Alors que ce 31 août marque l’ouverture de la 11e Assemblée générale du Conseil Œcuménique des Églises (COE), un événement auquel sera présent le président fédéral allemand, Frank-Walter Steinmeier, retour sur l’histoire du COE à travers ses dix précédentes Assemblées, depuis celle d’Amsterdam, en 1948.

10e Assemblée du COE, Busan, République de Corée, 2013 © Joanna Linden-Montes/COE

Le Conseil Œcuménique des Églises trouve ses origines dans le mouvement œcuménique des XIXème et XXème siècles, dont la Conférence missionnaire d’Édimbourg en 1910. En 1937, les dirigeants d’une centaine d’Églises avaient conjointement exprimé leur volonté de créer une organisation internationale commune. En 1948, et après la Deuxième Guerre mondiale qui avait freiné ce mouvement, ce sont 147 dénominations chrétiennes qui se sont réunies pour la première Assemblée générale à Amsterdam, qui devait marquer la naissance officielle du COE. Aujourd’hui, ce sont pas moins de 352 Églises qui en sont membres, représentant plus de 580 millions de chrétiens présents dans toutes les régions du monde. Avec des motivations d’abord spirituelles, mais aussi en prise avec les grands problèmes du monde, ce que les dirigeants politiques n’ignorent pas : en témoigne la présence, en ce 31 août à Karlsruhe, du président fédéral allemand, Frank-Walter Steinmeier, qui doit prononcer l’allocution d’ouverture. Également sur place, le ministre-président du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschmann, doit s’adresser à l’assemblée lors de la journée d’ouverture.

À cette occasion, le Conseil Œcuménique des Églises diffuse une rétrospective sur les dix Assemblées précédentes, à travers série de courtes vidéos destinées à partager l’esprit de chaque assemblée et à rappeler le contexte mondial dans lequel elle s’est déroulée. Comme le note le narrateur, depuis « l’importance croissante du COE sur la scène internationale » en 1954 à Evanston jusqu’à la première assemblée à se tenir hors d’Europe occidentale ou d’Amérique du Nord en 1961 à New Delhi, les assemblées du COE ont accompagné le monde à travers de nombreuses crises.

1. Amsterdam, 1948 : « Le désordre de l’homme et le dessein de Dieu. »

 

Cette première Assemblée se tient trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le monde est dévasté ; on compte des millions de personnes déplacées ou réfugiées. En Asie, les pays colonisés par les Européens luttent pour affirmer leur indépendance. La Chine est au seuil de la révolution. On perçoit déjà les premiers frémissements de la guerre froide. Et à Amsterdam, issus de nations qui, quelques années auparavant, étaient en guerre les unes contre les autres, des délégués de 147 églises représentant 44 pays se réunissent pour fonder le Conseil Œcuménique des Églises.

2. Evanston, 1954 : « Le Christ, espérance du monde. »

 

Six ans après la fondation du Conseil Œcuménique des Églises à Amsterdam, les délégués se réunissent en août 1954 à Evanston, dans le Grand Chicago, pour la deuxième Assemblée du COE. C’est la première et la seule fois qu’une assemblée du COE se tient aux États-Unis – un pays en proie à l’époque à la peur du communisme, à la rivalité avec l’Union soviétique et à l’agitation sociale entourant le mouvement des droits civiques.

3. New Delhi, 1961 : « Jésus-Christ, lumière du monde. »

 

En novembre 1961, les délégués du Conseil Œcuménique des Églises se retrouvent pour la troisième fois : la rencontre a lieu à New Delhi, la capitale de l’Inde. C’est la première Assemblée à avoir lieu en dehors de l’Europe occidentale ou de l’Amérique du Nord. Un choix qui reflète l’importance croissante et l’implication de plus en plus marquée dans les affaires internationales des nations nouvellement indépendantes d’Asie et d’Afrique.

4. Uppsala, 1968 : « Voici que je rends tout nouveau. »

 

1968 est une année de troubles partout dans le monde. La guerre du Vietnam fait rage, tout comme le conflit du Biafra au Nigeria. Le mouvement des droits civiques aux États-Unis est à son apogée. En Tchécoslovaquie, le Printemps de Prague cherche à promouvoir un « socialisme à visage humain » – une expérience audacieuse qui sera interrompue par l’invasion soviétique. Partout, des jeunes manifestent dans les rues – de Paris, Berlin et Francfort à Mexico et Tokyo. En Afrique du Sud, un nouveau Conseil sud-africain des Églises prépare un « message au peuple » dénonçant l’apartheid.

5. Nairobi, 1975 : « Jésus-Christ libère et unit. »

 

En 1975, des délégués du monde entier se réunissent à Nairobi, au Kenya, pour la 5ème Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises, la première assemblée à avoir lieu en Afrique, un continent où le christianisme connaît une croissance rapide. Avec plus de 650 délégués votants, l’assemblée se caractérise par une plus grande diversité géographique, confessionnelle et culturelle et par une plus grande représentation des pays du Sud que jamais auparavant.

6. Vancouver, 1983 : « Jésus-Christ, vie du monde. »

 

Il est presque minuit le vendredi 5 août 1983 – la veille du 38ème anniversaire de l’explosion de la première bombe atomique à Hiroshima, au Japon. Sur le campus de l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver, des milliers de participants à la Sixième Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises sont réunis depuis le début de soirée sous une tente en témoignage public pour la justice et la paix. Soudain, à la surprise générale, Mgr Desmond Tutu apparaît, tout juste arrivé après avoir été autorisé à voyager par les autorités sud-africaines. « Si Dieu est pour nous », dit Tutu, symbole de la lutte pour la justice, la réconciliation et la paix, « qui peut être contre nous ? »

7. Canberra, 1991 : « Viens, Esprit Saint ; renouvelle toute la création. »

 

La 7ème Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises innove à travers son thème, le premier à être axé sur l’activité de l’Esprit. C’est aussi la première fois que le thème de l’Assemblée prend la forme d’une prière, et que la création y occupe une place prépondérante. Cette évolution est due aux engagements pour la justice, la paix et l’intégrité de la création lancés lors de l’assemblée de Vancouver huit ans auparavant et qui ont abouti à un rassemblement mondiale à Séoul un an avant cette Assemblée de Canberra. Ce thème reflète également une prise de conscience croissante que toute la création est menacée par la pauvreté, l’injustice, la guerre et la pollution qui ont tant marqué la vie sur la planète.

8. Harare, 1998 : « Tournons-nous vers Dieu dans la joie de l’espérance. »

 

« Pour nous, en Afrique du Sud et australe, et en fait pour l’ensemble du continent, le COE a toujours été connu comme le champion des opprimés et des exploités » : telles sont les paroles prononcées par Nelson Mandela, dans l’un de ses derniers actes publics en tant que président sud-africain, s’exprimant lors des célébrations du 50ème anniversaire du Conseil œcuménique des Églises lors de sa 8ème Assemblée à Harare, la capitale du Zimbabwe, en décembre 1998.

9. Porto Alegre, 2006 : « Transforme le monde, Dieu, dans ta grâce. »

 

La première Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises au XXIème siècle se réunit en 2006 à Porto Alegre, une ville de 1,3 million d’habitants dans le sud du Brésil. C’est la première Assemblée à se tenir en Amérique latine, une région du monde confrontée à des défis sociaux, ethniques, économiques et politiques, et à un moment où les peuples de la région cherchent des alternatives à la mondialisation économique et financière.

10. Busan, 2013 : « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix. »

 

Soixante ans après l’armistice de 1953 qui a apporté une trêve à la guerre de Corée, le Conseil Œcuménique des Églises se réunit pour sa 10ème Assemblée à Busan, à la pointe sud de la péninsule coréenne. La réalité de la séparation persistante de la Corée entre deux entités antagonistes, le Nord et le Sud, est rappelée aux délégués lorsque plus de 800 participants se joignent à un pèlerinage de paix jusqu’au mont Dora et Im-jin-gak, à sept kilomètres de la ligne de démarcation militaire.

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