allée à leur rencontre avec bienveillance, et je me suis fait accepter. »

La matière de l’ouvrage qu’elle a tiré de sa mission, Les aventures de madame Cécile à Madagascar, a existé sous forme de blog avant de devenir un livre. Un témoignage dense, très vivant, très riche, qu’elle a eu l’occasion de présenter lors des 50 ans du Défap, et dont elle a pu lire des extraits au cours de la « Nuit de la lecture » organisée cette année au Défap sur le thème de la « Peur de l’autre ». Invitée de Marion Rouillard pour l’émission « Courrier de mission – le Défap » sur Fréquence protestante, elle est revenue, en ce mois de février 2023, sur les conditions qui l’ont poussée à partir, ce qu’elle a vécu et découvert, et le contexte dans lequel elle en est venue à écrire ce qui devait devenir un livre-témoignage.
 

Un livre, quelques années après le retour de Madagascar, émission présentée par Marion Rouillard

Courrier de Mission – le Défap
Émission du 22 février 2023 sur Fréquence Protestante

 

Cette décision de partir est venue, comme elle l’explique au micro de Marion Rouillard, dans des conditions assez dramatiques : « J’avais 55 ans, j’étais bien installée dans la vie, j’ai eu un passage très difficile, trois deuils très douloureux dans ma famille proche ». Pour surmonter ce choc et continuer à vivre, il lui fallait une rupture : « Pour prendre un nouveau départ, il fallait que je prenne mes distances ». Elle a donc commencé à se renseigner sur les modalités d’expatriation, les possibilités de travailler à l’étranger. « Je ne connaissais pas le Défap, explique-t-elle, je suis de culture catholique et pas pratiquante ». Il aura fallu une série de hasards pour que la rencontre se fasse… et qu’elle postule pour partir à Madagascar.

Madagascar : un lieu totalement à l’opposé du pays qu’elle connaissait jusqu’alors, tant sur le plan géographique que sur celui des habitudes, des modes de vie, de la manière d’envisager le monde… Cécile Millot découvre le lieu de sa mission, tâche de s’adapter à cette nouvelle activité dans un contexte radicalement nouveau. « J’étais enseignante de français dans une école normale, une école de formation des instituteurs », souligne-t-elle. Cette école était « tenue par l’Église luthérienne malgache », qui dispose d’accords avec l’État malgache permettant aux enseignants qu’elle forme d’aller travailler dans tout le réseau des écoles de l’île, qu’elles soient confessionnelles ou publiques. Cécile Millot découvre l’importance du français : c’est la langue des études secondaires et supérieures. Mais elle n’est pas enseignée en primaire et seuls les élèves dont les parents peuvent les aider à acquérir les bases du français ont des chances de poursuivre des études longues. Les instituteurs eux-mêmes, bien souvent, la maîtrisent mal, à l’écrit comme à l’oral. Donc, « former des instituteurs, c’est en grande partie leur apprendre le français ».

« L’impression d’avoir vécu quelque chose d’extraordinaire »

Dans ce lieu radicalement nouveau, tout est sujet à surprises. Cécile Millot évoque ainsi son « étonnement permanent devant la différence de niveau de vie, de mentalités, des règles de politesse »… Autant de choses dont elle ne peut discuter avec personne, étant la seule Européenne sur son lieu de mission : « Je ressentais le manque de quelqu’un avec qui parler de tout ce qui m’étonnait, et que je ne pouvais pas partager avec mes collègues malgaches ». Dès lors vient, très vite, l’envie d’écrire, « une nécessité » ; et le blog auquel elle confie tout ce qu’elle vit et observe, cette odyssée d’une « vazaha », d’une étrangère, dans un monde aux règles si nouvelles.

« On arrive forcément avec son petit bagage d’illusions, d’attentes, de bonnes intentions ; et puis on se frotte à la réalité », raconte-t-elle au micro de Marion Rouillard. Ce blog, elle l’a régulièrement alimenté pendant les trois ans qu’a durée sa mission à Madagascar : « Je pense que j’y mettais tous les jours dix pages ». Ce qui explique la densité particulière du vécu qui ressort dans son témoignage, aujourd’hui publié aux éditions Amalthée : « Mon livre, ce n’est pas des souvenirs : c’est du vécu en tranches ». Pour le rédiger, il lui aura tout de même fallu attendre dix ans ; « ressortir quelque chose comme mille pages de blog », puis élaguer, condenser… Un travail de fourmi, quand il aurait été plus simple d’abandonner son blog une fois revenue en France ; mais « j’éprouvais le besoin de partager ce que j’avais vécu ; j’avais l’impression d’avoir vécu quelque chose d’extraordinaire ».

Cécile Millot
Les aventures de madame Cécile à Madagascar
À commander aux éditions Amalthée
À partir de 9,99€ (e-book) ; 32€ le livre broché

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